Algue rouge calcifiée
Forme une croûte épaisse
Surface lisse et presque circulaire
Crête d'affrontement au contact de 2 thalles
Couleur rose à gris mauve
Espèce photophile de la surface à 10 m de profondeur
Lithophylle encroûtant, lithophylle épais
Common pale paint weed, pink paint algae (GB)
Corallium cretaceum Ellis
Spongites confluens Kützing
Melobesia polymorpha Harvey
Lithothamnion depressum P.L. Crouan & H.M. Crouan
Lithothamnion incrustans (Philippi) Foslie
Crodelia incrustans (Philippi) Heydrich
Manche, Atlantique Est et Ouest, Méditerranée, océan Indien
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française], ● Indo-PacifiqueCette espèce est présente sur toutes les côtes européennes, de la Scandinavie au nord jusqu'au Portugal au sud. On la rencontre également en Atlantique Est tropical, dans tous les archipels de Macaronésie (Canaries, Madère, Cap Vert), ainsi qu'en Méditerranée.
Elle est observée en Afrique du Sud ainsi qu'aux Mascareignes (Réunion, Maurice).
En 2011 elle aurait été recensée sur l'île de Porto Rico aux Caraïbes (Ballantine et al.)
Présence dans l'Océan Indien.
On trouve cette espèce sur les rochers du bas de l'estran*, dans des milieux régulièrement battus et dans les cuvettes littorales, jusqu'à 10 m de profondeur. C'est une espèce photophile* qui se développe en s'étalant et en s'épaississant. Elle recouvre parfois les coquilles de certains gastéropodes.
Cette algue calcaire forme parfois, dans des zones très battues, de véritables encorbellements récifaux remarquables.
Cette algue rouge est calcifiée*, son thalle* forme une croûte épaisse qui peut s'étendre sur plus de 30 cm de diamètre sur les rochers. Elle peut prendre 2 aspects différents selon son âge, les plus jeunes présentant une surface lisse presque circulaire et dont les marges adhèrent bien au support, alors que les sujets plus âgés affichent une surface plus tourmentée, rugueuse, pustuleuse ou ondulée avec souvent des coquillages incrustés sur la surface, les marges se détachant du support pour se relever.
La couleur aussi varie avec l'âge, jeune cette algue est plutôt rose, plus âgée elle devient gris mauve, la couleur pâlit avec le soleil, les parties mortes deviennent blanc jaunâtre.
Une des caractéristiques principales pour reconnaître cette algue, c'est quand 2 thalles se rejoignent, ils forment un bourrelet très tortueux assez important, appelé crête d'affrontement, d'un rose vineux qui devient gris en séchant. Le taux de croissance est estimé à 7 mm par an. De quelques millimètres d'épaisseur quand elle est jeune, elle peut atteindre plusieurs centimètres quand elle est plus âgée.
Elle peut être confondue avec Phymatolithon purpureum qui est pratiquement identique pour les formes tourmentées, avec la différence qu'elle est plus mince et un peu plus rouge, en général, elle vit un peu plus bas que Lithophyllum incrustans. D’autre algues rouges encroûtantes Phymatolython lenormandii ou Lithothamnion sonderi sont également ressemblantes et leur identification est une affaire de spécialistes car elle ne peut se faire qu’après une observation au microscope ou une observation détaillée des organes reproducteurs.
Comme toutes les algues, c'est une espèce autotrophe*, c'est-à-dire que grâce à la photosynthèse* (utilisation de l'énergie lumineuse), elle synthétise la matière organique nécessaire à sa croissance, à partir du dioxyde de carbone, et des minéraux dissous dans l'eau.
La reproduction de cette espèce bisannuelle a lieu en avril et de septembre à novembre.
Cette algue a un cycle trigénétique*, 3 générations se succèdent dans son cycle de vie :
- La 1ère génération : asexuée, composée d'un thalle sporophyte* (qui produit les spores*), diploïde* (dont le noyau porte n paires de chromosomes), aussi appelé tétrasporophyte* (les spores étant groupés par 4). Les sporanges* (organes contenant et produisant les spores) ne sont visibles à la surface du thalle que par la présence de petits trous ou pores. Chacun d'eux matérialise l'extrémité d'un petit canal qui permet la communication entre une cavité dans l'épaisseur de la paroi de l'algue (lieu de production et de conservation des spores), et le milieu extérieur.
- La 2ème génération : sexuée et dioïque (chaque sexe est porté par des individus différents). Elle est composée d'un thalle gamétophyte* (porteur de gamètes mâles ou femelles), haploïde* (dont le noyau porte n chromosomes) issu du développement d'une tétraspore. Il produit des gamètes* femelles non mobiles, qui restent sur le thalle, les gamètes mâles étant libérés en pleine eau, de la fécondation sera issu un zygote* (œuf) diploïde.
- La 3ème génération : est une génération parasite à développement réduit appelée carposporophyte* car elle se développe sur le thalle de la 2ème génération. Le zygote produit un carpospore qui une fois libéré dans le milieu va développer un nouveau thalle tétrasporophyte diploïde bouclant ainsi le cycle.Le cycle trigénétique est dit isomorphe* : sporophytes et gamétophytes sont identiques.
La calcification du thalle peut recouvrir certains organismes : tubes de vers, carapaces de crustacés (balanes), coquilles de mollusques tels les patelles (Patella spp.) ou les ormeaux (Haliotis tuberculata tuberculata).
Cette algue calcaire ne supporte pas la dessiccation* notamment dans les cuvettes à marée basse où l'évaporation fait baisser la hauteur d'eau et laisse à l'air libre le bord du thalle qui se dessèche et meurt. Elle peut être consommée par certains mollusques brouteurs (gastéropodes* ou chitons*) qui, munis d'une radula* puissante, dilacèrent le thalle de l'algue.
Cette espèce, dite pérennante*, peut vivre entre 20 et 100 ans.
Feuille de pierre : traduction du nom scientifique. Cette algue, en effet, a l'allure d'une feuille et sa dureté fait penser à une pierre.
Lithophyllum : du grec [lithos] = pierre et [phyllo] = feuille ; c'est-à-dire une espèce en forme de feuille, dure comme une pierre.
incrustans : du latin [incrusto] = couvrir d'une croûte. Ce qui correspond bien à l'aspect de cette algue qui forme une croûte calcaire sur les rochers.
Numéro d'entrée WoRMS : 145152
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Rhodobionta / Rhodophyta | Rhodobiontes | Algues rouges, pour la plupart marines. |
Sous-embranchement | Eurhodophytina | Eurhodophytinés | |
Classe | Florideophyceae | Floridéophycées | Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames. |
Sous-classe | Corallinophycidae | Corallinophycidées | |
Ordre | Corallinales | Corallinales | Calcification très importante qui donne au thalle un aspect minéral. |
Famille | Lithophyllaceae | Lithophyllacées | |
Genre | Lithophyllum | ||
Espèce | incrustans |
Encorbellements
Cette algue calcaire forme parfois, dans des zones très battues, de véritables encorbellements récifaux remarquables.
Plestin-les-Grèves (22), estran
15/10/2012
Algue photophile
Cette espèce photophile* se développe en s'étalant et en s’épaississant.
Plestin-les-Grèves (22), estran
15/11/2011
Croûte calcifiée
Le thalle* de cette algue rouge forme une croûte calcifiée épaisse de couleur rose qui peut s'étendre sur plus de 30 cm de diamètre sur les rochers.
Agon-Coutainville (50), estran
22/03/2012
Surface tourmentée
Les sujets plus âgés affichent une surface tourmentée, rugueuse, pustuleuse ou ondulée.
Agon-Coutainville (50), estran
22/02/2012
Marges relevées
Les marges du thalle se détachent du support pour se relever.
Agon-Coutainville (50), estran
22/02/2012
Crêtes d'affrontement
Quand 2 thalles se rejoignent, ils forment un bourrelet très tortueux assez important, appelé crête d’affrontement, d'un rose vineux qui devient gris en séchant.
Agon-Coutainville (50), estran
22/02/2012
Couleur rose
La couleur de ce thalle* jeune est plutôt rose.
Agon-Coutainville (50), estran
22/02/2012
Thalle âgé
La couleur varie avec l'âge, jeune cette algue est plutôt rose, plus âgée elle devient gris mauve.
Agon-Coutainville (50), estran
06/04/2012
Extrêmités blanchies
Cette algue calcaire ne supporte pas la dessiccation* notamment dans les cuvettes à marée basse où l’évaporation fait baisser la hauteur d’eau et laisse à l’air libre le bord du thalle qui blanchit, se dessèche et meurt.
Agon-Coutainville (50), estran
22/02/2012
Dans une cuvette
On trouve cette espèce notamment dans les cuvettes littorales.
Agon-Coutainville (50), estran
22/02/2012
Rédacteur principal : Murielle TOURENNE
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Stéphane LE GRANCHÉ
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Piel C., 2008, Inventaire des algues de l’estran de Luc-sur-Mer (Calvados) – Octobre 2006 et Avril 2007, Centre de Recherche en Environnement Côtier, Station Marine de l’Université de Caen-Basse-Normandie, 1-50.
La page sur Lithophyllum incrustans sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase
La page de Lithophyllum incrustans dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN