Petit crustacé au corps aplati latéralement
7 paires de péréiopodes thoraciques dont les 3 dernières sont de sens opposé aux 4 premières et présentent de nombreuses épines
3 paires de pléopodes abdominaux
Taille allant jusqu’à 16 mm, couleur jaune clair à gris-bleu
Tête avec 2 paires d'antennes assez longues, dont la seconde est plus courte que la première
Antennes 1 avec un flagelle accessoire réduit à quelques articles
Dernier article du pédoncule des antennes 1 deux fois plus court que l’article correspondant des antennes 2
Yeux ronds ou légèrement ovoïdes
Uropode 3 comportant un exopode de grande taille, muni d’épines, et un endopode très petit
Premier article de l’urosome présentant une dent
Deuxième article de l’urosome présentant deux épines
.
Cancer palmatus Montagu, 1804
Gammarus palmata (Montagu, 1804)
Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises)L’espèce est rencontrée sur les côtes de l’Atlantique Nord-Est, depuis la Norvège jusqu’à l’Espagne, ainsi qu’aux Açores et sur les côtes du Maroc et du Sénégal. Elle est également présente en Méditerranée et en mer Noire.
L’espèce semble en extension dans le nord de sa zone de répartition (elle a ainsi été observée pour la première fois en 2006 sur les côtes estoniennes).
L’espèce a été introduite en Argentine, en Colombie et sur les côtes du Massachussets (E.U.), sans doute par les eaux de ballast des navires commerciaux.
Melita palmata peut être rencontrée depuis la zone de balancement des marées jusqu’à une profondeur de 50 m.
Son habitat de prédilection est constitué de zones caillouteuses reposant sur un substrat* sableux ou sablo-vaseux mais elle peut également s’abriter dans de nombreux substrats (bancs d’huîtres, crampons de laminaires, etc.).
Cette espèce est euryhaline* et peut donc être rencontrée en estuaire comme en milieu purement marin.
Le corps de Melita palmata peut atteindre exceptionnellement 16 mm de longueur. Il est comprimé latéralement et plus allongé que celui des gammares classiquement rencontrés sur l’estran*.
La couleur varie du jaune clair au gris-bleu, souvent sous forme d’une bande latérale, le dos restant translucide.
La tête porte deux paires d'antennes. Les antennes* 2 sont plus courtes que les antennes 1. Les antennes 1 comportent un petit flagelle* accessoire réduit à quelques segments. Le dernier article du pédoncule* des antennes 1 est environ 2 fois plus court que le dernier article du pédoncule des antennes 2.
Les yeux sont ronds, parfois légèrement ovoïdes, et relativement petits.
Les « joues » présentent une fente.
Comme souvent chez les gammares, le gnathopode* 2 est plus gros que le gnathopode 1, chez les mâles comme chez les femelles.
Le corps porte 7 paires de péréiopodes* thoraciques dont les 3 dernières sont de sens opposé aux 4 premières et présentent de nombreuses épines et 3 paires de pléopodes* abdominaux.
Le premier segment de l’urosome* (extrémité postérieure du corps) porte dorsalement une grosse épine. Le deuxième segment porte deux épines plus fines.
Tous les segments du thorax et du pléon* sont habituellement lisses dorsalement mais des dents peuvent parfois être observées sur le dos des segments abdominaux.
Les uropodes* 3 présentent un endopode très petit comparé à l’exopode, particulièrement long et robuste, armé de nombreuses épines.
Les mâles sont immédiatement identifiables grâce à la forme trapézoïdale de leur gnathopode 2 (ou plus exactement du propode* du gnathopode 2), particulièrement massif.
Au premier abord, tous les "gammares" se ressemblent et la confusion est donc aisée.
Melita palmata peut principalement être confondue avec Melita hergensis.
Les mâles des deux espèces se différencient aisément grâce à la forme du gnathopode* 2, qui est rectangulaire chez Melita hergensis et trapézoïdal chez Melita palmata.
La distinction certaine des femelles nécessite l’observation à la loupe binoculaire de la « joue », qui ne comporte pas de fente chez Melita hergensis.
De manière plus simple, la coloration des péréiopodes* est en général suffisante, ceux de Melita hergensis présentant des bandes sombres. Par ailleurs, le troisième article du pédoncule* des antennes* 2 de Melita hergensis est largement plus long que deux fois l’article correspondant des antennes 1, alors que le ratio entre ces deux articles est très proche de 2 chez Melita palmata.
Melita nitida (Melite brillante) : les spécimens de cette espèce présentent généralement des bandes transversales gris-brun, parfois vertes, sur le corps, les pattes et les antennes. À l'œil nu, Melita nitida est difficile à distinguer des autres espèces telles que Melita palmata. Au microscope, de petites épines, propres à Melita nitida, peuvent être observées le long des côtés de sa carapace. Récemment introduite en Europe sur les côtes atlantiques et aux Etats-Unis sur la côte pacifique, elle est originaire de l'Atlantique nord américain. Elle se rencontre surtout associée aux coquilles de l'huître Magallana gigas.
Melita coroninii a été décrite d'Adriatique et se rencontre sous les pierres un peu immergées sur les côtes de Méditerranée et en Atlantique jusqu'au Pays-Basque.
Melita bulla est une autre espèce méditerranéenne .
Enfin on pourra rencontrer Melita persona en Guadeloupe et dans le golfe du Mexique.
Les Gammaridés, au sens large, sont des détritivores*, se nourrissant de débris animaux ou végétaux. Melita palmata ne fait pas exception à cette règle. Les travaux conduits par Guerra-Garcia & al. (2013) ont mis en évidence un contenu de tractus digestif composé à plus de 96% de détritus.
Les sexes sont séparés et il existe un dimorphisme* sexuel, les mâles étant plus grands que les femelles.
Les gnathopodes* du mâle sont beaucoup plus imposants que ceux des femelles.
Les femelles matures disposent d’une poche marsupiale* constituée de quatre paires d’oostégites*, situées entre les paires de péréiopodes* 2 à 5. Ces oostégites sont dotées de longs poils sur leurs bords, facilitant le maintien des œufs dans la poche marsupiale.
Le cycle de reproduction de Melita palmata suit celui des macro-algues avec lesquelles l'espèce est fréquemment rencontrée. Le nombre d’individus connaît un maximum en été et un minimum en hiver.
Comme chez beaucoup de gammares, le mâle repère la femelle prête à l’accouplement grâce aux phéromones* relâchées par cette dernière (il pourrait en fait s’agir d’une hormone impliquée dans la mue de la femelle, l’ecdysone). Il se positionne alors sur le dos de la femelle et reste dans cette position jusqu’à ce que la femelle mue*, en l’agrippant avec sa première paire de gnathopodes au niveau des premiers tergites*.
Peu après sa mue, la femelle pond ses œufs dans le marsupium*. Le mâle change alors de position et vient se positionner ventralement pour déposer son sperme sur les œufs. La fécondation des œufs est donc externe. Le mâle libère ensuite la femelle.
Après l’éclosion, les larves* restent au sein du marsupium pendant quelques jours.
Dans la lagune côtière de Mar Chiquita (Argentine), l'abondance de M. palmata est de plusieurs ordres de grandeur plus élevée dans les récifs formés par l'annélide polychète Ficopomatus enigmaticus que dans les autres milieux. Ces deux espèces sont des espèces invasives.
Mélite palmée : simple traduction du nom scientifique.
Le nom de genre Melita a été créé par Leach en 1814. Il s’agit d’un prénom grec, signifiant littéralement “miel”, “douceur”.
Le nom d’espèce palmata provient de l’adjectif latin [palmatus] qui signifie « qui a la forme d’une main », allusion aux gnathopodes* 2 hypertrophiés des mâles.
Numéro d'entrée WoRMS : 102843
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Super classe | Multicrustacea | ||
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Peracarida | Péracarides | Les femelles sont dotées d'une cavité d'incubation formée par des expansions lamelleuses des péréiopodes. |
Ordre | Amphipoda | Amphipodes | Péracarides comprimés latéralement, dépourvus de carapace, et possédant de nombreuses paires d'appendices souvent modifiés. Ils sont représentés par les gammares, les talitres, les caprelles... |
Sous-ordre | Senticaudata | ||
Famille | Melitidae | Mélitidés | |
Genre | Melita | ||
Espèce | palmata |
Vue d'ensemble d'une femelle
On
note que les antennes 2 sont plus courtes que les antennes 1, mais le troisième segment du pédoncule des antennes 2 (flèche verte) fait environ deux fois la longueur du même segment des antennes 1 (flèche rouge).
Photographie au laboratoire d'un individu capturé sur l'estran.
Pointe
de la Rognouse à Binic-Etables-sur-mer (22)
23/12/2022
Vue latérale d'un mâle
Le
gnathopode 2 hypertrophié, à la forme très caractéristique, est ici bien
visible.
Photographie
au laboratoire d'un individu capturé sur l'estran.
Pointe de la Rognouse, Binic-Etables-sur-mer (22)
23/12/2022
Vue d'ensemble d'une autre femelle
Chez les femelles de cette espèce, le gnathopode 2 est hypertrophié et de forme ovale, ce qui peut facilement engendrer des confusions (on s’attend à un mâle avec ce type de gnathopode…). L’observation attentive permet de voir les oostégites qui bordent les segments thoraciques, confirmant qu’il s’agit d’une femelle mature.
Photographie au laboratoire d'un individu capturé sur l'estran. Pointe de la Rognouse, Binic-Etables-sur-mer (22)
05/05/2023
Vue de l’urosome.
Le dos de l’urosome comporte une grosse épine sur le premier segment (flèche rouge) et deux épines plus petites sur le deuxième segment (flèche verte). Le telson comporte par ailleurs des épines terminales (peu visibles sur la photo en raison de l’angle de prise de vue). Les uropodes 3 comportent un endopode très petit et un exopode très long et épais (sur la photo, la première paire d’uropodes 3 a été enlevée pour mieux voir endopode et exopode).
Pointe de la Rognouse, Binic-Etables-sur-mer (22)
05/05/2023
Vue du gnathopode 2 d’un mâle
Chez les mâles de Melita palmata, le gnathopode 2, hypertrophié, présente une forme trapézoïdale très caractéristique.
Pointe de la Rognouse, Binic-Etables-sur-mer (22)
23/12/2022
Vue du gnathopode 1 d’un mâle
Comme chez beaucoup de gammares, les gnathopodes 1 sont plus petits que les gnathopodes 2.
Pointe de la Rognouse, Binic-Etables-sur-mer (22)
23/12/2022
Vue du gnathopode 2 d’une femelle
Le gnathopode 2 de la femelle, de forme ovoïde est également hypertrophié.
Pointe de la Rognouse, Binic-Etables-sur-mer (22)
05/05/2023
Vue très agrandie de la tête d’une femelle
Pour être certain d’identifier cette espèce, et notamment d’éviter la confusion avec Melita hergensis, il faut observer les « joues », qui présentent une encoche séparant deux lobes. Ceci nécessite un fort grossissement et un éclairage soigneusement orienté!
Pointe de la Rognouse, Binic-Etables-sur-mer (22)
05/05/2023
Vue du flagelle accessoire
Chez cette espèce, le flagelle accessoire porté par les antennes 1 est court, limité à quelques articles.
Pointe de la Rognouse, Binic-Etables-sur-mer (22)
23/12/2022
Vue du fémur du péréiopode 7 d’un mâle
Ce fémur est très élargi et permet également, par sa forme, une identification spécifique.
Pointe de la Rognouse, Binic-Etables-sur-mer (22)
23/12/2022
Melita palmarta femelle et mâle.
Seuls les appendices d'un côté sont représentés.
Planche 179 de G.O. Sars
Reproduction de documents anciens
1895
Rédacteur principal : Christophe QUINTIN
Vérificateur : Pierre NOËL
Responsable régional : Yves MÜLLER
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La page de Melita palmata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN