Comatule de couleur verte
10 bras (8-13) fragiles à l’aspect plumeux
Petit corps central en forme de cône
Accroché au fond vaseux par de longs cirres
Très rarement aperçu en plongée
Feather-star (GB), Giglio di mare (I), Comátula (E), Haarstern (D), Haarster (NL)
Alecto phalangium J. Müller, 1841
Antedon phalangium (Müller, 1841)
Comatula phalangium (Müller, 1841)
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cette espèce est endémique* de Méditerranée, elle est principalement présente dans le bassin occidental.
Leptometra phalangium vit accrochée sur des fonds vaseux à plus de 60 m et jusqu’à 1300 m, elle est essentiellement présente de 200 à 600 m. Les observations moins profondes illustrant la fiche sont exceptionnelles, sans doute accidentelles.
Cette comatule peut atteindre des concentrations importantes en termes de biomasse et de nombre (> 30-50 individus/m²) sur le rebord du plateau continental (120 à 180 m) caractérisé par des sédiments détritiques boueux. On parle ici de biocénoses du Détritique du Large (DL) ou de "faciès à Leptometra phalangium". A ce faciès est associé, plus qu'ailleurs sur le plateau continental, un grand nombre d'espèces profondes (environ 80 répertoriées). Parmi les poissons qui fréquentent cette zone on trouve le merlu Merluccius merluccius, le capelan de Méditerranée Trisopterus capelanus, la bécasse de mer Macroramphosus scolopax, le capelan du large ou argentine Argentina sphyraena et l'encornet rouge (calmar) Illex coindetii pour les céphalopodes, la crevette rose du large Parapenaeus longirostris chez les crustacés. Cette biocénose particulièrement riche en espèces à haute valeur commerciale explique l'excès de chalutage dans ces zones et malheureusement sa destruction.
Leptometra phalangium est une comatule (ou un crinoïde) présentant l'aspect d'un fin panache plumeux à l'instar de l'espèce commune Antedon mediterranea en Méditerranée. De couleur verte, ses bras sont plus minces et les pinnules* (petites ramifications latérales) moins nombreuses que chez A. mediterranea. Le diamètre hors tout va de 15 à 25 cm.
Cette comatule possède un nombre de bras compris entre 8 et 13 et le plus souvent a 10 bras.
Ces bras sont formés d'articles successifs dont chacun fournit une pinnule latérale dans laquelle se développent les organes génitaux.
Les longs et fins cirres* mesurent de 25 à 45 mm, ils sont formés de plus de 30 segments ou cirrales. Peu arqués, ils ne recouvrent pas la plaque centro-dorsale. Les cirrales s'allongent au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'insertion, ceux placés à l'extrémité distale des cirres sont 2 à 3 fois plus longs que larges.
Le corps proprement dit est petit et a la forme d'un cône (calice*). Le sommet arrondi du cône est limité par une plaque centro-dorsale portant les cirres. La plaque centro-dorsale est de forme conique à sub-sphérique, elle est orientée vers le substrat. A l'opposé et donc orientée vers le haut se trouve la face ventrale, elle est couverte par une membrane percée par la bouche en son centre et l'anus excentrique porté par un tube saillant.
Fixé dans son jeune âge, l'individu est libre à l'état adulte. Cette comatule est le plus souvent ancrée dans la vase, accrochée par ses cirres, mais elle peut se déplacer par reptation* sur ces mêmes cirres ou en s’aidant de ses bras. Elle peut se déplacer également (dans le cas d'une fuite par exemple) en nageant, vers le haut ou vers le bas, par des battements des bras.
Antedon mediterranea est très semblable mais plus petite, plus touffue, plus colorée et est rencontrée par petit fond : abondante principalement de 15 à 40 m (450 m au maximum), ce sera l'espèce très majoritairement observée en plongée en Méditerranée française.
Hors zone de distribution de L. phalangium, dans l'Atlantique Nord-Est et en Manche, Leptometra celtica (Mac Andrew et Barett 1857), est une espèce ressemblante.
Remarque : les crinoïdes fixés (lys de mer) ne se rencontrent pas en Méditerranée.
Animal consommateur microphage* omnivore qui capture par filtration avec ses bras (longs, ramifiés, pennés et mobiles) de minuscules proies en suspension (micro-organismes planctoniques* et particules organiques d'origine animale et végétale) : on le qualifie de suspensivore*. Des gouttières ciliées le long de chaque bras amènent les prises jusqu'à la bouche située au centre de la face orale, elle-même orientée à l’opposé du substrat. Les comatules se tiennent perpendiculairement au courant et sont surtout actives la nuit.
C’est un animal ovipare* (qui pond des œufs) à sexes séparés (des individus mâles et des individus femelles). Il n’y a pas de différenciation externe visible entre les deux sexes.
La fécondation est externe (libération des gamètes* mâles dans l’eau). Les œufs sont conservés à la base des pinnules, jusqu’à l’éclosion, par les individus femelles.
Les larves* sont pélagiques* pendant quelques heures à quelques jours (entraînées en pleine eau par les courants) puis elles se fixent dans un premier temps (quelques mois), sur le substrat par un pédoncule (stade « pentacrine » où l’animal mesure quelques mm), avant le passage à une vie libre où les comatules perdront ce pédoncule. Au stade fixé, les comatules ressemblent à des lys de mer, il s’agit d’un caractère ancestral du point de vue de l’évolution.
De nombreux parasites cohabitent sur les comatules. Une petite crevette Hippolyte leptometrae vit spécifiquement sur Leptometra phalangium, alors que c'est une autre espèce Hippolyte prideauxiana qui s'associe à Antedon mediterranea.
Comme tous les échinodermes, la comatule profonde de Méditerranée Leptometra phalangium présente une symétrie radiaire d’ordre 5, mais chacun des 5 bras naissant du disque central se divise immédiatement en deux bras identiques. Ainsi nous comptons le plus souvent 10 bras visibles.
La respiration se fait directement à travers la peau (respiration podiale).
Les bras fragiles, et donc souvent brisés, ont le pouvoir de se régénérer rapidement.
Contrairement aux autres échinodermes, la plaque madréporique* est absente, et de nombreux pores aquifères sont présents sur la face orale.
Comatule : du latin [comatula], de [coma] = chevelure.
Leptometra : du grec [leptos] = frêle, délicat et de [metr-] = mère (le disque).
phalangium : du latin [phalangium], fait du grec [phalaggion], qui signifie une espèce d'araignée dangereuse, et aussi la plante qui se traduit en français en phalangère : genre de la famille des Liliacées qui sont des plantes à bulbe et à feuilles planes comme, par exemple, Simethis planifolia et dont le port a l'aspect étalé de cette comatule.
Les anciens utilisaient cette plante pour guérir les morsures de cette araignée ; et c'est sans doute pour cela qu'ils ont donné à la plante le nom de l'insecte.
Pour être complet, il faut signaler que le mot grec [Phalaggion] est dérivé de [phalagx] qui signifie phalange (os des doigts), parce que les pattes de cette araignée ont, comme les doigts, trois articulations.
Numéro d'entrée WoRMS : 124226
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Crinozoa | Crinozoaires | Echinodermes présentant, au minimum au stade larvaire, un pédoncule les fixant au substrat. Les formes adultes libres savent nager. |
Classe | Crinoidea | Crinoïdes | Corps en forme de calice, 5 bras primaires bien définis et des bras terminaux longs et ramifiés. Certaines espèces sont fixées par un pédoncule articulé, d'autres sont libres et nageuses. |
Sous-classe | Articulata | Articulés | |
Ordre | Comatulida | Comatulides | Seul ordre actuel, comprend 2 sous-ordres, l’un avec des organismes fixés, l’autre avec des organismes non fixés. |
Sous-ordre | Macrophreata | Macrophréates | Comatulides non fixés (libres et nageurs). Bouche centrale, anus excentré. |
Famille | Antedonidae | Antédonidés | Environ 10 cm, bras fragiles, nagent assez vite, mais pas longtemps. |
Genre | Leptometra | ||
Espèce | phalangium |
Comatule des grands fonds
Il est exceptionnel de pouvoir observer à cette profondeur (45 m) cette espèce habituellement présente en grand nombre dans le Détritique du Large (bathyal*) sur les têtes de canyons par 100 à 200 m de fond. Ici, sans doute s'agit-il d'une remontée accidentelle ou rare dans le circa-littoral.
La Fourmigue, Antibes (06), 45 m
15/08/2006
Comatule aux longs bras grêles
Les bras fins et longs, la couleur verdâtre et la taille (ici plus de 20 cm de diamètre) permettent de différencier Leptometra phalangium de Antedon mediterranea.
La Fourmigue, Antibes (06), 45 m
15/08/2006
Couleur verte
La couleur verdâtre est caractéristique de Leptometra phalangium.
Le Rascoui, Antibes (06), 40 m
12/08/2007
Cirres et pinnules
Les petites ramifications latérales sur les longs bras sont appelées pinnules*, elles sont peu denses.
Les cirres sont longs et filiformes, on peut observer, sur la gauche, que chaque article ou cirrale est plus long que large chez L. phalangium.
Le Rascoui, Antibes (06), 40 m
12/08/2007
Face dorsale à l'envers
Cette photo nous montre le "dessous" de la comatule, mais il s'agit bien, du point de vue anatomique, de la face dorsale !
Le Rascoui, Antibes (06), 40 m
12/08/2007
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Frédéric BAUS
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Noël P.Y., 1983, Hippolyte leptometrae en mer catalane (Crustacea, Caridea), Vie et milieu, 33, 37-40.
La page de Leptometra phalangium dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN