Moule à coquille brune
Petite taille (10 mm généralement et 23 mm maximum de long)
Manteau de couleur foncé (noirâtre)
Siphons courts
Siphon buccal bordé d'une douzaine de boules blanches
Habite dans les lagunes saumâtres
Musclé fer (dénomination ancienne des pêcheurs de l'étang de Berre)
Mytilus marioni Locard, 1889
Mytilaster monterosatoi Milaschewitsch, 1916
Méditerranée (endémique)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française] Cette espèce endémique* est présente dans la quasi-totalité de la Méditerranée et en mer Noire.
Mytilaster marioni est une petite moule commune dans les lagunes méditerranéennes. Elle est très commune dans l'étang de Berre (13) mais plus rare dans celui de Thau (34).
La moule de Marion vit fixée sur divers substrats* durs le plus souvent dans des fonds vaseux. Elle est présente par petits fonds de 0 à moins de 10 mètres de profondeur. On la trouve aussi en épiphyte* sur des algues (ulves, le fouling de poteaux ou de coques de bateaux, ...) ou accrochée à des rhizomes* ou des feuilles de zostères.
Elle apprécie les lagunes côtières et les milieux estuariens, riches en matière organique et supporte de grandes variations de salinité et de température.
Mytilaster marioni est une petite espèce de moule qui mesure habituellement moins de 10 mm et peut atteindre 23 mm de long au maximum. Elle vit le plus souvent en grandes colonies serrées sur le fond. Elle est fixée à son support par son byssus*.
La coquille est plutôt mince, allongée, comprimée latéralement, fortement inéquilatérale, grossièrement quadrangulaire avec des bords dorsaux et ventraux plus ou moins parallèles et droits et des umbos* petits et pointus. Le bord postérieur est large et uniformément arrondi avec un angle postéro-dorsal obtus, mais bien marqué et placé avant le milieu de la coquille. La ligne charnière présente quelques petites dents sous l'umbo. On observe de nombreuses et fines lignes de croissance concentriques, devenant souvent quelque peu irrégulières et avec quelques rides transversales basses vers l'angle postéro-dorsal. La couleur externe de ses valves* est noirâtre (marron à pourpre foncé) avec le bord libre (zone de croissance) parfois plus clair (châtain clair). Le périostracum* très adhérent est lisse et brillant. La couleur intérieure des valves est légèrement nacrée, laissant la couleur extérieure transparaître.
Le manteau* de couleur foncé (noirâtre) montre des siphons* courts. Le siphon inhalant placé au sommet est très court, sans grande lèvre débordante. Il est bordé à son entrée par une douzaine de petits picots blancs (papilles sensorielles) non ramifiés. Le siphon exhalant est rond et court.
Elle est souvent mélangée dans les mêmes biotopes* avec Arcuatula senhousia qui est de taille légèrement supérieure (35 mm maximum) et dont les siphons* sont plus larges et souvent plus clairs. Le siphon buccal est ponctué de blanc et porte des denticules ramifiés blanchâtres.
Il existe plusieurs petites moules du genre Mytilaster sur le littoral français méditerranéen (Mytilaster minimus, Mytilaster lineatus, Mytilaster solidus) présentant une taille similaire. En Méditerranée, on les observera sur la frange littorale hors des lagunes (côtes maritimes).
On peut confondre la moule de Marion avec de jeunes individus de la moule méditerranéenne (Mytilus galloprovincialis) qui a une coquille plus large et arrondie, deux bords droits de part et d’autre de la charnière et le sommet des valves* crochu. Son manteau* est violacé sur les bords. Elle peut atteindre une taille bien plus importante (12 cm).
La confusion peut également avoir lieu avec de jeunes individus de la moule commune (Mytilus edulis) qui a une coquille oblongue, en triangle arrondi, sans angle. L'umbo* et la ligne basale sont droits. Son manteau est orange, aux bords brunâtres mais clairs. Elle est plus grande et peut atteindre 10 cm de long.
Mytilaster marioni, comme la plupart des moules, est un bivalve filtreur* très actif qui se nourrit de phytoplancton* et de matière organique. Le courant d’eau est assuré par des cils vibratiles situés sur la branchie. L’eau entre par le siphon* inhalant. La nourriture est retenue par la branchie, qui forme une sorte de tamis, puis dirigée vers la bouche. L’eau et les déchets du métabolisme ressortent par le siphon exhalant.
La reproduction de cette espèce est mal connue.
Comme les autres moules, on peut supposer que les sexes sont séparés, que les spermatozoïdes* sont libérés dans l'eau et, comme l'espèce vit en groupe, qu'ils trouvent facilement à pénétrer dans la cavité branchiale d'une femelle pour féconder les ovules*, que les larves* sont rejetées par la femelle dans la colonne d'eau avant de chercher à se fixer.
Quelques petites algues filamenteuses et calcaires peuvent s'installer sur les coquilles.
La moule de Marion, en absence de support dur, peut construire un cocon constitué de son byssus* et de sédiment. Lorsque les biomasses sont suffisantes, les cocons fusionnent pour former des tapis de byssus continu, ce qui augmente sensiblement la stabilité des fonds sédimentaires vaseux.
Du fait de sa petite taille, la moule de Marion n'a pas d'intérêt commercial.
Moule de Marion est une traduction du nom scientifique proposé par le site DORIS.
Mylilaster : du latin [mitulus] = moule et du latin [aster] = étoile. Nous n'avons pas trouvé l'origine de ce nom de genre concernant "aster".
marioni : en l'honneur d'Antoine-Fortuné Marion (1846-1900), naturaliste français et professeur de la Faculté des sciences de Marseille qui fut notamment, à partir de 1872, directeur du Laboratoire de Zoologie Marine de Marseille.
Numéro d'entrée WoRMS : 140477
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Ordre | Mytilida | Coquille équivalve, dents régressées, empreintes musculaires inégales. Pas de siphons développés. Bivalves libres ou fixés par un byssus. |
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Famille | Mytilidae | Mytilidés | Coquille oblongue symétrique attachée au substrat par les filaments du byssus. |
Genre | Mytilaster | ||
Espèce | marioni |
Petites moules aux siphons noirs crénelés de blanc
Coquilles brunes à noirâtres.
Base nautique de Martigues (13), étang de Berre, 2 m
17/07/2020
Avec Mytillus galloprovincialis
Mytilus galloprovincialis, bien plus grande, montre un manteau orangé alors que celui
des petites moules de Marion est plus foncé avec des denticules
blanchâtres au siphon inhalant.
Base nautique, Marignane, étang de Berre (13), 1,5 m
07/07/2020
Détails des siphons
Le siphon inhalant placé au sommet est très court, souvent sans lèvre débordante et entouré à son entrée par une douzaine de petits picots blancs. Le siphon exhalant est rond et court.
Les Trois frères, La Mède, étang de Berre (13), 2 m
31/07/2020
Siphon buccal et fèces
Le siphon buccal (ou inhalant) porte des papilles simples et blanches. Notez les fèces sortant du siphon exhalant à droite.
Chemin de Saint-Martin, Istres, étang de Berre (13), 2 m
20/06/2021
Tapis de petites moules sur fond vaseux
Les moules sont fixées, via leur byssus, sur une pierre cachée par la couche de vase.
Chemin des Oiseaux, étang de Vaine (Berre), Vitrolles (13), 1 m
04/10/2020
Petite moule noirâtre à la coquille striée
Taille : 15 mm de long.
Les Trois Frères, La Mede (13), étang de Berre, 1 m
06/08/2020
Accroché à une feuille
Ce jeune individu est fixé par son bissus à une feuille de zostère naine.
Plage des Marettes, Vitrolles (13), 2 m
13/06/2020
Sur des feuilles de zostère
La moule de Marion peut facilement s'installer sur les feuilles des herbiers de zostères.
Petit port de Marignane, plage du Jai, étang de Berre (13), 2 m
09/05/2021
Coquille (sur une ulve)
La coquille est noirâtre avec un bord ventral droit et un bord dorsal avec un angle obtus bien marqué.
Les Heures Claires, Istres, étang de Berre (13), 2 m
3105/2020
Moule asiatique vs moule de Marion
En plongée, c'est principalement par l'aspect des siphons que l'on différencie ces 2 espèces. Chez Mytilaster marioni le bord des siphons porte des papilles simples, arrondies et blanches. Chez Arcuatula senhousia, le manteau est parsemé de petites taches blanches.
Chemin de Saint-Martin, Istres, étang de Berre (13), 2 m
20/06/2021
Trois espèces de moules mélangées
1 : Mytilaster marioni,
2 : Arcuatula senhousia,
3 : Mytilus galloprovincilis (jeunes individus).
Chemin de Saint-Martin, Istres, étang de Berre (13), 2 m
20/06/2021
Mytilaster marioni vs Arcuatula senhousia
Ces deux petites espèces sont le plus souvent mélangées dans l'étang de Berre.
Les 3 Frères, étang de Berre, La Mède (13), 3 m
01/08/2020
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Locard A., 1891, Les coquilles marines de côtes de France. Description des familles, genres et espèces, Annales de la Société linnéenne de Lyon, 37, 3-384.
Locard A., Caziot E., 1901, Les coquilles marines des côtes de Corse (fin), Annales de la Société linnéenne de Lyon, 47, 159-291.
Öztürk B., Poutiers J.M., Musa Sari H., Özbek M., 2002, On the occurrence of Mytilaster marioni (Locard, 1889) (Mollusca; Bivalvia; Mytilidae) in Bafa Lake (Turkey), with a redescription of the species, Hydrobiologia, 485, 123–131.
La page de Mytilaster marioni dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN