Porcelaine grise atlantique

Luria cinerea | (Gmelin, 1791)

N° 4148

Caraïbes, Guyane française

Clé d'identification

Forme subcylindrique
Mesure entre 20 et 40 mm
Couleurs de la coquille : gris, mauve, différents tons de brun
Deux bandes dorsales transversales plus claires
Mouchetures cendrées sur les flancs de la coquille lisse et brillante
Manteau et pied de couleur brun chocolat clair à gris ardoise

Noms

Autres noms communs français

Cauri gris de l'Atlantique, porcelaine cendrée

Noms communs internationaux

Atlantic grey cowry, atlantic gray cowrie, ashen cowry, gray cowry (GB), Porcelana gris, maco (E), Atlantische Porzellanschnecke, Atlantische Kaurischnecke, Atlantik-Rußkauri (D), Atlantische grijze kauri (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cypraea cinerea Gmelin, 1791
Sinusigera cancellata d'Orbighny, 1853

Distribution géographique

Caraïbes, Guyane française

Zones DORIS : ● Caraïbes, ○ [Guyane française]

Cette porcelaine est présente en Atlantique tropical Ouest, de la Caroline du Sud (Etats-Unis) au nord aux côtes méridionales du Brésil au sud.

Biotope

Luria cinerea est trouvée la plupart du temps à faible profondeur (entre 6 et 15 m) sous les pierres ou les dalles de corail, dans des eaux claires et peu agitées. Cette porcelaine cryptique* est la plus courante des Antilles.

Description

La coquille de cette porcelaine est de forme subcylindrique et d’aspect rebondi. Elle mesure entre 20 et 40 mm, plus rarement 45 mm. Les couleurs de la coquille vont du gris au mauve en passant par différents tons de brun selon les individus, avec deux bandes dorsales transversales plus claires. De nombreux minuscules points ou mouchetures cendrés parsèment le plus souvent les flancs de la coquille ; ils sont parfois présents sur le dos.

La face ventrale est blanc jaunâtre à blanc sale. L’ouverture est étroite et les dents columellaires* sont fines ; les interstices entre elles sont teintés de brun-gris. La fossula (voir dessin n° 12) est creuse et bien striée.

Les lobes du manteau* sont fins, lisses et couverts de nombreuses verrues rondes charnues qui portent, en leur centre, une petite pointe. Ils peuvent recouvrir l'intégralité de la coquille, ce qui confère à l’animal un certain camouflage et empêche l'implantation d'organismes épibiontes*. L'aspect lisse et brillant de la coquille résulte également de ce recouvrement. Les bords du siphon* buccal sont lisses.

Manteau et pied* sont de couleur brun chocolat clair à gris ardoise. Les tentacules* sensoriels sont longs, effilés et noirs comme les yeux situés à leur base.

Espèces ressemblantes

Dans la zone caraïbe il y a peu de confusion possible, si ce n’est avec la porcelaine jaune de l’Atlantique, Naria acicularis, qui est cependant nettement plus petite (20-30 mm) et de couleur jaune à orangée.

Luria cinerea brasilensis Lorenz, 2002 : cette sous-espèce, de couleur plus pâle (jaunâtre à transparent), vit nettement plus profond (au-delà de 30 m et jusqu’à 1 400 m ?) et sa zone de répartition est plus méridionale bien que présente en Martinique (voir informations complémentaires). Généralement de taille inférieure à celle de Luria cinerea cinerea, d'autres critères sur la coquille, assez ténus et affaire de spécialistes, différencient les deux sous-espèces.


Alimentation

Luria cinerea est une espèce carnivore sténophage* qui se nourrit presque exclusivement d'éponges (on parle d’espèce spongivore*).

Reproduction - Multiplication

C’est une espèce gonochorique*, à fécondation interne. Après accouplement, les femelles fécondées peuvent pondre jusqu'à 400 capsules ovigères* en forme de massue. Ces capsules protectrices, les oothèques*, peuvent renfermer 200 à 300 œufs. Disposées radialement et étroitement collées les unes aux autres en plusieurs couches, elles sont rassemblées en petits amas de 3 cm de diamètre.

Les pontes, de couleur grisâtre, sont déposées sur des substrats* durs ; elles sont recouvertes par la femelle avec son pied. Après éclosion, les larves* trochophores* planctoniques* sont libérées ; elles se transformeront en larves véligères* nageuses. Plus tardivement, après plusieurs transformations, elles se métamorphoseront sous la forme rampante définitive.

Vie associée

Parmi les prédateurs de porcelaines, on trouvera certains poissons du récif à la mâchoire redoutable, tels les poissons-perroquets ou les raies, les poulpes grands amateurs de coquillages, les gastéropodes comme les cônes ou les murex, ainsi que certains crabes.

Divers biologie

Ce mollusque est doté d'une radula*, lame chitineuse* garnie de denticules*, semblable à une langue râpeuse et située dans un replis du plancher buccal.
La radula de Luria cinerea est particulièrement longue et dotée de 7 rangées de petites dents disposées transversalement. Elle est bien adaptée au broutage des aliments (éponges) sur le substrat grâce au mouvement de va-et-vient qui dilacère les aliments sélectionnés.
Elle s'use continuellement vers l'avant et se renouvelle par l'arrière.

Informations complémentaires

La première population de la sous-espèce Luria cinerea brasilensis a été découverte aux Antilles françaises, dans le sud-ouest de la Martinique en 2002, puis à Marie-Galante en 2003. En plus des différences morphologiques citées plus haut, on a constaté également que son régime alimentaire était algivore* et non spongivore* comme L. cinerea cinerea.

Origine des noms

Origine du nom français

Porcelaine : du latin [porcella] = truie. L’ouverture du coquillage ressemble à la vulve d’une truie.
Un 2ème sens rappelle qu’au Moyen-Age, on appelait porcelaine la nacre d'aspect brillant que l'on tirait de la coquille de ce mollusque pour faire des vases et divers ustensiles. C'est donc le nom de la vaisselle qui est issu du nom du gastéropode et non l'inverse.

grise atlantique : couleur et zone de répartition de la coquille.

Origine du nom scientifique

Luria : du latin [luria] = oxymel. L’oxymel, utilisé depuis la Grèce Antique, est une préparation pharmaceutique composée de vinaigre, de miel et d’eau. La couleur de cette infusion fait plus ou moins penser à la couleur de la coquille du genre.
Le genre a été décrit en 1884 par le zoologiste français Félix Pierre Jousseaume (1835-1921).

cinerea : mot latin = cendré. Le dos de la coquille est de couleur cendrée.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 390557

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Littorinimorpha Littorinimorphes
Famille Cypraeidae Cypréidés

Coquille ventrue ou piriforme, conique, ovoïde, globuleuse, fusiforme ou presque cylindrique, coloration variable, souvent avec des bandes transversales.Callosité au niveau de l'apex. Ouverture étroite avec des dents. couche d'émail épaisse, brillante. D'après Lindner 2011:81

Sous-famille Luriinae Luriinés
Genre Luria
Espèce cinerea

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