Longueur maximale de 3,5 m, corps fusiforme, massif avec un museau long conique
Œil noir large, nageoire dorsale et pectorales légèrement arrondies
Tâche blanche sur la base postérieure de la première nageoire dorsale
Dos gris à brun et blanc sur le dessous
Queue en forme de faucille, carène latérale
Maraîche, veau de mer, requin marsouin
Portbeagle shark, atlantic mackerel shark, blue dog, bottle-nosed shark, Beaumaris shark (GB), Smeriglio (I), Marrajo sardinero, cailón (E), Heringshai (D),
Squalus nasus Bonnaterre, 1788
Lanna nasus (Bonnaterre, 1788)
Squalus cornubicus Gmelin, 1789
Lamna cornubica (Gmelin, 1789)
Lamna pennanti (Walbaum, 1792)
Squalus pennanti Walbaum, 1792
Squalus monensis Shaw, 1804
Squalus cornubiensis Pennant, 1812
Squalus selanonus Leach, 1818
Selanonius walkeri Fleming, 1828
Lamna punctata Storer, 1839
Oxyrhina daekayi Gill, 1861
Lamna philippii Pérez Canto, 1886
Lamna whitleyi Phillipps, 1935
Cosmopolite des eaux tempérées à froides (Nord et Sud)
Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Indo-Pacifique, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Le requin-taupe commun possède une zone de distribution relativement étendue, puisqu’il fréquente l’océan Atlantique Nord (Terre Neuve, Archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon) et Sud (de part et d’autre de l’équateur), le sud des océans Pacifique et Indien (de l’Argentine à la Nouvelle-Zélande en incluant la Namibie et le sud de l’Australie) ainsi que la Méditerranée.
Le requin-taupe commun est un requin épipélagique* fréquentant principalement les eaux océaniques et côtières, depuis la surface jusqu'à 370 m de profondeur au moins (des incursions à une profondeur de 1 300 m ont été enregistrées chez certaines femelles lors de leurs mouvements migratoires à travers le Gulf Stream). L’espèce est présente dans les eaux froides et tempérées allant de 1 à 18 C° bien que des incursions en eaux plus chaudes aient pu être enregistrées (23 C°).
Le requin-taupe se caractérise par un corps fusiforme avec un museau conique. Les cinq fentes branchiales sont larges, toutes postées antérieurement à l’origine de la pectorale. Les deux dernières sont assez proches l’une de l’autre. On retrouve également deux carènes* latérales très marquées au niveau du pédoncule* caudal. La nageoire caudale est en forme de croissant asymétrique (hétérocerque* : le lobe* supérieur est légèrement plus grand que le lobe inférieur). Le premier aileron dorsal est de grande taille, légèrement arrondi avec une tâche blanche sur la base arrière de cette nageoire. Le côté dorsal et le flanc latéral du requin-taupe commun sont de couleur bleu nuit à gris foncé.
Cependant, on observe une variation de couleur entre les individus présents dans l’hémisphère nord et ceux présents dans l’hémisphère sud qui ont une coloration plutôt brune à grise. Dans l'hémisphère nord, la face ventrale est blanche ; la zone dorsale varie du gris-bleuâtre à un aspect noir, davantage marqué au niveau des branchies, de l’aileron dorsal et des pectorales dont la face inférieure peut être partiellement tachetée. Chez certains adultes de l'hémisphère sud, la face ventrale de la tête est sombre et l'abdomen* est blanc avec des taches sombres.
Le requin-taupe commun possède des dents relativement petites en forme de lame de taille moyenne avec une cuspide* latérale de part et d'autre de la partie centrale. Les premières dents latérales supérieures ont des cuspides presque droites. Les dents de la mandibule* sont saillantes, visibles même quand la gueule est fermée.
Le requin-taupe commun est souvent confondu avec
- le requin mako (Isurus oxyrinchus) avec qui l’aire de répartition se chevauche partiellement. La principale distinction se situe au niveau de la tache blanche à l’extrémité inférieure du premier aileron dorsal ainsi que l’absence de carènes caudales. Les makos ont une coloration plus bleue et une dorsale plus petite. L’examen des dents est également un bon critère, le mako ne possédant pas de cuspide (petites pointes de chaque côté de la dent principale).
- le requin-saumon (Lamna ditropis), qui possède un nez plus court, un corps plus trapu et une absence de tâche blanche à l’arrière de l’aileron dorsal ; en revanche, le requin-saumon vit lui uniquement dans l’océan Pacifique Nord.
- le grand requin blanc (Carcharodon carcharias), notamment pour des formes juvéniles, car les adultes atteignent des tailles plus importantes (jusqu’à 6 m de longueur totale). Ils ne possèdent pas de tache blanche à la base de l’aileron dorsal ni de cuspide sur les dents.
Le requin-taupe commun se nourrit principalement de poissons pélagiques* (hareng, maquereau, merlan bleu, merlu, sardine, tacaud...), de petits céphalopodes (calmar, seiche), parfois de crustacés voire des oiseaux marins. Le requin-taupe est considéré comme un opportuniste, ciblant les proies les plus abondantes dans la zone qu’il fréquente.
Sa maturité sexuelle varie selon la population considérée et le sexe. Les femelles de l’hémisphère nord atteignent leur maturité lorsqu’elles atteignent une longueur, sans la queue, de 217 cm (les plus petites femelles gravides* jamais enregistrées, capturées en baie de Malaga, Espagne, mesuraient 200 cm de longueur avec la queue) ; celles de l'hémisphère sud à une longueur à la fourche d'environ 185 cm. Les mâles de l'hémisphère nord atteignent la maturité à environ 173 cm pour 165 cm dans l’hémisphère sud.
Le requin-taupe commun est vivipare* aplacentaire*, avec une période de gestation* estimée de 8 à 9 mois. À l’instar du requin-taureau ou du requin mako, on retrouve chez cette espèce une forme de cannibalisme intra-utérin : l’oophagie*. La reproduction aurait lieu chaque année avec une mise-bas au cours de l’été de 2 à 6 petits au maximum, formés et autonomes.
La Méditerranée occidentale correspond à une aire de parturition*.
Les jeunes requins-taupes resteraient au moins un an dans des zones côtières avant d’effectuer des migrations.
Les requins-taupes communs sont des animaux migrateurs pouvant parcourir de grandes distances (jusqu’à 2 000 km). On retrouve à travers ces grands déplacements des zones où la concentration est plus élevée avec des rassemblements sexo-spécifiques. Bien que l’origine de ces déplacements soit encore méconnue, ils seraient à mettre directement en lien avec le cycle migratoire de l’espèce. Ainsi, malgré un sex-ratio* déséquilibré selon la zone géographique considérée, on retrouve dans les populations globales un sex-ratio équilibré.
La formule dentaire* est : 12 à 16 – 12 à 16 / 7 à 13 – 7 à 13
L’ensemble des Lamnidés, dont le requin-taupe commun, ont la capacité de maintenir leur température corporelle au-delà de la température ambiante de l’eau grâce à des échangeurs thermiques vasculaires (retia-mirabilia). Ces échangeurs thermiques leur permettent de conserver la chaleur produite par des processus métaboliques. La retia-mirabilia se trouve dans les muscles et viscères. Ce n’est cependant pas l’unique atout physiologique de cet animal, puisque que l’on retrouve également des dérivations vasculaires lui permettant de modifier le flux sanguin, offrant une régulation plus performante de la température du corps vis-à-vis du milieu extérieur.
L’espérance de vie du requin-taupe commun serait d’environ 30 ans en moyenne (entre 19 et 46 ans) et correspondrait à une taille maximale de 3,5 m.
L’espèce, qui peut être solitaire ou grégaire, fut ciblée par des pêcheries au cours du XXe siècle, en France ; cette pratique était particulièrement développée à l’île d’Yeu dans les années 1960. Cette pêche saisonnière a entraîné une diminution de la population qui s’est suivie par une redirection des activités de façon moins ciblées à la fin du siècle. En 2010, un règlement de pêche communautaire (1124/2009) est mis en place interdisant la pêche, la capture ou le transbordement de cette espèce. Depuis lors le stock s’est lentement reconstitué pour atteindre une valeur proche de la biomasse limite.
L’observation de ce requin véloce
est rare en plongée ; il se rencontre de façon assez sporadique. Il est plus
rare en Méditerranée qu’en Atlantique. C’est un requin qui peut s’avérer
curieux mais difficile à approcher, d’autant que les zones de possibles
rencontres offrent des conditions difficiles de plongée. Il ne présente a priori qu’un risque faible d’attaque en cas de rencontre. L'International Shark
Attack File (ISAF) répertorie deux attaques non provoquées de requins-taupes
communs au large de l'Angleterre et du Canada, toutes deux contre des plongeurs
et non mortelles. Il convient par conséquent, comme avec tout animal sauvage,
de rester vigilant et de profiter calmement du spectacle de cette rencontre
sous-marine privilégiée.
Science participative : vous pouvez via CROMIS* signaler votre observation à l'association Des Requins et Des Hommes -DRDH) qui recense les rencontres avec cet animal dans un programme de photo-identification participatif.
Le requin-taupe commun est inscrit en annexe II de la CITES depuis 2014.
Requin-taupe en référence à sa couleur grise rappelant celle de la taupe.
Lamna : du grec [lamna] = poisson vorace.
nasus : du latin [nasus] = nez, en référence à son museau conique.
Numéro d'entrée WoRMS : 105841
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Elasmobranchii | ||
Ordre | Lamniformes | Lamniformes | Requins maquereau : 2 nageoires dorsales, une nageoire "anale", 5 branchies, des yeux sans membrane protectrice, bouche étendue derrière les yeux. |
Famille | Lamnidae | Lamnidés | Présence de muscles rouges le long de l'axe central permettant de maintenir une température corporelle supérieure à celle de l'eau. |
Genre | Lamna | ||
Espèce | nasus |
De profil
Une vue de profil permet de voir les principales caractéristiques physiques de cette espèce : un museau long conique, un œil noir large, les nageoires dorsale et pectorales légèrement arrondies, une tâche blanche sur la base postérieure de la première nageoire dorsale.
Bretagne, en apnée
2023
Une approche curieuse pendant une apnée
L’approche du requin est généralement rapide et se détourne à quelques mètres de nous. On peut facilement voir son œil nous suivre lors de la rencontre. Cette photo montre le regard dirigé vers l’apnéiste. Le nez conique ainsi que ses grandes nageoires sont également très visibles sur cette photo.
Bretagne, en apnée
2023
Museau long conique et œil noir large
Cette photo montre bien l'aspect conique du museau ainsi que l'œil noir relativement large.
Ploumanac'h (22)
19/05/2024
Autre vue de profil
Cette photo montre bien l'aspect légèrement arrondi de la nageoire pectorale, ainsi que la tâche blanche sur la base postérieure de la première nageoire dorsale.
Ploumanac'h (22)
19/05/2024
Illustration du requin-taupe
Illustration : Marion SARANO, voir son site en lien sur la page de Longitude 181.
France
22/03/2019
Rédacteur principal : Paul ABAUT
Vérificateur : Vincent MALIET
Responsable régional : Pascal GIRARD
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La page Lamna nasus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page sur Lamna nasus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase