Cardinal-fantôme luxuriant

Nectamia luxuria | Fraser, 2008

N° 5953

Indo-Pacifique

Clé d'identification

Corps trapu comprimé latéralement, taille maximale autour de 10 cm
Museau court et arrondi, bouche oblique largement fendue, œil de grande taille
Dorsale épineuse et dorsale molle séparées, caudale échancrée
Couleur de fond bronze à gris-brun, avec de sept à une quinzaine de barres verticales blanchâtres sur les flancs
Marque triangulaire noire oblique sous l’œil, selle noire sur le pédoncule caudal
Extrémité du bord antérieur de la dorsale molle et de l’anale et rayons extérieurs de la caudale jaune vif

Noms

Noms communs internationaux

Multi-barred cardinalfish (GB)

Distribution géographique

Indo-Pacifique

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

L’espèce est présente dans les zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et de l’océan Pacifique.
On la trouve des Maldives à la Polynésie française, en passant notamment par la mer d’Andaman, les îles Cocos (Keeling), le Vietnam, l’Indonésie, l’Australie, la mer des Philippines, la Nouvelle-Calédonie et les îles Fidji, Tonga, Samoa et Cook.

Biotope

Le cardinal-fantôme luxuriant vit en milieu corallien abrité, de préférence dans les coraux branchus.
Sa distribution verticale va de 1 à 11 mètres.
On le rencontre principalement de nuit.

Description

Description succincte : cet apogon de taille moyenne a un corps trapu, un museau bombé, de très gros yeux et une caudale échancrée aux pointes arrondies. Ses nageoires dorsales sont séparées. Elles sont courtes, hautes et orientées vers l’arrière, de même que l’anale. Il peut atteindre environ 10 cm.
Sa couleur dominante est généralement bronze. De 7 à 8 barres verticales blanchâtres sont présentes sur les flancs, avec le plus souvent des barres intercalaires plus fines. Une marque noire, triangulaire et oblique, se trouve sous l’œil. Les yeux sont brun foncé. Le pédoncule* caudal est blanc avec une selle noire qui se prolonge souvent en gris foncé sous la ligne latérale*. L’extrémité du bord antérieur de la dorsale molle et de l’anale est jaune vif, de même que les rayons extérieurs de la caudale.

Description détaillée :
Nectamia luxuria a un corps trapu dont la hauteur (mesurée de l’origine de la dorsale épineuse à celle des pelviennes) équivaut à 39 à 44 % de la longueur standard* (longueur sans la queue). Le profil dorsal est bombé avec une zone légèrement concave entre l’origine des deux nageoires dorsales et une inclinaison marquée sous la seconde vers le pédoncule* caudal. Le profil ventral est arrondi jusqu’au pédoncule, qui est tronconique et long (il fait 21 à 24 % de la longueur standard). Le corps est comprimé latéralement et couvert d’écailles cténoïdes* généralement peu visibles sous la ligne latérale* malgré leur grande taille. La taille maximale documentée est de 7,7 cm en longueur standard.

La tête est presque aussi haute que longue ; sa longueur fait 42 à 45 % de la longueur standard. Le museau est court et arrondi. La bouche est oblique, largement fendue et protractile*. L’œil est globuleux et de très grande taille. Son diamètre équivaut à 15 à 16 % de la longueur standard et son bord antéro-inférieur est très proche de la lèvre supérieure. Les marges du préopercule* sont finement dentelées. La joue, le préopercule, l’opercule*, la nuque et la gorge portent des écailles cténoïdes.

Les nageoires dorsales sont séparées. Elles sont courtes, hautes et orientées vers l’arrière. Le premier rayon de la dorsale épineuse est très petit, il mesure environ 1/5e de la hauteur du deuxième rayon, qui lui-même fait un peu plus de la moitié du troisième ; la taille des suivants décline fortement du 4e au 7e rayon. La membrane suivante est liée à un 8e rayon invisible parce que recouvert par le tégument* du dos.
La dorsale molle est plus haute que la dorsale épineuse et sa morphologie est proche, mais ses rayons sont plus nombreux et sa toute dernière membrane n’est pas reliée au corps.
La nageoire anale est elle aussi haute, courte et orientée vers l’arrière ; son premier rayon dur est très court. La base de la dorsale molle et celle de l’anale sont gainées par un fourreau garni de petites écailles.
Les pectorales sont longues : quand elles sont plaquées sur le corps, leur extrémité se trouve à l’aplomb ou non loin de l’origine de l’anale.
Les pelviennes sont plus courtes que les pectorales. La caudale est échancrée.

Couleurs
La couleur dominante va du bronze au gris brun ; elle est généralement plus foncée au-dessus de la ligne latérale. Les flancs sont marqués de l’aplomb de l’origine de la première dorsale (parfois de la partie postérieure de l’opercule) à la fin de la seconde par 7 à 8 barres verticales blanchâtres à peu près rectilignes, entre lesquelles prennent souvent place des barres ou segments de barres intercalaires plus fins, pouvant porter le nombre de barres à une quinzaine. Ces barres sont généralement estompées, voire absentes au-dessus de la ligne latérale. La base des pectorales est jaune vif. La seconde moitié du pédoncule caudal porte une selle noire ne dépassant généralement pas la ligne latérale. Cependant, cette selle se prolonge souvent en gris foncé sur la partie inférieure du pédoncule, formant ainsi un anneau bicolore. Le pédoncule caudal est gris très pâle à blanc de part et d’autre de cette selle.

La partie dorsale de la tête est gris foncé à noirâtre. Une marque triangulaire noire part du bord inférieur de l’œil et rejoint l’angle du préopercule. Le globe charnu portant les yeux est de couleur bronze foncé à noirâtre. La pupille est discrètement piriforme* ; elle est entourée d’un cercle doré, le reste de l’iris* est brun foncé. Une ligne jaune plus ou moins grisée en forme de moustache se trouve entre l’œil et la lèvre supérieure. La limite postérieure du préopercule est surlignée de noir.

Les membranes des 2e à 4e rayons de la dorsale épineuse sont noirâtres, les suivantes sont plus ou moins fumées. Le rayon dur de la seconde dorsale et la membrane qui le relie au premier rayon mou sont noirâtres, sauf en partie distale* où cette membrane et ces rayons sont jaune vif. Les autres rayons sont grisâtres avec des membranes translucides. La moitié supérieure de la membrane entre le second rayon dur de l’anale et son premier rayon mou est également jaune vif. Les rayons extérieurs de la caudale le sont aussi ; les 2 ou 3 suivants sont parfois noirâtres. Les pectorales sont translucides. Les premiers rayons des pelviennes sont blancs dans leur première moitié.

Espèces ressemblantes

Toutes les espèces du genre Nectamia ont une marque suboculaire noire et une selle ou un anneau noir sur le pédoncule caudal. Mais aucune autre que N. luxuria ne présente une seconde dorsale et une anale à bord antérieur jaune vif, ni une caudale dont les rayons extérieurs le sont aussi.

Alimentation

La diète* de Nectamia luxuria n’a pas été étudiée à la date de publication de cette fiche [11/2024], à notre connaissance. Toutefois, la majorité des espèces de la famille des Apogonidés se nourrit d’invertébrés benthiques* et/ou de plancton*. Ce pourrait donc aussi être le cas de cette espèce.

Reproduction - Multiplication

La biologie de la reproduction n’a pas été étudiée chez cette espèce à la date de publication de cette fiche [11/2024], à notre connaissance.

Les espèces de la famille des Apogonidés sont gonochoriques* (les sexes sont séparés dès l’origine et ne changent pas au cours de l’existence des individus). L’accouplement se fait par paires après une parade nuptiale complexe. Les pontes se présentent sous la forme d’une grappe compacte contenant de plusieurs centaines à plusieurs milliers d’œufs liés ensemble. Le mâle saisit cette grappe dans sa bouche dès son expulsion après l’avoir fertilisée et incube les œufs dans sa cavité buccale.

Divers biologie

L’incubation buccale est une stratégie rare et complexe qu’on ne trouve que dans cinq familles de poissons marins, dont celle des Apogonidés. Cette stratégie protège les œufs, et parfois les larves*, contre la prédation. Chez une espèce au moins, l’incubation buccale peut être pratiquée par les deux sexes : selon FishBase, Paroncheilus affinis est le seul cas connu d’incubation buccale maternelle et paternelle chez les apogons. Chez certains d’entre eux, dont les œufs sont plus gros et moins nombreux, les larves restent protégées dans la cavité buccale des mâles après éclosion (par ex. chez Pterapogon kauderni).
Cette stratégie a un coût important pour le mâle, qui doit cesser de s’alimenter et peine à « respirer » pendant l’incubation. Ce pourquoi elle s’accompagne régulièrement de ce qu’on appelle le « cannibalisme filial ». Les individus dont l’état général se détériore du fait de la privation de nourriture peuvent en venir à consommer tout ou partie de la grappe d’œufs qu’ils protègent.
Une étude faite sur Apogon doederleini (Okuda & Yanagisawa, 1995) montre que les mâles se reproduisent 4 à 7 fois dans la saison et passent 80 % de leur temps à incuber, ce pourquoi, les organismes étant épuisés, le cannibalisme filial augmente en fin de saison. Une autre raison est invoquée pour expliquer ce phénomène : certains mâles peuvent consommer une ponte entière en vue d’un accouplement avec d’autres femelles pour stocker de l’énergie en vue d’une incubation effective.

La dentition de Nectamia luxuria se compose de dents villiformes*. Elles sont disposées de chaque côté des mâchoires en plusieurs rangées sur la mâchoire supérieure, deux rangées sur la mâchoire inférieure, une rangée de dents palatines* et une autre de dents vomériennes*.

L’espèce est essentiellement nocturne : les individus chassent la nuit et se cachent en journée dans les coraux, souvent en groupes.

La dorsale épineuse comprend 8 rayons durs (dont 7 sont visibles quand elle est déployée, voir la description), la dorsale molle comprend 1 rayon dur et 9 rayons mous. La nageoire anale est composée de 2 rayons durs et 8 rayons mous, les pectorales ont 13 rayons. Les pelviennes ont 1 rayon dur et 5 rayons mous.
La ligne latérale* comprend 24 écailles perforées.

Informations complémentaires

Des différences dans le nombre d’arcs branchiaux liées à la répartition géographique de l’espèce suggèrent qu’une investigation moléculaire (ADN*) pourrait aboutir à la découverte de nouvelles espèces.

La famille des Apogonidés contient à l’heure actuelle 40 genres regroupant 381 espèces considérées comme valides, dont 17 ont été décrites dans les dix dernières années (données fournies par Catalog of Fishes en octobre 2024).

Elle est divisée selon WoRMS en deux sous-familles (Apogoninae et Pseudamiinae), auxquelles s’ajoute un genre isolé (Taeniama). Le genre Nectamia appartient à la première sous-famille, qui comprend actuellement [11/2024] 33 genres. Toutefois, la taxonomie de cette famille est souvent sujette à débat et ne paraît pas stabilisée.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Le statut de Nectamia luxuria n’est pas évalué par l’UICN*.

Origine des noms

Origine du nom français

Cardinal : ce qualificatif est souvent employé pour désigner des espèces de la famille des Apogonidés. Il vient de ce que la couleur dominante d’un certain nombre d’entre elles est rouge, ce qui est la couleur distinctive des cardinaux de l’église catholique.

fantôme : cette appellation, qu’on retrouve dans certains noms communs anglais (ghost cardinalfish) appliqués à des espèces du genre Nectamia, ne semble pas avoir d’explication communément acceptée. Peut-être tient-elle à la couleur pâle et aux mœurs essentiellement nocturnes des espèces du genre, puisque les fantômes sont supposés n’apparaître que la nuit et sont souvent représentés couverts d’un voile blanc.

luxuriant : traduction de l’épithète spécifique du nom scientifique (voir Origine du nom scientifique).

Dans la mesure où il n’y aucun nom français convenu pour cette espèce décrite récemment, ce nom commun est une proposition DORIS. L’ajout de l’adjectif « luxuriant » tient au fait que le nom de cardinal-fantôme peut s’appliquer à toutes les espèces du genre Nectamia.

Origine du nom scientifique

Nectamia : ce nom semble composé du mot grec [nektos], qui signifie « qui nage » et du nom de genre Amia créé en 1854 par Gronow et synonyme du genre Apogon (ou Ostorhinchus, selon les sources).
Le genre est décrit en 1917 par l’ichthyologiste américain David Starr Jordan (1851-1931) dans Notes on Glossamia and related genera of cardinal fishes (Copeia n° 44, p. 47). Il est créé pour isoler Apogon fuscus des genres Amia et Apogon, dans lesquels il était jusqu’alors placé. L’argument principal de cette séparation est la longueur de son pédoncule caudal et celle de sa caudale, supérieures à celles des espèces des genres cités. Le descripteur n’explique pas le choix du nom de genre, mais sa référence à la longueur de la caudale et à celle de son pédoncule, essentielles pour les compétences de nage, rend très probable que ce nom renvoie aux supposées compétences en la matière des espèces du nouveau genre.
L’espèce-type* est donc Apogon fuscus (actuellement Nectamia fusca).
Le nom du genre étant féminin, le nom scientifique complet de l’espèce l’est aussi.
Le genre contient actuellement [11/2024] 9 espèces acceptées.

luxuria : ce mot latin signifie « exubérance, excès, surabondance, profusion ».
L’espèce est décrite en 2008 par Thomas Henry Fraser, ichthyologiste contemporain, dans Cardinalfishes of the genus Nectamia (Apogonidae, Perciformes) from the Indo-Pacific region with descriptions of four new species (pp 26-31). Le descripteur précise que l’épithète spécifique a été choisie en raison du grand nombre de barres blanches sur les flancs de l’animal.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 398507

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Teleostei
Ordre Kurtiformes Kurtiformes

Seules deux familles composent l'ordre des Kurtiformes : les Apogonidae et les Kurtidae. La relation étroite entre ces deux familles repose désormais exclusivement sur des études de biologie moléculaire.

Famille Apogonidae Apogonidés Famille des apogons.
Genre Nectamia
Espèce luxuria

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