Pseudotentacules seuls visibles
Extrémité en massue
Face supérieure translucide
Hidden anemone GB)
Hoplophoria coralligens Wilson, 1890
Atlantique tropical Ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesElle est présente ponctuellement dans le golfe du Mexique et tout l'arc antillais, des Bahamas au Venezuela, et signalée aussi au Brésil.
L'anémone secrète vit dans les fissures des blocs coralliens à faible profondeur : principalement coraux morts ou parties nécrosées de coraux vivants, et aussi algues calcaires ou gros coquillages abandonnés.
De jour, on ne verra de l'anémone secrète que l'extrémité de ses pseudotentacules* émergeant du substrat*, un peu comme un poignée de petits vers semi-translucides, et parfois un bout de vrai tentacule*. Ces derniers ont l'extrémité pointue, alors que les pseudotentacules sont élargis en massue. La face supérieure de ces pseudotentacules est translucide, avec parfois un motif de rayures blanchâtres en surimpression.
Les vrais tentacules sont extrêmement collants. Ils ne se déploient que dans l'obscurité (ou lorsque l'anémone est extraite de son repaire).
Les pseudotentacules sont implantés en une couronne située en dessous de la couronne de vrais tentacules.
La coloration d'ensemble varie du brun clair au gris bleuté, plus intense lorsque l'animal se contracte.
Le reste du corps reste caché en permanence dans une fissure ou crevasse du récif. Le pied, ancré bien au fond de sa cachette, est assez massif mais peut s'allonger et s'adapter à la forme de la cavité.
Comme beaucoup d'anémones tropicales, l'anémone secrète combine deux modes de nutrition :
La reproduction a été observée en mai et juin (en laboratoire). Les spécimens conservés en aquarium émettaient jusqu'à 50 petites larves* planula*, contenant déjà des zooxanthelles*.
En 24 h ces larves nageuses s'installent sur le fond et se métamorphosent en un petit polype* à 8 tentacules "normaux". Les pseudotentacules n'apparaissent qu'après 6 semaines environ.
L'anémone secrète est généralement solitaire, cependant on peut trouver à proximité les espèces habituelles de crevettes commensales (comme Ancylomenes pedersoni) qui fréquentent les anémones, bien que la protection par les tentacules cachés soit sans doute limitée.
Le découvreur de l'espèce, Wilson, a interprété les pseudotentacules comme des armes urticantes, d'où le nom de Hoplophoria (porteur d'arme). Ils sont en effet munis de cnidocytes dont le rôle est purement défensif, car ces pseudotentacules ne sont pas capables de capturer et retenir une proie.
Les tentacules vrais contiennent aussi des zooxanthelles, mais en concentration beaucoup plus faible.
Les tentacules sont probablement très urticants comme chez tous les Aliciidés, mais ils sont si petits et si discrets qu'on ne pourrait pas les toucher sans le faire exprès ; à notre connaissance personne n'a testé.
Anémone secrète : parce que la plus grande partie de son corps est cachée à l'intérieur du bloc de corail.
Lebrunia : Le genre Lebrunia a été dédié par Duchassaing à un M. Lebrun, "naturaliste distingué" résidant à Saint Thomas (Antilles néerlandaises). Il ne comprend que deux espèces : L. danae et L. coralligens, toutes deux endémiques des Caraïbes.
coralligens : du latin [corall-] corail ; et [gens] = le peuple (d'une cité). Signifie "habitant du corail".
Numéro d'entrée WoRMS : 290277
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Actiniaria | Actiniaires | Polypes solitaires souvent colorés, en général fixés à un substrat dur par un large disque pédieux. Organismes parfois mobiles. |
Sous-ordre | Nynantheae Thenaria | Nynanthées Thenaria | |
Famille | Aliciidae | Aliciidés | |
Genre | Lebrunia | ||
Espèce | coralligens |
Capteurs solaires
L'extrémité bombée et translucide concentre les rayons lumineux vers les zooxanthelles hébergées à l'intérieur.
Anses d'Arlet Bourg, Martinique, 6 m
18/12/2015
Bouts en massue
Ce ne sont pas de petits yeux pédonculés, mais les bouts des pseudotentacules à la recherche de la meilleure lumière.
Bonaire, Antilles Néerlandaises, South Bay, 25? m
28/04/2012
Variété rayée
Voici un spécimen avec l'extrémité des pseudotentacules décorée de rainures blanches.
Grande Anse d'Arlet, Martinique, 3 m
07/02/2016
Extrémités rayées
On rencontre parfois des anémones dont les pseudotentacules sont nervurés de blanc. Il s'agit de batteries de cnidocytes : les pseudotentacules sont aussi des armes défensives !
Grande Anse d'Arlet, Martinique, 12m
6/12/2015
Comme une poignée de vermisseaux
Tous ces petits bouts de tentacules appartiennent à la même anémone, dont le corps est caché à l'intérieur des fissures du bloc corallien.
On remarquera les 2 types de tentacules : à bouts pointus et à bouts en massue.
La couleur bleue assez intense est liée à l'état contracté de l'animal.
Une crevette de Pederson se fait remarquer à ses longues antennes blanches.
Trou à l'Orage, Port-Louis, Guadeloupe, 6 m
01/12/2009
Reflets bleutés
Tentacules rétractés
Pointe des Nègres, Martinique, 5 m
13/01/2012
Périscopes ?
Ce ne sont pas des yeux sur pédoncules, mais ils ont un peu la même fonction de capteurs de lumière !
Ilets Pigeon, Guadeloupe, 10 m
20/06/2010
Dans une fissure bien située
Une fissure s'est agrandie peu à peu à l'occasion d'une zone nécrosée dans ce bloc de Porites, déjà colonisé par des spirobranches et du corail de feu. L'anémone secrète s'y est installée en compagnie d'algues calcaires.
Sources Chaudes, Saint-Pierre, Martinique, 12 m
121/12/2015
Extrémités bifides
Sur ce gros plan du même animal, on voit nettement l'extrémité élargie et se divisant en deux "massues" arrondies.
Les taches blanches arrondies correspondant aux nématocystes urticants.
Sources Chaudes, Saint-Pierre, Martinique, 12 m
11/12/2015
Les deux types de tentacules
On voit ici les pseudo-tentacules à bouts renflés, et les "vrais" tentacules allongés et fins qui s'allongent de nuit.
Passe à Colas, Guadeloupe, 13 m
04/12/2009
Dessin ancien
On ne voit jamais l'anémone en entier comme ici. Il s'agit du tout premier spécimen décrit, détaché de son support (un fragment de Porites). C'était sans doute un juvénile vu la petite taille (moins de 2 cm) et le faible nombre de tentacules.
Les pseudotentacules sont décrits comme des diverticules de la cavité gastrique.
Bahamas, dans un récif frangeant
Reproduction de documents anciens
1890
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Vérificateur : Jean-Michel SUTOUR
Responsable régional : Anne PROUZET
Gladfelter W.D., 1975, Sea anemones with zooxanthellae : simultaneous contraction and expansion in response to changing light intensity, Science, 189(4202), 570-571.
Lewis J.B., 1984, Photosynthetic production by the coral reef anemone, Lebrunia coralligens Wilson, and behavioral correlates of two nutritional strategies, Biological Bulletin, 167 (3), 601–612.
Sebens K.P., Reimer A.A, 1977, Diel cycles of expansion and contraction in coral reef anthozoans, Marine Biology, 43, 427-256.
Wilson H.V., 1890, On a new actinia, Hoplophoria coralligens, Studies at the Biological Laboratory of the John Hopkins University, 6, 379-387.
La page de Lebrunia coralligens dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN