Thalle encroûtant calcifié et rigide, adhérant fortement au substrat rocheux
Petits coussins hémisphériques de 1 à 2 cm de hauteur de couleur blanche à rose foncé
Croûte revêtue de lamelles dressées de 10 mm de hauteur et de 800 µm de largeur, anastomosées entre elles
Forme des encorbellements dans les zones de ressac ombragées (pied de falaises, anses étroites)
Lithophyllum en forme de lichen, algue des encorbellements
Seashore lithophyllum (GB), Litofillo dei marciapiedi (I), liquen marino (E)
Nullipora byssoides Lamarck 1801
Millepora byssoides (Lamarck) Lamarck 1816
Lithothamnion byssoides (Lamarck) Philippi 1837
Lithophyllum lichenoides Philippi 1837
Melobesia lichenoides (Philippi) Endlicher 1843
Spongites byssoides (Lamarck) Kützing 1869
Goniolithon byssoides (Lamarck) Foslie 1898
Titanoderma byssoides (Lamarck) Y.M.Chamberlain & Woelkerling 1988
Egalement cité sous les noms suivants qui correspondent à une autre espèce présente en Méditerranée orientale :
Lithophyllum tortuosum (Esper) Foslie 1900
Tenarea tortuosa (Esper) Me.Lemoine 1910
Méditerranée et Atlantique Est limitrophe
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]En Méditerranée, elle est surtout présente dans le bassin occidental et dans l'Adriatique (rare dans le bassin oriental). En Atlantique Nord-Est tempéré, elle est présente de l'île d'Yeu au Maroc.
Cette espèce est pérenne*, épilithe* et est caractéristique des stations du médiolittoral* inférieur (zone de ressac) en mode battu.
Lithophyllum byssoides possède un thalle* encroûtant calcifié et rigide, adhérant fortement au substrat rocheux. Le jeune thalle forme de petits coussins hémisphériques de 1 à 2 cm de hauteur et de couleur variant du blanc au rose foncé, selon son degré d'exposition au soleil et à la dessiccation. La croûte est revêtue de lamelles dressées de 10 mm de hauteur et de 800 µm de largeur, anastomosées* entre elles, et donnant à la surface un motif en nid d'abeille.
Les thalles s'anastomosent entre eux et peuvent finir par former un bourrelet épais au niveau de la zone de ressac.
Parmi les Corallinales de la zone de ressac photophile* méditerranéenne, on peut trouver en Méditerranée :
Lithophyllum papillosum (Zanardini ex Hauck) Foslie : cette algue possède un thalle encroûtant calcifié et rigide, adhérant fortement au substrat rocheux, de 2 à 6 cm de largeur et de 300 à 600 µm d'épaisseur, de couleur rose violacé. La croûte est revêtue de protubérances hémisphériques de 1 à 1,5 mm de diamètre, initialement isolées, puis pouvant se regrouper en nombre, voire se fondre entre elles. Elle se développe dans les zones de ressac du médiolittoral inférieur moyennement à fortement agité, souvent à proximité de Lithophyllum byssoides. L'espèce tolère mieux les forts ensoleillements que Lithophyllum byssoides. Elle est endémique* de Méditerranée.
Titanoderma ramosissimum (Heydrich) Bressan & Cabioch : cette algue calcifiée dressée forme des petits buissons hémisphériques de 5 à 15 cm de diamètre, de couleur blanche à rosée. Les branches, de 1 mm de diamètre environ, sont dichotomes*, serrées et souvent anastomosées. Leur extrémité est annelée. Elles forment une pelote enchevêtrée et très fragile faiblement fixée au substrat par une base encroûtante. Elle se développe sur les parois photophiles de l'infralittoral* supérieur, à la limite de la zone de ressac, dans les stations peu agitées. Elle est présente dans les îles et le sud de la Méditerranée occidentale.
Tenarea tortuosa (Esper) M. Lemoine : cette algue, faiblement ancrée au substrat, forme des buissons hémisphériques, très fragiles, de 10 à 15 cm de diamètre, composés de très fines lamelles dressées, ondulées et anastomosées. Elle se développe dans les biotopes photophiles et agités, entre la surface et 5 m de profondeur. Elle est présente en Adriatique et en Méditerranée orientale.
Les algues fabriquent les sucres de leur biomasse par photosynthèse*. Ce processus de transformation de l'énergie lumineuse en énergie chimique grâce à des pigments de type chlorophylle*, n'est possible que dans une situation d'éclairement. Cependant la quantité de lumière nécessaire est très variable selon l'espèce.
Le cycle de reproduction est trigénétique* isomorphe* (gamétophyte* et sporophyte* semblables). Le gamétophyte est dioïque* (sexes séparés, soit mâle soit femelle). Les conceptacles* unipores regroupant les cellules reproductrices sont situés sur les lamelles.
Les individus peuvent se reproduire dès leur première année de vie.
Lorsque les conditions d'éclairement et de ressac sont favorables, Lithophyllum byssoides peut édifier une bioconstruction appelée encorbellement à Lithophyllum byssoides (aussi connue sous le nom de trottoir à Lithophyllum) qui est un biotope dont les anfractuosités sont très prisées par de nombreuses espèces du médiolittoral et de l'infralittoral supérieur qui y trouvent refuge et nourriture. Comme le coralligène*, l'encorbellement à Lithophyllum byssoides résulte de l'équilibre entre la croissance du thalle et la bioérosion par les espèces endolithes* (cliones, mollusques, ...) et les herbivores (oursins).
La croissance se fait par division des cellules terminales. La croissance des jeunes individus est relativement rapide pour une algue calcifiée : 1,5 mm par mois en hauteur. L'âge d'un individu de 6 cm de diamètre et 1,5 cm d'épaisseur a été estimé à 3 ans.
Le thalle est de couleur rose foncé à mauve quand il est bien humidifié et à l'ombre. Il blanchit et devient fragile en été sous l'effet de la chaleur, de la dessiccation et de l'ensoleillement.
Dans certains sites de Méditerranée occidentale, l'algue a formé des bioconstructions remarquables (grands encorbellements ou trottoirs) notamment dans les îles provençales et en Corse (Scandola). Les plus grands ont nécessité plusieurs siècles voire un millénaire de stabilité du niveau marin pour s'édifier.
L'encorbellement à Lithophyllum byssoides est formé de 3 parties distinctes, dont seule la couche supérieure la plus externe est vivante. La partie interne morte est un mille-feuilles de lamelles calcaires superposées et indurées par diagénèse (les sédiments se consolident pour former une roche dure). La partie inférieure est érodée et colonisée par de nombreux organismes qui y trouvent refuge.
L'encorbellement est très sensible au piétinement, à l'eutrophisation et aux pollutions notamment par les hydrocarbures, les tensio-actifs et les macro-déchets, ce qui a conduit les gestionnaires à inscrire Lithophyllum byssoides sur les listes d'espèces en danger ou menacées. Néanmoins, du fait de la croissance assez rapide de cette espèce, une zone affaiblie peut se régénérer en 2 ans si les conditions sont bonnes.
Cette algue est inscrite dans l'Annexe 1 (espèces de la flore strictement protégées) de la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe.
Elle est aussi inscrite dans l'Annexe II (Liste des espèces en danger ou menacées) de la Convention sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée (Convention de Barcelone) depuis l'amendement du 18 octobre 2014.
Algue calcaire des trottoirs, en référence aux encorbellements que cette algue peut générer sur le long terme et qui peuvent prendre la forme de trottoirs à fleur d'eau.
Lithophyllum : du grec [lith-] = pierre et [phyll-] = feuille. Se traduit littéralement par « feuille de pierre ».
byssoides : du latin [byssus] = lin, batiste, et suffixe [-oides] = en forme de... La surface ressemble à une toile tissée.
Numéro d'entrée WoRMS : 145140
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Rhodobionta / Rhodophyta | Rhodobiontes | Algues rouges, pour la plupart marines. |
Sous-embranchement | Eurhodophytina | Eurhodophytinés | |
Classe | Florideophyceae | Floridéophycées | Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames. |
Sous-classe | Corallinophycidae | Corallinophycidées | |
Ordre | Corallinales | Corallinales | Calcification très importante qui donne au thalle un aspect minéral. |
Famille | Lithophyllaceae | Lithophyllacées | |
Genre | Lithophyllum | ||
Espèce | byssoides |
Surface alvéolée
La croûte est revêtue de lamelles dressées de 10 mm de hauteur et de 800 µm de largeur, anastomosées entre elles, et donnant à la surface un motif en nid d'abeille. Le lithophyllum est associé à l'algue brune Ralfsia verrucosa (croûte noirâtre).
Carry le Rouet (13), médiolittoral
20/05/2006
Individus caractéristiques fusionnés
Les individus hémisphériques en expansion finissent par s'anastomoser entre eux pour former un bourrelet continu. Ici la couleur est rose violacé, indiquant que les thalles sont bien vivants.
Marseille, estran
01/08/2005
Jeune individu
Les lamelles dressées ne sont pas encore anastomosées entre elles. Le thalle est de couleur blanche, due à l'ensoleillement et à la forte chaleur de fin juin.
Carry le Rouet (13), Chemin du littoral, médiolittoral
25/06/2016
Jeune thalle sur le médiolittoral
Un jeune thalle pousse dans la zone humectée par le ressac. On voit en arrière plan les patelles fixées sur la roche.
Carry le Rouet (13), Chemin du littoral, médiolittoral
25/06/2016
Thalle décroché
Ce coussinet hémisphérique a été découvert à 3 m de profondeur, trouvaille rare car cette algue adhère fortement au substrat.
La Ciotat (13), 3 m
21/07/2013
Encorbellements à Lithophyllum byssoides
Quand les conditions sont favorables sur une longue période, cette algue peut former des bioconstructions de grandes dimensions nommées encorbellements ou "trottoirs" à Lithophyllum byssoides.
Girolata (2B), Scandola, frange littorale
17/10/2007
Avec Nemalion lubricum
L'algue calcaire à trottoirs se développe dans le médioliottoral inférieur, ici en compagnie de Nemalion lubricum (spaghetti de mer) et de Cladophora laetevirens.
La Couronne (13), Côte Bleue, médiolittoral
24/05/2010
Avec des tomates de mer et des balanes
Dans la zone de ressac, des thalles de différentes tailles, côtoient une faune spécifique du médiolittoral, comme les anémones tomate (qui peuvent se déplacer) et des balanes (fixées).
La Couronne (13), Côte Bleue, médiolittoral
10/04/2009
Deux corallinales en lutte sur la roche
En haut à gauche, Lithophyllum byssoides, en bas à droite, Lithophyllum incrustans.
Ouest Algérie, médiolittoral
08/2017
Sur la façade atlantique
L'espèce est signalée sur la façade atlantique jusqu'à l'île d'Yeu. La photo a été prise en haut de l'étage médiolittoral sur une falaise, on peut distinguer sur cette structure alvéolée deux petites limaces celtiques (Onchidella celtica).
Grande plage de Biarritz (64), estran
09/2016
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Correcteur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Véronique LAMARE
Verlaque M., 2010, Field-methods to analyse the condition of Mediterranean Lithophyllum byssoides (Lamarck) Foslie rims, Sci. Rep. Port-Cros natl. Park, Fr., 24, 185-196.
La page sur Lithophyllum byssoides sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase
La page de Lithophyllum byssoides dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN