Colonie en forme de massue
Pédoncule petit, large et rougeâtre
Zoïdes rose pâle en groupe
Rainure rose plus foncé séparant les groupes
Quatre taches rouges sur chaque individu
Morille des mers
Red Flake-ascidian (GB), Sinascidia pedunculada roja (E), Rote Sproß-Synascidie (D), Rode vlokkige zakpijp (NL), Sinascidia pedunculada vermelha (P)
Sidnyum argus
Aplidium argus
Amaroucium argus Milne-Edwards, 1841
Manche, Atlantique Nord et Méditerranée (rare)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Cette espèce est très commune de la Bretagne aux côtes sud-ouest des îles Britanniques, plus rare dans l'est de l'Atlantique Nord. Elle est présente dans le bassin d'Arcachon. En Méditerranée, historiquement, un seul signalement sur les côtes de Grèce avait été relevé (identification ancienne et douteuse). Den nos jours des observations sont aussi à noter dans le golfe du Lion, sur la Costa Brava (Espagne), en Algérie et en Tunisie au moins.
On trouve le flocon pédonculé rouge fixé sur ou sous les roches, dans des zones sombres comme les surplombs, entre la surface et 10 mètres de profondeur, ainsi que sur l'estran. Les colonies peuvent être découvertes à marée basse. Dans ce cas, leur apparence est modifiée (voir photo sur l'estran). Du fait qu'elle est hors de l'eau, la colonie pend et semble couler, elle est aplatie et molle, la couleur est orange foncé. Sa longueur peut alors doubler. On la trouve aussi dans les herbiers littoraux.
Cette espèce peut être localement abondante, surtout en Manche, et former de grandes touffes, dont le diamètre dépasse 10 cm.
Le flocon pédonculé rouge est une ascidie coloniale, dont la silhouette évoque un champignon. Il peut mesurer 4 cm, voire un peu plus pour les grosses colonies. Un bouquet de zoïdes* se dresse sur un pédoncule* court et trapu, rouge orangé. Le pédoncule, large et légèrement conique, mesure 1 à 2 cm et peut être rempli ou incrusté de sable. De nombreuses ramifications stoloniales sont parfois émises par le pédoncule.
Longs et grêles, les zoïdes sont de couleur blanche à rose pâle, lui conférant ainsi un aspect cotonneux. Le bouquet de zoïdes est recouvert d'une tunique* transparente, un peu grisâtre, et est divisé en plusieurs groupes à la forme irrégulière. Chaque groupe comprend des individus ayant leur propre siphon* buccal (à huit lobes), mais partageant le même siphon cloacal*. La séparation des groupes est marquée par une rainure rose foncé rougeâtre. Les branchies, de grande taille, peuvent parfois s'observer par transparence.
Quatre taches rouges situées sur la partie supérieure du pharynx caractérisent cette espèce.
Description microscopique :
Le sac branchial souvent bien visible, bien que transparent, montre de dix à quinze rangées de trémas* (voir photo). L'estomac est, chez cette espèce, souvent aréolé (nombreuses boursouflures à la surface). Les huit lobes du siphon buccal sont aigus, mais relativement courts. Les filets tentaculaires sont le plus souvent au nombre de seize : huit petits et huit grands. Une seule languette est présente au niveau de l'orifice cloacal.
Aplidium punctum : les deux espèces se ressemblent par leur forme de massue. Cependant, M. argus possède quatre taches rouges sur la partie supérieure du pharynx alors que A. punctum ne possède qu'un seul gros point rouge au même endroit.
L'organisation des zoïdes est également différente : sur M. argus, les zoïdes sont en petit groupe, alors que chez A. punctum, il n'y a qu'une quarantaine de zoïdes, tous répartis uniformément. Attention, leur aire de répartition est commune.
Aplidium turbinatum : chaque « bouquet » ne regroupe que six à douze zoïdes à huit lobes pigmentés de blanc, les stolons (pédoncules) sont encroûtants et enchevêtrés.
Aplidium pallidum : ascidie nettement plus claire et d'aspect cotonneux.
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Les ascidies créent un courant d'eau (rentrant par les petits orifices inhalants individuels) grâce au mouvement des cils du pharynx pour attraper les particules en suspension (organismes suspensivores*). Ce courant est aussi utilisé pour les échanges gazeux. L'eau filtrée est rejetée par le siphon exhalant.
La reproduction des ascidies coloniales présente une alternance de cycles sexués et asexués. Elles sont hermaphrodites, la fécondation est interne et le développement indirect.
- Reproduction sexuée : les gonades se trouvent dans le post abdomen, où a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire commence après la formation des œufs où il y a différenciation des organes internes, de la chorde* et de la queue pour former une larve nageuse semblable à un têtard. Ces larves sont libérées dans le milieu par le siphon atrial des zoïdes. Après une vie pélagique très courte, elles se fixent au substrat par les papilles adhésives. A partir de là commence la métamorphose qui donne un individu adulte.
- Reproduction asexuée : formation de la colonie par bourgeonnement à partir de l'individu souche.
Le rôle des taches rouges n'est pas éclairci. Fernand Lahille écrit en 1890 : "aucun nerf spécial ne s'y rend, et elles sont formées par de simples amas de cellules mésodermiques".
L'aspect un peu flou des zoïdes et leur couleur seraient à l'origine du nom flocon.
Mochellium : dérive de [morchella], nom latin de la morille, allusion évidente à la forme en champignon de la colonie.
argus : reprend le nom d'un personnage mythologique aux cent yeux, préposé par Junon à la garde d'Io (fille d'Inachus changée en vache ou génisse par Jupiter), les taches pigmentaires rappellent les cent yeux d'Argus.
Numéro d'entrée WoRMS : 148714
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Polyclinidae | Polyclinidés | Aplousobranches avec thorax, abdomen et post abdomen (où se trouvent les gonades et le cœur). Tunique sans incrustation calcaire. |
Genre | Morchellium | ||
Espèce | argus |
Aspect général
Le pédoncule est court et trapu. Il est large et légèrement conique, mesure 1 à 2 cm et peut être rempli ou incrusté de sable.
Trébeurden (22), 16 m
08/2006
Comme du coton
L'aspect cotonneux, comme des pompons, est un bon critère d'identification. Ici, sur plusieurs flocons pédonculés rouges, on peut observer les regroupements entre zoïdes et la rainure rose foncé qui les sépare.
Bizeux, Saint-Malo (35), 9 m, de nuit
13/05/2006
Gros plan
Le petit (mais large) pédoncule rosâtre et les quatre points rouges sur la partie supérieure du pharynx se distinguent particulièrement.
Le Four, Trébeurden (22), 20 m
10/08/2006
Champ
Dans certaines régions, comme ici à Trébeurden, l'espèce apparaît abondante.
Le Four, Trébeurden (22), 18 m
11/08/2006
Sur un fond coquillier
Sur un fond coquillier, un groupe d'individus plus transparents. La couleur rouge ressort d'autant mieux.
Les Ridens, Boulogne-sur-Mer (62), 20 m
21/10/2007
Transparence
La transparence de ces organismes permet d'avoir un bon aperçu de leur anatomie interne. L'ensemble paraît à juste titre délicat et fragile.
Les Ridens, Boulogne-sur-Mer (62), 20 m
21/10/2007
Rainures
L'organisation des zoïdes est ici observable : la rainure rose foncé fait ressortir les groupes de zoïdes.
Morchelium argus est fréquent dans la région d'Arcachon, autant dans le bassin que sur la côte dans les rares zones rocheuses.
Grand Banc, Arcachon (33), 5 m
10/05/2007
Branchies
Sur cette photo, prise en laboratoire, les branchies se voient parfaitement bien, ainsi que les fécès excrétés par chaque zoïde.
Laboratoire, Trébeurden (22)
12/08/2006
Sur le sable
Le Morchellium argus se fixe aussi sur des cailloux enfouis dans le sable.
Trébeurden (22)
07/08/2006
Prédateur
Le ver plat, Yungia aurantiaca, est un prédateur carnivore, se nourrissant d'ascidies, dont Morchellium argus.
Grand Banc, Arcachon (33), 5 m
10/05/2007
Prédateur
Le même ver plat que précédement, Yungia aurantiaca, mais en dehors du bassin (Grande Arche, Banc de Olives, Soulac-Montalivet).
Les Landes, Arcachon (33)
19/07/2007
Concurrence spatiale
Difficile de se faire une place !! Ici en concurrence spatiale avec les clavelines Clavelina lepadiformis.
Bizeux, Saint-Malo (35), 9 m, de nuit
13/05/2006
Concurrence spatiale
Ici, un bryozoaire encroûtant (Schizomavella linearis ou S. hastata) recouvre l'éponge fesse d'éléphant Pachymatisma johnstonia, dont des signes de nécrose apparaissent autour du bryozoaire. Le Morchellium argus est-il fixé sur le bryozoaire ou sur la partie nécrosée de la fesse d'éléphant? Etait-il là avant le bryozoaire ?
Dialette nord, Trébeurden (22)
16/08/2005
Sur l'estran
Cette espèce "coule" sous les rochers à marée basse. Mais il n'est pas facile de déterminer à coup sûr et au premier abord qu'il s'agisse bien de Morchellium argus.
Trébeurden (22), estran
11/08/2008
Rare en Méditerranée
Morchellium argus n'est pas décrit, à de rares exceptions prés, en Méditerranée, néanmoins cette photo semble nous montrer sa présence dans le golfe du Lion. Un prélèvement serrait nécessaire pour une confirmation à 100%.
Carnon (34), 12 m
16/04/2017
Vue du pédoncule en Méditerranée
Le pédoncule est large, orangé, court et couvert de grains de sable.
Maguelone (34)
03/05/2017
Flocon pédonculé rouge dans l'Hérault
Rare en Méditerranée.
Réserve de Palavas, Hérault (34), 13 m
03/2019
Rédacteur principal : Sandra SOHIER
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable historique : Sandra SOHIER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