Petite coquille (jusqu'à 6 mm de long) très solide, blanchâtre
Spire courte, coquille avec 5-6 tours de spire
Ouverture en forme d'oreille avec deux plis sur la columelle mais sans excroissances ni denticules sur la lèvre externe
Animal blanc avec des yeux noirs à la base des tentacules courts et aplatis
Face ventrale du pied divisé par un sillon transversal antérieur
Two-toothed white snail (GB), Zweizahn-Küstenschnecke (D), Wit muizeoortjewit, muizenoortje, wit muizenoortje (NL)
Voluta bidentata Montagu, 1808
Alexia bidentata (Montagu, 1808)
Auriculinella bidentata (Montagu, 1808)
Voluta alba W. Turton, 1819
Auricula erosa Jeffreys, 1830
Auricula micheli Mittre, 1841
Ovatella micheli (Mittre, 1841)
Alexia (Leuconia) micheli (Mittre, 1841)
Auricula bivonae Philippi, 1844
Alexia paivana Pfeiffer, 1866
Alexia kobelti Caruana, 1890
Atlantique Nord-Est et Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Leucophytia bidentata est présente aux Pays-Bas (avec une observation plus au nord sur l’île d’Heligoland en Allemagne), en Irlande, sur les côtes méridionales de la Grande-Bretagne jusqu'à l’Espagne (archipel des Canaries compris) et au Portugal et les archipels de Madère et des Açores. Elle est également présente en Méditerranée, dans le nord du bassin occidental (de l'Espagne à la Sicile) et dans le bassin oriental (de la Tunisie à l'ouest de la Turquie).
Cette espèce de gastéropode aquatique vit principalement hors de l’eau (elle est donc amphibie), en haut de l’estran* (partie haute du médiolittoral* et dans le supralittoral*). Elle préfère les zones abritées rocheuses dans les crevasses et les fissures, voire sous les pierres ensablées ou sous des débris végétaux.
Cette espèce évite la lumière et est très active dans un environnement humide. Elle peut tolérer des salinités plus élevées que Myosotella myosotis.
Leucophytia bidentata possède une petite coquille blanche (parfois roux très clair) brillante, opaque, assez solide. De forme ovoïde ou fusiforme, elle peut mesurer jusqu’à 6 mm de longueur pour 3 à 3,5 mm de largeur avec 5 à 6 tours à peine convexes. De fines stries longitudinales sont visibles au-dessous de la suture*. L’ouverture est ovalaire, étroite, aiguë en haut, arrondie en bas. Elle mesure entre la moitié ou les deux-tiers de la hauteur totale. Le péristome* est simple. Le bord columellaire* présente deux plis blancs bien développés en forme de dent. Celui près de la base est petit, l’autre est plus marqué. Il n’y a pas d’ombilic*.
L’animal est blanc translucide. Les tentacules* à base renflée sont courts et aplatis. Vus de dessus, ils ont un contour triangulaire. Les yeux noirs sont situés derrière la base des tentacules. En avant de la tête, il y a 2 lobes arrondis. Le pied tronqué à l’avant est, sur sa face ventrale, divisé à son tiers antérieur par un sillon transversal.
Myosotella myosotis : cette espèce est présente dans la partie haute des estrans* (supralittoral*) rocheux ou vaseux des baies abritées et des estuaires, dans les zones herbeuses des prés-salés sur la côte. On la trouve sur la boue entre les plantes, sous du bois flotté, des pierres ou des algues échouées. Elle possède une coquille ovale de 7 à 8 tours et est longue de 8 à 12 mm, d’une couleur brun fauve plus ou moins foncé. Son ouverture présente trois plis (voire plus) du côté de la columelle. Le bord externe (péristome*) peut porter des dents (il s’agit alors de Myosotella denticulata).
L’animal est beige à gris, les tentacules sont plus longs avec les yeux noirs disposés entre les bases des tentacules. Il n’y a pas de sillon transversal sur la face inférieure du pied.
Ce mollusque se nourrit de débris végétaux et autres débris organiques ainsi que de diatomées* accumulées par les embruns (éclaboussures des vagues).
Comme les autres Ellobiidés, Leucophytia bidentata est hermaphrodite* protandre*. La maturité sexuelle est atteinte à la fin de la deuxième année. La reproduction se déroule en deux phases, d’abord une production de sperme* d’août à décembre (les spermatozoïdes* sont stockés dans une structure spécialisée), puis l’ovogenèse* s’effectue de janvier à juin. La copulation n’a pas été encore observée mais la fécondation est certainement croisée. La ponte a lieu de mai à septembre. Chaque œuf (de 0,6 à 0,7 mm de diamètre) est contenu dans une capsule ovoïde. Les capsules sont collées en une masse irrégulière d’environ 4 mm de diamètre contenant 18 à 24 capsules, dans les fissures et crevasses des rochers. Plusieurs individus pondent ensemble. Le développement est direct (la larve* dans l’œuf possède une coquille embryonnaire*, un vélum* et un opercule*). Les juvéniles éclosent après 14 à 16 jours de développement. Ils sont identiques aux parents mais de petite taille. L’opercule tranchant fin et corné aide à l’éclosion puis il est perdu.
Les niveaux supérieur et moyen de l'estran abritent selon les endroits une population dense de balanes, parmi lesquelles Chthamalus stellatus domine. Les coquilles de balanes vides et les petits creux et fissures abondants abritent une population de mollusques gastéropodes dont l'ellobie blanche, et notamment Otina ovata, Melarhaphe neritoides, Cingula trifasciata et d'abondants jeunes de Littorina saxatilis. La faune associée comprend aussi le collembole Anurida maritima, l'isopode Campecopea hirsuta, l'amphipode Orchestia gammarellus et le petit bivalve Lasaea rubra ainsi que des acariens (Hydrogamasus spp.).
Cette espèce peut être immergée, mais elle possède un poumon (elle appartient au super-ordre des Eupulmontata = vrai poumon). Ce poumon est formé par la cavité palléale* richement vascularisée qui lui permet ainsi d'utiliser le dioxygène atmosphérique. Elle ne possède pas de branchie.
Cette espèce est caractéristique de l'habitat Biocénose des laisses à dessiccation lente en contact avec les salicornes du supralittoral méditerranéen.
Cette espèce a un développement direct et donc pas de phase larvaire* planctonique* qui permettrait une large dissémination. Ainsi elle ne peut pas coloniser des sites éloignés. Le mécanisme de dispersion pourrait s’effectuer par flottage ou par zoochorie* (dissémination par l’intermédiaire d’un animal). Dans ce cas les oiseaux s’alimentant dans le milieu de vie de Leucophytia bidentata pourraient participer à cette dissémination comme le tournepierre à collier Arenaria interpres, le pipit maritime Anthus petrosus, l'huitrier pie Haematopus ostralegus, le courlis cendré Numenius arquata et le goëland argenté Larus argentatus.
Aux Pays-Bas, Leucophytia bidentata a été observée en de nombreux endroits dans les années soixante. Une recherche entre 2000 et 2015 dans ces mêmes endroits a montré une importante disparition de cette espèce clairement liée aux travaux de défense côtière contre la submersion, à l'origine du remplacement de l’eau de mer par de l’eau douce et donc la destruction de son habitat.
Cette espèce est classée par l’UICN* (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) dans la catégorie Least concern (soit L.C.). Cette catégorie comprend les espèces qui ne sont pas menacées à l’heure actuelle. Les autres catégories sont : en danger critique, en danger, vulnérable ou quasi menacée.
Ellobie blanche, cette espèce appartient à la famille des Ellobiidés et elle est de couleur blanche.
Leucophytia : ce nom de genre créé par Winckworth en 1949, du grec [leuco] = blanc et de Phytia, ce dernier est un nom de genre de mollusques gastéropodes pulmonés. Phytia est une erreur de transcription par Gray (1800-1875) du nom de genre Pythia créé par Röding en 1798 sans explication (on trouve également Phitia et Phythya par d'autres auteurs). Toutefois Pythia est le nom grec de la Pythie (l'oracle du temple d'Apollon à Delphes).
bidentata : du latin [bi] = deux et du latin [dentata] = denté, donc à deux dents. Montagu qui a donné ce nom d’espèce en 1808 n’a pas donné d’explication. Mais les deux reliefs présents sur la columelle correspondent aux deux dents.
Ellobiidé : ce nom de famille est dérivé du nom de genre Ellobium créé par Röding en 1798 (sans explication). Ellobium vient du grec [ellobion] = boucle d’oreille.
Numéro d'entrée WoRMS : 153949
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Eupulmonata | Taxon qui inclut les "vrais pulmonés". Groupe à coquille spiralée, souvent modifiée ou absente. Yeux à la base des tentacules. Orifice respiratoire contractile sur le côté du corps. Pas d’osphradie ni de branchie vestigiale dans la cavité palléale. Animaux principalement terrestres |
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Ordre | Ellobiida | ||
Famille | Ellobiidae | Ellobiidés | Les Ellobiidés sont des gastéropodes pulmonés primitifs qui sont caractéristiques de la faune des mollusques des zones supralittorales des mangroves des régions tropicales et des marais salants des régions tempérées. |
Genre | Leucophytia | ||
Espèce | bidentata |
Un groupe de Leucophytia bidentata
Ces individus actifs sont blanc translucide et leurs tentacules sont courts.
Penvénan (22)
24/11/2019
Un individu de Leucophytia bidentata vu du côté gauche.
Sur cet individu en déplacement l’œil noir en arrière du court tentacule est bien visible.
Saint-Jacut-de-la-mer (22)
21/07/2011
Vue du côté de l'ouverture de la coquille de Leucophytia bidentata
L'animal est rétracté dans sa coquille dont l'apex est émoussé. La lèvre externe de l'ouverture est lisse.
Saint-Jacut-de-la-mer (22)
21/07/2011
Un individu de Leucophytia bidentata vu de dessus.
Les tentacules sont courts et leur base triangulaire.
Trébeurden (22)
19/03/2013
En Belgique
Sous une pierre, ces ellobies blanches étaient en compagnie (absents sur la photographie présentée) d'un némerte Emplectonema gracile et deux espèces de collemboles ainsi que des amphipodes. Sur les pierres il y avait l’huître japonaise Magallana gigas, la moule commune Mytilus edulis et la balane Austrominius modestus. Aux alentours Carcinus maenas et Hemigrapsus sanguineus étaient visibles.
Le long du môle oriental du port de Zeebrugge, Baie de Heist (commune de Knokke-Heist, Belgique).
Emmanuel DUMOULIN
Ward LANGERAERT
16/09/2016
A peu de distance de la précédente
Sous une pierre avec des balanes mortes et en haut à droite on devine le plathelminthe Leptoplana tremellaris.
Le long du môle oriental du port de Zeebrugge, Baie de Heist (commune de Knokke-Heist, Belgique).
Ward LANGERAERT
Emmanuel DUMOULIN
16/09/2016
Quelques Ellobiidés pour permettre une comparaison.
De gauche à droite : Myosotella myosotis adulte, Myosotella myosotis juvénile avec la couronne de "poils" sous la suture, Myosotella denticulata avec la lèvre externe de l'ouverture garnie de dents, puis Leucophytia bidentata.
Document réalisé à partir des figures 595, 596, 597 et 599 de la page 562 de: Germain, L. 1931. Mollusques terrestres et fluviatiles (deuxième partie). Faune de France 22. P. Lechevalier éd. Paris. 895p., 15 pl.
Reproduction de documents anciens
1931
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Yves MÜLLER
Barnes R.S.K., 2005, THE BRACKISH-WATER FAUNA OF NORTHWESTERN EUROPE AN IDENTIFICATION GUIDE TO BRACKISH-WATER HABITATS, ECOLOGY AND MACROFAUNA FOR A FIELD WORKERS, NATURALISTS AND STUDENTS, Cambridge University Press, 287p.
Dumoulin E., 1988, Overzicht van de brakwatermollusken van België, in "Invertébrés de Belgique" Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, Bruxelles, 87-94.
Dumoulin E., Anthierens A., 2014, Een oud vermoeden bevestigd : het wit muizenoortje Auriculinella bidentata (Montagu, 1808) levend in Het Zwin (Cadzand-Bad, Nederland), De Strandvlo, 34,110-122.
Dumoulin E., Langeraert W., 2017, Een populatie van het wit muizenoortje Auriculinella bidentata (Montagu, 1808) en één vers aangespoeld leeg huisje van het meertandig muizenoortje Myosotella denticulata (Montagu, 1803) in de Baai van Heist, De Strandvlo, 37(2), 83-104.
Eggers T.O., Förster S., 1999, Lebendfund von Leucophytia bidentata (MONTAGU 1808) (Pulmonata: Ellobiidae) bei Helgoland, Schriften zur Malakozoologie, 13, 1-2.
Faasse M., 2018, Een halve eeuw achteruitgang van het Wit muizeoortje Auriculinella bidentata (Montagu, 1808) in Nederland, Spirula, 403, 11-12.
Hartog C. den, 1962, De verspreiding van het slakje Leucophytia bidentata in het Deltagebied van Rijn, Maas en Schelde, Basteria, 26(1-2), 17 -24.
Jeffreys J.G., 1869, BRITISH CONCHOLOGY OR AN ACCOUNT OF THE MOLLUSCA WHICH NOW INHABIT THE BRITISH ISLES AND THE SURROUNDING AREAS VOLUME V AND NAKED MOLLUSCA TO THE END OF THE GASTROPODA, THE PTEROPODA, AND CEPHALOPODA. WITH A SUPPLEMENT AND OTHER MATTER CONCLUDING THE WORK+ VIII pl & CII pl., John van Voorst, Paternoster Row, London, UK, 258 p.
Metz H., Vogel E. F. de, Wolff W. J, 1960, Enige nieuwe waarnemingen van Leucophytia bidentata (Montagu, 1808) in Zeeland, Basteria, 24(4-5), 75-76.
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Morton J. E., 1955, The Functional Morphology of the British Ellobiidae (Gastropoda Pulmonata) with Special Reference to the Digestive and Reproductive Systems, Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 239(661), 89–160.
La page de Leucophytia bidentata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN