Coquille triangulaire, équivalve et équilatérale
Couleur blanc laiteux à crème
Crochets du sommet proéminents, recourbés vers l’avant
Dents cardinales forment un V renversé
Animal blanc translucide
Siphons réunis et assez longs
Pied, linguiforme, bien développé
Mactre blanche, blanchet
Cette espèce étant séparée depuis peu de temps de Mactra stultorum, il semble qu’il n’y ait pas de noms vernaculaires étrangers pour la nommer. Les noms employés dans la littérature sont donc ceux de Mactra stultorum, ce qui peut prêter à confusion.
Cardium corallinum Linnaeus, 1758
Mactra corallina corallina Linnaeus, 1758
Mactra lactea Gmelin, 1791
Mactra alba Lamarck, 1818
Mactra candida Lamarck, 1818
Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est et Méditerranée
Zones DORIS : ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Cette mactre vit en mer du Nord (du Danemark à la Belgique), en Manche (côtes sud de l’Angleterre) et en Atlantique Nord-Est (Irlande, archipel des Canaries). Elle est également présente en Méditerranée, des côtes catalanes à la côte Bleue, ainsi qu’en mer Adriatique.
Ce bivalve vit sur des fonds sableux propres de l’étage infralittoral* entre 5 et 30 m de profondeur.
La mactre lactée possède une coquille de forme triangulaire, équivalve* et équilatérale*. D’aspect globuleux, cette coquille est mince et délicate. Elle mesure 45 à 60 mm de largeur, exceptionnellement 65 mm. Le sommet (umbo* ou crochet) est situé à la moitié de la coquille, voire légèrement postérieurement. Il forme un angle rentrant de 120 à 125° par rapport aux 2 bords antérieur et postérieur de la coquille. Cette dernière est lisse, finement ornée de lignes concentriques.
Sa couleur est blanc laiteux à crème. Un périostracum* gris sale à brunâtre est parfois présent, réduit à la partie marginale du bord ventral.
Le ligament* externe est petit, de couleur brun foncé.
L’intérieur de la coquille peut être blanc ou zoné avec des teintes bleues ou jaunâtres, parfois avec des reflets rosâtres. On y distingue deux empreintes adductrices* ovalaires, de taille pratiquement égale et un sinus* palléal* arrondi et peu profond.
Les 2 crochets du sommet sont proéminents et recourbés vers l’avant. La lunule*, en avant des crochets, est lisse et bien développée. La charnière est hétérodonte*, elle présente deux dents principales, dites cardinales*, soudées au-dessus, formant un V renversé. Le ligament interne est contenu dans cette profonde fossette triangulaire (chondrophore*). A noter que la dent cardinale antérieure de la valve* droite est presque parallèle au bord cardinal de la charnière.
La valve droite présente deux dents latérales lamellaires très minces et presque parallèles de chaque côté (2 antérieures et 2 postérieures), la valve gauche une seule de chaque côté.
La marge du bord ventral est lisse.
L’animal est blanc, translucide.
Les deux siphons* ont sensiblement le même diamètre ; ils sont assez longs (plus courts que la longueur de la coquille) et réunis. Ils sont teintés de jaune orangé. Ils sont plus ou moins protégés par une gaine épidermique. L’extrémité de ces siphons est bordée par une couronne de tentacules* très nombreux et marqués par une petite ligne noirâtre.
Le pied*, linguiforme*, est particulièrement bien développé et fait de ce bivalve un fouisseur actif.
Mactra glauca : sa taille est nettement plus grande et moins globuleuse. La coquille, blanc-crème, possède des rayures radiales brun clair. Elle est plus terne et le périostracum* plus épais et plus étendu.
Mactra stultorum : coquille très semblable mais avec une couleur blanc hyalin ou crème et des bandes rayonnantes brunâtres de largeur inégale.
Spisula solida : de taille plus petite, sa coquille est plus épaisse. Sa couleur crème à ivoire est plus terne.
La mactre lactée est un bivalve filtreur microphage* suspensivore*. L'eau est aspirée par le siphon* inhalant puis est rejetée par le siphon exhalant. Ce circuit d’eau lui permet d’assurer les fonctions de nutrition, de respiration et d’excrétion. Cette mactre se nourrit de particules en suspension (bactéries, diatomées, œufs et larves d’invertébrés), avec une préférence pour le phytoplancton*.
Cette espèce est gonochorique* (les sexes sont séparés) et il n'y a pas de dimorphisme* sexuel. Les gamètes* sont libérés et fécondés dans l’eau de mer. Ils donnent naissance à un œuf qui en se développant produit une larve* véligère*. Après quelques semaines de vie planctonique* la larve se métamorphose* et le jeune bivalve va se déposer sur le fond.
