Capitulum tapissé par 5 plaques blanches quasi jointives, lisses et partiellement translucides
Bord de l'ouverture, par où sortent les cirres, teinté de jaune orangé
Long pédoncule noir et charnu, parfois translucide près du point d'ancrage
Capitulum de 50 mm maximum, pédoncule de 40 à 900 mm
Cirres de couleur foncée ratissant continuellement l'eau
Anatife, balane à col d'oie, garilienn (Bretagne)
Duck barnacle, common goose barnacle (GB), Lepade anatra (I), Anatifa, patacabra (E), Entenmuschel (D), Eendemossel, grote eendemossel, gewone eendemossel (NL), Anatifo (P), Svartstilket andeskjell (N)
Lepas anatifera Linnaeus, 1758 est aussi un nom valide
Cosmopolite, en particulier dans les eaux tropicales et subtropicales
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● CaraïbesCette espèce fréquente est quasi cosmopolite des mers tempérées à chaudes. Elle est absente des très hautes latitudes. Néanmoins, elle est transportée par les navires ou les courants marins (dont le Gulf Stream) jusque dans les eaux tempérées et même arctiques dans lesquelles elle ne pourra pas se reproduire mais où elle survit quelque temps (signalements en mer du Nord, aux îles Shetland, aux îles Féroé, en Islande, en Norvège et au Spitzberg).
Dans les eaux européennes, Lepas anatifera est plus fréquemment rencontré échoué sur les côtes d'Atlantique, de Manche, voire de mer du Nord. En Méditerranée, une espèce très ressemblante, Lepas hillii, est plus fréquente.
Il s'agit d'une espèce commune qui se fixe sur tout type d'objets flottants comme les bouts de bois, les bouées d'amarrage ou de signalisation, les bidons en plastique qui servent à signaler la présence de casiers de pêche, ainsi que sur les pilotis, sur la coque des bateaux et même sur la carapace des tortues ! Comme son nom de genre ne l'indique pas, les anatifes ne se fixent pas aux rochers ! Il s'agit donc d'une espèce fixée qui, en quelque sorte, mène une vie pélagique*.
Les objets retrouvés à la côte après une tempête et colonisés par cet anatife, ont toujours séjourné dans les grands larges.
Malgré leur apparence, les anatifes ne sont pas des mollusques bivalves mais bel et bien des crustacés, proches cousins des balanes ! Ces organismes se présentent sous la forme d'une tête, le capitulum*, soutenu par un pédoncule* qui fixe l'animal.
Le pédoncule charnu est souvent noir, parfois presque entièrement translucide dans les communautés denses très actives à fort développement et où le pédoncule peut s'allonger démesurément. Il peut aussi être plus ou moins translucide au niveau du point d'ancrage. Sa taille va de 40 à 900 mm de long.
Le capitulum qui protège l'animal est formé d'un manteau renforcé par 5 petites plaques calcaires blanches (2 scuta*, 2 terga* et 1 carina*) et légèrement translucides. Ces plaques presque jointives sont reliées entre elles par un fin tégument noir. Le bord des plaques est teinté de jaune orangé uniquement autour de l'ouverture d'où sortent les cirres. Ces plaques sont lisses avec, de façon peu marquée, des stries de croissance et parfois de petites lignes rayonnantes. La taille du capitulum est généralement inférieure à 50 mm (70 mm max).
Par l'entrebâillement du capitulum surgissent 12 paires d'appendices biramés de couleur noirâtre, les cirres (au nombre de 24), qui ratissent continuellement l'eau environnante.
Des critères microscopiques non observables en plongée sont aussi utiles pour la détermination de cette espèce, voir "Divers biologie".
Il existe plusieurs centaines d'espèces de cirripèdes pédonculés. Un examen simple ne permet pas toujours d'identifier ces espèces, une dissection peut être nécessaire pour valider une identification. Néanmoins certaines espèces plus caractéristiques sont identifiables, avec un faible risque d'erreur, sur photo ou en plongée. Ainsi, parmi les cirripèdes armés de grandes plaques, on note :
Lepas (Anatifa) hillii Leach, 1818 : le pédoncule est plus court et présente une ceinture orange à la jonction avec le capitulum ;
Lepas (Anatifa) anserifera Linnaeus, 1767 : le capitulum est plus petit et ses plaques ne sont pas lisses mais parcourues de rainures radiales ;
Pollicipes pollicipes (Gmelin, 1789), le pouce-pied, qui peut vivre fixé aux rochers, possède davantage de plaques, son pédoncule est plus court, l'entrebâillement de la carapace est teinté de rouge ;
Scalpellum scalpellum (Linnaeus, 1767), dont le pédoncule est très court (plus court que le capitulum), et qui se présente sous forme de colonies ramifiées.
Ces organismes se nourrissent de zooplancton* qu'ils capturent en ratissant l'eau environnante au moyen de leurs cirres déployés. Leurs proies sont constituées de particules organiques en suspension, de toutes sortes de petits crustacés, ainsi que d'œufs et de larves* diverses. Les cirres permettent également aux anatifes de respirer.
C'est grâce au cycle de reproduction, et notamment grâce à l'étude des larves*, que l'on a pu à l'époque rapprocher ces étranges organismes des crustacés.
Les anatifes sont hermaphrodites* et produisent les deux types de gamètes*. Au moment de la reproduction se développe un pénis qui permet à l'animal d'émettre son sperme. La fécondation est croisée et interne. Les œufs sont alors incubés dans la carapace. Au moment de l'éclosion, les larves se transforment en nauplius* et quittent la carapace.
Les nauplius mènent alors une vie pélagique*, et se transforment en larves cypris* caractéristiques des crustacés cirripèdes, qui développent une carapace bivalve ainsi que des cirres. Ces larves finissent par se fixer à un substrat* flottant, grâce à leurs antennes*. C'est la partie du corps située juste derrière ces antennes qui va s'allonger et former un pédoncule.
Lepas anatifera est souvent retrouvé associé à d'autres anatifes, en particulier Lepas hillii, Lepas anserifera, Conchoderma virgatum et Conchoderma auritum.
Description microscopique de Lepas anatifera :
Le scutum* triangulaire présente une marge occlusive convexe ou presque droite, une crête modérée de l'apex* à l'umbo* bas-ventral. Le scutum droit porte une dent interne. Le tergum* triangulaire à quadrangulaire montre un bord occlusif convexe ou angulaire. La carène (carina*) est généralement lisse, rarement denticulée, sa base se termine par une fourchette encastrée dans le tissu sous le scutum. L'écart entre le scutum et la carina n'est pas aussi large que chez Lepas hillii.
Les appendices filamenteux associés à la première paire de cirres sont au nombre de deux (rarement un) alors qu'ils sont au nombre de trois chez Lepas hillii.
Les glandes fabriquant le ciment permettant de fixer l'anatife à son support sont présentes dans le pédoncule et reliées à son extrémité fixée par des canaux. Les ovaires sont aussi présents dans le pédoncule.
Les anatifes sont fréquemment retrouvés échoués dans les laisses de mer après un épisode de mer agitée.
Ils sont parfois présentés dans des aquariums publics.
Selon la croyance, au Moyen-Âge, à cause de la forme du capitulum qui évoque un bec de canard, on pensait que les anatifes donnaient naissance à certains oiseaux comme les bernaches (oies marines) et les canards ! Il existe même des gravures anciennes qui montrent les anatifes en train d'engendrer des oies. Celles-ci sont fixées en grappe par le bec sur un support. Au bout du long cou (le pédoncule), se trouve le corps blanc avec les ailes repliées, et puis on voit ces oiseaux se détacher du support et s'envoler.
Le terme anatife est directement dérivé du nom latin d'espèce anatifera.
Lepas : du grec [lepas] = rocher : bon nombre de crustacés cirripèdes comme les balanes et les pouce-pieds vivent fixés aux rochers. Ce nom n'est pas vraiment approprié au genre Lepas dont tous les représentants vivent en pleine mer sur divers objets flottants (dont les rochers ne font pas partie),
anatifera: du latin [anas] = canard, et du latin [ferre] = porter : jadis on pensait que les anatifes donnaient naissance aux oies et aux canards.
Numéro d'entrée WoRMS : 733346
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Maxillopoda | Maxillopodes | Absence d'appendices abdominaux. 6 segments thoraciques maximum, 4 segments abdominaux maximum. Carapace réduite. |
Sous-classe | Thecostraca Cirripedia | Thécostracés Cirripèdes | Les Cirripèdes sont des crustacés marins, présentant des stades larvaires (larve nauplius à cornes fronto-latérales ; larve cypris bivalve) et un stade adulte pendant lequel ils vivent soit fixés de façon permanente à un substrat, soit adpatés à la vie parasitaire. Leurs paires d'appendices thoraciques biramés sont nommées cirres. |
Super ordre | Thoracica | Thoraciques | Cirripèdes fixés au stade adulte, ayant 6 paires d’appendices thoraciques biramés à l'origine de 24 cirres.. |
Ordre | Lepadiformes (ex Pedunculata) | Lépadiformes (ex Pédonculés) | Cirripèdes possédant un capitulum plus ou moins globuleux et un pédoncule par lequel ils sont fixés à un support. |
Sous-ordre | Lepadomorpha | Lépadomorphes | |
Famille | Lepadidae | Lépadidés | |
Genre | Lepas (Anatifa) | ||
Espèce | anatifera |
Colonie d'anatifes
Le support de la colonie n'est ici pas visible. Observez le pédoncule noir, le capitulum formé de 5 plaques blanches lisses, et le bord de ces plaques teinté de jaune orangé au niveau de l'ouverture. L'individu central laisse sortir ses cirres. Un peu à droite de cet individu, on remarque un long pédoncule presque transparent près du point d'ancrage.
Brest (29), en surface
10/2002
Sur une planche de bois dérivante
Voici des anatifes en nombre important, fixés à une planche en bois dérivante. Observez le pédoncule noir, le capitulum formé de 5 plaques blanches lisses, et le bord de l'ouverture par où sortent les cirres teintés de jaune orangé. Certains individus ratissent l'eau au moyen de leurs cirres noirs.
Brest (29)
07/2003
Cirres déployés
Des anatifes fixés sur le bout d'une bouée ratissent l'eau grâce à leurs cirres noirs. Les capitulums sont recouverts d'algues et de petits hydraires.
Notez qu'il n'est pas possible d'identifier l'espèce avec certitude sur cette photo.
Saint-Leu, La Réunion, 3 m
08/07/2007
En aquarium
Parfois les anatifes sont présentés dans des aquariums publics comme ici à Trégastel dans les Côtes d'Armor. Observez la transparence des pédoncules.
Aquarium de Trégastel (22)
08/2006
Sur la coque d'un bateau
De jeunes anatifes se sont fixés sur la coque d'un bateau, à Sulawesi.
Sulawesi, nord de l'Indonésie
12/04/2010
Sur un casque échoués...
Quelques individus retrouvés sur la plage, encore vivants, fixés à un casque en plastique. Observez les pédoncules noirs et 3 des 5 plaques translucides et lisses. L'entrebâillement du capitulum laisse apercevoir les cirres.
Trébeurden (22)
04/2008
Mi-air, mi-eau
Une vue rapprochée des cirres met en évidence leur fine structure...
Trégastel (22)
05/2009
Sur un tronc échoué
Un tronc d'arbre de plusieurs mètres de long s'est échoué sur une plage de l'île d'Ouessant. Il est recouvert de milliers d'anatifes !
Ouessant (29)
08/2010
Développement explosif sur un poteau en bois
Sur la plage d'Agon Coutainville en Normandie s'est échoué un poteau (type télégraphique, environ 7,50 m x 0,18 m de diamètre) recouvert de milliers d'anatifes. L'ensemble faisant environ 8,5 m de long et 0,6 m de diamètre.
Notez les très longs pédoncules sur cette colonie très serrée.
Il est rare de croiser de si gros anatifes, leur croissance dépend sans doute de la disponibilité en nutriment de l'eau.
Plage d'Agon Coutainville (50)
30/09/2017
Anatife ouverte
Cirres visibles.
Echouage d'un tronc d'arbre recouvert d'anatifes, Agon-Coutainville (50)
01/10/2017
Anatife de profil
Les plaques sont lisses et blanches, reliées entres elles par un fin tégument noir.
Echouage d'un tronc d'arbre recouvert d'anatifes, Agon-Coutainville (50)
01/10/2017
Laisse de mer
Parmi les laisses de mer, on trouve quantité de déchets anthropiques comme des cordages et des bouteilles en plastique. Si ces objets ont dérivé dans les eaux du grand large, il y a de fortes chances pour que des anatifes s'y soient fixés !
Trégastel (22), estran
05/2008
Planche comparative
Planche 44.
Extrait de Annual report of the New Jersey State Museum, 1911, Smithsonian Institution Libraries.
Cette planche présente L. anserifera, L. anatifera, L. pectinata et Dosima fascicularis (= L. fascicularis).
N/A
Reproduction de documents anciens
1911
Détails de l'anatomie interne d'un anatife
Cette planche montre une espèce (Anatifa laevis, Lamarck). Il doit s'agir du classique Lepas anatifera.
Extrait du Dictionnaire Universel d'Histoire Naturelle de Charles d'Orbigny (1806 - 1876). Atlas de zoologie, Tome 2, Reptiles et poissons, Paris.
Reproduction de documents anciens
1861
Comparaison de Lepas anatifera et L. hillii
Ces deux dessins anciens modifiés permettent de visualiser les différences extérieures de ces deux espèces ressemblantes.
Extrait de : Darwin Ch., 1851, A MONOGRAPH ON THE SUB-CLASS CIRRIPEDIA, THE LEPADIDAE OR PEDUNCULATED CIRRIPEDES , London, ray Society, 419p.
Reproduction de documents anciens
1851
Anatomie d'un anatife
Exception remarquable parmi les Crustacés, les Cirripèdes sont hermaphrodites ; les testicules sont logés dans la base des cirres ; les ovaires sont inclus dans le pédoncule, mais ils viennent s'ouvrir à la base du premier cirre.
Rémy PERRIER, Cours de Zoologie, ed. Masson & Cie
Reproduction de documents anciens
1899
Confusion facile avec Lepas hillii
Lepas (Anatifa) anatifera est facilement confondu avec Lepas (Anatifa) hillii. La ceinture orange sur le pédoncule, juste sous le capitulum, caractérise Lepas hillii.
Sec Scuglietti, Galéria, Corse (2B), 0,1 m
16/10/2007
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Rédacteur : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Michel KUPFER
Vérificateur : Véronique LAMARE
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
La page de Lepas (Anatifa) anatifera dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.