Hydraire halecioïde ou à l'aspect d'Halecium

Kirchenpaueria halecioides | (Alder, 1859)

N° 4087

Cosmopolite

Clé d'identification

Petites colonies en forme de plumes jusqu’à 40 mm de haut
Hydrocaules polysiphoniques, au moins à la base, ou monosiphoniques
Hydroclades alternes, peu ramifiés
Présence d’entre-noeuds sur l’hydrocaule et les hydroclades
Polypes dans des hydrothèques faisant un angle de 80 °
Petites nématothèques
Gonothèques, sur l’hydrocaule, en forme de tonneau avec 8 à 10 côtes

Noms

Autres noms communs français

Plume de mer (nom donné à plusieurs espèces d’hydraires)

Noms communs internationaux

Zeeveertje (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Plumularia halecioides Alder, 1859
Ventromma halecioides (Alder, 1859)
Plumularia tenuis Schneider, 1897
Plumularia inermis
Nutting, 1900
Plumularia irregularis Millard, 1958
Ventromma irregularis (Millard, 1958)

Distribution géographique

Cosmopolite

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-Ouest, ● Indo-Pacifique

Kirchenpaueria halecioides est une espèce cosmopolite des eaux tempérées, subtropicales et tropicales de l’Atlantique Est (des îles Shetland aux Açores), de l’Atlantique Ouest (Floride et Caraïbes jusqu’au Venezuela) et de l’Indo-Pacifique. Elle est présente également en Méditerranée et en mer Noire.

Biotope

Kirchenpaueria halecioides est présente de la zone de balancement des marées, dans les flaques et cuvettes à l’infralittoral* soit entre 0 et 20 m de profondeur (peut-être même jusqu’à 100 m ?). Elle est fixée sur toute sorte de supports, souvent en épibionte* sur des algues, des phanérogames marines, des pierres, du bois, des moules, des balanes, des bryozoaires, des ascidies, des éponges et autres organismes, ainsi que sur des substrats* artificiels.

Description

Kirchenpaueria halecioides est un hydraire qui se présente sous la forme de petites colonies dressées, jusqu’à 40 mm de haut, avec un stolon* (ou hydrorhize*) ramifié et rampant sur le substrat. Les tiges verticales (ou hydrocaules*) peuvent être polysiphoniques* (plusieurs tiges) au moins à la base ou monosiphoniques* (une seule tige) de couleur brune, en forme de plume peu ramifiée.
L’axe de l’hydrocaule présente des segments (entre-noeuds) séparés par des noeuds. Ces entre-noeuds portent des branches latérales (ou hydroclades*) dans un seul plan. Ces dernières sont alternes et peu ramifiées et sont formées également d’entre-noeuds. Ces derniers entre-noeuds, assez longs, portent des polypes* (ou hydranthes*) logés dans une hydrothèque* en forme de coupe. Les entre-noeuds sans polypes sont assez courts. L’ouverture de ces hydrothèques forme un angle d’environ 80 ° par rapport à l’axe.
Les polypes portent 14 à 18 tentacules.
On observe de petites nématothèques* à la base du départ des hydroclades et en dessous et au-dessus des hydrothèques sur les hydroclades.
Les gonothèques* sont allongées (1 mm de long) en forme de tonneau rétréci à la base. Leur paroi porte 8 à 10 côtes transversales arrondies. Elles sont attachées par un court pédoncule* aux entre-noeuds de l’hydrocaule. La surface supérieure des gonothèques est tronquée, avec une large ouverture circulaire et un opercule.

Espèces ressemblantes

Il existe de nombreuses espèces de plumulaires.
Cette espèce peut être confondue avec Kirchenpaueria pinnata, mais l'axe principal (hydrocaule*) de cette dernière n'est pas ramifié, alors que K. halecioides est parfois ramifiée. Cette dernière porte des nématothèques*, absentes chez K. pinnata.

Alimentation

Comme chez beaucoup d’hydraires, les petits polypes* (les hydranthes*) sont nombreux. La plupart sont spécialisés dans la capture des particules de nourriture en suspension dans l’eau : du plancton* et des larves* d’autres invertébrés. Les proies sont immobilisées par les cellules urticantes ou cnidocytes* présentes sur les tentacules* des polypes. Ces cellules spécialisées peuvent également défendre la colonie contre les prédateurs. La proie passe ensuite dans la cavité générale du polype où elle subit un début de digestion. Ensuite, la nourriture partiellement digérée peut être distribuée dans la colonie par un système de canaux.

Reproduction - Multiplication

La colonie croit par bourgeonnement* (multiplication asexuée).
Sur l’hydrocaule*, deux sortes de polypes* sont ainsi produits :

  • les plus nombreux sont les polypes nourriciers (ou hydranthes*),
  • les polypes reproducteurs ou gonophores* (ou gonozoïdes*) sont dépourvus de bouche et de cellules urticantes.

A l’œil nu, il n’y a pas de différences morphologiques des gonothèques* entre les deux sexes. Il est donc difficile de savoir si les sexes sont séparés ou non.

Selon Galea H. (2018), quand les gonophores sont formés, ils s’échappent de la gonothèque* par un passage étroit. Les gonophores mâles translucides deviennent opaques (maturation des spermatozoïdes*). Dans les gonophores femelles, les ovules* prennent une forme sphérique.
Les gonophores libres prennent la forme caractéristique des méduses. Mais ce sont des cryptoméduses car ils ne possèdent pas de tentacules*, ni d’organes sensoriels, … Cependant, ils portent, dans les deux sexes, une ceinture de corps réfringents autour de l’ouverture de la cloche. Leur fonction n’est pas connue (flottabilité ?).
Les méduses femelles mesurent jusqu’à 1 165 µm de long et 655 µm de large et produisent jusqu’à 90 ovules. Les méduses mâles mesurent jusqu’à 820 µm de long et 585 µm de large. La durée de vie de ces méduses est brève.
Les gamètes* sont rapidement libérés dans l’eau de mer. La fécondation (externe) donnera des œufs qui se développeront en larves* planula* planctoniques*. Ces dernières rejoindront ultérieurement un substrat* adéquat et se métamorphoseront* chacune en une nouvelle toute petite colonie.

Vie associée

Dans le nord de l’Espagne, un petit nudibranche éolidien, Eubranchus prietoi Llera & Ortea 1981, est parfois observé pendant la journée à la base de Kirchenpaueria halecioides. Pendant la nuit, ce nudibranche se nourrit sur la colonie et s’accouple. Les pontes, blanches, se présentent sous la forme d'une coupe ouverte (ou vues de dessus sous la forme d'un rein) et sont attachées à la colonie.

Dans le sud de l’Espagne et en Adriatique, un autre nudibranche cryptique*, dendronotoide, Lomanotus barlettai Garcia-Gomez, Lopes-Gonzalez & Garcia, 1990, a été trouvé sur Kirchenpaueria halecioides et K. pinnata. Cette espèce de nudibranche, très discrète, est très bien camouflée et donc difficile à observer.

Chez plusieurs espèces d’hydraires, dont K. halecioides, des bactéries luminescentes du genre Vibrio ont été mises en évidence sous excitation de lumière bleue. Ces bactéries fluorescentes pathogènes sont présentes à la surface des hydraires. (Stabili & al 2008).

Divers biologie

Plusieurs auteurs signalent une grande variabilité dans le développement de la colonie déterminée par l’hydrodynamisme. Dans les eaux calmes, les colonies peuvent devenir très importantes, alors qu’elles restent petites et simples (c'est-à-dire monosiphoniques*) dans les eaux agitées.

Informations complémentaires

Vervoort et Faasse (2009) mettent en doute la description de cette espèce par Cornelius en 1995. Ce dernier aurait observé une autre espèce proche.

Origine des noms

Origine du nom français

Hydraire halecioïde (ou à l’aspect d’Halecium) : simplification et traduction du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Kirchenpaueria : ce nom de genre a été créé, en 1883, par le zoologiste allemand Carl Friedrich Jickeli (1850-1925), en hommage à Gustav Heinrich Kirchenpauer (1808-1887) sénateur, premier maire de Hambourg qui a travaillé sur les Hydraires (Plumularidés et Sertularidés) et les Bryozoaires.

halecioides : le zoologiste britannique Joshua Alder (1792-1867) précise en 1859 : "A l'état jeune, ou lorsqu'elle est partiellement dénudée de ses hydrothèques, elle a tout à fait l'apparence d'une Halecium, à laquelle elle ressemble par son mode de croissance". Le suffixe grec [-oïde] = qui a l'aspect de.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 117673

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Classe Hydrozoa Hydrozoaires Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce.
Sous-classe Hydroidolina Hydroïdes Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype.
Ordre Leptothecata / Leptomedusa Leptothécates / Leptoméduses Hydroïdes coloniaux dont les polypes sont protégés par une enveloppe chitineuse, la thèque. Méduses (quand elles existent) aplaties, parfois de grande taille, portant des statocystes sur le bord de l’ombrelle, et des gonades sur les canaux radiaires.
Famille Kirchenpaueriidae Kirchenpaueriidés
Genre Kirchenpaueria
Espèce halecioides

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