Base encroûtante plate de couleur fauve, souvent masquée par des sédiments
Digitations vaporeuses, grêles, de quelques cm, blanchâtres, rarement divisées
Au maximum 5 cm de haut
Préfère les milieux confinés (étangs, estuaires, ports)
Phloeodictyon isodictyiforme Carter, 1882
Phloeodictyum isodictyiforme (Carter, 1882)
Atlantique Nord-Est, Méditerranée occidentale et Adriatique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Oceanapia isodictyiformis est observée en Atlantique Nord-Est, Manche comprise, des Canaries aux îles britanniques, en Islande et au Groenland ainsi qu'en Méditerranée occidentale et en Adriatique.
Cette éponge discrète recouvre divers substrats* durs à proximité ou sur des zones sédimentaires sablo-vaseuses. Elle vit préférentiellement à faible profondeur dans des milieux confinés comme les étangs littoraux, les estuaires (rias) ou les ports.
Oceanapia isodictyiformis est une éponge composée d'une partie basale encroûtante, plate, de couleur fauve emprisonnant de nombreux débris sédimentaires. Cette base est souvent masquée par de fins sédiments sableux ou vaseux.
A partir de cette base, distantes les unes des autres, s'élèvent de petites digitations ou fistules vaporeuses, grillagées, grêles, de quelques cm, blanchâtres, rarement divisées. De forme droite et cylindrique, elles sont de consistance très fragiles. Elles mesurent de 1 à 3 mm de diamètre sur 1 à 5 cm de haut et sont terminées par un petit oscule*. La paroi est mince, finement grillagée. Ses petites fistules développent parfois, secondairement et latéralement, de fins bourgeons prenant la forme de tiges ramifiées, étroites et plus opaques ressemblant à de petites algues dressées.
La taille des fistules avec les ramifications secondaires atteint au maximum 5 cm de haut.
Ciocalypta penicillus : l'éponge pinceau ou éponge de verre, est également fixée sur les roches bien ensablées, mais avec des excroissances nettement coniques avec un axe central visible. Sa couleur est blanc sale à beige clair.
Polymastia penicillus : l'éponge à languettes, possède des digitations plus larges et biens ouvertes à leur extrémité. La base n'est généralement pas couverte de sédiments.
La forme avec de fins rameaux ramifiés évoque les prolongements grêles présents sur certaines éponges du genre Haliclona, en particulier Haliclona stirpescens qui semble fréquenter les mêmes milieux (à Thau en particulier) et Haliclona mucosa. Mais cette dernière est plus profonde, plus sciaphile et éloignée des zones sédimentaires.
Comme toutes les autres éponges (à l'exception d'une famille, Cladorhizidés, qui est carnivore), cette éponge se nourrit et capte l'oxygène en créant dans ses chambres internes un courant d'eau. Celui-ci est engendré par le battement des flagelles de certaines cellules spécifiques aux Spongiaires : les choanocytes*.
La nourriture de ce filtreur suspensivore* se compose de plancton* (en particulier d'organismes dinoflagellés) et de bactéries en suspension. L'ensemble pénètre avec le courant d'eau via de tout petits trous, les ostioles* puis est capté par les choanocytes.
La digestion est intracellulaire, les déchets non métabolisables sont évacués via des orifices exhalants : les oscules*.
La reproduction peut être sexuée ou asexuée.
- Sexuée : les éponges sont en général hermaphrodites*, les gamètes* mâles et femelles d'une même éponge ne sont pas expulsés au même moment.
- Asexuée : par bourgeonnement* ou bouturage de fragments qui se détachent de l'éponge mère pour se fixer un peu plus loin.
On notera que les éponges ont une forte capacité de régénération.
Description microscopique suivant Jean Vacelet et Gérard Breton (2004) :
"Le squelette de la base est formé d'une réticulation de fibres plurispiculées et d'un réseau unispiculé dense et irrégulier. Les fistules et les bourgeons sont soutenus par des fibres longitudinales plurispiculées atteignant 100 µm de diamètre, formant un réseau à mailles allongées remplies par un réseau secondaire isotropique unispiculé. les spicules sont des oxes* légèrement courbés, à pointes acérées, de 160-180/6,5-7,5 µm dans les fistules et 130-170/6,5-8 µm dans le corps."
Texte directement issu, sans modification, de : Vacelet J., Breton G., 2004, Première observation en Manche de Oceanapia isodictyiformis (Carter, 1882) (Porifera, Haplosclerida) dans les bassins du port du Havre, Bull. Soc. géol. Normandie Amis Mus. Havre, 90,2,2003 (2004), p. 73-74.
Eponge-fistule blanc-fauve est une proposition des auteurs du site DORIS.
Oceanapia : origine obscure, probablement dérivée de Okeanos, divinité grecque : le fleuve Océan.
isodictyiformis : du grec [iso] = égal, du grec [dictuon] = filet de pêche et du grec [formis] = "en forme de". Donc semblable à un filet de pêche.
Numéro d'entrée WoRMS : 132940
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Sous-classe | Heteroscleromorpha | Hétéroscléromorphes | |
Ordre | Haplosclerida | Haplosclérides | « Eponges à spicules simples ». Squelette formé de spicules* qui s’arrangent en formant un réseau de mailles polygonales, parfois renforcé par de la spongine. Mégasclères* de type oxes*, parfois des microsclères* (sigmas*, toxes*). |
Famille | Phloeodictyidae | Phloéodictyidés | Eponges à squelette superficiel formant un réseau tangentiel d'oxes* ou de strongyles*. Le squelette interne est un réseau isotropique* d'oxes ou de strongyles. |
Genre | Oceanapia | ||
Espèce | isodictyiformis |
Eponge à la base encroûtante fauve et à fistules blanches
Oceanapia isodictyiformis présente une base encroûtante de couleur fauve et des digitations blanchâtres.
Ces digitations ne dépassent pas 5 cm de haut.
Ponton de la Bordelaise, étang de Thau (34), 4 m
13/11/2021
Fistules cylindriques, petites et nombreuses
La confusion avec Polymastia penicillus, l'éponge à languette, est facile ! Cette dernière possède des digitations plus larges et biens ouvertes à leur extrémité.
Etang de Thau (34)
03/06/2015
Fistules irrégulières
Fistules de forme un peu tourmentée avec quelques débuts de ramifications.
Etang de Thau (34), 3 m
08/2019
Rare en mer ouverte
Oceanapia isodictyiformis préfère les milieux confinés (étangs, estuaires, ports), elle est beaucoup plus rarement observée en mer comme ici. Notez la base ensablée de couleur fauve.
La Ciotat (13), 7 m
20/08/2014
Petites fistules blanchâtres parmi les moules
Les moules donnent une idée de la petite taille des fistules émergentes de cette éponge.
Etang de Thau (34)
12/06/2016
Fistules avec petits bourgeons latéraux
On aperçoit la base beige de l'éponge qui se développe ici sur un filin, et les fistules. Noter les bourgeons qui sortent de plusieurs fistules.
Bassin de la Citadelle, port du Havre (76), 4 m
17/10/2002
Petites fistules droites et blanches
La base de l'éponge n'est pas visible, elle est recouverte de matières en suspension sédimentées.
Bassin de la Citadelle, port du Havre (76), 4 m
10/2002
Ramification des fistules peu fréquente
Les fistules blanchâtres peuvent, quelques fois, se diviser en deux ou trois rameaux.
Ponton de la Bordelaise, étang de Thau (34), 4 m
05/10/2019
Surface finement grillagée
L'eau est aspirée par la surface finement grillagée de l'éponge, elle ressort par un large orifice situé au sommet des fistules.
Ponton de la Bordelaise, étang de Thau (34), 5 m
05/10/2019
Jeune éponge
De la base de couleur fauve s'élève une première longue digitation blanchâtre et vaporeuse.
Figuerolles, La Ciotat (13), 13 m
27/06/2014
Filiforme à l'abri du courant
Cette éponge a été observée dans une zone protégée du courant et des vagues à proximité d'une grande épave à la profondeur de 7 m. Ceci explique peut-être l'aspect très régulier des fines fistules.
Ponton de la Bordelaise, étang de Thau, 7 m
13/11/2021
Sur un pilier
La base encroûtante de l'éponge, de couleur beige rosé, est visible sur ce support vertical.
Résurgence de La Vise, Balaruc-les-Bains (34), 2 m
05/10/2019
Identification compliquée
Il est probable, comme souvent dans l'étang de Thau, que deux espèces d'éponges d'apparence proche soient mélangées dans ce buisson de fistules dressées : Haliclona stirpescens et Oceanapia isodictyiformis.
Résurgence de la Vise, Balaruc-les-Bains (34), 10 m
05/10/2019
Fistules de deux formes ou deux espèces ?
A Thau la confusion est facile entre Haliclona stirpescens et Oceanapia isodictyiformis, d'autant plus qu'il semble que les deux espèces soient parfois mélangées !
Étang de Thau (34)
11/06/2016
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Rédacteur : Philippe LE GRANCHÉ
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Carter H.J., 1882, New Sponges, Observations on old ones, and a proposed New Group, Annals and Magazine of Natural History, 5 ,10(55), 106-125
de Weerdt, W.H., 1985, A systematic revision of the north-eastern Atlantic shallow-water Haplosclerida (Porifera, Demospongiae): 1. Introduction, Oceanapiidae and Petrosiidae, Beaufortia 35(5), 61-91
Vacelet J., Breton G., 2004, Première observation en Manche de Oceanapia isodictyiformis (Carter, 1882) (Porifera, Haplosclerida) dans les bassins du port du Havre, Bull. Soc. géol. Normandie Amis Mus. Havre, 90,2,2003 (2004), 73-74
La page d'Oceanapia isodictyiformis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page d'Oceanapia isodictyiformis sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires est ici : World Porifera Database