Anatife commun

Lepas (Anatifa) anatifera | Linnaeus, 1758

N° 236

Cosmopolite, en particulier dans les eaux tropicales et subtropicales

Clé d'identification

Capitulum tapissé par 5 plaques blanches quasi jointives, lisses et partiellement translucides
Bord de l'ouverture, par où sortent les cirres, teinté de jaune orangé
Long pédoncule noir et charnu, parfois translucide près du point d'ancrage
Capitulum de 50 mm maximum, pédoncule de 40 à 900 mm
Cirres de couleur foncée ratissant continuellement l'eau

Noms

Autres noms communs français

Anatife, balane à col d'oie, garilienn (Bretagne)

Noms communs internationaux

Duck barnacle, common goose barnacle (GB), Lepade anatra (I), Anatifa, patacabra (E), Entenmuschel (D), Eendemossel, grote eendemossel, gewone eendemossel (NL), Anatifo (P), Svartstilket andeskjell (N)

Synonymes du nom scientifique actuel

Lepas anatifera Linnaeus, 1758 est aussi un nom valide

Distribution géographique

Cosmopolite, en particulier dans les eaux tropicales et subtropicales

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● Caraïbes

Cette espèce fréquente est quasi cosmopolite des mers tempérées à chaudes. Elle est absente des très hautes latitudes. Néanmoins, elle est transportée par les navires ou les courants marins (dont le Gulf Stream) jusque dans les eaux tempérées et même arctiques dans lesquelles elle ne pourra pas se reproduire mais où elle survit quelque temps (signalements en mer du Nord, aux îles Shetland, aux îles Féroé, en Islande, en Norvège et au Spitzberg).

Dans les eaux européennes, Lepas anatifera est plus fréquemment rencontré échoué sur les côtes d'Atlantique, de Manche, voire de mer du Nord. En Méditerranée, une espèce très ressemblante, Lepas hillii, est plus fréquente.

Biotope

Il s'agit d'une espèce commune qui se fixe sur tout type d'objets flottants comme les bouts de bois, les bouées d'amarrage ou de signalisation, les bidons en plastique qui servent à signaler la présence de casiers de pêche, ainsi que sur les pilotis, sur la coque des bateaux et même sur la carapace des tortues ! Comme son nom de genre ne l'indique pas, les anatifes ne se fixent pas aux rochers ! Il s'agit donc d'une espèce fixée qui, en quelque sorte, mène une vie pélagique*.
Les objets retrouvés à la côte après une tempête et colonisés par cet anatife, ont toujours séjourné dans les grands larges.

Description

Malgré leur apparence, les anatifes ne sont pas des mollusques bivalves mais bel et bien des crustacés, proches cousins des balanes ! Ces organismes se présentent sous la forme d'une tête, le capitulum*, soutenu par un pédoncule* qui fixe l'animal.
Le pédoncule charnu est souvent noir, parfois presque entièrement translucide dans les communautés denses très actives à fort développement et où le pédoncule peut s'allonger démesurément. Il peut aussi être plus ou moins translucide au niveau du point d'ancrage. Sa taille va de 40 à 900 mm de long.
Le capitulum qui protège l'animal est formé d'un manteau renforcé par 5 petites plaques calcaires blanches (2 scuta*, 2 terga* et 1 carina*) et légèrement translucides. Ces plaques presque jointives sont reliées entre elles par un fin tégument noir. Le bord des plaques est teinté de jaune orangé uniquement autour de l'ouverture d'où sortent les cirres. Ces plaques sont lisses avec, de façon peu marquée, des stries de croissance et parfois de petites lignes rayonnantes. La taille du capitulum est généralement inférieure à 50 mm (70 mm max).
Par l'entrebâillement du capitulum surgissent 12 paires d'appendices biramés de couleur noirâtre, les cirres (au nombre de 24), qui ratissent continuellement l'eau environnante.

Des critères microscopiques non observables en plongée sont aussi utiles pour la détermination de cette espèce, voir "Divers biologie".

Espèces ressemblantes

Il existe plusieurs centaines d'espèces de cirripèdes pédonculés. Un examen simple ne permet pas toujours d'identifier ces espèces, une dissection peut être nécessaire pour valider une identification. Néanmoins certaines espèces plus caractéristiques sont identifiables, avec un faible risque d'erreur, sur photo ou en plongée. Ainsi, parmi les cirripèdes armés de grandes plaques, on note :

Lepas (Anatifa) hillii Leach, 1818 : le pédoncule est plus court et présente une ceinture orange à la jonction avec le capitulum ;

Lepas (Anatifa) anserifera Linnaeus, 1767 : le capitulum est plus petit et ses plaques ne sont pas lisses mais parcourues de rainures radiales ;

Pollicipes pollicipes (Gmelin, 1789), le pouce-pied, qui peut vivre fixé aux rochers, possède davantage de plaques, son pédoncule est plus court, l'entrebâillement de la carapace est teinté de rouge ;

Scalpellum scalpellum (Linnaeus, 1767), dont le pédoncule est très court (plus court que le capitulum), et qui se présente sous forme de colonies ramifiées.

Alimentation

Ces organismes se nourrissent de zooplancton* qu'ils capturent en ratissant l'eau environnante au moyen de leurs cirres déployés. Leurs proies sont constituées de particules organiques en suspension, de toutes sortes de petits crustacés, ainsi que d'œufs et de larves* diverses. Les cirres permettent également aux anatifes de respirer.

Reproduction - Multiplication

C'est grâce au cycle de reproduction, et notamment grâce à l'étude des larves*, que l'on a pu à l'époque rapprocher ces étranges organismes des crustacés.

Les anatifes sont hermaphrodites* et produisent les deux types de gamètes*. Au moment de la reproduction se développe un pénis qui permet à l'animal d'émettre son sperme. La fécondation est croisée et interne. Les œufs sont alors incubés dans la carapace. Au moment de l'éclosion, les larves se transforment en nauplius* et quittent la carapace.

Les nauplius mènent alors une vie pélagique*, et se transforment en larves cypris* caractéristiques des crustacés cirripèdes, qui développent une carapace bivalve ainsi que des cirres. Ces larves finissent par se fixer à un substrat* flottant, grâce à leurs antennes*. C'est la partie du corps située juste derrière ces antennes qui va s'allonger et former un pédoncule.

Vie associée

Lepas anatifera est souvent retrouvé associé à d'autres anatifes, en particulier Lepas hillii, Lepas anserifera, Conchoderma virgatum et Conchoderma auritum.

Divers biologie

Description microscopique de Lepas anatifera :

Le scutum* triangulaire présente une marge occlusive convexe ou presque droite, une crête modérée de l'apex* à l'umbo* bas-ventral. Le scutum droit porte une dent interne. Le tergum* triangulaire à quadrangulaire montre un bord occlusif convexe ou angulaire. La carène (carina*) est généralement lisse, rarement denticulée, sa base se termine par une fourchette encastrée dans le tissu sous le scutum. L'écart entre le scutum et la carina n'est pas aussi large que chez Lepas hillii.

Les appendices filamenteux associés à la première paire de cirres sont au nombre de deux (rarement un) alors qu'ils sont au nombre de trois chez Lepas hillii.

Les glandes fabriquant le ciment permettant de fixer l'anatife à son support sont présentes dans le pédoncule et reliées à son extrémité fixée par des canaux. Les ovaires sont aussi présents dans le pédoncule.

Informations complémentaires

Les anatifes sont fréquemment retrouvés échoués dans les laisses de mer après un épisode de mer agitée.

Ils sont parfois présentés dans des aquariums publics.

Selon la croyance, au Moyen-Âge, à cause de la forme du capitulum qui évoque un bec de canard, on pensait que les anatifes donnaient naissance à certains oiseaux comme les bernaches (oies marines) et les canards ! Il existe même des gravures anciennes qui montrent les anatifes en train d'engendrer des oies. Celles-ci sont fixées en grappe par le bec sur un support. Au bout du long cou (le pédoncule), se trouve le corps blanc avec les ailes repliées, et puis on voit ces oiseaux se détacher du support et s'envoler.

Origine des noms

Origine du nom français

Le terme anatife est directement dérivé du nom latin d'espèce anatifera.

Origine du nom scientifique

Lepas : du grec [lepas] = rocher : bon nombre de crustacés cirripèdes comme les balanes et les pouce-pieds vivent fixés aux rochers. Ce nom n'est pas vraiment approprié au genre Lepas dont tous les représentants vivent en pleine mer sur divers objets flottants (dont les rochers ne font pas partie),

anatifera: du latin [anas] = canard, et du latin [ferre] = porter : jadis on pensait que les anatifes donnaient naissance aux oies et aux canards.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 733346

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Crustacea Crustacés Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes.
Classe Maxillopoda Maxillopodes Absence d'appendices abdominaux. 6 segments thoraciques maximum, 4 segments abdominaux maximum. Carapace réduite.
Sous-classe Thecostraca Cirripedia Thécostracés Cirripèdes Les Cirripèdes sont des crustacés marins, présentant des stades larvaires (larve nauplius à cornes fronto-latérales ; larve cypris bivalve) et un stade adulte pendant lequel ils vivent soit fixés de façon permanente à un substrat, soit adpatés à la vie parasitaire. Leurs paires d'appendices thoraciques biramés sont nommées cirres.
Super ordre Thoracica Thoraciques

Cirripèdes fixés au stade adulte, ayant 6 paires d’appendices thoraciques biramés à l'origine de 24 cirres..

Ordre Lepadiformes (ex Pedunculata) Lépadiformes (ex Pédonculés)

Cirripèdes possédant un capitulum plus ou moins globuleux et un pédoncule par lequel ils sont fixés à un support.

Sous-ordre Lepadomorpha Lépadomorphes
Famille Lepadidae Lépadidés
Genre Lepas (Anatifa)
Espèce anatifera

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