Petit disque et longs bras
Paxilles et piquants coniques orangés
6 bras
Grande étoile de mer très vivace
Taille max : 30 cm
Indo-Pacifique Ouest tropical
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCette étoile de mer est une espèce des eaux chaudes,dans l'océan Pacifique occidental, des Philippines et l'Indonésie jusqu'à la Nouvelle-Calédonie.
Luidia sibogae affectionne les fonds meubles sableux-vaseux, mais elle se rencontre aussi sur les dalles rocheuses couvertes de débris coralliens et d'algues. Elle est présente des premiers mètres jusqu'à 30 m de fond.
Luidia sibogae est une grande étoile de mer dont l'envergure totale (de l'extrémité d'un bras à celle d'un autre à l'opposé) peut atteindre la trentaine de cm.
Comme toutes les étoiles de mer, sa morphologie générale se divise en deux grandes zones : le disque central et les 6 bras. Le disque est relativement petit par rapport à la longueur des bras. Les bras sont souples et se terminent en pointe. Ils sont bordés de piquants ambulacraires* épais et clairs.
La livrée de la face aborale* (face dorsale) de L. sibogae est hétérogène, et très variable d'un individu à l'autre : les bras et le disque sont maculés de taches irrégulières beiges et sombres. Ces zones sombres varient entre le marron, le bordeaux et le vert selon les individus. Cette face aborale est d'aspect granuleux. En effet, le squelette est surmonté de nombreux paxilles* blancs : il s'agit d'appendices squelettiques en forme de petites colonnes dressées verticalement et terminées par un bouquet de petits piquants. Certains d'entre eux portent un gros piquant orangé, dit piquant paxillaire. Ceux-ci sont très bien visibles à l'œil nu.
La plaque madréporique*, toujours située sur la face aborale, est difficilement visible car elle est masquée par les paxilles.
La face orale (face ventrale), quant à elle, découvre en son centre, la bouche, située sous le disque. Les bras sont creusés d'un sillon ambulacraire* allant de la bouche à leur extrémité. Ce sillon porte les nombreux podia* de l'animal, de couleur rosée à crème, bien visibles lorsque l'animal se déplace. Ces petits organes locomoteurs sont terminés par une ventouse. La face orale des bras porte aussi des pédicellaires* en pinces.
Entre la face aborale et la face orale, les bras sont ceinturés par une rangée de gros piquants paxillaires épais et clairs très remarquables.
La confusion peut principalement se faire avec
On peut également citer d'autres espèces du genre Luidia de l'Indo-Pacifique, parmi les 53 espèces valides actuelles. Par exemple : Luidia avicularia (présente à La Réunion), Luidia mauritiensis qui possède 10 bars, Luidia magnifica, d'Hawaii, parfois signalée vers Maurice mais signalements indiens peu sûrs)...
Les Luidia peuvent aussi être confondues avec les étoiles de mer du genre Astropecten, mais ces dernières ont des bras proportionnellement plus courts, avec des épines plus longues le long des bras.
Luidia sibogae est un redoutable prédateur, tout comme d'autres espèces du genre Luidia (Luidia maculata, Luidia ciliaris). Les luidia doivent cette réputation à leur grande rapidité de déplacement lorsqu'elles attaquent leurs proies.
L. sibogae a un régime carnivore composé de divers échinodermes, et notamment d'oursins irréguliers. Sur les fonds sableux où elle vit habituellement, elle s'attaque aux étoiles de mer, et plus particulièrement Astropecten polyacanthus. Lors de l'attaque, elle semble "courir" après sa proie.
Dès que ces échinodermes perçoivent une Luidia dans leur entourage, ils prennent rapidement la fuite. Les étoiles de mer habituellement très lentes dans leur déplacement, comme les Oreastéridés, sont alors d'une surprenante vivacité !
La nutrition est spectaculaire car elle est intra-orale : contrairement à de nombreuses étoiles de mer qui dévaginent leur estomac, L. sibogae avale sa proie par la bouche qui peut s'ouvrir largement. Son disque central est alors déformé par la présence de l'animal en cours de digestion.
Luidia sibogae peut être parasitée par des mollusques Eulimidés, ainsi que par le copépode ectoparasite* Synstellicola affinis.
Luidia sibogae est une étoile de mer très mobile, qui peut se déplacer très vite grâce à ses longs bras épais. Son activité est plutôt nocturne.
Elle est capable de s'enfouir facilement sur place dans le sédiment.
L. sibogae semble venir automatiquement au contact des étoiles de mer, que ce soit Protoreaster nodosus (qu'elle délaisse au final) ou une étoile plus petite comme Nardoa gomophia (qu'elle peut commencer à recouvrir pour finalement ne pas s'y intéresser).
Des recherches menées à l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement, anciennement ORSTOM) de la Nouvelle-Calédonie (ORSTOM, 1987) n'ont décelé aucune substance chez Luidia sibogae qui pourrait avoir des propriétés pharmacologiques intéressantes, contrairement à Luidia maculata présente aussi en Nouvelle-Calédonie.
Luidia du Siboga : francisation du nom scientifique de l'espèce : Luidia sibogae, et le nom évoque l'expédition dite "du Siboga" au cours de laquelle l'espèce a été collectée (à Pulu Sarasa, Indonésie, 36 m).
Cette espèce ne semblant pas avoir de nom commun attesté, ni en français si en anglais, ce nom commun est une proposition du site DORIS.
Luidia : en hommage au savant Edward Lhwyd (1660-1709), parfois écrit Lloyd ou Llhuid ou Luidius, naturaliste, botaniste, linguiste et géographe gallois (GB).
sibogae : du Siboga. Ce nom est relié à l'expédition du Siboga, expédition scientifique néerlandaise qui fut conduite entre mars 1899 et février 1900 par le zoologiste germano-néerlandais Max Carl Wilhelm Weber (1852-1937). L'expédition fut consacrée à des recherches zoologiques, botaniques, géologiques et hydrographiques dans toutes les Indes orientales néerlandaises, soit de nos jours, l’Indonésie (c'est là qu'à été collectée cette espèce, à Pulu Sarasa, station 43, à 36 m).
Cette expédition a été nommée Siboga d'après le navire de guerre Hr. Ms. Siboga, support de l'expédition. C'est une canonnière à deux hélices de la marine néerlandaise, mise à disposition de M.C.W. Weber pour la durée de l'expédition (estimée à un an) par le gouverneur-général des Indes néerlandaises.
Numéro d'entrée WoRMS : 368145
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Asterozoa | Astérozoaires | Echinodermes de forme étoilée. Les bras, simples et parfois absents, sont en nombre variable, et contiennent des organes. |
Classe | Asteroidea | Astérides | Organismes en forme d’étoile, libres. 5 à 50 bras, squelette réduit, estomac dévaginable. Ce sont les étoiles de mer. |
Sous-classe | Ambuloasteroidea | Ambuloasteroidés | |
Infra-classe | Neoasteroidea | ||
Super ordre | Valvatacea | Valvatacés | |
Ordre | Paxillosida | Paxillosides | Face dorsale recouverte de paxilles*. |
Famille | Luidiidae | Luidiidés | |
Genre | Luidia | ||
Espèce | sibogae |
Une luidia en balade
Cette étoile de mer est facilement reconnaissable lorsqu'elle se déplace, grâce à son envergure et à sa vitesse.
Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, 7 m
2007
Épines sur la face dorsale
Le détail de cette prise de vue montre la surface irrégulière du derme de la face dorsale. Les deux types de paxilles, surmontés d'un pic orange ou non, sont bien visibles.
Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, 7 m
06/08/2006
Face ventrale et prédation
La digestion des proies est intra-orale. Ici, une Astropecten polyacanthus est en train de disparaître dans l'estomac de la luidia du Siboga, seuls deux de ses bras restent encore à avaler.
Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, 7 m
19/10/2008
Disque déformé lors d'un repas
Le disque central est boursouflé sur le dessus des suites de l'ingestion d'une proie qui n'est pas encore complètement digérée.
Notez également que la Luidia sibogae de cette photographie a perdu une partie de l'un de ses bras : peut-être a-t-elle rencontré elle-même l'un de ses prédateurs ?
Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, 8 m
13/08/2006
Enfouissement
On voit ici comment Luidia sibogae peut s'enfouir dans les fonds meubles.
Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, 7 m
13/08/2006
Empreinte
Tiens, une empreinte de luidia... est-elle enfouie en dessous ou bien est-elle partie en cavale pour un nouveau repas ?
Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, 7 m
25/10/2008
Rédacteur principal : Virginie LEON
Rédacteur : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Correcteur : Frédéric DUCARME
Responsable historique : Cédric MITEL
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Döderlein L., 1920, die Asteriden der Siboga-Expedition. 2. Die Gattung Luidia und ihre Stammesgeschichte, Siboga Expedition, 46, 193-291. Disponible ici.
Laurent D., 1987, ETUDE CHIMIQUE ET PHARMACOLOGIE DES ETOILES DE MER DE NOUVELLE-CALEDONIE, ed. ORSTOM, Rapports Scientifiques et techniques, Sciences de la vie, Pharmacologie, n°1, Nouméa Nouvelle-Calédonie, 42p.
Weber M., 1902, Siboga-Expedite - Introduction et description de l'expédition, avec figures et cartes dans le texte, une liste des stations et six cartes de l’itinéraire du voyage du "Siboga", librairie et imprimerie E.J. Brill, Leide, 176p. Disponible ici. Monographie I traduite et extraite de UITKOMSTEN OP ZOOLOGISH, BOTANISCH, OCEANOGRAPHISCH EN GEOLOGISCH GEBIED VERZAMELD IN NEDERLANDSCH OOST-INDIE 1899-1900 AAN BOORD H. M. SIBOGA ONDER COMMANDO VAN Lieutnant ter zee 1e kl. G. F. TYDEMAN UITGEGEVEN DOOR Dr. MAX WEBER Prof. in Amsterdam, Leider der Espeditie, Boekhandel en Drukkerrij voorheen E. J. BRILL, Leinden. Soit (traduction) : Résultat des explorations zoologiques, botaniques, océanographiques et géologiques entreprises aux Indes Néerlandaises en 1899-1900 à bord du Siboga, sous le commandement de G.F. Tydeman, publiée par Max Weber, Chef de l’expédition.
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La page de Luidia sibogae dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN?
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