Plaques revêtantes en coussin
Couleur variable rose à orange
Aspect poreux
Douce et gluante au toucher
Nombreuses veinules
Halichondria rosacea Lieberkühn, 1859
Myxilla incrustans var. rosacea Lieberkühn, 1859
Myxilla rosacea (Lieberkühn, 1859)
Myxilla fasciculata sensu Schmidt, 1862
Myxilla (Myxilla) fasciculata sensu Schmidt, 1862
Myxilla tridens Schmidt, 1864
Emplocus tridens (Schmidt, 1864)
Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Myxilla (Myxilla) rosacea est largement répandue dans les eaux européennes. Elle vit en Arctique, autour des îles Féroé ainsi que de la Grande-Bretagne, en mer du Nord, en Manche et en Atlantique Nord-Est de l'Irlande à l'Espagne. Elle est également présente en Méditerranée. On peut également l'observer sur les côtes occidentales de l'Afrique dans tous les archipels de Macaronésie (Açores, Madère, îles Canaries, îles du Cap Vert) jusqu'au golfe de Guinée.
Cette espèce vit sur les fonds rocheux de l'étage infralittoral* jusqu'à 300 m de profondeur environ. Elle préfère les sites bien exposés au courant et n'hésite pas à se fixer sur les tombants, les fentes entre deux roches ou sur des substrats à proximité du sédiment, voire sous une importante couverture algale. Elle peut également adhérer à des coquilles de mollusques ou autour des tiges d'hydraires.
Cette éponge se présente sous la forme de plaques revêtantes en forme de coussins relativement épais (1 cm et plus), qui couvrent des surfaces importantes (50 à 60 cm²). En eau profonde elle peut prendre une forme dressée.
Sa couleur est variable : jaunâtre, orange ou rose sale. Son aspect général est poreux avec de nombreuses marques semblables à des cicatrices. Sa consistance est molle mais élastique. Elle est douce et gluante au toucher. Le cortex* est constellé de veinules qui débouchent sur des oscules* bien visibles légèrement surélevés et disposés sans ordre défini.
Elle sécrète, quand elle est sortie hors de l'eau, de grandes quantités de mucus.
Voir la description microscopique dans la rubrique "Divers biologie".
De nombreuses
éponges rouges revêtantes ou encroûtantes peuvent ressembler à Myxilla
(Myxilla) rosacea : une identification visuelle devient par conséquent très
difficile et seule une observation des spicules* au microscope permettra de
différencier ces espèces. Cependant on remarque que les confusions les plus
fréquentes s’observent avec les spongiaires suivants :
Myxilla (Myxilla) incrustans : ses oscules ne sont pas surélevés et sa couleur est généralement jaune soufre.
Phorbas plumosus : cette éponge se présente sous l’aspect de plaques plus épaisses et d’aspect granuleux sur lesquelles on observe un réseau exhalant formé d'un tissu transparent typique. Cette espèce est absente de Méditerranée.
Clathria (Microciona) strepsitoxa : on note sur cette espèce un réseau de canaux translucides très marqué.
Il faut noter que les photos que nous présentons ont été identifiées grâce à l'aide de spécialistes des spongiaires et, lorsque cela était possible, par l'examen des spicules au microscope.
Comme toutes les autres éponges (à l'exception d'une famille, Cladorhizidés, qui est carnivore), cette Myxilla se nourrit et capte l'oxygène en créant dans ses chambres internes un courant d'eau. Celui-ci est engendré par le battement des cils de certaines cellules spécifiques aux Spongiaires : les choanocytes*.
La nourriture de ce filtreur suspensivore* se compose de plancton* (en particulier d'organismes dinoflagellés) et de bactéries en suspension. L'ensemble pénètre avec le courant d'eau via de tout petits trous, les ostioles* puis est capté par les choanocytes.
La digestion est intracellulaire, les déchets non métabolisables sont évacués via des orifices exhalants : les oscules.
La reproduction peut être sexuée ou asexuée.
- Sexuée : les éponges sont en général hermaphrodites*, les gamètes* mâles et femelles d'une même éponge ne sont pas expulsés au même moment. Cette éponge est vivipare* : au dernier stade embryonnaire, une larve de type «
parenchymella»* est libérée par l'oscule. Après un stade de vie libre la larve se fixera sur son support.
La reproduction s'effectue d'août à septembre au moment où la température de l'eau est la plus chaude.
- Asexuée : par bourgeonnement* ou bouturage de fragments qui se détachent de l'éponge mère pour se fixer un peu plus loin.
On notera que les éponges ont une forte capacité de régénération.
Comme tous les spongiaires, cette espèce est un animal très simple ne présentant pas de tube digestif, peu ou pas de cellules nerveuses et musculaires. Elle ne se rétracte donc pas quand on la touche. Elle présente une couche de cellules externes (l’ectoderme*) et une couche de cellules interne (l’endoderme*), séparées par une sorte de gelée (la mésoglée*). La cavité gastrique ou cavité interne (atrium*) est tapissée de cellules ciliées, les choanocytes.
Description microscopique : les spicules* mégasclères* sont des acanthostyles* de 140-152 µm de longueur dont la particularité réside en la présence tout au long du spicule que d'un petit nombre d'épines. Ils sont disposés essentiellement dans la couche interne de l'éponge. On observe également dans l'ectosome* la présence de tornotes* droits et lisses de 140-160 µm de longueur qui possèdent 3 ou 4 petites épines à chaque extrémité.
Les spicules microsclères* sont présents en grand nombre dans tout le spongiaire, ce sont des chèles de 2 tailles (12-15 µm et 20-25 µm) en forme d'ancre spatulée et des sigmas (17-35 µm).
Un polysaccharide, la rosacelose, a été isolé de cette éponge ; il est utilisé dans le traitement du V.I.H, virus responsable du sida.
Myxille rosée : francisation des noms latins. Ce nom est une proposition des auteurs du site DORIS.
Myxilla : du grec [muxa] = mucosité, en rapport avec la sécrétion abondante de mucus émis par cette espèce.
rosacea : mot latin = de rose, comme la couleur rencontrée le plus souvent chez cette espèce.
Numéro d'entrée WoRMS : 169488
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Sous-classe | Heteroscleromorpha | Hétéroscléromorphes | |
Ordre | Poecilosclerida | Poécilosclérides | « Eponges à spicules variés ». Charpente de spicules siliceux (styles ou acanthostyles) renforcée de spongine. Plusieurs types de mégasclères et de microsclères (chèles, sigmas...). |
Famille | Myxillidae | Myxillidés | |
Genre | Myxilla (Myxilla) | ||
Espèce | rosacea |
Forme de coussin épais
Cette éponge se présente sous la forme de plaques revêtantes en forme de coussins relativement épais.
Passe de l'Ouest, rade de Cherbourg (50), 15 m
02/07/2006
Couleur orangée
La couleur de cette éponge est variable : jaunâtre, orange ou rose sale.
Les Corbes, cap de Flamanville (50), 18 m
30/08/2000
Oscules surélevés
Les oscules sont bien visibles, légèrement surélevés et disposés sans ordre défini.
Les Corbes, cap de Flamanville (50), 18 m
30/08/2000
Spicule acanthostyle
Ce spicule macrosclère acanthostyle, de 140-152 µm de longueur, a la particularité de ne posséder tout au long de sa surface qu’un petit nombre d’épines.
Dessin d'après l'image MEB dans "Sponges of Britain and Ireland" par R. van Soest, B. Picton & C. Morrow, 2007.
04/03/2021
Spicule tornote
Ce spicule macrosclère est un tornote de 170-(180)-210 µm, avec de minuscules épines à chaque extrémité.
Dessin d'après une image MEB dans "Sponges of Britain and Ireland" par R. van Soest, B. Picton & C. Morrow, 2007.
04/03/2021
Spicule chèle ancrée
Spicule microsclère chèle ancrée de 35-40 µm et 15-20 µm.
Dessin d'après l'image MEB dans "Sponges of Britain and Ireland" par R. van Soest, B. Picton & C. Morrow, 2007.
04/03/2021
Spicule sigma.
Ce spicule microsclère est un sigma de 15 µm à 25 µm. Il est abondant dans toutes les parties de cette éponge
Dessin d'après l'image MEB dans "Sponges of Britain and Ireland" par R. van Soest, B. Picton & C. Morrow, 2007.
04/03/2021
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Boury-Esnault N., 1971, Spongiaires de la zone rocheuse de Banyuls-sur-Mer, Vie Milieu, II, Systématique, 12(2), 287-350 pp.
La page sur Myxilla (Myxilla) rosacea sur le site de référence de DORIS pour la vie marine : World Porifera Database
La page de Myxilla (Myxilla) rosacea dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN