Petites colonies grêles, irrégulièrement ramifiées
Polypes alternés sur 2 rangées opposées
Une couronne de tentacules simples
Une paire de tentacules modifiés, épais et généralement courbés au-dessus de la bouche
Halecium lighti, Hargitt, 1924
S. F. Light avait proposé le nom de Halecium armatum dans ses notes personnelles (non publiées).
Dans le matériel qu'il avait envoyé pour étude à C.W. Hargitt, celui-ci n'a pas retrouvé systématiquement une paire de nématodactyles, mais parfois un seul, ou même aucun. Qu'il s'agisse d'un caractère inconstant, ou que ces gros tentacules soient perdus lors de la fixation des spécimens, Hargitt a remplacé le nom armatum, pas très approprié, par lighti.
Circumtropical
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● CaraïbesOcéan Indien, Pacifique tropical Ouest, Atlantique Ouest des Bermudes au Brésil.
Nemalecium lighti se développe sur des algues, phanérogames (Thalassia testudinum), éponges, d’autres Hydrozoaires (Sertularella) ou directement sur le substrat rocheux, en zone bien éclairée.
Il apprécie les zones à fort hydrodynamisme (bordure extérieure de mangroves, platier corallien, zone de déferlement des vagues…)
Colonies dressées, de petite taille (0,5 à 5 cm), avec un hydrocaule* (tige) généralement simple ou peu ramifié (on peut exceptionnellement trouver des colonies extrêmement ramifiées et denses).
Chaque colonie pousse à partir d’un réseau d’hydrorhizes* (stolons) rampant sur le substrat. Elle est protégée par un squelette externe chitineux : le périsarc*.
L’hydrocaule est recouvert, surtout à la base, d’une agglomération de menus débris (matières en suspension, algues, diatomées) collés au périsarc. Les polypes surgissent de l’hydrocaule en 2 rangs opposés et alternes.
A la loupe :
Les polypes* mesurent entre 1 et 1,5 mm. Comme chez tous les Leptothécates*, ils sont enveloppés à la base dans une logette squelettique appelée hydrothèque*. Cette hydrothèque est ici très réduite, peu profonde et largement ouverte, et le polype ne peut pas se rétracter à l’intérieur.
L'hydranthe lui-même se compose d’une colonne relativement longue et d’une « tête » élargie qui porte la bouche et les tentacules. Ces deux parties sont séparées par un étranglement, ce qui donne une certaine flexibilité au polype et lui permet d’osciller selon les vagues ou le sens du courant.
La bouche est entourée d’une simple couronne de 25 à 35 tentacules, régulièrement espacés et recourbés : le polype vu du dessus ressemble à un œil bordé de cils raides.
Parmi ces tentacules simples se trouve (généralement) une paire de tentacules épais, presque toujours en position arquée au-dessus de l’ouverture de la bouche. Ils sont implantés quasi symétriquement dans la couronne de tentacules et leur position arquée leur donne vaguement un aspect de cornes de bélier. Ces tentacules modifiés appelés nématodactyles* sont caractéristiques du genre Nemalecium.
D'autres Haléciidés présentent le même aspect de petit buisson à polypes blancs, mais Nemalecium lighti se distingue par cette paire de gros tentacules recourbés au-dessus de la bouche.
Une espèce assez ressemblante a été décrite récemment de la Martinique : Nemalecium gracile, qui présente la particularité d'héberger des zooxanthelles* ce qui lui donne une teinte jaunâtre.
Il se nourrit de diatomées, d'œufs et de larves d’invertébrés planctoniques (bivalves, copépodes), et de toutes les particules organiques en suspension qu’il peut capturer dans le courant.
Selon les localités, on trouve des colonies monosexuées ou bisexuées (portant à la fois des polypes reproducteurs ou gonanges* mâles et femelles).
A la Réunion, des colonies fertiles ont été observées à la saison chaude, de novembre à avril. Les polypes reproducteurs se développent directement sur les hydrorhizes* ou sur l’hydrocaule* et sont protégés par une enveloppe (gonothèque*) en forme d’urne, attachée par la base.
Ils émettent des méduses très rudimentaires ou médusoïdes* à courte vie planctonique, qui libèrent rapidement leurs produits sexuels dans le milieu. A part l'ombrelle et le manubrium*, elles n’ont pas les structures anatomiques d’une hydroméduse (pas de canaux radiaires, pas d’organe sensitif, pas de tentacules…) et cependant sont capables de se déplacer pendant quelques heures en se contractant rythmiquement, jusqu’à l’expulsion totale des gamètes.
La fécondation a lieu en pleine eau, les œufs donnent de petites larves planula* mobiles qui, avec de la chance, pourront aller se fixer et donner naissance à une nouvelle colonie.
Les colonies de Nemalecium peuvent être la proie de petits ostracodes, et de pycnogonides au stade juvénile.
Malgré sa petite taille, cet hydraire peut être violemment urticant en cas de contact prolongé avec un bras nu par exemple, ce qui peut arriver à un plongeur inattentif.
L’envenimation se manifeste d’abord par une sensation de brûlure légère, puis environ une heure après le contact, des démangeaisons évoluant en brûlures intenses avec enflure et formation de cloques pendant au moins 48 h. Les symptômes disparaissent totalement au bout d’une semaine, avec un traitement par des antihistaminiques.
Les nématodactyles* caractéristiques du genre Nemalecium sont pourvus de cellules urticantes ou cnidocytes* contenant des cnidocystes* (capsules urticantes) énormes et capables de percer la peau humaine. Ces capsules sont bien moins nombreuses (une vingtaine par tentacule seulement) que les petits cnidocystes des tentacules "normaux", mais beaucoup plus venimeuses. Elles sont implantées sur la face externe des tentacules recourbés et se dévaginent ainsi toujours vers l'extérieur.
"Hydraire de Light" est une proposition du site DORIS.
Nemalecium : composé à partir du nom de genre Halecium (un genre voisin) préfixé du grec [nêma] = fil, pour marquer la présence des nématodactyles* caractéristiques. Halecium : du grec [hal-] = sel, marin ; et [oikos] = maison : habitation marine (c’est l’hydrothèque !)
lighti : du nom de S.F. Light (1886-1947), auteur du « Light’s Manual » , ouvrage de référence sur la faune intertidale des côtes californiennes.
Numéro d'entrée WoRMS : 290449
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Hydrozoa | Hydrozoaires | Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce. |
Sous-classe | Hydroidolina | Hydroïdes | Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype. |
Ordre | Leptothecata / Leptomedusa | Leptothécates / Leptoméduses | Hydroïdes coloniaux dont les polypes sont protégés par une enveloppe chitineuse, la thèque. Méduses (quand elles existent) aplaties, parfois de grande taille, portant des statocystes sur le bord de l’ombrelle, et des gonades sur les canaux radiaires. |
Sous-ordre | Conica | Coniques | Les hydranthes ont un hypostome conique, sans cavité buccale distincte de la cavité gastrique. |
Famille | Haleciidae | Haléciidés | Colonies dressées poussant sur des stolons, hydranthes dépassant largement de l'hydrothèque. Pas de stade méduse libre. |
Genre | Nemalecium | ||
Espèce | lighti |
Petite colonie sur éponge
Les hydrocaules sont recouverts de divers sédiments, les polypes sortent en alternance des deux côtés de la tige principale.
Pointe du Gouvernail, Les Saintes (971), 20 m
25/07/2006
Stolons
Une série de petites colonies dressées à hydrocaule non ramifié, poussant à partir d'un "stolon" bien visible à la surface de l'éponge qui lui sert de support.
Canyons de Babodi, Nord Martinique (972), entre 12 et 20 m
2006
Ramifié
En zone relativement calme (chenal de sortie du Marin), cette petite colonie a pu croître en se ramifiant.
Le Marin, Martinique (972), 18 m
10/12/2008
Zoom
Les longs pédoncules présentent un étranglement juste en dessous de l'hydranthe. Les nématodactyles recourbés en "corne de bélier" sont visibles sur certains des polypes.
Passe à Colas, Guadeloupe, 12 m
04/12/2009
Au microscope
Sur le polype de gauche on distingue très nettement les deux tentacules modifiés (nématodactyles) trapus et porteurs d'énormes capsules urticantes (les nématocystes).
On peut remarquer aussi que la base de l'hydranthe émerge d'une courte hydrothèque, largement ouverte et en forme de coupe.
Spécimen originaire de Guadeloupe
06/2008
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Correcteur : Horia GALEA
Responsable régional : Anne PROUZET
Bouillon, J., 1986, Nemalecium gen. nov., genre nouveau de Haleciidae (Thecata-Leptomedusae, Hydrozoa, Cnidaria), Indo-Malayan Zoology, 3(1), 71-80.
Calder, D.R., 1991, Shallow-water hydroids of Bermuda: the Thecatae exclusive of Plumularioidea, Royal Ontario Museum Life Sciences Contributions, 154, 1–140.
Coma R., Ribes M., Orejas C., Gili J.-M., 1999, Prey capture by a benthic coral reef hydrozoan, Coral Reefs, 18,141-145.
Galea H. R., 2008, On a collection of shallow-water hydroids (Cnidaria: Hydrozoa) from Guadeloupe and Les Saintes, French Lesser Antilles, Zootaxa, 1878, 1–54.
Galea H.R., Ferry R., Bertot J.M., 2012, Medusoids in the life cycle of Dentitheca dendritica (Nutting, 1900) and Nemalecium gracile sp. nov.(Cnidaria: Hydrozoa), Zootaxa, 3527, 43–54.
Gravier-Bonnet N., Migotto A.E., 2000, Gonangium development and medusoid of Nemalecium lighti (Hargitt, 1924) (Cnidaria : Hydrozoa, Haleciidae), Scientia Marina, 64(1), 207-213.
Gravier-Bonnet N., Mioche D., 1996, Annual survey of hydroids (Cnidaria : Hydrozoa) cohabiting into shrimp-crevices of a reef-flat of a Réunion (Indian Ocean), Scientia Marina, 60(1), 165-181.
Hargitt, C.W., 1924, Hydroids of the Philippine Islands, Philippine Journal of Science, 24(4), 467–507.
Marques A. C., Haddad Jr V., Migotto A. E., 2002, Envenomation by a benthic Hydrozoa (Cnidaria) : the case of Nemalecium lighti (Haleciidae), Toxicon, 40, 213-215.
La page de Nemalecium lighti dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN