• Nucella lapillus | DORIS

    Pourpre petite pierre

    Nucella lapillus | (Linnaeus, 1758)

    N° 1359

    Atlantique Nord, Manche, mer du Nord

    Clé d'identification

    Coquille épaisse robuste spiralée, la dernière spire est très grande
    Coquille en général lisse, parfois côtelée, 4 cm de longueur
    Apex pointu et ouverture ovale obturée par un opercule corné
    Canal siphonal court et profond
    Labre épais et denté chez les adultes
    Couleur variable : blanc, jaune, gris, brun

    Noms

    Autres noms communs français

    Pourpre, bigorneau blanc, brelin, perceur, bigorneau perceur, pilau

    Noms communs internationaux

    Common dogwhelk, atlantic dogwinkle (GB), Nordische Purpurschnecke, Steinchen (D), Piedrecita purpura (E), Purperslak (NL), Nucela purpurea (P), Purpursnegl (N)

    Synonymes du nom scientifique actuel

    Thais lapillus Linnaeus, 1758
    Buccinum lapillus Linnaeus, 1758
    Buccinum filosum Gmelin, 1791
    Nucella theobroma Röding
    Nassa rudis Röding, 1798
    Nassa ligata Röding, 1798
    Purpura imbricata Lamarck, 1822
    Purpura bizonalis Lamarck, 1822
    Purpura buccinoidea de Blainville, 1829
    Nucella lapillus var major Jeffreys, 1867
    Nucella lapillus var minor Jeffreys, 1867
    Purpura lapillina Locard, 1886
    Purpura lapillus
    Purpura celtica Locard, 1886

    Distribution géographique

    Atlantique Nord, Manche, mer du Nord

    Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest

    On trouve le pourpre petite pierre en Atlantique Nord depuis l'Arctique jusqu'à Gibraltar, et des côtes est du Canada (Estuaire moyen et maritime du Saint Laurent, Haute Côte Nord, Gaspésie) jusqu'à New York.
    Cette espèce est bien présente en Manche et notamment très abondante en Bretagne.

    Biotope

    Il s'agit d'une espèce fort commune des substrats rocheux depuis la zone intertidale*, où on la trouvera essentiellement, et jusqu'à 40 mètres de profondeur, parfois plus.

    Description

    Nucella lapillus est un gastéropode dont la coquille est épaisse et enroulée sur elle-même. On dénombre jusqu'à cinq tours de spire, la spire terminale représentant les trois quarts de la longueur de la coquille qui, chez l'adulte, est d'environ quatre centimètres.
    On note la présence d'un canal siphonal* court et profond. L'ouverture ovale est fermée par un opercule* corné.
    Le rebord externe, le labre*, est incurvé et lisse chez les jeunes individus et épais et crénelé à l'intérieur chez les adultes.
    La coloration est très variée et va du blanc au jaune en passant par le gris et le brun, avec parfois des bandes colorées épaisses sur l'extérieur. L'intérieur peut prendre différentes teintes : orange, violet, blanc, et la zone crénelée est blanche.
    On rencontre deux formes : l'une lisse et l'autre côtelée. Il n'y a pas en général de protubérances ni d'épines mais on observe chez certains individus quelques excroissances très fines ressemblant à des écailles (spécimen rencontré sur substrat* calcaire de la côte normande).

    Espèces ressemblantes

    On pourra confondre Nucella lapillus avec le cormaillot (Ocenebra erinacea), dont l'allure et le profil sont fort semblables, néanmoins ce dernier est reconnaissable à sa coquille parcourue de rainures plus profondes.

    Alimentation

    Nucella lapillus est un prédateur carnivore et perceur.
    Il se nourrit principalement de moules et autres bivalves mais également de balanes et de patelles. Pour cela il perfore la coquille de ses victimes d'un trou parfaitement rond à l'aide de sa radula* et d'un acide qu'il sécrète. Ensuite il injecte des sucs digestifs pour prédigérer les tissus de sa proie qu'il n'a plus qu'à aspirer à l'aide de sa trompe. Ce "repas" dure entre 6 et 24 heures !
    Le régime alimentaire a une influence directe sur la coloration de la coquille (voir "divers biologie").

    Reproduction - Multiplication

    Les sexes sont séparés (espèce gonochorique*). L'accouplement a lieu au printemps et la fécondation est interne.
    S'ensuit une ponte d'œufs encapsulés dans de petites outres rondes d'environ 7 à 8 mm de hauteur. Chaque femelle en dépose une quinzaine et les pontes des différentes femelles sont regroupées. Ces outres sont cylindriques, jaunes ou rosées, et fixées par paquets dans les crevasses ou sous les rochers. Chacune d'elles contient quelques centaines d'œufs mais un tout petit nombre seulement parviendra à maturité.
    Le jeune pourpre naît parfaitement formé et mène immédiatement une vie benthique*.

    La maturité sexuelle est atteinte pendant la troisième année.

    La longévité des pourpres est de l'ordre de 5 à 6 ans.

    Vie associée

    Cette espèce se rencontre surtout là ou abondent les moules et les balanes.
    Balanes, spirorbes et quelques algues parviennent à se fixer sur les coquilles des pourpres.

    Divers biologie

    Si l'alimentation est à base de balanes, les coquilles revêtent une livrée blanche ou jaune ; si elle est à base de moules, la coloration tend vers le crème ou le brun avec ou sans bandes brunes.

    Nucella lapillus est la proie de crustacés comme le homard, le tourteau, le crabe vert, d'échinodermes comme les étoiles de mer, d'oiseaux comme le bécasseau, l'eider, le pipit, ou le tourne-pierre, et aussi de poissons comme le lieu.

    Informations complémentaires

    Nucella lapillus est menacée par l'étain tributyle (TBT) contenu dans les peintures antifouling des bateaux qui agit sur son système hormonal. Les femelles peuvent développer des caractères mâles ou devenir stériles, ce qui tend à menacer les populations européennes. Ce phénomène a été baptisé "pseudo-hermaphrodisme" ou "imposex"*.
    C'est le premier indicateur de pollution : dès que la concentration de ce produit atteint un nanogramme par litre d'eau de mer, certaines femelles acquièrent un pénis et deviennent stériles.

    La pullulation des pourpres dans les moulières peut avoir une incidence économique néfaste très importante auprès des mytiliculteurs.

    Jadis on extrayait une substance de ce coquillage : la pourpre, une teinture. Au VIIème siècle cette teinture était utilisée pour coloriser les parchemins et les enluminures des livres sacrés. Ce n'est qu'au XVIIIème siècle qu'elle a servi à teindre les tissus.

    Cette matière collante et fileuse est produite par une glande située sur la partie interne du manteau entre le rectum et la branchie (glande hypobranchiale). Elle est d'un brun jaunâtre qui vire au vert à la lumière puis au bleu et au violet qui est sa teinte définitive et inaltérable. Dans le même temps une forte odeur s'en dégage. On pense qu'elle aurait un pouvoir anesthésiant pour les proies et un goût détestable qui la protègeraient de ses prédateurs.

    Ce mollusque peut être considéré comme l'équivalent nordique du murex épineux de Méditerranée.

    Statuts de conservation et réglementations diverses

    Nucella lapillus est inscrite à la liste OSPAR Annexe V : espèce menacée et/ou en déclin dans les zones II, III, et IV (des côtes de la Norvège au détroit de Gibraltar).

    Origine des noms

    Origine du nom français

    Pourpre, à cause de la substance qui peut être extraite de l'animal et qui servait jadis à teindre papiers et tissus (voir le paragraphe "Informations complémentaires"),
    petite pierre est la traduction exacte de lapillus.

    Origine du nom scientifique

    Nucella : du latin [nux] = noix, nucella = petite noix,
    lapillus : du latin [lapillus] = petite pierre, petit caillou.
    Le nom scientifique fait référence à la forme et à la texture résistante de la coquille.

    Classification

    Numéro d'entrée WoRMS : 140403

    Termes scientifiques Termes en français Descriptif
    Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
    Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
    Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
    Ordre Neogastropoda Néogastéropodes Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea.
    Famille Muricidae Muricidés

    Coquille spiralée, de forme et de taille variables (13 mm à 300 mm environ), souvent ventrue avec un apex court ; en général de fortes varices qui, selon la forme du bord du manteau ont l'aspect de bourrelets, bosses, plis, épines et peuvent être ramifiées, écailleuses ou tuberculées. La croissance est périodique. La disposition et le nombre de ces varices est caractéristique de chaque espèce. Le canal siphonal est court ou très long, ouvert ou partiellement fermé. D'après Lindner 2011:97.

    Sous-famille Ocenebrinae Ocenebrinés
    Genre Nucella
    Espèce lapillus

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