Algue rouge d’une hauteur maximale de 25 cm
Thalle se présentant sous la forme de lames très découpées
Lames relativement épaisses, subcartilagineuses
Apex des segments arrondi
Présence fréquente de proliférations marginales
Souvent en épiphyte sur Laminaria hyperborea
Beautiful fan weed (GB), Rödhand (SE), Stor Kuglespidsalge (DK), Raudhand (NO)
Fucus laciniatus Hudson, 1762
Fucus miniatus O.F. Müller, 1777
Fucus laceratus var. laciniatus (Hudson) Goodenough & Woodward, 1797
Fucus laciniatus var. ovalifolius Turner, 1808
Papyracea laciniata (Hudson) Stackhouse, 1809
Hymenophylla laciniata (Hudson) Stackhouse, 1816
Sphaerococcus laciniatus (Hudson) Lyngbye, 1819
Rhodymenia laciniata (Hudson) Greville, 1830
Halymenia laciniata (Hudson) Duby, 1830
Callophyllis laciniata (Hudson) Kützing, 1843
Atlantique Nord, Méditerranée et Pacifique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises)Décrite d'Islande, Metacallophyllis laciniata est rencontrée sur l’ensemble des côtes de l’Atlantique Nord (jusqu’au Maroc). L'espèce serait circumarctique. Les signalisations provenant d'autres régions du monde devraient être vérifiées par des études génétiques, notamment celles de l'océan Pacifique (Japon, Pérou).
Cette algue se rencontre en général dans l’étage infralittoral*, sur les stipes* de laminaires ou sur les substrats* durs, et dans le haut de l’étage circalittoral* sur tout substrat dur jusqu’à une trentaine de mètres de profondeur. Elle peut parfois être rencontrée dans des cuvettes ombragées de l’estran*.
Metacallophyllis laciniata est une espèce caractéristique de nombreux habitats, notamment ceux en lien avec les laminaires.
C'est une algue rouge vif relativement épaisse, à la consistance légèrement cartilagineuse, pouvant mesurer jusqu’à 25 cm. Le thalle* est fixé au substrat* par un disque. Le stipe* est court, quelques millimètres, et porte une lame qui s’élargit brutalement. La lame se divise, de façon pseudodichotome (c'est à dire presque dichotome*), en segments de 1 à 2 cm de large à leur base et qui s’élargissent ensuite. L’apex* des segments est arrondi. Les bords de la lame sont lisses ou présentent de minuscules proliférations où se forment les cystocarpes*, ce qui confère à l'algue une allure très caractéristique.
L’allure générale de cette algue rend la confusion difficile avec d’autres algues, surtout lorsqu'elle porte des cystocarpes*. Metacallophyllis laciniata peut cependant être confondue avec Cryptopleura ramosa, mais cette dernière est beaucoup plus fine et présente par ailleurs une iridescence* qui n’existe pas chez Metacallophyllis laciniata.
Comme toutes les algues, Metacallophyllis laciniata est autotrophe* photosynthétique*. L'algue tire son énergie de la lumière solaire, et grâce à l'absorption d'eau, de dioxyde de carbone et des sels minéraux dissous dans l’eau, elle fabrique les matières organiques nécessaires à son développement.
Le cycle de vie repose sur le mode de reproduction trigénétique* classique des Floridéophycées, avec une succession de gamétophytes*, de carposporophytes et de tétrasporophytes*.
Les gamétophytes sont dioïques*.
Les thalles* produisent soit des spermatanges*, soit des cystocarpes*, soit des tétrasporanges*. Les cystocarpes se développent dans les proliférations marginales alors que les spermatanges et les tétrasporanges sont répartis sur toute la surface du thalle.
L’étude réalisée par Joanna M. Kain (Jones) autour de l’île de Man a montré qu’un quart des thalles de hauteur supérieure à 5 cm étaient fertiles au mois d’avril, avec une absence remarquée de gamétophytes mâles à cette période. Au mois de juillet, la moitié des gamétophytes sont fertiles et il y a plus de gamétophytes mâles que de gamétophytes femelles. Au mois de septembre, tous les thalles supérieurs à 4 cm et la moitié de ceux compris entre 2 et 4 cm sont fertiles. En décembre, les gamétophytes mâles disparaissent.
Cette étude a mis par ailleurs en évidence une baisse de fertilité avec la profondeur.
Les tétrasporophytes sont identifiables d’avril à novembre, avec un pic en septembre.
Metacallophyllis laciniata est fréquemment parasitée par une autre algue rouge, Callocolax neglectus, appartenant également à la famille des Kallymeniacées, qui forme des excroissances transparentes à brun rougeâtre à la surface des lames.
Une analyse des stérols produits par Metacallophyllis laciniata a montré que le principal stérol (à près de 92 %) était un cholestérol.
Yarish et al. (1987) ont montré que la température létale pour une exposition de deux semaines était de 24 °C chez Metacallophyllis laciniata. Cette température létale n’évolue pas en fonction de la température hivernale, contrairement à ce qui peut être observé chez des algues de plus grande taille comme les laminaires ou les Desmarestia.
Jusqu’à une période récente, cette algue était rattachée au genre Callophyllis. Les travaux importants publiés en 2017 par G.W. Saunders et al., portant sur l’analyse phylogénétique* des algues de la famille des Kallyméniacées réalisée à partir d’un grand nombre de gènes, ont permis de démontrer que cette algue ne pouvait pas être rattachée au genre Callophyllis et qu’il fallait donc la placer dans un genre nouvellement créé, nommé Metacallophyllis. Dans la pratique, Metacallophyllis laciniata est actuellement la seule espèce de ce genre. Cette étude a montré que le genre Metacallophyllis est le genre frère du genre Salishia qui ne comporte pas de représentant dans nos eaux.
Cette modification étant récente, la littérature évoque encore très fréquemment Callophyllis laciniata.
Transcription française du nom scientifique. A noter que le terme Calophylle (avec un seul l) existe déjà pour désigner en français des espèces d'arbres tropicaux du genre Calophyllum.
Alba Vergès et Line Le Gall ont construit le nom de genre Metacallophyllis à partir du préfixe grec [meta]= ce qui englobe (au sens figuré) et du suffixe Callophyllis, correspondant à un nom de genre préexistant. Dans l’étude à laquelle elles ont participé, elles indiquent que ce nom a été choisi car Metacallophyllis laciniata ressemble globalement aux espèces du genre Callophyllis.
Le genre Callophyllis avait été créé par Friedrich Traugott Kützing en 1843 à partir du préfixe grec [calos] = beau et du suffixe grec [phyllis] = feuille.
Le nom d’espèce laciniata est issu du latin [lacinia] = morceau d’étoffe, frange, allusion directe à l’allure découpée du thalle*. Ce terme latin a donné naissance au bel adjectif français lacinié, utilisé en botanique pour désigner un organe présentant des découpures profondes et étroites et qu’il est proposé de retenir ici pour former le nom vernaculaire.
Numéro d'entrée WoRMS : 1311357
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Rhodobionta / Rhodophyta | Rhodobiontes | Algues rouges, pour la plupart marines. |
Classe | Florideophyceae | Floridéophycées | Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames. |
Sous-classe | Rhodymeniophycidae | Rhodyméniophycidées | |
Ordre | Gigartinales | Gigartinales | Intérieur du thalle presque toujours filamenteux, uni ou pluriaxial, souvent avec des incrustations calcaires. Organes fructificateurs en coussinets sur le thalle. |
Famille | Kallymeniaceae | Kallymeniacées | |
Genre | Metacallophyllis | ||
Espèce | laciniata |
Echoué
Vue d'un thalle typique de l'espèce, avec des structures reproductives marginales bien visibles.
Thalle échoué sur l'estran, Port-Béni, Pleubian (22)
13/08/2022
En place
Autre vue d'un thalle typique, cette fois-ci dans son biotope naturel.
Basse des Enfumés, Saint-Quay-Portrieux (22), 20 m
04/09/2022
Vue générale
Vue d’un thalle comportant de nombreuses proliférations marginales. Le disque de fixation est ici bien perceptible.
Photographie en laboratoire d’un échantillon prélevé sur les petites Parfondes, Saint-Quay-Portrieux (22), 13 m
20/11/2022
Vue générale
Vue d’un thalle comportant moins de proliférations marginales que le précédent, notamment dans sa partie gauche. La forme générale de l’algue continue de la rendre aisément reconnaissable.
Photographie en laboratoire d’un échantillon prélevé sur les petites Parfondes, Saint-Quay-Portrieux (22), 13 m
20/11/2022
Vue rapprochée des bords du thalle
Cette vue rapprochée permet de voir dans le détail les nombreuses proliférations qui ornent le bord du thalle.
Photographie en laboratoire d’un échantillon prélevé sur les petites Parfondes, Saint-Quay-Portrieux (22), 13 m
20/11/2022
Disque basal et stipe court
Cette vue rapprochée permet de voir le disque par lequel le thalle est fixé au substrat, ainsi que le stipe très court, donnant naissance à une lame qui s’élargit très rapidement.
Photographie en laboratoire d’un échantillon prélevé sur les petites Parfondes, Saint-Quay-Portrieux (22), 13 m
20/11/2022
Vue d’un thalle parasité par Callocolax neglectus
Cette vue rapprochée permet de voir deux thalles de Callocolax neglectus, presque transparents, présents sur les lames.
Photographie en laboratoire d’un échantillon prélevé sur les petites Parfondes, Saint-Quay-Portrieux (22), 13 m
20/11/2022
Rédacteur principal : Christophe QUINTIN
Vérificateur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Yves MÜLLER
Bert M., Bert J.-J., Auscher I., Lewin G., 1998, Sterols of Callophyllis laciniata and C. flabellata, Botanica Marina, 41, 389-390.
Boudouresque C.-F., Perret-Boudouresque M., Blanfuné A., 2022, Diversity of marine and brackish macrophytes in the Port-Cros National Park (Provence, France, Mediterranean Sea) : Taxa and research effort over space and time, Diversity, 14(329), 1-41.
Halos M.T., 1964, Les algues de profondeur et leur répartition dans la Manche, Penn Ar Bed, 37.
Kain (Jones) J.M., 1986, Plant size and reproductive phenology of six species of rhodophyta in subtidal isle of man, British Phycological Journal, 21,2 129-138.
Kützing F.T., 1843, Phycologia generalis : oder, Anatomie, Physiologie und Systemkunde der Tange, Leipzig, F. A. Brockhaus, 401.
Saunders G.W., Huisman J.M., Vergés A., Kraft G.T., Le Gall L., 2017, Phylogenetic analyses support recognition of ten new genera, ten new species and 16 new combinations in the family Kallymeniaceae (Gigartinales, Rhodophyta), Cryptogamie Algologie, 38(2), 79-132.
Yarish C., Kirkman H., Lüning K., 1987, Lethal exposure times and preconditioning to upper temperature limits of some temperate North Atlantic red algae, Helgoländer Meeresuntersuchungen, 41, 323-327.
La page de Metacallophyllis laciniata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page sur Metacallophyllis laciniata sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase