Mélite palmée

Melita palmata | (Montagu, 1804)

N° 5788

Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Clé d'identification

Petit crustacé au corps aplati latéralement
7 paires de péréiopodes thoraciques dont les 3 dernières sont de sens opposé aux 4 premières et présentent de nombreuses épines
3 paires de pléopodes abdominaux
Taille allant jusqu’à 16 mm, couleur jaune clair à gris-bleu
Tête avec 2 paires d'antennes assez longues, dont la seconde est plus courte que la première
Antennes 1 avec un flagelle accessoire réduit à quelques articles
Dernier article du pédoncule des antennes 1 deux fois plus court que l’article correspondant des antennes 2
Yeux ronds ou légèrement ovoïdes
Uropode 3 comportant un exopode de grande taille, muni d’épines, et un endopode très petit
Premier article de l’urosome présentant une dent
Deuxième article de l’urosome présentant deux épines

Noms

Autres noms communs français

.

Noms communs internationaux


Synonymes du nom scientifique actuel

Cancer palmatus Montagu, 1804
Gammarus palmata (Montagu, 1804)

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises)

L’espèce est rencontrée sur les côtes de l’Atlantique Nord-Est, depuis la Norvège jusqu’à l’Espagne, ainsi qu’aux Açores et sur les côtes du Maroc et du Sénégal. Elle est également présente en Méditerranée et en mer Noire.
L’espèce semble en extension dans le nord de sa zone de répartition (elle a ainsi été observée pour la première fois en 2006 sur les côtes estoniennes).

L’espèce a été introduite en Argentine, en Colombie et sur les côtes du Massachussets (E.U.), sans doute par les eaux de ballast des navires commerciaux.

Biotope

Melita palmata peut être rencontrée depuis la zone de balancement des marées jusqu’à une profondeur de 50 m.
Son habitat de prédilection est constitué de zones caillouteuses reposant sur un substrat* sableux ou sablo-vaseux mais elle peut également s’abriter dans de nombreux substrats (bancs d’huîtres, crampons de laminaires, etc.).
Cette espèce est euryhaline* et peut donc être rencontrée en estuaire comme en milieu purement marin.

Description

Le corps de Melita palmata peut atteindre exceptionnellement 16 mm de longueur. Il est comprimé latéralement et plus allongé que celui des gammares classiquement rencontrés sur l’estran*.
La couleur varie du jaune clair au gris-bleu, souvent sous forme d’une bande latérale, le dos restant translucide.
La tête porte deux paires d'antennes. Les antennes* 2 sont plus courtes que les antennes 1. Les antennes 1 comportent un petit flagelle* accessoire réduit à quelques segments. Le dernier article du pédoncule* des antennes 1 est environ 2 fois plus court que le dernier article du pédoncule des antennes 2.
Les yeux sont ronds, parfois légèrement ovoïdes, et relativement petits.
Les « joues » présentent une fente.
Comme souvent chez les gammares, le gnathopode* 2 est plus gros que le gnathopode 1, chez les mâles comme chez les femelles.
Le corps porte 7 paires de péréiopodes* thoraciques dont les 3 dernières sont de sens opposé aux 4 premières et présentent de nombreuses épines et 3 paires de pléopodes* abdominaux.

Le premier segment de l’urosome* (extrémité postérieure du corps) porte dorsalement une grosse épine. Le deuxième segment porte deux épines plus fines.
Tous les segments du thorax et du pléon* sont habituellement lisses dorsalement mais des dents peuvent parfois être observées sur le dos des segments abdominaux.
Les uropodes* 3 présentent un endopode très petit comparé à l’exopode, particulièrement long et robuste, armé de nombreuses épines.

Les mâles sont immédiatement identifiables grâce à la forme trapézoïdale de leur gnathopode 2 (ou plus exactement du propode* du gnathopode 2), particulièrement massif.

Espèces ressemblantes

Au premier abord, tous les "gammares" se ressemblent et la confusion est donc aisée.
Melita palmata peut principalement être confondue avec Melita hergensis.
Les mâles des deux espèces se différencient aisément grâce à la forme du gnathopode* 2, qui est rectangulaire chez Melita hergensis et trapézoïdal chez Melita palmata.
La distinction certaine des femelles nécessite l’observation à la loupe binoculaire de la « joue », qui ne comporte pas de fente chez Melita hergensis.
De manière plus simple, la coloration des péréiopodes* est en général suffisante, ceux de Melita hergensis présentant des bandes sombres. Par ailleurs, le troisième article du pédoncule* des antennes* 2 de Melita hergensis est largement plus long que deux fois l’article correspondant des antennes 1, alors que le ratio entre ces deux articles est très proche de 2 chez Melita palmata.

Melita nitida (Melite brillante) : les spécimens de cette espèce présentent généralement des bandes transversales gris-brun, parfois vertes, sur le corps, les pattes et les antennes. À l'œil nu, Melita nitida est difficile à distinguer des autres espèces telles que Melita palmata. Au microscope, de petites épines, propres à Melita nitida, peuvent être observées le long des côtés de sa carapace. Récemment introduite en Europe sur les côtes atlantiques et aux Etats-Unis sur la côte pacifique, elle est originaire de l'Atlantique nord américain. Elle se rencontre surtout associée aux coquilles de l'huître Magallana gigas.
Melita coroninii a été décrite d'Adriatique et se rencontre sous les pierres un peu immergées sur les côtes de Méditerranée et en Atlantique jusqu'au Pays-Basque.
Melita bulla est une autre espèce méditerranéenne .
Enfin on pourra rencontrer Melita persona en Guadeloupe et dans le golfe du Mexique.

Alimentation

Les Gammaridés, au sens large, sont des détritivores*, se nourrissant de débris animaux ou végétaux. Melita palmata ne fait pas exception à cette règle. Les travaux conduits par Guerra-Garcia & al. (2013) ont mis en évidence un contenu de tractus digestif composé à plus de 96% de détritus.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés et il existe un dimorphisme* sexuel, les mâles étant plus grands que les femelles.
Les gnathopodes* du mâle sont beaucoup plus imposants que ceux des femelles.
Les femelles matures disposent d’une poche marsupiale* constituée de quatre paires d’oostégites*, situées entre les paires de péréiopodes* 2 à 5. Ces oostégites sont dotées de longs poils sur leurs bords, facilitant le maintien des œufs dans la poche marsupiale.

Le cycle de reproduction de Melita palmata suit celui des macro-algues avec lesquelles l'espèce est fréquemment rencontrée. Le nombre d’individus connaît un maximum en été et un minimum en hiver.

Comme chez beaucoup de gammares, le mâle repère la femelle prête à l’accouplement grâce aux phéromones* relâchées par cette dernière (il pourrait en fait s’agir d’une hormone impliquée dans la mue de la femelle, l’ecdysone). Il se positionne alors sur le dos de la femelle et reste dans cette position jusqu’à ce que la femelle mue*, en l’agrippant avec sa première paire de gnathopodes au niveau des premiers tergites*.

Peu après sa mue, la femelle pond ses œufs dans le marsupium*. Le mâle change alors de position et vient se positionner ventralement pour déposer son sperme sur les œufs. La fécondation des œufs est donc externe. Le mâle libère ensuite la femelle.

Après l’éclosion, les larves* restent au sein du marsupium pendant quelques jours.

Vie associée

Dans la lagune côtière de Mar Chiquita (Argentine), l'abondance de M. palmata est de plusieurs ordres de grandeur plus élevée dans les récifs formés par l'annélide polychète Ficopomatus enigmaticus que dans les autres milieux. Ces deux espèces sont des espèces invasives.

Origine des noms

Origine du nom français

Mélite palmée : simple traduction du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Le nom de genre Melita a été créé par Leach en 1814. Il s’agit d’un prénom grec, signifiant littéralement “miel”, “douceur”.

Le nom d’espèce palmata provient de l’adjectif latin [palmatus] qui signifie « qui a la forme d’une main », allusion aux gnathopodes* 2 hypertrophiés des mâles.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 102843

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Crustacea Crustacés Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes.
Super classe Multicrustacea
Classe Malacostraca Malacostracés 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen.
Sous-classe Eumalacostraca Eumalacostracés Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax.
Super ordre Peracarida Péracarides Les femelles sont dotées d'une cavité d'incubation formée par des expansions lamelleuses des péréiopodes.
Ordre Amphipoda Amphipodes Péracarides comprimés latéralement, dépourvus de carapace, et possédant de nombreuses paires d'appendices souvent modifiés. Ils sont représentés par les gammares, les talitres, les caprelles...
Sous-ordre Senticaudata
Famille Melitidae Mélitidés
Genre Melita
Espèce palmata

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