La mactre lactée est souvent infestée par plusieurs parasites* : un petit crustacé copépode ectoparasite* : Herrmannella rostrata (adulte) et des larves* endoparasites* de plathelminthes trématodes Lasiotocus longicystis et Lepocreadium pegorchis.
Il est admis de nos jours que Mactra stultorum et Mactra corallina sont bien deux espèces différentes. Elles ont toutes les deux une répartition géographique pratiquement identique et il n’est pas rare de les trouver ensemble dans le même biotope. Ceci pouvant expliquer la confusion.
Cette espèce comestible fait l’objet d’une pêche artisanale subsidiaire à la drague. Elle est parfois vendue sur les marchés méditerranéens des côtes françaises du Roussillon au Var.
Mactra corallina peut se retrouver échouée en grand nombre sur certaines plages à la suite de tempête, notamment en mer du Nord ou sur les côtes anglaises.
Il n’est pas rare de trouver des individus présentant une perforation plus ou moins ronde due à la natice porte-chaîne Euspira catena.
Mactre : francisation du nom de genre scientifique.
lactée : qui ressemble au lait. La couleur de la coquille est blanche comme du lait.
Mactra : du grec [maktra] = pétrin, mortier, huche, baignoire. Ce nom apparaît dans l'ouvrage "Tentamen methodi ostracologicae" publié en 1753 par le malacologue allemand Jacob Theodor Klein (1685-1759), qui voulait peut-être l’assimiler à un récipient pour les choses essentielles.
corallina : du latin [corallum] = corail, animal marin qui sécrète un squelette calcaire (polypier) de couleur blanche (ou rouge).
Numéro d'entrée WoRMS : 151616
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Autobranchia | Autobranches | |
Super ordre | Imparidentia | Imparidenties | |
Ordre | Venerida | Vénérides | Coquille mince, allongée, dure et costulée, bâillante à une ou aux deux extrémités. Ligament à la fois interne et externe. |
Famille | Mactridae | Mactridés | Coquille équivalve, mince, porcelanée. Charnière à dents principales en forme de V. Ligament externe avec resilium, logé dans un chondrophore. Siphons entièrement ou partiellement unis. Sinus palléal arrondi, profond. Pas de byssus. |
Sous-famille | Mactrinae | Mactrinés | |
Genre | Mactra | ||
Espèce | corallina |
Couleur blanche
La coquille est de couleur blanc laiteux.
Port-de-Bouc (13), estran
24/02/2024
Coquille équivalve et équilatérale
Les deux valves de la coquille sont de forme et de taille équivalentes.
Note : les collections de coquillages que DORIS reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
Port-de-Bouc (13), estran
23/02/2024
Coquille lisse
La coquille est lisse, finement ornée de lignes concentriques. On note la présence d’un périostracum gris sale à brunâtre.
Port-de-Bouc (13), estran
26/02/2024
Vue de dos
Cette photo montre les principales caractéristiques de la coquille, côté dos.
Baie de Martigues (13), estran
25/02/2024
Charnière de la valve droite
La charnière est hétérodonte, elle présente deux dents cardinales formant un V renversé et deux dents latérales lamellaires très minces et presque parallèles de chaque côté.
Port-de-Bouc (13), estran
23/02/2024
Jeunes coquilles en épave
Les coquilles de Mactra corallina peuvent se retrouver échouées en grand nombre sur certaines plages à la suite de coups de vent.
Le Gros du Roi, Petite Camargue (30), estran
04/03/2024
Morphologie
Cette planche ancienne nous montre les faces externes et internes de la coquille (1, 2, 4 et 5) ainsi qu’une vue de la charnière (3).
Planche extraite de l'ouvrage "Les mollusques marins du Roussillon, tome II, Pélécypodes".
Reproduction de documents anciens
1887-1898
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Chetoui I., Denis F., Boussaid M., Telahigue K., El Cafsi M'H., 2016, Genetic diversity and phylogenetic analysis of two Tunisian bivalves (Mactridae) Mactra corallina (Linnaeus, 1758) and Eastonia rugosa (Helbling, 1799) based on COI gene sequences, Comptes Rendus Biologies, ScienceDirect, 339, 115-122.
Guarniero I., Plazzi F., Bonfitto A., Rinaldi A., Trentini M., Passamonti M., 2010, The bivalve mollusc Mactra corallina: genetic evidence of existing sibling species, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 90(3), 633–644.
La page de Mactra corallina sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase