Baleine à bosse

Megaptera novaeangliae | Borowski, 1781

N° 1447

Mondiale (sauf Arctique et mers semi-fermées)

Clé d'identification

Bosse à la base de l'aileron dorsal
Dos gris foncé à presque noir
Grandes pectorales blanches à taches noires de 4 m environ
Caudale caractéristique au bord de fuite dentelé
Sillons gulaires de la tête au ventre
Tubercules multiples sur le rostre
Poids moyen de 25 à 35 t
Taille moyenne de 11 à 17,5 m

Noms

Autres noms communs français

Mégaptère, jubarte, rorqual à bosse, et, en vieux français, gibbar

Noms communs internationaux

Humpback whale (GB), Balena per battere, megattera (I), Ballena a joroba, rorcual jorobado (E), Walfisch in Höcker (D)

Distribution géographique

Mondiale (sauf Arctique et mers semi-fermées)

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-Ouest, ○ [Terres antarctiques françaises], ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

C'est une espèce mondiale. Elle est présente dans les eaux du Pacifique Nord, de l'Atlantique Nord-Ouest, de l'hémisphère Sud mais également dans les eaux de l'Antarctique. Par un jeu d'inversion des saisons migratoires dans les deux hémisphères, les populations nord et sud ne se rencontrent probablement jamais (ce qui permettrait la différence d'aspect de phénotype* des nageoires pectorales).

Au printemps les baleines à bosse rejoignent les eaux canadiennes. C'est en avril et mai que nous pouvons les voir longeant les côtes américaines. En été elles rejoignent les Grands-Bancs, les côtes des provinces maritimes, du golfe du Saint-Laurent, de Terre-Neuve et de la mer du Labrador, jusqu'au détroit de Davis. Beaucoup pénètrent dans le golfe jusqu'en limite de la basse Côte-Nord. Certains individus fréquentent l'estuaire du Saint-Laurent pendant la période estivale. C'est à partir du mois d'octobre et de novembre que les jubartes repartent dans les eaux tropicales où elles séjourneront tout l'hiver. Les baleines à bosse s'accouplent entre janvier et mars dans les eaux de la République Dominicaine, sur le banc d'Argent, le banc de la Nativité et le banc Mouchoir. Certaines continuent leur périple vers le sud jusqu'aux Petites Antilles. Leur observation est assez rare dans les eaux de France métropolitaine.

Biotope

Elle fréquente la pleine mer et les eaux côtières. Aussi bien dans les eaux froides (en été généralement) que dans les eaux chaudes (en hiver généralement).

Description

La baleine à bosse possède un corps trapu. Son dos est gris foncé presque noir. Son ventre est blanc avec quelques taches noires. Cela étant, la limite "dos-ventre" de ces colorations varie entre individus. Le dessous de la caudale présente également un patron de coloration propre à chaque individu, ce qui constitue une sorte "d'empreinte digitale".
Cette caractéristique est utilisée pour le suivi des populations, grâce à la photo-identification. La caudale possède un bord de fuite dentelé.
Les femelles sont plus grandes que les mâles, elles peuvent atteindre jusqu'à 19 m (hémisphère sud). La taille moyenne des mâles est comprise entre 11 et 17,5 m. La baleine à bosse peut peser entre 25 et 35 t (maximum observé : 40 t).
Elle est dotée d'une petite nageoire dorsale triangulaire, perchée sur une bosse, aux deux tiers du dos (à la base de l'aileron dorsal).
Ses nageoires pectorales sont blanches avec des taches noires dans l'hémisphère nord (une variation existe semble-t-il dans l'hémisphère sud, où la face supérieure des pectorales est noire, le verso étant blanc). Elles sont très longues, elles mesurent entre 4 et 5 m.
La tête de la baleine à bosse est courte, large et aplatie. Cette tête est couverte de nombreuses excroissances qui sont disposées de façon différente sur chaque individu, mais généralement placées en trois rangées sur le dessus, soit une médiane et deux latérales. Chacun des tubercules contient un poil de type vibrisse*. Ces tubercules donnent une apparence de « cornichon » à sa tête. Ils auraient sans doute une fonction sensorielle.
La baleine à bosse possède une excroissance charnue très caractéristique située sous le menton, celle-ci est souvent incrustée de balanes.
Sa gorge est dotée de sillons gulaires ou plis de peau (en moyenne 22). Ils se gonflent comme des soufflets et permettent d'accroître la capacité de la bouche.
Le mégaptère ne possède pas de dents (c'est un mysticète). Il est doté de deux cent soixante-dix à quatre-cents fanons sur chaque côté de sa bouche. Les plus longs peuvent atteindre de 85 à 104 cm de long et 30 cm de large à la base. Ils sont souvent de couleur gris foncé ou brun olive. Les franges sont souvent plus pâles.

Alimentation

La baleine à bosse se nourrit principalement de harengs, de lançons, de capelans, de maquereaux, mais également de beaucoup de crustacés planctoniques dont principalement le krill. La jubarte suit en fait les déplacements de ces crevettes, qui abondent dans les eaux froides. Le besoin de s'alimenter est principalement à l'origine des migrations vers le nord en été. En hiver, elle descend non pas pour s'alimenter mais bien pour mettre bas dans des eaux chaudes et peu profondes, propices à la croissance du jeune baleineau. On suppose que ses vibrisses lui permettent d'évaluer la densité de ses proies.

Les baleines à bosse sont capables d'attraper leurs proies en créant à l'aide de leur évent un rideau de bulles en spirale vers la surface. Cette technique du "filet de bulles" est un comportement plutôt collectif. Elles se projettent ensuite verticalement, la bouche grande ouverte pour capturer et engloutir les proies ainsi piégées. La baleine à bosse s'alimente également en progression (par engouffrement).

Reproduction - Multiplication

La baleine à bosse atteint sa maturité sexuelle à l'âge de 4 ans. Elle mesure alors entre 11 et 12 m. C'est l'issue des "pariades" qui détermine la formation des couples. Ces pariades sont souvent des jeux sociaux où plusieurs mâles se mesurent entre eux pour choisir une femelle. Ces jeux finissent souvent en combats qui peuvent s'avérer très violents. C'est également au cours de cette période que les chants destinés à attirer les femelles sont les plus fréquents.

Les mâles se livrent alors à de véritables ballets nautiques. Ils effectuent des figures acrobatiques impressionnantes hors de l'eau. La baleine à bosse se propulse à la verticale et retombe en réalisant une volte-face pour s'écraser sur le dos. Une autre de ces acrobaties consiste à se coucher sur le flanc tout en frappant l'eau avec ses nageoires pectorales. La jubarte est également capable de faire la chandelle (la tête en bas) entre deux eaux ou en laissant émerger sa queue. Elle peut alors frapper la surface avec sa queue.

L'accouplement et la mise bas ont lieu dans les eaux chaudes tropicales de chaque hémisphère : entre décembre et avril dans l'hémisphère nord, entre juin et septembre dans l'hémisphère sud (du fait de l'inversion des saisons climatiques dans les deux hémisphères). La gestation dure environ onze mois. Le nouveau-né mesure entre 4 et 5 m et pèse une à deux tonnes. Le petit sera allaité par sa mère pendant une période de cinq mois. À la fin de la période de lactation, ce dernier mesure entre 7,50 et 9 m. Les femelles ne donnent naissance qu'à un baleineau tous les deux ans, parfois deux en trois ans.

Vie associée

Lorsque le rorqual à bosse est en alimentation, il est souvent entouré de dauphins, qui profitent ainsi des proies remontées en surface.

Divers biologie

La jubarte peut plonger jusqu'à 200 m de profondeur et y rester entre 10 et 28 mn.

Quant à son souffle, il peut atteindre une hauteur de 3 m de haut. Lorsqu'il n'y a pas trop de vent, il devient alors facilement reconnaissable car il est presque aussi large que sa hauteur, et présente alors une forme buissonnante caractéristique.

Les vocalisations émises par la baleine à bosse sont parmi les plus étudiées. En effet, elle produit énormément de sons, de gémissements, de grognements, de grincements, de couinements et de clics variés. Leurs chants sont devenus aussi très populaires ; ils sont organisés de façon rigoureuse et sont répétés inlassablement pendant des heures sur les lieux de reproduction. Plusieurs hypothèses ont été émises à ce sujet, mais la plus courante est celle associée aux mâles isolés pendant les périodes de reproduction. La jubarte ne possède pas de cordes vocales, tous ces sons et ces chants sont émis par l'éjection d'air à travers son conduit nasal. Ces chants diffèrent vraisemblablement d'une population, voire d'un groupe social, à l'autre. On pense que dans certaines régions, ils constituent un genre de dialecte, qui permettrait de reconnaître le groupe ou la population d'appartenance d'un individu.

La longévité de la baleine à bosse est comprise entre 30 et 40 ans.

Ses plus grands ennemis sont l'homme et l'épaulard (Orcinus orca). Quelques espèces de requins attaquent parfois les individus malades.

La baleine à bosse est certainement l'une des espèces qui supporte le plus les ectoparasites et les espèces transportées. Les poux de baleine, les diatomées et les balanes envahissent parfois littéralement une grande partie de son corps du fait de la relative lenteur de l'animal. La présence de parasites internes et de contaminants divers (mercure et pesticides notamment) est également relevée.

Informations complémentaires

Sur les lieux de nutrition la baleine à bosse peut être seule, en petits groupes ou parfois en troupeau pouvant dépasser deux cents individus. Sur les lieux de reproduction, la mère et le petit sont souvent accompagnés d'un mâle appelé "escorte".

On estime qu'il y aurait 35 000 baleines à bosse dans le monde. Mais il y en a en fait seulement quelques centaines dans l'Atlantique. Si les effectifs semblent se restaurer progressivement, l'espèce reste menacée dans de nombreuses régions du globe selon l'Union Mondiale pour la Nature (U.I.C.N.)

Les vocalisations des jubartes sont émises à des fréquences très basses : elles peuvent s'entendre à une trentaine de kilomètres à la ronde selon les conditions. Certains sonars militaires ont pu enregistrer ces voix alors que les individus se trouvaient 185 km plus loin.

La baleine à bosse se déplace généralement à environ 8 km/h. Elle est capable de faire des pointes à 20 km/h.

La concentration dans le corps (dans la graisse) des adultes (par accumulation le long de la chaîne alimentaire) de produits organochlorés et de métaux lourds présents dans le fleuve Saint-Laurent engendre la contamination des petits dès la période de lactation.

Statuts de conservation et réglementations diverses

La Convention baleinière de Washington, a été élaborée en 1946, ceci dans un but de conservation des baleines et pour garantir un meilleur développement de l'industrie baleinière. En 1982 La Commission Baleinière Internationale a interdit provisoirement l'exploitation commerciale des grands cétacés. Il existe deux moyens de contourner les décisions de la CBI : par le droit d'objection ou par le droit à la chasse scientifique pratiquée notamment par le Japon.

La chasse aborigène de subsistance pratiquée au Danemark (Groenland), en Russie (Sibérie), à Saint-Vincent et les Grenadines dans les Caraïbes, et aux États-Unis d'Amérique (Alaska) demeure autorisée selon des quotas précis. Le moratoire appliqué depuis 1986 est toujours en vigueur. Il prévoyait de dresser, à partir de 1990, un bilan de l'impact de la mesure sur les populations des cétacés et d'envisager des modifications quant au rétablissement des quotas de chasse pour certaines espèces en cas de reprise de la chasse commerciale. L'Islande et la Norvège ont émis une réserve au moratoire comme le permet la convention baleinière ; ils continuent à pratiquer une chasse commerciale (depuis 2006 pour l'Islande et 1993 pour la Norvège). Ces informations sont confirmées sur le site web de France-Diplomatie.

La baleine à bosse est une des espèces qui a le plus souffert de la chasse.

Origine des noms

Origine du nom français

Cette baleine tiendrait principalement son nom de la bosse sur laquelle est placée sa nageoire dorsale. Mais également de son dos très courbé au moment où elle plonge, avant de sortir sa queue.

Origine du nom scientifique

Megaptera du grec [mega] = grand, et [pteron] = aile ou nageoire. Donc littéralement « grandes ailes ». Il s'agit en fait d'une analogie entre ces dernìères et les nageoires.
novaeangliae du latin [novus] = nouveau, nouvelle et [anglie] = Angleterre.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 137092

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Mammalia Mammifères Vertébrés possédant des poils et des glandes mammaires produisant du lait.
Sous-classe Theria Thériens La paroi latérale du crâne est constituée de deux os particuliers: l'alisphénoïde et le squamosal.
Super ordre Eutheria Euthériens Présence d'une dentition lactéale et d’un développement embryonnaire effectué entièrement dans l'utérus (mammifères placentaires).
Ordre Cetacea Cétacés Mammifères aquatiques possédant des nageoires à la place des pattes. Narines situées au sommet du crâne.
Sous-ordre Mysticeti Mysticètes Cétacés caractérisés par la possession de fanons et de deux évents.
Famille Balaenopteridae Balaenoptéridés Famille des rorquals
Genre Megaptera
Espèce novaeangliae

Nos partenaires