Petite (20-40 mm) colonie blanche ou beige
Siphons buccaux bordés de brun
Gros siphons exhalants (cloacaux) circulaires et blancs
Contour de la colonie arrondi et blanc
Consistance molle et fragile
Aspect "poudreux"
Lissoclinum de Weigele
Atlantique Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Lissoclinum weigelei est présente en Atlantique Est et la Bretagne, même si cette espèce y est rare, semble être la limite nord de distribution : présence certaine en Bretagne Ouest, archipel des Glénan, St Jean de Luz. Une observation validée au Sénégal constitue peut-être sa limite sud.
On la rencontre également en Méditerranée : Banyuls, Côte Bleue, Port-Cros, Côte d'Azur.
Lissoclinum weigelei est une espèce des petits fonds (0-35 m) associée aux algues développées sur les substrats durs.
En Méditerranée, Lissoclinum weigelei se rencontre à l'entrée des grottes, sous les surplombs et sous les roches, et en Atlantique plutôt sur des surfaces horizontales en eau turbides*.
Lissoclinum weigelei est une ascidie coloniale encroûtante, molle et fragile. Sa taille relativement réduite, de 20 à 40 mm de diamètre le plus fréquent, peut parfois atteindre 100 mm, pour 3 à 5 mm d'épaisseur, ce qui en fait une espèce discrète. Ses bords soulignés de blanc sont arrondis.
De couleur blanche ou beige clair, la tunique* commune est tachetée de gros points châtains ou bruns au niveau des siphons* buccaux qui, pour leur part, sont de taille relativement importante, comparés à ceux des autres espèces de Didemnidés. Effectivement, les zoïdes* des espèces du genre Lissoclinum sont plus grands que chez les Didemnum ou les Diplosoma. Ces siphons buccaux sont irrégulièrement répartis à la surface, formant ici où là quelques alignements plus réguliers à proximité de courtes veines blanches. Celles-ci débouchent sur de gros siphons cloacaux bien circulaires, à peine surélevés et souvent cerclés d'un anneau blanc.
La forte densité de spicules* calcaires présents dans les tissus marque de blanc les siphons cloacaux ainsi que certaines zones limitrophes sans zoïde. Ce sont ces mêmes spicules qui confèrent son aspect mat, "sec" ou poudreux à ce petit Didemnidé.
Toutes les ascidies de la famille très homogène des Didemnidés sont très difficiles à identifier avec certitude sous l'eau ou sur photo. Sachant qu'aucune colonie n'a été prélevée pour identification microscopique, toutes les photos des fiches présentant ces espèces sont à considérer comme "pouvant ressembler in situ à cela".
Lissoclinum perforatum forme des croûtes lisses, blanc opaque, aux contours également arrondis. Sa consistance est moins molle (texture de "cuir doux") que celle de Lissoclinum weigelei. Du point de vue microscopique, Lissoclinum perforatum ne possède pas de languette cloacale.
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Ils se nourrissent de petites particules, depuis les molécules en suspension jusqu'aux débris et micro-organismes animaux et végétaux.
Les zoïdes génèrent chacun un courant d'eau entrant par les orifices inhalants individuels et le filtrent pour en capturer les particules en suspension. Les déchets sont ensuite évacués par le siphon exhalant de chaque zoïde dans un cloaque commun à plusieurs d'entre eux. Ces cloaques, via un réseau de veines, débouchent à leur tour à la surface de la colonie par une large ouverture.
La reproduction peut être asexuée et sexuée.
Reproduction asexuée : formation et extension de la colonie par bourgeonnement* à partir de l'individu souche.
Reproduction sexuée : les représentants de la famille des Didemnidés sont hermaphrodites*. La fécondation est interne et le développement indirect.
Les gonades* se trouvent dans le post-abdomen où a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire commence après la formation des œufs où se passe la différenciation des organes internes de la chorde* et de la queue pour former une larve* nageuse semblable à un têtard. Les larves sont libérées dans le milieu par le siphon atrial* des zoïdes. Leur vie pélagique* est très courte et elles se fixent au substrat par des papilles adhésives situées sur la tête. A partir de là commence la métamorphose* qui donnera un individu adulte.
Les ascidies coloniales de la famille des Didemnidés sont souvent parasitées par des copépodes de la famille des Notodelphyidés.
Description microscopique :
La petite taille de la languette cloacale est caractéristique de l'espèce. Cette languette est absente chez la plupart des Lissoclinum dont L. perforatum.
Deux lobes testiculaires sur le côté gauche (sous le côté gauche du thorax).
Spicule de forme ronde et muni de très nombreuses petites pointes acérées, visibles uniquement à un très gros grossissement (MEB).
Détermination des Didemnidés :
Une dissection est toujours nécessaire pour une détermination fiable des ascidies. Pour les représentants de la famille des Didemnidés (Didemnidae), elle est basée sur la morphologie des larves et la forme des spicules calcaires étoilés présents le plus souvent dans la tunique. La seule observation des spicules n'est pas suffisante. Effectivement, leur forme proche d'une espèce à l'autre et leur densité parfois très variable au sein d'une même espèce rend ce critère insuffisant pour une bonne identification.
Les ascidies de la famille des Didemnidés sont caractérisées par les critères suivants :
- ascidie toujours composée (coloniale) dont les zoïdes sont inclus dans une tunique commune (cormus*),
- le corps est divisé en deux parties : branchie* d'un côté (thorax) et tube digestif avec gonades de l'autre (abdomen),
- le tube digestif est situé sous la branchie,
- la totalité des gonades est incluse dans l'anse intestinale,
- la branchie est plane sans papilles internes ni sinus longitudinaux,
- estomac sans diverticules hépatiques,
- pas de vésicule rénale,
- le bourgeonnement se fait par la fusion de deux bourgeons œsophagiens (l'un est à l'origine de la branchie, l'autre de l'abdomen, voir le schéma dans la fiche Didemnum coriaceum).
Les espèces du genre Didemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- quatre rangs de stigmates*,
- spermiducte* courbé,
- 1 ou 2 testicules,
- siphon branchial à 6 lobes,
- présence de spicules calcaires (sauf exception).
Les espèces du genre Polysyncraton présentent les mêmes caractéristiques que celles du genre Didemnum, sauf :
- plus de deux testicules,
- languette bifide bien développée au siphon cloacal (le plus souvent).
Les espèces du genre Trididemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- trois rangs de stigmates,
- spermiducte courbé,
- un testicule,
- nombreuses ouvertures cloacales communes surmontées d'un tube.
Les espèces des genres Diplosoma et Lissoclinum (très proches) sont caractérisées par les critères suivants :
- spermiducte droit,
- siphon cloacal avec simple trou, sans tube ni appendice (languette). Notons que L. weigelei, une exception du genre, possède de petites languettes cloacales.
Ascidie coloniale beige ou Lissoclinum de Weigele sont des propositions du site DORIS.
Lissoclinum : du grec [liss-] = lisse, luisant et de [cline, es] = lit (couche). Donc, "couche lisse" qui s'applique particulièrement bien à l'espèce proche Lissoclinum perforatum.
weigelei : en l'honneur de Roger Weigele, pionnier de la plongée sous-marine aux Glénan (Bretagne Sud), où ont été organisés les premiers stages de biologie sous-marine sous la tutelle du CNRS, dès 1963.
Numéro d'entrée WoRMS : 103587
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Didemnidae | Didemnidés | Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma). |
Genre | Lissoclinum | ||
Espèce | weigelei |
Rebord blanc et surface ponctuée de marron
Ce Didemnidé, observé sur des galets par très petit fond, montre les caractéristiques visibles pour le plongeur de Lissoclinum weigelei : marge et siphons exhalants communs blancs ; siphons inhalants bordés de brun.
Cros de Cagnes (06), 3 m, de nuit
23/07/2007
Parmi les galets de la plage
Il est étonnant que cette ascidie molle et fragile (au moins en apparence) puisse s'installer sur des galets instables par 3 mètres de fond.
Cros de Cagnes (06), 3 m, de nuit
23/07/2007
Croûte blanche ponctuée de brun
Le motif caractéristique de ce Didemnidé permet de l'identifier plus aisément que la majorité des autres espèces proches. Il existe une trentaine d'espèces de Didemnidés dans les eaux métropolitaines françaises.
Cagnes (06), 8 m
13/09/2009
Aspect de surface mat et poudreux
Les siphons buccaux forment de petits pores brunâtres sur la surface blanche et d'aspect poudreux de cette petite colonie de Lissoclinum weigelei.
Cagnes (06), 8 m
13/09/2009
Colonie étendue sur un pierre
Jolie colonie étendue sur une dizaine de cm de longueur. Notez la multiplicité des siphons atriaux* communs.
Côte d'Azur (06), de nuit
06/06/2009
6 languettes buccales
Sur cette colonie bien colorée, les six languettes bordant l'extérieur de l'ouverture buccale et marquées de petits points blancs sont bien visibles.
Cagnes (06), à faible profondeur
10/04/2011
Colonie claire et marge blanche
La marge de la colonie au contour arrondi est dépourvue d'individu : elle est ainsi bien blanche. Notez la déchirure de la tunique en haut à gauche explicitant la fragilité des tissus de cette espèce et du genre Lissoclinum en général. Cette ascidie coloniale a été observée ici sous une pierre.
Carro, Côte Bleue (13), 15 m
03/2007
Plusieurs petites colonies sous une pierre
De couleur beige clair, ces petites colonies ont été observées sous une pierre plate posée sur un fond de sable bien balayé par les courants marins. Les taches noirâtres bordées de jaune beige sont des bryozoaires encroûtants Reptadeonella violacea.
Les Mèdes, Porquerolles (83), 21 m
31/10/2007
Sous une pierre
L'aspect lisse de la tunique, la couleur claire et la répartition régulière des siphons buccaux faiblement bordés de beige fait hésiter entre Lissoclinum weigelei et Lissoclinum perforatum. Mais il faut noter que ces colonies sont ici partiellement contractées, ce qui peut notablement changer leur apparence.
Les Mèdes, Porquerolles (83), 21 m
31/10/2007
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Sylvie DIDIERLAURENT
Vérificateur : Wilfried BAY-NOUAILHAT
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Lafargue F., Wahl M., 1987, The didemnid ascidian fauna of France, Ann. Inst. océanogr., 63(1), 1-46.
Lafargue, F., 1968, Les peuplements sessiles de l'archipel de Glénan. II. Les Didemnidae. Systématique et écologie, Vie et Milieu, Paris, 19(2A), 353-446.