Colonie blanchâtre (forme beige, grise, rose, vert d'eau)
Surface lisse d'apparence "perforée" (siphons buccaux bien visibles)
Gros siphons exhalants circulaires, saillants et régulièrement répartis
Contour de la colonie arrondi, sans zoïde
Consistance assez molle
Didemnum perforatum (Giard, 1872)
Leptoclinum perforatum Giard, 1872
Leptoclinum pseudoleptoclinum (Drasche, 1883)
Lissoclinum pseudoleptoclinum (Drasche, 1883)
Diplosoma pseudoleptoclinum Drasche, 1883
Lissoclinum argyllense Millar, 1950
Manche, Atlantique Nord-Est et Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Elle est présente sur tout le littoral français : sa répartition englobe la Manche, l'Atlantique Nord-Est, de l'Angleterre au Maroc, et la Méditerranée occidentale.
Cette espèce très commune et eurybathique* vit sur tous les substrats* durs et dans les herbiers, généralement dans des eaux peu profondes, de la surface à 150 mètres et plus. Elle a, par exemple, été observée dans la zone rocheuse de la tête du canyon de la Cassidaigne à Marseille, située entre 100 et 160 mètres de profondeur.
On l'observe aussi dans certains ports et dans les réservoirs à ballast de navires.
Ressemblant à une éponge, Lissoclinum perforatum est une ascidie coloniale encroûtante, relativement charnue, assez molle, à la surface lisse, opaque, blanchâtre et au contour arrondi. Ses siphons* buccaux sont matérialisés par de petits points noirs. Plus gros que chez les espèces du genre Didemnum, ils sont dispersés sur toute la surface hormis la marge. Les orifices exhalants communs circulaires, saillants mais non cerclés de blanc, sont régulièrement répartis. La taille des colonies est le plus souvent de 2 à 15 cm de diamètre pour une épaisseur de 0,5 à 3 cm.
La plus précise des descriptions reste celle de Fernand Lahille en 1890 sous le nom de Leptoclinum perforatum. La voici, complétée de précisions entre parenthèses :
"Les cormus* (la tunique* commune) sont d'un blanc le plus souvent jaunâtre, parfois grisâtre (beige rosé, occasionnellement jaune ou vert d'eau) sur lequel les ouvertures buccales sont nettement dessinées sous forme de petits points noirs arrondis. Les cormus sont généralement assez mous au toucher, ils ont un faciès d'éponge. Leur bord est toujours dépourvu d'animaux (absence de zoïdes* et donc de siphons buccaux sur la marge de la colonie) et les cloaques* communs sont fort visibles (légèrement saillants mais non cerclés de blanc). Leur surface est d'ordinaire entièrement lisse et on n'y remarque pas de dépressions cloacales. Quelquefois, mais rarement pourtant, les spicules* forment à la surface de petites granulations. ...
Un dernier caractère frappant de cette espèce est le suivant. Quand on cherche à détacher les cormus des supports sur lesquels ils se trouvent fixés, on les déchire et la tunique commune se divise en deux portions, comme chez les Diplosoma, une portion supérieure qui s'enlève avec la plus grande facilité et à laquelle sont attachés les animaux (individus ou zoïdes) qui pendent librement dans l'intérieur de cloaques communs très vastes, et une portion inférieure qui demeure fixée aux supports à l'aide de ses crampons d'attache. ..."
Toutes les ascidies de la famille très homogène des Didemnidés sont très difficiles à identifier avec certitude sous l'eau ou sur photo. Sachant qu'aucune colonie n'a été prélevée pour identification microscopique, toutes les photos des fiches présentant ces espèces sont à considérer comme "pouvant ressembler in situ à cela".
Didemnum maculosum est une espèce très polymorphe* qui peut prendre, pour ses formes lisses et claires, l'aspect extérieur des colonies de Lissoclium perforatum. Une fois de plus, comme c'est le cas pour tous les Didemnidés, seule une observation microscopique des spicules et des larves* peut valider une identification.
La forme blanche de Didemnum coriaceum (= Leptoclinum candidum = Didemnum candidum) dont les spicules forment à la surface de petites granulations comme chez quelques rares colonies de Lissoclinum perforatum. Dans ce cas, l'apparence extérieure des deux espèces est quasi identique : seul l'examen des spicules permet leur identification.
Lissoclinum weigelei est une espèce moins lisse, plus molle et ses siphons buccaux sont marqués de brun.
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Ils se nourrissent de petites particules, depuis les molécules en suspension jusqu’aux débris et micro-organismes animaux et végétaux.
Les zoïdes génèrent chacun un courant d’eau entrant par les orifices inhalants individuels et le filtrent pour en capturer les particules en suspension. Les déchets sont ensuite évacués par le siphon exhalant de chaque zoïde dans un cloaque commun à plusieurs d'entre eux. Ces cloaques, via un réseau de veines, débouchent à leur tour à la surface de la colonie par une large ouverture.
La reproduction peut être asexuée et sexuée.
Reproduction asexuée : formation et extension de la colonie par bourgeonnement* à partir de l’individu souche.
Reproduction sexuée : les représentants de la famille des Didemnidés sont hermaphrodites*. La fécondation est interne et le développement indirect.
Les gonades* se trouvent dans le post-abdomen où a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire commence après la formation des œufs où se passe la différenciation des organes internes de la chorde* et de la queue pour former une larve nageuse semblable à un têtard. Les larves sont libérées dans le milieu par le siphon atrial* des zoïdes. Leur vie pélagique* est très courte et elles se fixent au substrat par des papilles adhésives situées sur la tête. A partir de là commence la métamorphose* qui donnera un individu adulte.
Les cellules axiales de la queue des larves disparaissent très tôt.
La reproduction sexuelle chez cette espèce, commence dès le mois de mai.
Les ascidies coloniales de la famille des Didemnidés sont souvent parasitées par des copépodes de la famille des Notodelphyidés.
Sans doute grâce à un système de défense chimique, ces ascidies empêchent la fixation d'épibiontes* et sont capables de recouvrir (étouffer ?) de nombreuses autres espèces.
Description microscopique :
L'absence de languette cloacale est caractéristique du genre Lissoclinum, dont L. perforatum, exception faite de Lissoclinum weigelei.
L. perforatum se reconnaît très facilement à ses spicules en forme d'éventail (flabellés) : ce caractère est spécifique.
Un seul follicule mâle sur le côté droit (deux pour L. weigelei).
Détermination des Didemnidés :
Une dissection est toujours nécessaire pour une détermination fiable des ascidies. Pour les représentants de la famille des Didemnidés (Didemnidae), elle est basée sur la morphologie des larves et la forme des spicules calcaires étoilés présents le plus souvent dans la tunique. La seule observation des spicules n'est pas suffisante. Effectivement, leur forme proche d'une espèce à l'autre et leur densité parfois très variable au sein d'une même espèce rend ce critère insuffisant pour une bonne identification.
Les ascidies de la famille des Didemnidés sont caractérisées par les critères suivants :
- ascidie toujours composée (coloniale) dont les zoïdes sont inclus dans une tunique commune (cormus),
- le corps est divisé en deux parties : branchie* d'un côté (thorax) et tube digestif avec gonades* de l'autre (abdomen),
- le tube digestif est situé sous la branchie,
- la totalité des gonades est incluse dans l'anse intestinale,
- la branchie est plane sans papilles internes ni sinus longitudinaux,
- l'estomac n'a pas de diverticules hépatiques,
- il n'y a pas de vésicule rénale,
- le bourgeonnement se fait par la fusion de deux bourgeons œsophagiens (l'un est à l'origine de la branchie, l'autre de l'abdomen, voir le schéma dans la fiche Didemnum coriaceum).
Les espèces du genre Didemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- quatre rangs de stigmates*,
- spermiducte* courbé,
- 1 ou 2 testicules,
- siphon branchial à 6 lobes,
- présence de spicules calcaires (sauf exception).
Les espèces du genre Polysyncraton présentent les mêmes caractéristiques que celles du genre Didemnum, sauf :
- plus de deux testicules,
- languette bifide bien développée au siphon cloacal (le plus souvent).
Les espèces du genre Trididemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- trois rangs de stigmates,
- spermiducte courbé,
- un testicule,
- nombreuses ouvertures cloacales communes surmontées d'un tube.
Les espèces des genres Diplosoma et Lissoclinum (très proches) sont caractérisées par les critères suivants :
- spermiducte droit,
- siphon cloacal avec simple trou, sans tube ni appendice (languette). Notons que L. weigelei, une exception du genre, possède de petites languettes cloacales.
Didemne lisse perforé est une proposition du site DORIS et une traduction du nom scientifique.
Lissoclinum : du grec [liss-] = lisse, luisant et de [cline, es] = lit (couche). Donc : "couche lisse" qui s'applique parfaitement bien à Lissoclinum perforatum.
perforatum : du latin [perforatus] = troué, en référence aux ouvertures buccales semblables à de petits trous noirs.
Numéro d'entrée WoRMS : 103585
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Didemnidae | Didemnidés | Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma). |
Genre | Lissoclinum | ||
Espèce | perforatum |
Ascidie coloniale à la surface "perforée"
Les siphons inhalants dispersés à la surface nous apparaissent comme des petits trous noirs donnant un aspect perforé à la colonie. Les gros orifices correspondent aux siphons exhalants communs.
Rade de Brest (29)
15/10/2009
Forme beige clair, Bretagne Ouest
Notez la répartition régulière des siphons communs exhalants et la relative grosseur des nombreux siphons inhalants.
Rade de Brest (29)
15/10/2009
Forme grise, sur l'estran
Les marges des colonies de Lissoclium (L. perforatum comme ici ou L. weigelei) sont caractérisées par leur contour arrondi. Mais les critères d'aide basés sur l'apparence extérieure ne permettent pas de valider une identification sur simple observation subaquatique ou sur photo.
Plouezec, Bretagne Nord (22), estran
03/08/2011
Forme blanchâtre, colonie charnue
En haut à gauche, les deux gros siphons bordés de jaune appartiennent à l'ascidie solitaire Ciona intestinalis. Ce Lissoclinum perforatum a été identifié par le spécialiste Gérard Breton.
Darse de Loon-Plage (59), 5 m
06/2002
Forme beige rosé, en Manche
Lissoclinum perforatum peut se présenter sous plusieurs teintes, toujours assez claires, comme ce beige rosé ici en Manche.
Darse de Loon-Plage (59), 5 m
06/2002
A Arcachon
Belle colonie de couleur saumon recouvrant un support cylindrique.
Bassin d'Arcachon, Atlantique
29/06/2017
Forme blanchâtre, petites colonies
Comme sur toutes les photos et plus encore ici, l'identification de ces croûtes molles sous les pierres de l'estran* reste sujette à caution.
Landrellec, Bretagne Nord, estran
17/04/2011
Forme blanche (Arcachon)
Les amas de spicules sont bien visibles dans la tunique commune. Ils donnent à la colonie un aspect granuleux, poudreux à la surface.
Arcachon (33)
06/2009
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Alex VANHAELEN
Vérificateur : Wilfried BAY-NOUAILHAT
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Lafargue F., Wahl M., 1987, The didemnid ascidian fauna of France, Ann. Inst. Océanogr., 63 (1), 1-46.
Lafargue, F., 1968, Les peuplements sessiles de l'archipel de Glénan. II. Les Didemnidae. Systématique et écologie, Vie et Milieu, Paris, 19(2A), 353-446.
La page de Lissoclinum perforatum dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.