Coquillage de petite taille (moins de 1 cm)
Coquille spiralée, globuleuse, aplatie latéralement
Profil triangulaire ou piriforme
Ouverture oblongue
Opercule corné
Couleurs jaune, rouge, brun, crème, à bandes bicolores
Présent dans les ceintures à Fucus serratus et Ascophyllum nodosum
Overseen periwinkle (GB), Flache Strandschnecke (D), Vlakke alikruik (NL)
On trouve également dans la littérature ces deux noms : Flat periwinkle (GB), Stumpfe Strandsnecke (D) mais ils sont également utilisés pour Littorina obtusata.
Turbo fabalis W. Turton, 1825
Litorina arctica var. retusa Møller, 1842
Littorina beanii MacGillivray, 1843
Littorina obtusata var. picta Menke, 1845
Litorina limata Lovén, 1846
Litorina vittata R. A. Philippi, 1848
Littorina obtusata var. compacta Jeffreys, 1865
Littorina bizonalis Récluz, 1869
Littorina fabula Kobelt, 1907
Littorina obtusata littoralis var. inversicolorreticulata Dautzenberg & H. Fischer, 1915
Littorina obtusata littoralis var. minima Dautzenberg & H. Fischer, 1915
Littorina obtusata littoralis var. pachychila Dautzenberg & H. Fischer, 1915
Littorina obtusata littoralis var. reticulata Dautzenberg & H. Fischer, 1915
Littorina obtusata littoralis var. ziczac Dautzenberg & H. Fischer, 1915
Littorina mariae Sacchi & Rastelli, 1966
Littorina mariae beeensis S. M. Smith, 1980
Littorina vadorum Sacchi, 1984
Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Cette espèce est présente en mer du Nord, en Manche et en Atlantique Nord-Est de la Norvège au nord jusque sur les côtes de l’Algarve au sud du Portugal. On peut la rencontrer également en Islande et tout autour de la Grande-Bretagne.
Littorina fabalis vit sur les côtes rocheuses à dynamiques variées. Elle est inféodée aux ceintures fucales de Fucus serratus, en moins grand nombre d’Ascophyllum nodosum et parfois, en faible représentation, en bas de la ceinture de Fucus vesiculosus. Elle est présente surtout dans la partie inférieure du médiolittoral* à savoir à partir et en-dessous de la mi-marée.
La forme générale de la coquille de ce gastéropode modeste est spiralée, globuleuse et aplatie latéralement avec les angles arrondis. Son profil est triangulaire ou piriforme*. Sa hauteur varie entre 3 et 7 mm mais peut atteindre 12 mm exceptionnellement. L’apex* est aplati. La coquille est épaisse, sa surface lisse et son aspect mat. La spire est le plus souvent lisse mais peut présenter parfois de très fines stries concentriques et parallèles. La lèvre extérieure ou labre* rejoint distinctement le haut du corps. Son ouverture est oblongue et plus grande que le dernier tour de la coquille ; elle est fermée par un opercule* corné.
On note la grande variabilité de ses couleurs : jaune (prédominant), rouge, brun, crème ; plus rarement bicolore jaune/brun ou rouge/noir en bandes alternées voire avec des motifs en damiers.
L’animal est de couleur jaunâtre généralement uniforme et semblable à celle de la coquille. Sa tête se termine par un mufle muni d’un tentacule* céphalique* de chaque côté, effilé et plat avec deux lignes longitudinales. Ce mufle est parfois de couleur plus foncée ou décorée d’un fin motif de lignes dentelées. Chaque tentacule porte un œil noir à sa base.Littorina fabalis ressemble assez fortement à Littorina obtusata. Ce n’est qu’en 1966 que l’on a vraiment fait la différence entre les deux espèces. Quatre critères efficaces permettent de distinguer ces deux espèces sur le terrain :
Littorina saxatilis : son apex est pointu, sa surface munie de côtes et sillons réguliers. En général elle est plus grande (10 à 14 mm) et sa couleur moins variable et plus terne que L. fabalis. Elle vit également plus haut sur l’estran à partir de la ceinture à pelvéties Pelvetia canaliculata.
Lacuna pallidula a une spire* basse semblable et une ponte très similaire, Elle est présente avec L. fabalis sur Fucus serratus. Elle a cependant une coquille beaucoup plus fine avec un ombilic* largement ouvert, contrastant avec la columelle* épaisse de L. fabalis. Elle possède également un périostracum* brun absent chez L. fabalis.
Comme toutes les littorines intercotidales*, Littorina fabalis est un gastéropode brouteur herbivore, qui se nourrit surtout d’algues vertes encore peu développées, en épiphytes* sur Fucus serratus et Ascophyllum nodosum. Elle consomme également des diatomées* et des fragments de fucus et d’ascophylle sur lesquels elle évolue et qu’elle arrache et broie à l’aide de sa radula* avant ingestion.
Littorina fabalis est une espèce gonochorique*. Les sexes sont séparés et le dimorphisme* sexuel entre les mâles (plus petits) et les femelles est tel que l’on pourrait séparer les deux sexes sans recourir à l’analyse statistique. Les mâles, aussi bien chez L. fabalis que chez L. obtusata, semblent préférer des femelles plus grandes. La fécondation est interne. Le mâle utilise un « pénis » pour féconder la femelle qui possède, dans sa poche incubatrice, plusieurs centaines d’œufs qu’elle dépose sous forme d’une capsule translucide sur un substrat favorable (thalles de Fucus serratus principalement).
Dans une publication en 2014, Hitchen Bergström a montré que Littorina obtusata ne pond pas du tout sur Ascophyllum nodosum mais seulement sur le stipe* et le crampon* de Fucus vesiculosus. Alors que Littorina fabalis pond sur les deux espèces d'algues. L’ensemble de la ponte n’est jamais rond dans son contour, plutôt ovale et souvent en forme de rein ou plus irrégulier. Ses œufs sont un peu plus petits (195-200 µm) que ceux de Littorina obtusata (210-255 µm).
Après la métamorphose*, au cours de laquelle se réalise la transformation de la forme larvaire* à la forme benthique*, les jeunes littorines éclosent en tous points identiques aux adultes. Il n’y a donc pas de phase larvaire planctonique* comme chez la plupart des mollusques.
La maturité sexuelle de Littorina fabalis est plus rapide (quelques semaines) par rapport à Littorina obtusata (un an environ). La durée de vie est également plus courte, environ un an chez L. fabalis au lieu de deux chez L. obtusata.
Cette adaptation reproductive est caractéristique d’assez nombreuses espèces inféodées à la zone de balancement des marées et permet, suppose-t-on, d’optimiser le succès reproducteur dans le milieu particulier (alternance de submersions et d’exondations) de la marée.Littorina fabalis est systématiquement observée sur les frondes d'algues, essentiellement des algues brunes comme Fucus serratus et Ascophyllum nodosum.
On a recensé jusqu’à 12 espèces d’épibiontes* sur Littorina fabalis et L. obtusata : hydrozoaires, bryozoaires, annélides polychètes (Janua heterostropha), crustacés cirripèdes (Austrominius modestus) ou ascidies (Botryllus schlosseri).
Comme d’autres littorines, L. fabalis peut être l’hôte intermédiaire de parasites Digènes, petits vers plats de l’embranchement des Plathelminthes.
L. fabalis est consommée par des oiseaux, des poissons (plus particulièrement des blennies), des crabes et d’autres gastéropodes telle Nucella lapillus.
Comme la plupart des Littorinidés qui sont sujets à subir de longues émersions, Littorina fabalis montre une importante vascularisation de sa cavité palléale.
Il n’est pas rare de rencontrer sur l’étage médiolittoral* des milliers d’individus morts de Littorina fabalis mêlés à ceux de L. obtusata (ex. archipel de Chausey).
Littorina fabalis et Littorina obtusata divergent d’un ancêtre commun pour former deux espèces sous l’influence de deux facteurs (mais il y en a peut-être d’autres !) que sont la prédation principalement et la résistance à l’exondation*. Ces deux facteurs sont majeurs dans la zone de balancement des marées. Cette divergence permettrait à Littorina fabalis et Littorina obtusata d’être mieux adaptées à deux prédateurs faisant pression dans des biotopes différents plus ou moins soumis à la marée (crabe vert en haut et blennie-mordocet en bas).
Des individus hybrides ont été observés car les habitats des deux espèces peuvent se recouvrir.
Les individus vivant dans des zones modérément exposées présentent une coquille plus grande avec une ouverture plus large que ceux des habitats abrités.
Littorine : en rapport avec le littoral, francisation du nom de genre Littorina.
fève : fait référence à sa forme ressemblant à une fève.
Littorina : du latin [litoralis] et [litus] = qui est en rapport avec le rivage ou le littoral.
fabalis : origine latine dont la racine [faba] désigne une fève (légume). La forme ovale et aplatie, à la peau épaisse de cette graine peut faire penser à notre littorine.
Numéro d'entrée WoRMS : 140261
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Littorinidae | Littorinidés | Coquille solide, épaisse, plus ou moins arrondie ou à spire haute, à surface lisse ou sculptée suivant les deux axes. ouverture ovale, entière. Opercule corné. Lindner 2011:70. |
Sous-famille | Littorininae | Littorininés | |
Genre | Littorina | ||
Espèce | fabalis |
Coquille globuleuse
La forme générale de la coquille de ce gastéropode modeste est spiralée, globuleuse et aplatie latéralement avec les angles arrondis.
Riche-Roche, Grande Ile, archipel de Chausey (50), estran
09/09/2024
Couleur jaune
Bien que de couleurs très variables, la coquille de Littorina fabalis est le plus souvent jaune.
Riche Roche, Grande Ile, archipel de Chausey (50), estran
09/09/2024
Sur Fucus serratus
La littorine-fève est inféodée à la ceinture fucale de Fucus serratus.
Riche Roche, Grande Ile, archipel de Chausey (50), estran
09/09/2024
Opercule corné
L’ouverture, oblongue, est fermée par un opercule corné.
Perros-Guirec (22), estran
26/03/2024
Pénis
Le pénis, fin et digitiforme, est long chez Littorina fabalis.
Perros-Guirec (22), estran
26/03/2024
Comparaison de taille
Dessin naturaliste, d’après des échantillons, montrant la différence de taille et de forme entre les deux espèces.
Archipel de Chausey (50), estran
05/11/2024
Comparaison côté ouverture
La forme de la coquille est plus aplatie chez Littorina fabalis que pour Littorina obtusata, plus uniformément globulaire.
Fig. 7 dans l'ouvrage " Inter- and intraspecific variation in Littorina obtusata and L. mariae (Gastropoda, Prosobranchia)" par B. J. Goodwin & J.D. Fish.
Reproduction de documents anciens
1977
Comparaison des coquilles
A et D : ouverture de la coquille chez des individus adultes. B : ouverture de la coquille d’un juvénile. C et E : vue dorsale de coquilles juvéniles.
Fig. 203 dans « Marine Littorinacea part 5 in the prosobranch molluscs of Britain and Denmark, Part 5-Marine littoracea » de V. Fretter et A. Graham.
Reproduction de documents anciens
1980
Rédacteur principal : Marc DAMERVAL
Rédacteur : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
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La page de Littorina fabalis sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase
La page de Littorina fabalis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN