Carapace bombée, poilue, jusqu'à 6 cm de large
Carapace avec 5 dents antéro-latérales pointues, égales et dirigées vers l'avant
Couleur rouge orangé, yeux souvent rouges
Nombreux sillons poilus sur le corps et les pattes
Patte arrière aplatie terminée en palette natatoire et fouisseuse
Crabe rugueux, petite étrille, crabe volant, étrille ballant, portune petite étrille
Wrinkled swimming crab, wrinkled swimcrab (GB), Rote Schwimmkrabbe (D), Cangrejo de arrugas (E), Grancella pieghettata, granchio corrugato (I), Franquet vermell (Catalan)
Cancer corrugatus Pennant, 1777
Polybius (Necora) corrugatus (Pennant, 1777)
Macropipus corrugatus (Pennant, 1777)
Portunus corrugatus (Pennant, 1777)
Portunus strigilis Stimpson, 1858
NB. Portunus strigilis est parfois donné comme synonyme ; c'est une espèce du Pacifique Ouest distincte dont le nom valide est Liocarcinus strigilis (Stimpson, 1858).
Atlantique Nord Est, Manche, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]L'étrille fripée est uniquement présente dans l'Atlantique Est, en Méditerranée et en mer Noire. Elle est absente en Manche orientale à l'est d'une ligne Plymouth - Cherbourg et en mer du Nord. Elle est rare en Manche occidentale, elle est plus commune dans le golfe de Gascogne et sur les côtes méditerranéennes.
L'étrille fripée se rencontre habituellement dans l'étage infralittoral* où elle est commune jusqu'à 50 m de profondeur. Elle a été signalée dans l'étage circalittoral* jusqu'à la profondeur maximale de 225 m. En Europe du Nord elle se rencontre sur le sable grossier voire sur les graviers et sur le maërl ; en Méditerranée l'espèce est présente plutôt dans les herbiers de posidonies, sur le coralligène* et sur les roches.
Chez Liocarcinus corrugatus la carapace est nettement plus large que longue, modérément bombée et couverte de nombreux petits sillons transversaux délimités par des poils et des écailles. Le front est trilobé, le lobe médian triangulaire est plus prononcé que les latéraux ; la marge antéro-latérale de la carapace porte 5 dents robustes sensiblement de même longueur, pointues et courbées vers l'avant. Les pinces sont de même taille et ont des carènes* accusées ; le carpe* de cet appendice porte une forte épine triangulaire. Les pattes sont comprimées latéralement et le dactyle* forme une pointe terminale. Les pattes de la 3e paire sont plus longues que celles de la 2e ou de la 4e. Le dactyle de la dernière patte est lancéolé et sert de rame pour nager ou de pelle pour s'enfouir.
La carapace mesure le plus souvent 2 ou 3 cm, et jusqu'à environ 5 cm de long pour 6 cm de large.
En Méditerranée le corps est de couleur rose intense voire rouge sang ; en Atlantique, il est plutôt brun rouge avec des stries transversales beaucoup plus claires. La carapace des crabes observés sur le maërl peut présenter des taches jaunes ou rouges, le dessous du corps est rosé. Les yeux peuvent être rouges.
L'étrille du Pacifique Liocarcinus strigilis est quasiment identique à Liocarcinus corrugatus. Chez cette première espèce, la carapace est couverte de poils courts et présente de nombreuses petites lignes transversales claires ; les 5 dents du bord antérieur de la carapace sont pointues et dirigées vers l'avant. Les dents frontales sont arrondies. Elle est présente dans le Pacifique occidental, de la Nouvelle-Zélande au Japon. Sa présence est possible en Nouvelle-Calédonie.
En Europe, l'étrille Necora puber est l'espèce la plus proche de L. corrugatus. Sa coloration est brun-violet et ses yeux sont très rouges. Sa carapace est veloutée, son front porte une dizaine de toutes petites dents. Elle vit sur les fonds rocheux couverts d'algues.
En France métropolitaine, il y a une dizaine d'espèces assez semblables dans la même famille des Polybiidés. Ces "crabes nageurs" (en réalité fouisseurs) sont de taille petite à moyenne, vivent à faible profondeur, s'ensablent souvent dans la journée et sont principalement visibles en plongée la nuit.
Chez le crabe nageur de Bolivar Liocarcinus bolivari, la carapace a des lignes transversales rugueuses ; la 5e dent du bord antéro-latéral est à peu près de la même longueur que les autres ; les dents frontales ne sont pas très pointues et sont peu saillantes, l'espace les séparant étant peu profond. Petite taille (largeur de la carapace inférieure à 2 cm). En Méditerranée seulement, jusqu'à 60 m de profondeur.
Chez l'étrille à pattes bleues Liocarcinus depurator, la carapace a des lignes transversales rugueuses ; la 5e dent du bord antéro-latéral est à peu près de même longueur que les autres. Les dents frontales sont très pointues, la médiane étant aussi haute que large à la base ; elles sont séparées par un espace profond (équivalent à un arc de 1/2 cercle). Ce crabe est assez grand, la largeur de la carapace peut dépasser 5 cm. Il est commun dans toute l'Europe jusqu'à 200 m de profondeur.
Chez l'étrille d'eau froide Liocarcinus holsatus, la carapace est lisse et glabre, sans grosses granulations. Les dents frontales sont très pointues, la dent du milieu étant toujours la plus longue avec un espace profond de part et d'autre. Gris-bleu à brun pâle uniforme ou à marbrures peu contrastées. Ce crabe est assez grand, la largeur de la carapace peut dépasser 5 cm. La longueur de la carapace peut atteindre 39 mm. Il est présent sur toutes les côtes atlantiques européennes ; il est absent de Méditerranée.
Chez le crabe nageur moucheté Liocarcinus maculatus, la carapace est assez rugueuse. Il est de couleur sable ; assez petit, la largeur de sa carapace atteint 1,5 cm. Il est présent dans toute la Méditerranée, jusqu'à 50 m de profondeur.
Chez le crabe nageur marbré Liocarcinus marmoreus, la carapace est brillante et lisse, sans grosses granulations. Les dents frontales sont arrondies. Il est de couleur sable avec des marbrures sombres très contrastées. Ce crabe est moyennement grand, la largeur de la carapace pouvant dépasser 4 cm. Il est présent sur toutes les côtes atlantiques européennes jusqu'à 100 m de profondeur mais ne s'observe habituellement pas sur les plages ; il est absent de Méditerranée (attention aux confusions possibles avec L. vernalis).
Chez l'étrille arquée de l'Atlantique Liocarcinus navigator et chez l'étrille arquée de Méditerranée Liocarcinus rondeletii, espèces distinguées récemment, le front est lisse, sans dents ni lobe. Le carpe des pinces présente une tache rouge-orangé sur sa face interne. Ils sont de petite taille, la largeur de la carapace atteignant au plus 3,5 cm. On les rencontre en Atlantique jusqu'à 40 m de profondeur (L. navigator) et jusqu'à 100 m en Méditerranée (L. rondeletti).
Chez l'étrille cendrée Liocarcinus vernalis, la carapace est finement granuleuse et couverte de poils courts. Les dents frontales sont peu saillantes, celle du milieu étant aussi longue ou plus courte et plus étroite que les deux autres. Ce crabe est de taille moyenne, la largeur de la carapace atteignant 4 cm au plus. Il est blanc-gris pâle avec des dessins contrastés. On le trouve dans toute la Méditerranée ; il remonte en Atlantique jusqu'au golfe de Gascogne et s'observe jusqu'à 35 m de profondeur.
Chez le crabe nageur nain Liocarcinus pusillus, comme chez le crabe nageur de Zariquiey Liocarcinus zariquieyi, le front dépasse largement la ligne des orbites ; chez L. pusillus les dents antéro-latérales de la carapace ne sont pas émoussées et la 5e dent n'est pas plus petite que la 4e. Il est présent sur les côtes européennes de l'Atlantique Nord-Est. Chez L. zariquieyi les dents antéro-latérales de la carapace sont toutes émoussées et la 5e dent est plus petite que la 4e. On peut l'observer dans toute la Méditerranée et en Atlantique jusqu'au sud de l'Angleterre.
Enfin, il convient de mentionner dans des genres voisins présents en Europe d'une part le crabe sardine Polybius henslowii qui nage en banc au large et attaque les maquereaux et sardines dans l'océan, et d'autre part la discrète étrille élégante Portumnus latipes qui s'ensable en bas d'estran* des plages de sable fin. L'espèce Bathynectes longipes peut également être mentionnée ici en raison d'une certaine ressemblance avec les espèces ci-dessus.
Il existe peu de données sur l'alimentation de cette espèce. Elle pourrait être omnivore opportuniste et se nourrir de petite faune vagile*.
L'espèce est gonochorique*. Des femelles ovigères* se rencontrent en été en Atlantique (en zone nord de distribution) et en hiver en Méditerranée (zone sud de distribution). Le développement larvaire* complet comprend 5 ou 6 stades zoé* et il est suivi d'une mégalope*.
Les larves* sont victimes des espèces planctonophages*. Les juvéniles et les adultes sont la proie de différents prédateurs : des poissons de fond cartilagineux comme l'ange de mer commun Squatina squatina, l'émissole lisse Mustelus mustelus ou la raie bouclée Raja clavata, des téléostéens comme la mostelle de roche Phycis phycis, la coquette Labrus mixtus, le mérou brun Epinephelus marginatus, le grondin rouge Chelidonichthys cuculus, le grondin morrude Chelidonichthys obscurus, la grande vive Trachinus draco, la rascasse brune Scorpaena porcus, ou des céphalopodes comme le poulpe commun Octopus vulgaris ou la seiche Sepia officinalis.
Plusieurs parasites ont été décrits chez L. corrugatus comme la sacculine du crabe Sacculina carcini, des sporozoaires (grégarines) comme Nematopsis ormieresi et Aggregata eberthi et le cilié apostome Synophrya hypertrophica. Enfin, la maladie des nécroses noires est également connue chez l'espèce.
L'espèce est capable de s'enfouir assez rapidement à reculons dans le sédiment sableux en se servant de ses pattes arrière comme de pelles.
L'espèce est parfois capturée lors des chalutages côtiers ou dans les trémails et cause parfois des dommages aux filets des pêcheurs ; elle est comestible mais peu utilisée et sans intérêt commercial particulier. Elle est parfois présentée en aquariologie. Elle ne semble pas particulièrement menacée.
Étrille = nom d'une espèce voisine,
fripée = en lien avec les rides sur la carapace.
Liocarcinus : du grec [Leio] = rendre plus lisse et [Karkinos] = crabe. En effet, la plupart des crabes de ce genre ont la carapace assez lisse.
corrugatus vient du latin corrūgo [cum + rugo] = rider, froncer. En référence aux rides transversales sur la carapace. Donc Liocarcinus corrugatus = "crabe ridé".
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Brachyura | Brachyoures | Les brachyoures ont un abdomen réduit replié sous le céphalothorax. Ils sont représentés par les crabes et les araignées de mer. |
Famille | Polybiidae | Polybiidés | Bord antéro-latéral de la carapace avec le plus souvent 5 dents (dent orbitaire externe comprise) ; front avec le plus souvent 3 dents ou lobes ; carapace hexagonale à peine plus large que longue ; dernière paire de pattes aplatie adaptée à la nage et à l'enfouissement. (valable pour les genres Bathynectes, Liocarcinus, Macropipus, Necora, Ovalipes, Parathranites, Polybius, Raymanninus...) |
Genre | Liocarcinus | ||
Espèce | corrugatus |
Vue dorsale ex situ d'un adulte
Noter la couleur rose-rouge, les stries transversales plus claires sur la carapace et les pattes arrière aplaties servant à la nage et à l'enfouissement.
Lagune de Bizerte, Tunisie, 6 m
26/07/2014
Vue dorsale in natura d'un adulte
Noter la couleur générale brun-rose et la troisième patte un peu plus longue que les autres.
Méjean, Côte Bleue (13), 10 m
10/08/2012
Juvénile
La taille relativement grande des yeux et la feuille de posidonie qui donne l'échelle indique que ce spécimen est un jeune crabe.
La Ciotat (13), 10 m de nuit
11/08/2015
Très jeune crabe
Sur le maërl, le sable coquillier ou le détritique côtier, les jeunes crabes peuvent avoir des colorations un peu différentes de celles des adultes. Noter ici les petites taches rouges.
Agay (83), 4 m
14/08/2011
De face
Noter la carapace légèrement bombée en son centre.
Agay (83), 4 m
14/08/2011
Vue latérale
Sur la grosse pince en avant-plan, on distingue sur le carpe (gros article du milieu) une grosse épine pointue.
Marseille, 8 m de nuit
25/08/2016
Promenade nuptiale
Avant la copulation, le mâle (au-dessus) promène "sa" femelle (en dessous) entre ses pattes, en attendant la mue de cette dernière qui permettra l'accouplement. Ici, le couple se cache entre les rhizomes des posidonies.
Port Cros (83), 15 m
07/07/2011
Dessin en vue dorsale
Ce dessin permet de mieux discerner certains caractères morphologiques essentiels à la reconnaissance de l'espèce comme les 5 dents antéro-latérales pointues et dirigées vers l'avant (flèche), le front constitué de 3 lobes arrondis (entre les yeux), la carapace poilue et striée transversalement.
N.H. (in K. E. Carpenter& N. De Angelis eds., FAO)
Reproduction de documents anciens
2014
Dessin ancien
Schéma montrant les stries transversales poilues de la carapace et des pattes.
Dessin in Pesta
Reproduction de documents anciens
1948
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Livory A., 1997, Crabes de la Manche: le point des connaissances, L'Argiope, 18-19 (automne 1997-hiver 1998), 18-64.
Manning R. B., Holthuis L. B., 1981, West African Brachyuran crabs (Crustacea: Decapoda), Smithsonian Contributions to Zoology, Washington, 306, i-xii + 1-379.
Monod T., 1956, Hippidea et Brachyura ouest-africains, Mémoires de l'Institut fondamental d'Afrique noire, IFAN, Dakar, 45, 1-674.
Neves A. M., 1990, On a small collection of Crustacea Decapoda from Sagres (Algarve), Arquivos do Museu Bocage, nova série, 1(45), 661-695.
Noël P., 2016, L'étrille frippée Liocarcinus corrugatus (Pennant, 1777), in Muséum national d'Histoire naturelle [Ed.], 13 septembre 2016. Inventaire national du Patrimoine naturel, pp. 1-13, site web http://inpn.mnhn.fr
La page de Liocarcinus corrugatus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN