Petite raie de couleur jaunâtre à orange-marron
Taches
circulaires sombres sur la face dorsale
Partie
avant du corps presque circulaire, légèrement plus large que longue
Larges nageoires pelviennes
Queue
relativement petite avec une base épaisse
Deux nageoires dorsales de taille identique sur la queue
Raie électrique, raie torpille, trembleur (Antilles françaises)
Bancroft's numbfish, Brazilian electric ray, Caribbean electric ray, Caribbean numbfish, lesser electric ray, small electric ray, spotted torpedo ray, torpedofish, trembler (GB), Raya eléctrica, raya eléctrica torpedo, tembladera brasileña, temblador de mar, torpedo brasileño, trembladera (E), Arraia, arraia-eléctrica, emplasto, raia-eléctrica, raia-emplasto, raia treme treme, treme-treme, tremelga (P), Bancroft’s stroomrog (NL)
Atlantique Ouest de la Caroline du Nord au nord du Brésil, golfe du Mexique et mer des Caraïbes inclus
Zones DORIS : ● CaraïbesLa torpille de Bancroft fréquente les côtes de l'Atlantique Ouest depuis la Caroline du Nord jusqu'au Guyana, voire jusqu'au nord du Brésil. On la rencontre également sur les côtes de Floride, du golfe du Mexique, et dans les Caraïbes.
On
trouve Narcine bancroftii sur les fonds sableux ou vaseux ou dans les herbiers du plateau continental, souvent enterrée dans le sable ou la vase ne laissant dépasser que ses yeux. On peut la rencontrer depuis la surface jusqu'à 40 à 50 m de profondeur.
La torpille de Bancroft est une petite
raie dont la la longueur ne dépasse pas 60 cm et pesant moins de 650 g. Son corps est mou et flasque, sa peau est lisse (absence de denticules dermiques).
La partie avant du corps a la forme d'un disque presque circulaire, la largeur étant souvent légèrement plus grande que la longueur. La largeur
maximale du disque est située environ au tiers de la longueur de l’individu, à partir du museau.
Les nageoires pelviennes, situées en arrière du disque circulaire, sont larges et lorsqu'elles sont déployées, forment un second disque plus petit. Chez les mâles, la partie postérieure des nageoires pelviennes est modifiée pour former l'organe reproducteur mâle, ou ptérygopode*. Ces ptérygopodes, au nombre de deux, sont cylindriques et dépassent des nageoires pelviennes.
Les deux nageoires dorsales au sommet arrondi, sont de forme similaire, plus hautes que larges, et presque de même dimension (la seconde pouvant être légèrement plus grande que la première). La queue, très épaisse à la base, est un peu moins longue que le disque, et est dépourvue d'épine. La nageoire caudale, en forme d'éventail, est équilatérale et bien développée.
La couleur de la face dorsale varie selon les individus, du sable pâle au jaunâtre ou gris, ou de rouge-orangé jusqu'au marron foncé. Souvent la face dorsale présente des taches sombres, de formes irrégulières, cerclées de points ou d'un trait gris foncé à noir. Quelques points noirs sont situés à la base de la queue, des taches foncées peuvent être présentes à la base des nageoires dorsales et caudale.
Le museau est arrondi, et souvent plus sombre que le reste du corps. Sur le dessus de la tête, les yeux sont saillants et plus grands que les spiracles* situés juste derrière. Les spiracles, circulaires ou ovales, ont une bordure épaisse et haute bordée de papilles verruqueuses. Les papilles sont plus fines chez les jeunes.
La face ventrale est uniformément blanchâtre, crème voire verdâtre. Les narines, petites et circulaires, sont plus proches de la bouche que de l'extrémité du museau. Les bords des narines forment un rideau nasal plus large que long atteignant le niveau de la mâchoire supérieure. La bouche protractile* est transversale, peu arquée, légèrement plus large que le rideau nasal. De nombreuses petites dents plates sont rangées formant un pavage.
Les travaux de M.R. de Carvalho, présentés dans sa thèse de
doctorat en 1999, ont conduit à distinguer Narcine
bancroftii de Narcine brasiliensis
(von Olfers, 1831) qui était précédemment l’unique espèce reconnue dans
leur aire de répartition. N. brasiliensis est une espèce endémique* de l’Atlantique Sud-Ouest : Brésil, Uruguay et Argentine. Elle est plus petite, ne dépassant pas 45 cm de longueur. Par contre, les nouveaux-nés atteignent 11 cm chez N.
brasiliensis contre
seulement 9 cm chez N.
bancroftii. On peut différencier ces raies par la
présence chez N.
Brasiliensis
de 2 barres noires en dessous des yeux, courant vers
le rebord du disque. Autre critère discriminant, mais non visible en plongée : N.
brasiliensis
a 35 rangées de dents au lieu de 26 chez N.
bancroftii.
N.
entemedor (Jordan & Starks, 1895) est semblable à N. bancroftii, même si elle est un peu plus grande. Néanmoins, fréquentant les côtes du Pacifique Est, la confusion n'est pas possible avec N. bancroftii.
La torpille noire, Tetronarce nobliana, est une grande raie pélagique* pouvant atteindre 180 cm de longueur. Les jeunes de cette espèce qui fréquentent les fonds sableux et les récifs coralliens peuvent être confondus avec N.
bancroftii. Néanmoins, le disque est large, la première nageoire caudale est plus grande que la seconde, et les spiracles ne sont pas bordés de papilles.
N. bancroftii se nourrit la nuit dans les zones de faible profondeur. Son alimentation est essentiellement constituée d’organismes benthiques* invertébrés (tels les annélides polychètes) vivant enfouis dans le sable. Elle peut aussi manger des anémones, des petits crustacés, des petits poissons, et des serpentines juvéniles.
N. bancroftii est ovovivipare* comme certaines autres espèces de raies et requins. La fécondation est interne : un mâle insère un de ses deux ptérygopodes* dans le cloaque de la femelle et y dépose le sperme. Les embryons, dont le nombre varie entre 4 et 15 environ (au maximum 16 à 20 selon les publications), se développent dans le corps de la femelle. Ils se nourrissent d'abord du vitellus*, puis d'un liquide utérin enrichi de mucus, graisse et protéines. Après incubation, qui dure entre 3 et 4 mois, les œufs éclosent dans la mère. Les juvéniles mesurent au maximum 9 cm et sont capables de produire des décharges électriques. Leur dos est généralement couvert d'anneaux foncés et de taches entourées de boucles ovales.
La maturité sexuelle est atteinte à une longueur de 20 à 26 cm pour la femelle, longueur atteinte à l'âge de 2 ans, et à une longueur de 22 à 33 cm pour le mâle.
Certains chercheurs évoquent la possibilité de diapause*, c'est-à-dire l'arrêt du développement des embryons après fécondation dans l'attente de conditions optimales. La gestation pourrait alors durer 11 à 12 mois. Cette hypothèse nécessite des recherches supplémentaires pour être validée.
Elle
a comme prédateurs des requins et des grands poissons.
Cette raie peut émettre des décharges comprises entre 14 et 37 volts, utiles pour étourdir ses proies ou ses prédateurs. Les organes électriques, bien développés, recouvrent une partie du disque. Ils sont en forme de haricot situés entre les yeux et la périphérie du disque.
Selon l'âge et la taille de la raie, on compte 17 à 34 rangées de dents dans chaque mâchoire. Les rangées extérieure et intérieure, sont constituées de dents dont les cuspides* sont acérées, ce qui est idéal pour attraper des poissons.
Si cette torpille est dérangée, elle se défend en produisant un choc électrique qui peut être douloureux si on se trouve trop près.
Cette espèce est capturée accidentellement lors de la pêche des crevettes au chalut. Elle est généralement rejetée à la mer, mais le taux de survie est faible, et les femelles gravides avortent souvent de leurs embryons. Les dispositifs permettant de limiter les prises accessoires lors de la pêche au chalut se révèlent inefficaces pour cette espèce. Les femelles étant sexuellement matures à l'âge de 2 ans, l'espèce doit pouvoir supporter une telle pression. Cependant un déclin de l'espèce a été observé localement au nord du golfe du Mexique : une publication parue en 2005 rapporte que l'abondance de l'espèce aurait diminué de 98 % depuis 1972 sur ces côtes. Il en serait de même sur les côtes de Floride, et probablement dans d'autres endroits où les pêches artisanales et commerciales sont intenses. L'espèce est classée par l'IUCN en danger critique d'extinction (CR), mais une étude réalisée en 2017, suite à une pétition demandant que des mesures de protection soient prises, critique les analyses précédentes et conclut que l'espèce ne semble pas être en danger d'extinction.
Torpille : issu du latin [torpedo] = torpeur, en relation avec les commotions électriques que cette raie est capable d’infliger.
Bancroft : contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce nom n’est pas un hommage au travail d'Edward Bartholomew Bancroft (1745-1821), médecin, chimiste et agent-double pendant la guerre anglo-américaine de 1812 servant les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Il a étudié les poissons électriques (anguilles et raies) et a peint l’illustration à partir de laquelle Griffith et Smith en 1834 ont décrit l’espèce. Il a été le premier à découvrir que les raies utilisent le choc électrique pour assommer leurs proies. Mais, bancroftii est en réalité une reconnaissance du travail de son fils Edward Nathaniel Bancroft (1772-1842), naturaliste qui fut également médecin.
Le nom commun "trembleur" fait certainement référence au matériel électrique qui est un "dispositif interrompant et rétablissant très rapidement le passage d'un courant électrique".
Narcine : du grec [narke] = torpeur, engourdi.
Bancroftii : latinisation de Bancroft, Edward Nathaniel.
Numéro d'entrée WoRMS : 275386
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Chondrichthyes | Chondrichthyens | Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale. |
Sous-classe | Elasmobranchii | Elasmobranches | Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles. |
Ordre | Torpediniformes | Torpédiniformes | Raies électriques. |
Genre | Narcine | ||
Espèce | bancroftii |
Petite raie marron-orange
La partie avant du corps a la forme d'un disque presque circulaire, la largeur étant souvent légèrement plus grande que la longueur.
Les nageoires pelviennes, situées en arrière du disque circulaire, sont larges et lorsqu'elles sont déployées, forment un second disque plus petit, lui donnant la forme d'une guitare.
Ce spécimen est un mâle : on distingue bien les ptérygopodes qui dépassent des nageoires pelviennes.
Le Carbet, Martinique, 5 m, le soir
15/12/2013
La couleur de la face dorsale varie selon les individus.
Celui-ci a le dos couvert de taches sombres de formes irrégulières, certaines étant cerclées d'un trait plus foncé. Quelques points noirs sont situés à la base de la queue, des taches foncées sont présentes à la base des nageoires dorsales et caudale.
Panama, ile de San Blas (côté Caraïbes), 1,5 m en pmt
26/04/2017
La tête
Le museau est arrondi et plus sombre que le reste du corps. Sur le dessus de la tête, les yeux sont saillants et plus grands que les spiracles* situés juste derrière. Les spiracles, circulaires ou ovales, ont une bordure épaisse et haute bordée de papilles verruqueuses.
Malendure, Guadeloupe (971)
09/10/2015
Les nageoires
Les nageoires pelviennes, situées en arrière du disque circulaire, sont larges. Les deux nageoires dorsales, au sommet arrondi, sont plus hautes que larges. La queue, très épaisse à la base, est moins longue que le disque et est dépourvue d'épine. La nageoire caudale, en forme d'éventail, est bien développée.
Plage de Rocroy, Guadeloupe (971)
09/07/2014
Proche de la surface
Narcine bancroftii fréquente les fonds sableux ou vaseux. On peut la rencontrer depuis la surface jusqu'à 40 à 50 m de profondeur.
Saint-Pierre, Raisinier, Guadeloupe, 7 m
20/01/2018
De qui s'agit-il ?
Bien que cette raie fréquente les eaux de la Guadeloupe, il n'est pas certain qu'il s'agisse de N. bancroftii. Le sable qui recouvre son dos rend difficile la distinction d'avec N. brasiliensis qui habituellement fréquente des eaux plus au sud.
La Kaye, Malendure, Guadeloupe, 4 m
0206/2010
Dessin des deux faces
La face ventrale est uniformément blanchâtre. Les
narines, petites et circulaires, sont plus proches de la bouche que de
l'extrémité du museau. La
bouche protractile est transversale, peu arquée, légèrement plus large
que le rideau nasal.
Ce dessin a été publié dans l'ouvrage suivant : London. Vol. 1, 680p.
Reproduction de documents anciens
1834
Organes électriques d'une raie torpille-docancien
Disque dune raie torpille disséquée afin de montrer les deux organes électriques qui forment une surface foncée.
Ce dessin est tiré de Roule L.,
Elphinstone C., 1935,
FISHES AND THEIR WAYS OF LIFE
,
Andesite Press (24 Aug. 2017), 324p.New York, W.W. Norton & company, inc (Edition originale)
Reproduction de documents anciens
1935
Rédacteur principal : Jean ROGER
Rédacteur : Sylvie HUET
Vérificateur : Francis POLLAK
Responsable régional : Sylvie HUET
Carlson J., Castro J., Driggers W., Lee J.L., Brame A., 2016, Lesser Electric Ray Status. Review Report: Lesser Electric ray (Narcine bancroftii). Report to National Marine Fisheries Service, SERO, Protected Resources Division, September, 45 p.
Carlson J.K., Pollack A.G., Driggers III W.B., Castro J.I., Brame A.B., Lee J.L., 2017, Revised analyses suggest that the lesser electric ray Narcine bancroftii is not at risk of extinction, Endang. Species Res., 32, 177-186.
Carvalho
M.R. de, 1999, A
systematic revision of the electric ray genus Narcine
Henle, 1834 (Chondrichthyes : Torpediniformes Narcinidae), and
the higher-level phylogenetic relationships of the orders of
elasmobranch fishes (Chondrichthyes),
PhD. thesis, City University of New York, 704p.
Cerqueira
Ferreira L.,Vooren C.M., 2012, Diet
of the lesser electric ray Narcine brasiliensis (Olfers,
1831) (Elasmobranchii, Narcinidae) in southern Brazil,
Pan-American Journal of Aquatic Sciences, 7, 37-44.
Bester C., 2015, Narcine bancroftii, https://www.floridamuseum.ufl.edu/fish/discover/species-profiles/narcine-bancroftii/
La page sur Narcine bancroftii sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Narcine bancroftii dans l'Inventaire National du Patrimoine scientifique : INPN