Porte-écuelle de Gouan

Lepadogaster lepadogaster | (Bonnaterre, 1788)

N° 323

Méditerranée, mer Noire, Atlantique oriental

Clé d'identification

Tête volumineuse, museau large et plat
Nageoire dorsale longue, soudée à la base de la queue
Nageoires pelviennes modifiées en une ventouse ventrale
Coloration brun-rougeâtre à vert, ponctuée de petites taches noires
Deux taches bleues sur la tête se rejoignant sur la nuque
Deux barres claires en avant de chaque œil, la barre supérieure plus longue que l'inférieure

Noms

Autres noms communs français

Lépadogaster, lépadogaster de Gouan, poisson-ventouse, porte-écuelle, bouclier porte-écuelle, barbier porte-écuelle

Noms communs internationaux

Shore clingfish, cornish sucker (GB), Succiascoglio, azzeccaprete, (I), Pega roques, chafarrocas, aixafa-roques, xucladits (E), Ansauger, Bandschild, Blaufleck-Schildfisch (D), Gevlekte zuignapvis (NL), Priljepnjak kamenjaric (Croatie), Buwahhal (Malte), Ördek baligi, Yapiskan baligi (Turquie)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cyclopterus lepadogaster Bonnaterre, 1788
Cyclopterus lepadogaster Walbaum, 1792
Lepadogaster gouanii Risso, 1810
Lepadogaster balbis Risso, 1810
Piescephalus adherens Rafinesque, 1810
Lepadogaster natator Risso 1820
Lepadogaster ciliatus Risso, 1820
Lepadogaster biciliatus Risso, 1827
Lepadogaster brownii Risso, 1827
Lepadogaster acutus Canestrini, 1864
Lepadogaster adriaticaHankó, 1921
Lepadogaster zebrina Lowe, 1939
Lepadogaster zebrinus Lowe, 1839

Distribution géographique

Méditerranée, mer Noire, Atlantique oriental

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Le porte-écuelle de Gouan peuple les côtes méditerranéennes et probablement la mer Noire. Il fréquente également une partie de l'Atlantique oriental.

Biotope

Bien que cette espèce soit commune, Lepadogaster lepadogaster reste rarement observé.
Le porte-écuelle de Gouan, sciaphile*, passe sa journée fixé à l'envers sous les pierres, le plus souvent entre 20 cm et 1 m d'eau. On peut également le rencontrer dans les éboulis, ventre en l'air.
Les ventouses, à très forte capacité d'adhérence, permettent à ce poisson de se maintenir partout, même dans les zones où le ressac est important.

Description

Poisson de 5 à 8 cm maximum, à corps aplati dorso-ventralement. Il est pourvu d'une tête volumineuse munie d'un museau large et plat semblable à un "bec de canard". La forme générale de l'animal se rapproche de celle du têtard puisque la tête est large, pour une queue effilée.
La coloration du corps est assez variable : beige, brun-rougeâtre à verdâtre, ponctuée de petites taches sombres, rondes ou ovales, dont certaines sont parfois si ovalisées qu'elles apparaissent comme des bandes sombres verticales et se trouvent sur les côtés alors que des points sont sur le dos. La coloration peut également être gris violacé. Cette livrée peut être plus ou moins sombre et contrastée selon l'humeur.
Sur la tête, les yeux sont gros. On remarque près des narines deux tentacules sombres.
Il y a deux traits clairs, bleu ciel, parallèles, en avant de chaque œil. Le trait supérieur est plus long que le trait inférieur et il atteint ou dépasse la moitié de la longueur du museau.
La nuque porte des lignes claires mais qui ne forment pas vraiment des ocelles ronds définis, même si on constate la présence d'une constriction centrale qui dessine une sorte de croissant. Deux petites taches bleues se rejoignent parfois sur la nuque. La ligne qui forme le contour extérieur de ces taches est généralement irrégulière ou avec de petites discontinuités.
La nageoire dorsale est longue. Elle est, avec la nageoire anale, reliée à la base de la nageoire caudale. Les nageoires pelviennes modifiées sont reliées en une ventouse ventrale puissante en double disque.
Les individus mâles sont plus imposants, à joues et tentacules du museau plus gros que chez les femelles.
Son mode de vie sous les rochers, les cailloux et au niveau des anfractuosités, en fait un animal discret et peu rencontré.

Espèces ressemblantes

Il était écrit dans la littérature que l'on pouvait aisément confondre Lepadogaster lepadogater avec Lepadogaster zebrina Lowe, 1839, sensé être présent dans l'Est Atlantique, à Madère et aux Canaries. Mais ce dernier est devenu, depuis [Almada & al. 2008] synonyme de L. lepadogaster.

Lepadogaster purpurea (Bonnaterre, 1788) est morphologiquement très proche de L. lepadogaster. Le dessin sur la tête varie quelque peu et montre derrière les yeux deux ocelles bleus beaucoup plus ronds et pleins, entourés d'un anneau brun. Une ligne bleue souligne chaque ocelle. La taille et le nombre de papilles sur le disque de succion différent également (voir § divers biologie), comme la longueur du museau et la distance interorbitale. Autre clefs : les deux traits en avant de l’œil, lorsqu'ils sont visibles, sont généralement de même longueur ou bien le trait supérieur est plus court que l'inférieur et s'arrête avant la moitié de la longueur du museau (c'est l'inverse chez L. lepadogaster).
Des détails de comportement (période de ponte : estivale pour L. lepadogaster et hivernale pour L. purpurea, choix des roches comme micro-habitat, développement et comportement des larves...) diffèrent mais il est facile de se tromper en plongée. L'espèce est présente en Atlantique Est, depuis l'Ecosse au nord jusqu'au Sénégal au sud, en passant par les îles Canaries et Madère. On la trouve également en Méditerranée occidentale avec une limite est probable en Grèce et en Crète.
Il est très probable que Lepadogaster purpurea ait été enregistré à tort comme L. lepadogaster dans le passé. Ce n'est pas du tout surprenant étant donné que les deux espèces étaient considérées comme deux sous-espèces de L. lepadogaster. Mais il y a maintenant des moyens de les distinguer.

Lepadogaster candolii Risso, 1810 est un autre porte-écuelle fréquentant les mêmes zones et les mêmes fonds que L. lepadogaster mais le porte-écuelle de Candolle ne possède pas les petits tentacules près des narines. Il a parfois une barre blanche entre les yeux (sauf les mâles reproducteurs) ainsi que des dessins obliques verts et rouges sur les joues, derrière les yeux. Il montre une coloration de base brun-verdâtre, tirant parfois sur le brique. Les dessins sur le dos peuvent être variés mais pas de ponctuations régulières ni de taches bleues sur la tête comme chez L. lepadogaster.

Diplecogaster bimaculata bimaculata (Bonnaterre, 1788), le porte-écuelle à deux taches, est présent dans l'océan Atlantique Nord-Est, en Manche et en mer du Nord, ainsi qu'en Méditerranée. Sa coloration générale est adaptée à son habitat, rouge marbré, beige ou parfois violacée. Le corps de l'animal est moucheté de petits points bleu clair. Le mâle présente un ocelle* foncé sur chaque flanc et la femelle présente souvent des taches blanches rectangulaires. Les individus de la Manche présentent parfois une barre brun-rouge allant du museau à l'arrière de l'œil.

Apletodon incognitus Hofrichter & Patzner, 1997, n'est présent qu'en Méditerranée et il est plus rarement observé. Sa nageoire dorsale est courte (4 à 7 rayons) avec un pédoncule caudal long, le premier rayon de la nageoire anale est situé sous le premier ou le deuxième rayon de la nageoire dorsale. Parce que ses juvéniles sont souvent observés associés à des Echinides, on le nomme porte-écuelle des oursins. Les adultes se trouvent cachés sous des pierres couvertes d'algues rouges, près des herbiers de posidonie ou de cymodocée. La coloration est brune ou rose avec des taches ou des marbrures mais il peut également être sombre et uniforme. Il a généralement une tache triangulaire blanche sous l’œil et parfois un trait blanc entre les yeux.

Alimentation

Le porte-écuelle de Gouan est un prédateurdont l'activité est nocturne. A l'affût, il est capable de happer ses proies avec une rapidité étonnante. Très vif sur de courtes distances, il s'avère un piètre nageur sur de longs déplacements. Il se nourrit essentiellement de proies telles que des petits crustacés, des mollusques gastéropodes et bivalves, voire des œufs de poissons et de petits poissons pouvant atteindre la moitié de sa taille.

Reproduction - Multiplication

Chez Lepadogaster lepadogaster les individus sont à sexes séparés ; chacun est muni de glandes génitales (ovaires ou testicules). La fécondation a lieu au printemps ou en été (mars à juillet selon localisations). Elle est externe. Plusieurs femelles déposent leurs œufs de couleur dorée sur un support : dessous de pierre, anfractuosité, cuvettes, revers de galets… Le choix du support est important et tant dans la taille que dans le style de roche, il est propre à L. lepadogaster. Le mâle viendra alors féconder ces œufs et, en compagnie de la femelle, les protéger et les soigner jusqu'à éclosion, après environ deux semaines, selon la température de l'eau (16 jours à 16,5° C).
Les larves issues de l'éclosion sont pélagiques les premières semaines de vie (jusqu'à trois à cinq semaines). Au delà, les alevins viennent sur le fond. Ils mesurent alors en moyenne 9 mm.

Divers biologie

Cette espèce peut vivre jusqu'à 5 ans.

Le choix de l'habitat est propre à Lepadogaster lepadogaster quant à la taille et à la nature de la roche choisie.

Lepadogaster lepadogaster et L. purpurea se ressemblent beaucoup et ont été considérés par le passé comme 2 sous-espèces de L. lepadogaster. En revanche, les deux espèces sont faciles à distinguer sur la base d'un certain nombre de caractères (voir § Espèces ressemblantes) et notamment par l'observation de la ventouse ventrale qui montre des papilles d'une taille plus grosse chez L. lepadogaster et d'un nombre différents chez les deux espèces. Sur la partie avant du disque : il y a 3–4 rangs de papilles chez L. lepadogaster (vs 5–6 rangs chez L. purpurea), et sur la partie arrière : 3 –4 rangs chez L. lepadogaster (vs 5–6 rangs chez L. purpurea).

Informations complémentaires

Lepadogaster lepadogaster et L. purpurea sont morphologiquement extrêmement proches. Il a fallu des analyses génétiques pour valider [Henriques & al. 2002] ces deux espèces comme des espèces à part entière et différentes.

Origine des noms

Origine du nom français

Porte-écuelle : ainsi dénommé à cause du disque ventral ayant usage de puissante ventouse et formé par les nageoires pelviennes. [P. Louisy 1992] explique que cette ventouse ventrale supporte aisément le poids d'une assiette et que se trouve là l'origine de ce nom de porte-écuelle.

de Gouan : espèce nommée en l'honneur d'Antoine Gouan, botaniste français (1733-1821), reconnu pour avoir été l'un des premiers à avoir utilisé dans une publication la nomenclature binomiale ébauchée par Linné. En sus de ses travaux de botanique, il a publié un ouvrage d'ichtyologie, l'Histoire des poissons (Historia Piscicum, 1770), dans lequel, entre autres choses importantes, il crée des genres, certains encore valides de nos jours. Dont le genre... Lepadogaster.

Origine du nom scientifique

Lepadogaster : du grec [lepa] = rocher et [gastêr] = estomac. On peut traduire ce terme par : "ventre collé au rocher" et cela vient du fait que cet animal vit principalement sous les pierres, fixé par sa ventouse ventrale.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 126518

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Ordre Gobiesociformes Gobiesociformes
Famille Gobiesocidae Gobiésocidés
Genre Lepadogaster
Espèce lepadogaster

Nos partenaires