Forme ovale, une fois et demie plus long que large
Couleurs et motifs extrêmement variables, gris cendre ou vert olive le plus souvent
Carène médiane prononcée, profil arqué
24 mm maximum, ceinture marginale étroite marbrée de vert
Chiton gris
Grey chiton (GB), Chitone grigio (I), Chiton gris (E), Graue Käferschnecke (D), Asgrauwe keverslak (NL)
Lepidochitona cinereus (Linnaeus, 1767)
Lepidochiton cinereus (Linnaeus, 1767)
Boreochiton cinereus (Linnaeus, 1767)
Chiton cinereus Linnaeus, 1767
Craspedochiton cinereus (Linnaeus, 1767)
Ischnochiton cinereus (Linnaeus, 1767)
Lepidopleurus cinereus (Linnaeus, 1767)
Tomochiton cinereus (Linnaeus, 1767)
Trachydermon cinereus (Linnaeus, 1767)
Chiton marginatus Pennant, 1777
Chiton fuscatus Brown, 1827
Chiton quinquivalvis Brown, 1827
Chiton variegatus Philippi, 1836
Lepidopleurus carinatus Leach, 1852
Toutes les côtes européennes
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Lepidochitona cinerea est l'espèce de chiton la plus communément observée sur l'ensemble du littoral européen, depuis les côtes scandinaves au nord jusqu'aux côtes portugaises et à la Méditerranée au sud.
Le chiton cendré affectionne le domaine intertidal et plus particulièrement les zones battues par le ressac. On l'observera dans les eaux superficielles, jusqu'à quelques mètres de profondeur maximum. Cet animal vit exclusivement collé au substrat rocheux. Photophobe, et sa résistance à la dessication à marée basse étant limitée, on le trouvera presque toujours collé sur la face inférieure des pierres. Exposé au soleil, le chiton recherchera l'ombre pour se protéger. Immergé, il se déplace en rampant lentement sur les rochers à la recherche de nourriture.
Lepidochitona cinerea est un petit chiton dont la taille peut atteindre vingt-quatre millimètres. De forme ovale, il est environ une fois et demie plus long que large. Chaque plaque est, en son centre, crochue vers l'arrière. Ces petits becs sont bien marqués, la carène médiane est prononcée, conférant aux plaques un profil arqué.
Les valves sont finement granuleuses, presque lisses. La granulation est un peu plus prononcée sur le bord des plaques, près de la ceinture. Le plus souvent, ces plaques sont gris cendré ou vert olive, mais il est intéressant d'observer une palette de teintes et de motifs extrêmement variables et de ce fait difficilement descriptibles !
La ceinture marginale, étroite, est blanc crème et marbrée de motifs vert foncé, souvent disposés sous formes de bandes radiales, mais parfois aussi de manière plus aléatoire.
A la loupe binoculaire : Le bord des plaques porte des stries de croissance marquées. La valve antérieure (tête) porte 8 à 9 encoches ventrales, les plaques intermédiaires (II à VII) en portent une seule, latérale (rarement 2). La ceinture périphérique est couverte de petits granules arrondis, et est frangée de minuscules épines fusiformes.
Généralités :
Il existe de nombreuses espèces de chitons sur les côtes françaises. Les différencier est souvent affaire de spécialistes. Ces animaux présentent tous la même forme ovale, et la couleur et les motifs ne peuvent, presque toujours, pas être pris en compte comme critères d'identification.
Quelques clés peuvent cependant permettre de cibler :
- La taille du chiton peut parfois permettre d'écarter telle ou telle espèce ;
- Le rapport longueur/largeur est souvent déterminant : certaines espèces sont larges, d'autres sont plus effilées ;
- L'importance de la carène médiane : chez certains chitons, elle est très marquée. Chez d'autres, elle est moins importante, et les valves peuvent être arrondies ou aplaties ;
- La forme des valves dorsales et le nombre et la disposition des encoches qu'elles présentent sont les critères les plus fiables. Ces caractères, visualisables en laboratoire sous loupe binoculaire, et nécessitant l'euthanasie du chiton, ne sont bien évidemment pas appréciables en plongée...
- Enfin les différents ouvrages naturalistes proposent un examen (à la loupe binoculaire) du bord de la ceinture périphérique (manteau) : sa texture peut être plus ou moins granuleuse, hérissée d'épines, de spicules ou de tubercules. La ceinture peut être plus ou moins large, et dans certains cas, recouvrir plus ou moins les valves.
Dans le cas du chiton cendré :
Cette espèce arbore une palette de couleurs et de motifs qui ne facilitent pas son identification à coup sûr. C'est cependant, et de loin, l'espèce la plus fréquemment rencontrée sur la face inférieure des blocs. On note sur le bord du manteau des marbrures vertes disposées sous forme de bandes radiales ou de manière plus aléatoire.
Le leptochiton, Leptochiton asellus, ressemble au chiton cendré, mais sa carène est peu prononcée, lui conférant un profil plus arrondi, et ses couleurs ne sont pas aussi variées : blanc-jaune et marron-noir.
Le chiton cendré est un animal herbivore. Il est équipé d'une solide radula* avec plusieurs rangées de dents qui lui permettent de brouter la couche d'algues calcaires qui recouvre la roche. Les dents de cette radula sont minéralisées avec une teneur élevée en phosphates et en fer, et donc parfaitement adaptées au décapage de la roche. L'animal se nourrit également d'algues unicellulaires présentes sur le substrat*, comme les diatomées*.
Le chiton gris est plus actif la nuit.
Le chiton cendré est gonochorique*. La reproduction est sexuée, sans accouplement. Les individus mâles émettent des spermatozoïdes* qui sont dans un premier temps retenus au sein de leur cavité palléale*. Relâchés dans un courant d'eau, ils pénètrent dans la cavité palléale des femelles, où a lieu la fécondation.
Celles-ci donnent une larve* trochophore* qui mène une courte vie pélagique avant de tomber sur le substrat et de se métamorphoser en un chiton minuscule dont la face dorsale n'est recouverte dans un premier temps que par 6 plaques.
Les jeunes chitons gagnent immédiatement la face inférieure des pierres.
Les valves du chiton cendré peuvent être colonisées par de petits organismes, comme les spirorbes.
Il est souvent difficile de décoller un chiton de la roche. L'adhérence est permise par une contraction du pied, dont l'effet est comparable à une ventouse très puissante.
Manipulé, le chiton s'enroule en boule à la manière des cloportes ou des gloméris. On peut alors observer que ses plaques dorsales sont indépendantes et s'enracinent latéralement dans la ceinture périphérique.
Chiton cendré est un nom vernaculaire directement traduit à partir du nom scientifique.
Chiton gris, par référence à une des couleurs les plus communément arborées par ce chiton.
Lepidochitona : du grec [lepido] = écaille, et du grec [chiton] = tunique courte. L'animal est en effet protégé par 8 plaques calcaires articulées qui ne recouvrent pas la ceinture marginale, qui par conséquent "dépasse", comme sous une tunique courte,
cinerea : du latin [cinerea] = cendré, couleur de cendre.
Numéro d'entrée WoRMS : 152774
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Polyplacophora | Polyplacophores | Mollusques à symétrie bilatérale, de forme ovale, aplatis dorso-ventralement avec tête, pied, et masse viscérale nettement distincts. La partie dorsale du manteau sécrète une coquille constituée de huit plaques calcaires articulées entre elles. Brouteurs. Ce sont les chitons. |
Ordre | Neoloricata | Néoloricates | Tous les chitons actuels. |
Sous-ordre | Ischnochitonina | Ischnochitoninés | Plaques calcaires toujours denticulées sur leur bord externe. Le manteau ne s'étend pas sur les plaques. |
Famille | Ischnochitonidae | Ischnochitonidés | |
Genre | Lepidochitona (Lepidochitona) | ||
Espèce | cinerea |
Une carène médiane marquée
La ligne médiane est caractérisée par une carène prononcée, bien visible sur cette photographie. De plus, au niveau de la carène, chaque plaque (ou valve) est crochue vers l'arrière. Ceci permet de situer l'avant et l'arrière du chiton.
Landrellec (22), estran
05/2009
Tête et pied
Grâce à la contraction du pied, le chiton se fixe très solidement sur substrat rocheux. Cette adhérencelui permet de résister à la houle et au ressac.
Autour du pied, le sillon palléal, parcouru continuellement par un courant d'eau, et où sont situées les branchies.
En haut, la tête, où l'on distingue la bouche.
Remarquez que le bord du manteau est frangé de minuscules épines.
Presqu'île Renote, Trégastel (22), estran
04/2009
Gris cendré
La couleur gris cendré est censée caractériser Lepidochitona cinerea. La palette des couleurs et de motifs arborés par ce chiton est en fait très étendue...
Plage de Trébeurden (22)
07/2007
Mimétiques...
La couleur des valves est ici identique à celle de la pierre...
Voyez-vous les deux individus collés sous ce bloc ?
Ile de Ré (17), estran
13/04/2005
En Manche
Le chiton gris (ici de couleur vert olive, aussi fréquente) est présent sous les pierres de l'ensemble de notre littoral.
Tatihou (50), estran
09/09/2006
Sous une coquille de patelle
Apparemment, les chitons ne se fixent pas que sous les rochers !
Trébeurden (22), estran
04/2009
Vert olive
Lepidochitona cinerea arbore très souvent une teinte vert olive.
Tatihou (50), estran
09/09/2006
Orange ocre
Les motifs et les couleurs des valves peuvent varier énormément chez le chiton cendré. Cet individu breton est magnifique !
Perros-Guirec (22), estran
05/2009
Rouge bordeaux
Une teinte presque unie et très inhabituelle !
Ploumanac'h (22), estran
05/2009
Un blanc et un mauve !
La couleur et les motifs des plaques du chiton cendré ne peuvent pas constituer un critère de détermination. Observez alors la ceinture marginale : elle est parcourue de marbrures vertes.
Trégastel (22), estran
07/2008
Gravure ancienne
Gravure tirée de l'ouvrage "The conchological illustrations or coloured figures of all the hitherto unfigured recents shells", de G.B. Sowerby II.
N/A
Reproduction de documents anciens
N/A
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER
Un grand merci à Michel Le Quément et à Bruno Anseeuw pour leur aide précieuse quant à l'identification de cette espèce sur certaines photographies.