Coquille épaisse, peu ornementée, à spire élevée, apex pointu
Sculpture marquée par des côtes axiales régulières et épaulées
Taille entre 3 et 6 cm
Ouverture blanche ornée de petites dents saillantes
Canal siphonal long et ouvert chez les jeunes, long et obturé chez les sujets âgés
Labre mince chez les jeunes, épais et peu crénelé chez les individus âgés
Opercule corné en forme de virgule arrondie
Bigorneau perceur japonais, bigorneau perceur du Pacifique
Japanese oyster borer, japanese oyster-drill, japanese dwarf triton, asian oyster drill (GB)
Ceratostoma inornatum (Récluz, 1851)
Murex inornatus Récluz, 1851
Ocenebra inornata (Récluz, 1851)
Pteropurpura (Ocinebrellus) inornata (Récluz, 1851)
Murex crassus A. Adams, 1853
Murex (Pteronotus) crassus A. Adams, 1853
Ceratostoma (Ocenebra) japonica (Dunker, 1860)
Murex japonicus Dunker, 1860
Ocenebra japonica (Dunker, 1860)
Tritonalia (Ocenebra) japonica (Dunker, 1860)
Tritonalia japonica (Dunker, 1860)
Trophon incompta Gould, 1860
Murex talienwhanensis Crosse, 1862
Tritonium (Fusus) submuricatum Schrenck, 1862
Ceratostoma inornatus endermonis (E. A. Smith, 1875)
Murex acanthophorus var. endermonis E. A. Smith, 1875
Murex endermonis E. A. Smith, 1875
Ocenebra endermonis (E. A. Smith, 1875)
Pacifique Ouest, Atlantique Nord
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestOcinebrellus inornatus est originaire de la mer du Japon. Son aire de répartition naturelle se situe des îles Sakhaline et des îles Kouriles à l’Extrême-Orient russe, à la Corée, au nord de la Chine et au Japon jusqu’à l'île de Kyushu.
Cette espèce a été introduite aux Etats-Unis sur les côtes de l'Etat de Washington (1924), en Colombie-Britannique (1931), en Oregon (1930–1934) et en Californie (1941). Plus récemment, elle a été introduite en France à Marennes-Oléron (1995), à l’île de Ré, en baie d’Arcachon, à La Trinité-sur-Mer, sur la côte ouest du Cotentin (2007), dans le golfe du Morbihan (2007), puis au Danemark (2011).
Ocinebrellus inornatus vit sur les substrats* rocheux ou sablo-vaseux de la zone médiolittorale* inférieure et infralittorale*, en particulier au niveau de la ceinture de Fucus serratus et dans les parcs ostréicoles. Il fréquente également les zones profondes. Il est commun dans les zones ostréicoles de l'Atlantique (Marennes-Oléron, baie de Bourgneuf, baie de Quiberon) où il dispose d'une nourriture abondante.
Sa niche écologique superpose celle d’Ocenebra erinaceus.
La coquille d'Ocinebrellus inornatus est épaisse, peu ornementée, à spire* élevée, dont l'apex* est pointu. Elle présente une sculpture marquée par des côtes axiales* régulières et épaulées, et une alternance de côtes spirales fines et épaisses ; les côtes fines sont les plus nombreuses.
La coquille atteint 6 cm de longueur sur notre littoral (des individus mesurant jusqu'à 8 cm ont déjà été observés) contre 3 cm en Asie. Elle s'enroule sur cinq tours (jusqu’à 7 tours) étagés dont le dernier est nettement plus grand. Chacun de ces tours porte un nombre différent de côtes spirales, sculptées de bourrelets transversaux à épaule saillante.
L'ouverture est généralement blanche mais peut être violette ou rouge orangé, ornée de petites dents saillantes. Elle est de forme ovale et dissymétrique avec une épaule à la partie supérieure. Elle se termine par un canal siphonal* long et ouvert chez les jeunes, long et obturé sur la plus grande partie chez les sujets âgés.
Le labre* est mince chez les jeunes, épais et peu crénelé chez les individus âgés.
La couleur de la coquille varie du blanc ou gris clair à beige chez les sujets jeunes, elle est brunâtre ou grisâtre chez les sujets âgés.
Le pied musculeux, très développé, porte sur sa face postérieure et dorsale un opercule* corné en forme de virgule arrondie au sommet. Lorsque l'animal est dérangé, il rentre lentement dans sa coquille et clôt l'ouverture de la coquille avec l'opercule.
La tête est surmontée de deux tentacules* longs et fins portant chacun un œil foncé, visible aux deux tiers de leur longueur. Le corps de l'animal est crème avec des mouchetures blanches.
Ocinebrellus inornatus peut être confondu avec le cormaillot Ocenebra erinaceus.
La coquille d'O. inornatus possède un aspect plus lisse et plus régulier ; le dernier tour de spire* possède 2 ou 3 aspérités faisant saillie sur la coquille ; l’épaulement est plus marqué en particulier au niveau de l’ouverture ; le canal siphonal* est plus long.
On peut également citer Urosalpinx cinerea , le bigorneau perceur américain, qui est plus petit (3 à 4 cm de haut) et possède un canal siphonal long et totalement ouvert ainsi qu’un labre* fin et crénelé.
Les murex perceurs sont attirés par les substances que leurs proies émettent. Les jeunes se nourrissent essentiellement de balanes fixées sur les rochers en utilisant le bord du labre* pour les en détacher. Lorsqu'ils grandissent, ils attaquent des proies plus diversifiées. Ocinebrellus inornatus se nourrit de bivalves, essentiellement des huîtres. L'activité de prédation est importante en période estivale et inexistante en hiver.
Les Muricidés disposent d'un mécanisme de perforation mécanique, la radula*, et d'un mécanisme de perforation chimique. Il s'agit d'un "organe accessoire de forage" situé à l'avant du pied qui sécrète une enzyme* (l'anhydrase carbonique), solution acide qui attaque la coquille de la proie et facilite l'intervention mécanique de la radula.
Ocinebrellus inornatus fixe son pied à la valve supérieure de sa proie et applique sa trompe* au niveau du muscle adducteur. Lorsque la coquille est perforée, la trompe aspire les parties molles de la proie. Les trous réalisés par les adultes sont en forme d'entonnoir dont le diamètre de l'ouverture à l'extérieur de la coquille est d'environ 2,5 mm, celui de l'ouverture à l'intérieur d'environ 1,3 mm.
Comme chez tous les Muricidés, les sexes sont séparés. La ponte a lieu généralement du printemps à la fin de l'automne selon les conditions environnementales. Les capsules ovigères* ressemblent à des graines allongées jaunâtres de 1 cm de haut semblables à celles d'Ocenebra erinaceus. Elles sont fixées sur un substrat dur et surélevé (souvent des coquilles d'huîtres vivantes ou mortes). Une ponte comporte 25 à 40 capsules ovigères qui contiennent en moyenne 1 300 œufs dont la plupart sont des œufs nourriciers. Seuls 3 à 10 juvéniles, qui se seront nourris d'autres embryons ou d'œufs moins ou non développés, éclosent par capsule (on parle d’adelphophagie*).
L’espèce est dite à développement direct, ainsi son cycle de reproduction ne comporte pas de stades larvaires* planctoniques*, ce qui va limiter l'espèce pour coloniser de nouveaux secteurs. Les œufs éclosent au bout de 3 à 8 semaines et les juvéniles mesurent environ 2 mm de long. Ces juvéniles mènent tout de suite une vie benthique*, dissimulés dans les interstices des rochers. Ils arrivent à maturité vers 25-30 mm de longueur, après environ un an de croissance, et survivent pendant 1 à 3 ans.
O. inornatus est fréquemment sur les rochers en compagnie des balanes et des huîtres. C’est un prédateur de Magallana gigas, l'huître creuse. Il se retrouve souvent sur les mêmes sites que l’espèce indigène Ocinebra erinaceus.
Le pied musculeux est très développé et sa face ventrale constitue une surface de reptation riche en cellules glandulaires muqueuses (produisant une protéine appelée mucigène) isolées ou groupées en glandes pédieuses. Ces glandes assurent la lubrification du substrat*.
La distinction entre les mâles et les femelles se fait grâce à la gonade* qui est située tout le long du tortillon du côté de la columelle* (une dissection est nécessaire !).
Cette espèce exotique originaire du Japon et des côtes asiatiques a été successivement introduite aux Etats-Unis (1924-1941) et récemment introduite sur les côtes françaises : Marennes-Oléron (1997), île de Ré, baie d’Arcachon, La Trinité-sur-Mer, côte ouest du Cotentin (2007), golfe du Morbihan (2007). Elle s’est parfaitement adaptée à son nouveau milieu et sa taille moyenne (environ 60 mm) est largement supérieure à sa taille maximale dans sa zone d'origine (environ 33 mm).
Le moyen pour lutter contre cette espèce préoccupante pour les ostréiculteurs est le ramassage, le nettoyage préalable des parcs ostréicoles à la drague avant les semis des naissains* et pendant les opérations de tri et calibrage des huîtres.
Le vecteur d’introduction principal d’Ocinebrellus inornatus dans les productions conchylicoles est le transfert de lots de coquillages suivi de retrempages.
Cette espèce est consommée par des crabes
comme Cancer pagurus, des oiseaux et d’autres gastéropodes
carnivores (cannibalisme).
Certaines espèces d'Ocenebrinés s'alimentant en perçant les coquilles de bivalves ont été nommées "bigorneaux perceurs" bien qu'elles n'appartiennent pas à la famille des Littorinidés, mais à celle des Muricidés. L'équipe DORIS propose donc de nommer cette espèce "murex perceur japonais" où "perceur" fait référence aux trous que ce mollusque fore dans la coquille de ses victimes, et "japonais" à son origine asiatique.
Ocinebrellus : le zoologiste français Felix Pierre Jousseaume (1835-1921) a créé ce genre, sans donner de commentaire, à partir du nom de genre Ocinebra. En fait Ocinebra est une mauvaise orthographe d'Ocenebra qui vient du grec [ocys] = rapide et de [nebros] = fauve, nom imaginé par William Elford Leach (1790-1836), biologiste marin britannique, pour le gastéropode Ocenebra erinaceus (Linnaeus, 1758).
Le zoologiste britannique John Edward Gray (1800-1875) a introduit le genre Ocenebra s'inspirant d'un manuscrit de Leach.
Le mot latin [-ellus] est un
suffixe diminutif.
inornatus : du latin [inornatus] = sans apprêt, sans ornement, sans parure. La coquille de cette espèce possède peu d’ornement par rapport à celle des autres Muricidés.
Numéro d'entrée WoRMS : 578702
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Muricidae | Muricidés | Coquille spiralée, de forme et de taille variables (13 mm à 300 mm environ), souvent ventrue avec un apex court ; en général de fortes varices qui, selon la forme du bord du manteau ont l'aspect de bourrelets, bosses, plis, épines et peuvent être ramifiées, écailleuses ou tuberculées. La croissance est périodique. La disposition et le nombre de ces varices est caractéristique de chaque espèce. Le canal siphonal est court ou très long, ouvert ou partiellement fermé. D'après Lindner 2011:97. |
Sous-famille | Ocenebrinae | Ocenebrinés | |
Genre | Ocinebrellus | ||
Espèce | inornatus |
Biotope
Ocinebrellus inornatus fréquente les substrats rocheux. Cet individu a été observé à faible profondeur.
Zélande, Pays-Bas, 5 m
13/07/2020
Vue du dessus
La coquille d'Ocinebrellus inornatus de couleur brunâtre ou grisâtre est épaisse, à spire élevée. Elle présente une sculpture marquée par des côtes axiales régulières et épaulées, et une alternance de côtes spirales fines et épaisses.
Zélande, Pays-Bas, 5 m
13/07/2020
Opercule
Lorsque l'animal est dérangé il rentre lentement dans sa coquille, l'obturant d'un opercule corné en forme de virgule arrondie au sommet.
N/A
2023
Ponte
Les capsules ovigères, semblables à celles d'Ocenebra erinaceus, ressemblent à des graines allongées jaunâtres de 1 cm de hauteur. Elles sont fixées sur un substrat dur et surélevé (souvent des coquilles d'huîtres). Celles qui sont photographiées ici semblent vides, et celle du milieu est déchirée.
Zélande, Pays-Bas, 5 m
24/06/2020
A ne pas confondre
Les principales différences entre Ocinebrellus inornatus et Ocinebra erinacea sont ici décrites.
N/A
2023
Variations avec l'âge
Description par l'image des principales différences présentées par les coquilles selon l'âge.
N/A
2023
Rédacteur principal : Nadine SABOURIN
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Sylvie HUET
Basuyaux O., Jahier, A., 2001, Evaluation de la prédation des perceurs dans les bassins ostréicoles en Basse-Normandie. Rapport SMEL. 35p.
Bouget J-F., Camus P., Joly J-P., 2001, Ocinebrellus inornatus (Recluz, 1851), Rapana venosa (Valenciennes, 1846) : deux nouveaux gastéropodes introduits dans la Baie de Quiberon. Contrat SRC Bretagne Sud/Ifremer n°01/2.210.261 - Rapport du Laboratoire DRV-RA-LCB/01-02.
D’Asaro C.N., 1991, Gunnar Thorson’s world-wide collection of prosobranch egg capsules: Muricidae. - Ophelia, 35(1), 1-101.
Houart R., Sirenko B.I., 2003, Review of the recent species of OcenebraGray, 1847 and Ocinebrellus, Jousseaume, 1880 in the Northwestern Pacific, Ruthenica, 13(1), 53-74.
Lützen J., Faasse M., Gittenberger A., Glenner H., Hoffmann E., 2012, The japanese oyster drill Ocinebrellus inornatus (Récluz, 1851) (Mollusa, Gastropoda, Muricidae), introduced to the Limfjord, Denmark, Aquatic Invasions, 7(2), 181-191.
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Pigeot J., Miramand P., Garcia-Meunier P., Guyot T., Séguignes M., 2000, Présence d’un nouveau prédateur de l’huître creuse, Ocinebrellus inornatus (Récluz, 1851), dans le bassin conchylicole de Marennes-Oléron, Compte Rendu de l’Académie ses Sciences, Paris, 323, 697-703.
Robert S., Le Moine O., Guilpain P., Soletchnik P., Faury N., Razet D., Geairon P., Goulletquer P., Seugnet J-L., 2002, Contribution à l'identification de l'impact des perceurs O. erinacea et O. inornata au cours de la campagne d'évaluation des stocks d'huîtres 2001. Rapport Interne Ifremer - La Tremblade.
La page de Ocinebrellus inornatus dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN