Grand éventail irrégulier
Nœuds très visibles sur les branches
Couleur allant du rouge vif au jaune
Polypes blancs
Mélite ochracée (Lamarck)
Sponge coral, knotted fan coral, red spongy coral (GB)
Isis ocracea Linnaeus, 1758
Indo-Pacifique tropical Ouest
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueLa distribution géographique va de l'Australie à la mer du Japon. Melithaea ochracea est signalée en Nouvelle-Calédonie, Papouasie Nouvelle-Guinée, Indonésie, aux Philippines, à Singapour, aux îles Fidji.
Cette gorgone se développe en eaux chaudes, claires et peu profondes, jusqu'à 50 m environ. Elle peut supporter un hydrodynamisme* assez fort, par exemple sous la surface à 2 ou 3 m de profondeur, mais toujours sous la zone de balancement des marées. Elle adopte alors un port plus trapu. Elle peut même s'adapter aux conditions changeantes des installations portuaires.
Les plus grandes colonies poussent à profondeur moyenne, vers 15-20 m, sur les tombants, sous les surplombs et les arches où elles sont à l'abri du ressac et des tempêtes, mais approvisionnées par un courant constant et pas trop fort.
Cette gorgone forme des éventails irréguliers aux branches étalées, jusqu'à 1,50 à 2 mètres de diamètre dans les sites abrités. L'éventail se déploie dans un plan approximatif, avec parfois superposition partielle des branches. Les rameaux divergent les uns des autres sans fusionner en mailles (on dit qu'ils ne sont pas anastomosés*), sauf, assez rarement, vers la base de la colonie.
Le tronc, les branches, jusqu'aux plus fins rameaux montrent des nœuds ou épaississements très visibles à chaque ramification.
Le type le plus commun est d'un magnifique rouge écarlate, la gorgone ressemble alors à un corail géant avec ses polypes blancs. Mais on voit aussi des colonies orangées, roses, avec ou sans les extrémités rouges, partiellement ou totalement jaune ocre, à polypes* contrastants jaunes ou orange. La coloration est due entièrement aux sclérites* inclus dans le squelette de la gorgone.
Les polypes sont répartis sur toutes les branches, mais disposés préférentiellement sur les côtés opposés de chaque rameau, de façon à intercepter un maximum de surface. Ils sont translucides, blancs ou faiblement colorés, avec 8 tentacules pennés*. Ils sont enchâssés dans la couche externe du cœnenchyme* et peuvent s'y rétracter complètement.
Les calices* sont à peine visibles, très peu saillants, donnant un aspect légèrement bosselé au cortex*.
La présence de nœuds sur les rameaux permet une distinction facile d'avec les autres gorgones-éventails à grand développement (Annella sp, Subergorgia sp, etc.) présentes dans la même zone géographique.
Parmi les autres gorgones à nœuds, on peut citer :
Cette gorgone est exclusivement carnivore et se nourrit du plancton* capturé dans le courant.
Dépourvue de zooxanthelles* (symbiontes* photosynthétiques*), elle n'a pas besoin de lumière pour se développer.
La reproduction des Melithaea n'a pas été spécifiquement étudiée, mais on peut indiquer que comme la plupart des gorgones, elle est (probablement) gonochorique*, c'est à dire qu'il existe des colonies mâles et des colonies femelles. Les larves* issues de la fécondation des gamètes* iront se fixer sur un substrat dégagé et pourront être à l'origine d'une nouvelle colonie.
Chaque colonie issue d'une larve croît ensuite par reproduction asexuée (bourgeonnement).
"A chaque gorgone son Ovulidé" : la gorgone noueuse ne fait pas exception et héberge fréquemment un petit mollusque, Prosimnia semperi, dont la coloration et la forme gibbeuse s'harmonisent parfaitement avec les branches noueuses de son hôte involontaire. Il se nourrit des polypes et de la couche superficielle des tissus de la gorgone.
Un très petit crabe (Xenocarcinus conicus), lui aussi très mimétique, se cache parfois sur la gorgone : il semble être à peu près inoffensif et se contente de récupérer les débris accrochés par le courant dans les branches, inexploitables par les polypes.
Du fait qu'elle se projette bien au-dessus du substrat et en travers du courant, la gorgone noueuse devient le support privilégié d'organismes suspensivores de plus petite taille : ophiures et comatules s'accrochent fréquemment à ses rameaux pour profiter de cette situation idéale.
Les sclérites* caractéristiques de cette famille sont concentrés dans la partie centrale des branches (médulla*), ils sont en forme de fuseau ou de cigare, lisses, et fusionnent entre eux dans les inter-nœuds rigides. Au niveau des nœuds, la structure est plus lâche, les sclérites sont pris dans un réseau de protéines fibreuses, ce qui donne une certaine flexibilité à la branche.
Les sclérites localisés dans les polypes et dans le cortex* sont répartis de façon moins dense, en forme de fuseau ou en massue, ornementés de tubercules épineux élargis d'un côté. C'est sur la morphologie fine de ces sclérites de surface que l'on se base pour identifier les espèces.
Actuellement il n'existe aucune mesure de protection internationale sur les gorgones de la famille des Melithaeidés. Elles sont parfois commercialisées en fragments, sous forme de perles par exemple, sous le nom de "corail éponge" à cause de leur texture poreuse, ou "corail tigre" à cause des veines jaunes et orangées qui apparaissent dans les sections en travers des inter-nœuds. Elles perdent rapidement leur couleur d'où leur faible valeur marchande.
Gorgone noueuse : cette appellation, hélas peu flatteuse, est la description de la caractéristique la plus évidente de cette très belle espèce.
Melithaea, ou Melitea, ou Melithea : nom d'origine assez obscure, forgé par Lamouroux (1812). Ce pourrait être une allusion à la ville de Milazzo (Italie) ou fut trouvé un fossile de polypier aux articulations épaissies, dénommé Isis Melitensis.
ochracea : du latin [ochra] : terre d'ocre. La couleur ocracée est ce qui reste de la coloration du squelette après dessiccation.
Numéro d'entrée WoRMS : 288139
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Octocorallia / Alcyonaria | Octocoralliaires / Alcyonaires | Anthozoaires coloniaux, parfois solitaires. Polypes de petite taille à symétrie radiaire d’ordre 8 (8 tentacules portant 2 rangées de pinnules). Exosquelette calcaire ou spicules calcaires ou fibres organiques. |
Ordre | Alcyonacea | Alcyonacés | Octocoralliaires dont les polypes sont enfouis dans un coenosarc épais plus ou moins calcifié. Polypes allongés qui restent accolés les uns aux autres en bouquets. Spicules fusiformes et épineux. Ce groupe renferme les alcyons (ou coraux mous), les gorgones, et les coraux vrais. |
Sous-ordre | Holaxonia | Holaxonides / Gorgonides | Axe squelettique organique souple plus ou moins calcifié portant les polypes. Colonies en forme de fouet, d'éventail, de candélabre. Ce sont les gorgones. |
Famille | Melithaeidae | Melithaéidés | Les gorgones de cette famille présentent la particularité d'avoir des rameaux composés de segments rectilignes avec des épaississements très visibles à chaque nœud. |
Genre | Melithaea | ||
Espèce | ochracea |
Splendeur sous-marine
Avec ses frondes neigeuses parcourues de veines écarlates, c'est certainement la plus photogénique des gorgones !
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, 8 m
12/10/2009
Grand développement
En situation abritée comme ici, et avec des plongeurs respectueux de leur environnement, les gorgones noueuses atteignent des proportions spectaculaires.
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, 15 m
12/10/2009
Jaune, orange, rouge...
Dans cette entrée de grotte, belle démonstration du panel de colorations possibles.
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, 19 m
12/10/2009
Jaune, orange, rouge (bis)
Même démonstration, sans les polypes
Hienghène, Nouvelle-Calédonie, 10 m
02/12/2013
Polypes
Sur la branche de gauche, les polypes sont en train de se rétracter suite au passage d'une ophiure.
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, 18 m
23/11/2013
Calices
Sur cette colonie qui sert de support à une foule d'ophiures et de comatules, les calices des polypes rétractés apparaissent comme un semis de taches contrastantes.
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, 12 m
23/11/2013
Buisson
Chahuté près de la surface, le port peut être plus proche du buisson que de l'éventail.
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, 6 m
12/10/2009
Tout fleuri (jaune)
Bien abrité dans une grotte, ce spécimen du sud de la Nouvelle-Calédonie pourrait être en réalité M. caledonica.
Ile des Pins, Nouvelle-Calédonie, 17 m
20/11/2013
Tout fleuri (rouge)
Deux éventails parallèles : troncs noueux rouge sang et polypes blanc pur.
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, 18 m
10/10/2009
Visiteur
Photographiée dans une grotte à l'île des Pins, cette gorgone noueuse aux mailles allongées pourrait être M. caledonica.
Ile des Pins, Nouvelle-Calédonie, 16 m
20/11/2013
"A chaque gorgone, son Ovule"
Voici l'habitué des gorgones noueuses : Prosimnia semperi.
Il pousse le mimétisme jusqu'à imiter les panaches de tentacules de son hôte.
Remarquer, sur cette vue rapprochée, l'alignement des polypes le long d'une branche et le faible relief des calices.
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, entre 8 et 20 m
2010
Petit crabe mimétique
Minuscule (voir la taille des doigts !) et bien camouflé par ses couleurs pétantes, ce petit crabe Xenocarcinus conicus n'a pourtant pas échappé à l'œil du photographe...
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, entre 6 m et 20 m
2009
Squatters
Les gorgones servent souvent de support à d'autres animaux : ici une petite famille d'ophiures-bracelets (Ophiotela danae), toutes de la même couleur.
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, entre 8 m et 20 m
2010
Incorrigibles ces comatules !
Elles ne peuvent pas s'empêcher de se percher sur tout ce qui dépasse ! Et le photographe ne peut pas s'empêcher d'immortaliser la scène !
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, 15 m
24/11/2013
Epibiontes
La base du tronc, devenant de plus en plus épaisse et poreuse, est envahie d'une foule d'organismes encroûtants : algues calcaires, bryozoaires, Milleporidés, ascidies coloniales, rhizoïdes d'hydrozoaires, spongiaires, bivalves ...
Hienghène, Nouvelle-Calédonie, 14 m
02/12/2013
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Vérificateur : Jacques DUMAS
Responsable régional : Anne PROUZET
Cooper E.W.T, Torntore S.J., Leung A.S.M., Shadbolt T., Dawe C., 2011, Guide to the Identification of precious and semi-precious Coral in commercial trade, Rapport du WWF - TRAFFIC North America and WWF-Canada, Vancouver, 244p.
van Ofwegen L.P., 1987, Melithaeidae (Coelenterata: Anthozoa) from the Indian Ocean and the Malay Archipelago, Zool. Verh. Leiden, 239, 3-57.
La page de Melithaea ochracea dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN