Hydraire penné

Kirchenpaueria pinnata | (Linnaeus, 1758)

N° 2432

Mer du Nord, Manche, Atlantique, Méditerranée

Clé d'identification

Colonies blanchâtres ou jaunâtres de 3 à 6 cm de haut
Souvent en bouquets
Colonie en forme de plume, hydrocaule non ramifié
Nombreux hydroclades alternes, courts, rigides dans un seul plan
Hydrothèques larges, courtes en forme de bol, lisses, tournées vers l’hydrocaule
Minuscules nématophores sessiles sous chaque hydrothèque
Gonothèques blanches ou roses en double rangée le long de l’hydrocaule

Noms

Autres noms communs français

Hydraire ailé

Noms communs internationaux

Fine feather-hydroid, fine feather sea fir (GB), Federpolyp (D), Vederachtige zeeborstel (NL), Fin fjerpolyp (Danemark), Sildebeinhydroide (Norvège)

Synonymes du nom scientifique actuel

Sertularia pinnata Linnaeus, 1758
Kirchenpaueria pinnata var. echinulata Lamarck, 1816
Kirchenpaueria echinulata (Lamarck, 1816)
Plumularia echinulata Lamarck, 1816
Plumularia macleodii Westendorp, 1843
Kirchenpaueria pinnata var. similis Hincks, 1859
Kirchenpaueria similis (Hincks, 1861)
Diplocyathus minutus Leloup, 1930

Distribution géographique

Mer du Nord, Manche, Atlantique, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Kirchenpaueria pinnata est présente dans l’Atlantique Nord-Est, en Islande, au nord de la Norvège, à l’entrée de la Baltique (Skagerrak et Kattegat, mais pas au-delà à l’est) et jusqu’au Maroc et en Méditerranée.
Cette espèce est commune également au sud-ouest du Cap (en Afrique australe) mais pas ailleurs. Cette distribution australe est certainement liée à un transport par bateau.

Biotope

Kirchenpaueria pinnata est observée sur une grande variété de substrats*, rochers, pierres, coquilles de mollusques, carapaces de crustacés, macroalgues, phanérogames* marines et les structures artificielles en bois. Elle se fixe sur de nombreux supports différents comme des cordages et des filets.

On la trouve à partir de la mi-marée dans les cuvettes retenant l’eau de mer et surtout dans l’infralittoral* jusqu’à plusieurs centaines de mètres de profondeur. K. pinnata est considérée comme une espèce caractéristique pour une douzaine d’habitats, rocheux ou sédimentaires (à l’exemple de l’habitat A5.35, vase sableuse circalittorale*).

Description

Chaque colonie de Kirchenpaueria pinnata est en forme de plume avec une tige principale centrale (ou hydrocaule*) non ramifiée, droite (ou très légèrement en zigzag) avec de nombreuses branches latérales (ou hydroclades*) alternes, courtes et rigides, le tout dans un seul plan.
Ces colonies dressées, très fines, blanchâtres ou jaunâtres de 3 à 6 cm de haut (voire 10 cm) pour 1,5 cm de large sont souvent en bouquets à partir d’un stolon* basal ramifié.

Les polypes* (ou hydranthes*) sont chacun dans une coupe chitineuse (ou hydrothèque*) large et courte en forme de bol, lisse, tournée du côté de la tige (ou hydrocaule). Ces hydrothèques sont disposées à intervalles réguliers sur les branches latérales (les hydroclades). Les polypes possèdent 20 à 24 tentacules en un seul anneau.
De minuscules nématophores* sessiles sont disposés sous chaque hydrothèque (et parfois un au-dessus), et généralement un à l’aisselle de l’hydroclade (voir le schéma). Il n’y a pas de nématothèque*.
Les gonothèques* des deux sexes sont semblables et elles forment une double rangée le long de la tige principale ou sur la partie basale des hydroclades*. Ces gonothèques blanches ou roses sont en forme de poire ou ovalaires avec un court pédoncule* et très variables. Leur sommet peut porter des crêtes longitudinales, être lisse ou avec des pointes.

Espèces ressemblantes

De nombreuses espèces sont très proches de Kirchepaueria pinnata.

Kirchenpaueria similis : cette espèce est considérée comme synonyme de K. pinnata. Toutefois, les hydroclades* entre 2 hydrothèques* adjacentes portent 2 anneaux (ou nœuds) au lieu d’un seul et les hydrothèques sont grandes au bord évasé au lieu de plus petites à bord droit. Il n’y a pas de nématophore* axillaire.

Plumularia setacea : cette espèce est plus petite, de couleur plus foncée, les hydroclades sont alternés, la colonie peut être ramifiée. Les gonothèques*, allongées et séparées, avec un col, sont insérées sur les bases des hydroclades.

Schizotricha frutescens : cette espèce est plus grande (15 cm) et ramifiée, les hydroclades sont longs. Les jeunes colonies ne sont pas encore ramifiées et ressemblent à K. pinnata.

Kirchenpaueria halecioides : cette espèce est plus petite (3 cm), ramifiée avec des nématothèques* (pas de nématophores nus) et des gonothèques annelées.

Halopteris catharina : cette espèce est ramifiée et peut mesurer 10 cm. Elle se distingue surtout par des hydroclades plus espacés et généralement opposés. L’ensemble des colonies ressemble à une toile d’araignée.

Alimentation

Comme chez beaucoup d’hydraires, les petits polypes* (les hydranthes*) sont nombreux. La plupart sont spécialisés dans la capture des particules de nourriture en suspension dans l’eau : du plancton* et des larves* d’autres invertébrés. Les proies sont immobilisées par les cellules urticantes ou cnidocytes* présentes sur les tentacules* des polypes. Ces cellules spécialisées peuvent également défendre la colonie contre les prédateurs. La proie passe ensuite dans la cavité générale du polype où elle subit un début de digestion. Ensuite la nourriture, partiellement digérée, peut être distribuée dans la colonie par un système de canaux.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés
La colonie croit par bourgeonnement* (multiplication asexuée).
Sur l’hydrocaule*, deux sortes de polypes* sont ainsi produits :

  • les plus nombreux sont les polypes nourriciers (ou hydranthes*) ;
  • les polypes reproducteurs ou gonophores* (ou gonozoïdes*) sont dépourvus de bouche et de cellules urticantes.

Ces gonophores sont en forme de poire, blancs ou roses. Les mâles et les femelles sont identiques et d’une hauteur de 840 à 1200 µm. Ces gonophores produisent de petites méduses qui libèreront les gamètes* dans le milieu extérieur où la fécondation sera réalisée. Les œufs donneront ensuite de petites larves* planula*. Celles-ci se métamorphoseront* en jeunes colonies par bourgeonnement des hydrothèques.

Vie associée

Les colonies de Kirchenpaueria pinnata comme les autres espèces d’hydraires peuvent servir de support à de nombreux épibiontes* (autres hydraires, bryozoaires, …). Elles peuvent, elles-mêmes, être en épibiontes.

Au moins trois espèces de nudibranches éolidiens se nourrissent de Kirchenpaueria pinnata.

  • Le nudibranche Doto dunnei dont la ponte est un ruban blanc disposé en 9 boucles parallèles. Le milieu du ruban est presque sans œufs ; de ce fait ce ruban semble être formé de 2 bandes parallèles étroites.
  • Un autre nudibranche Eubranchus vittatus se nourrit exclusivement de Kirchenpaueria pinnata. Sa ponte est différente de celle du Doto. C’est un petit ruban blanc en forme de cercle ou d’une spirale d’un tour et demi au maximum. Il contient des capsules lisses (avec chacune un seul œuf).
  • Capellinia doriae a également été trouvé sur Kirchenpaueria pinnata, aussi bien en Méditerranée qu’en Atlantique. La ponte est un petit serpentin blanc qui forme jusqu’à un cercle complet. Des larves* de C. doriae se sont métamorphosées* en juvéniles en présence d'extraits de K. pinnata. Cette espèce de nudibranche dépend de l'hydraire pour achever son développement..

Origine des noms

Origine du nom français

Hydraire penné signifie hydraire en forme de plume.

Origine du nom scientifique

Kirchenpaueria : ce nom de genre créé, en 1883, par le zoologiste allemand Carl Friedrich Jickeli (1850-1925) en hommage à Gustav Heinrich Kirchenpauer (1808-1887) sénateur, premier maire de Hambourg, qui a travaillé sur les Hydraires (Plumularidés et Sertularidés) et les Bryozoaires.

pinnata : du latin [pinna] = penne, plume et du suffixe latin [-ata] qui précise une action, donc emplumé, en référence à l’aspect d’une colonie qui ressemble à une petite plume.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 117674

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Classe Hydrozoa Hydrozoaires Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce.
Sous-classe Hydroidolina Hydroïdes Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype.
Ordre Leptothecata / Leptomedusa Leptothécates / Leptoméduses Hydroïdes coloniaux dont les polypes sont protégés par une enveloppe chitineuse, la thèque. Méduses (quand elles existent) aplaties, parfois de grande taille, portant des statocystes sur le bord de l’ombrelle, et des gonades sur les canaux radiaires.
Famille Kirchenpaueriidae Kirchenpaueriidés
Genre Kirchenpaueria
Espèce pinnata

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