Kentrodoris veineux

Jorunna rubescens | (Bergh, 1876)

N° 2647

Océans Indien et Pacifique Ouest

Clé d'identification

Grand nudibranche au corps très allongé, au museau proéminent
Beige, à stries discontinues brun-rougeâtre
Fourreau branchial volumineux, élevé, en forme de vase
7 branchies bicolores ramifiées
Rhinophores allongés à lamelles brunes

Noms

Autres noms communs français

Jorunna veineuse, doris vineuse

Noms communs internationaux

Red-lined kentrodoris (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Kentrodoris rubescens Bergh, 1876
On remarque que WoRMS, le site référence de DORIS, indique Jorunna rubescens (Bergh, 1876) et Kentrodoris rubescens Bergh, 1874.
D'autres sites, comme Sea Slug Forum de Bill Rudman, notent Jorunna rubescens Bergh, 1876 et Kentrodoris rubescens Bergh, 1876, du fait que les deux noms sont synonymes.

Distribution géographique

Océans Indien et Pacifique Ouest

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

On croise Jorunna rubescens dans l'océan Indien (elle est présente à Mayotte, à La Réunion, à Maurice) et dans le Pacifique Ouest.

Biotope

L'espèce s'installe dans les lagons à faible profondeur, sur fond de sable ou de débris coralliens, mais aussi dans les prairies à cymodocées et syringodium.
On peut pourtant le rencontrer jusqu'à 20 m de profondeur.

Description

Le corps de ce grand nudibranche est mou, renflé et très allongé. Il peut atteindre 30 cm.
La teinte de fond du manteau est beige clair avec des stries brun-rougeâtre discontinues. Ces stries sont plus rapprochées et plus foncées au bout du "museau", au-dessus de la bouche, ainsi qu'au niveau de la queue, pouvant chez certains individus former pratiquement des macules noires. Entre les stries brunes, on peut remarquer, presque ton sur ton, des points jaune pâle cerclés de blanc. Le bord du manteau est plus clair.
Une observation rapprochée du manteau, semblant un peu rêche, permet de distinguer de tout petits tubercules spiculeux* : les caryophyllidia. Celles-ci sont implantées de façon dense sur la totalité du manteau.
Sur la tête de l'animal, les rhinophores* allongés, à lamelles brunes, émergent d'un large et haut fourreau en forme de cupule brune. Le museau est assez allongé, proéminent, Les tentacules oraux sont coniques et blanchâtres.
Pratiquement à mi-corps et au centre d'un fourreau branchial très élevé, en forme de vase, porteur des mêmes motifs que le manteau, s'élève le panache branchial. Il est constitué de 7 branchies* bicolores ramifiées. Ces feuillets branchiaux tripinnés* sont blancs avec un rachis marqué de brun sombre. La papille anale ferme à l'arrière le cercle des branchies.
La couleur du pied est identique à celle du manteau, complétée de quelques lignes blanches, brisées. La sole* pédieuse est blanchâtre. En vue dorsale, le pied est souvent visible à l'arrière, lorsque l'animal se meut.

Espèces ressemblantes

Ce nudibranche est assez difficile à confondre ! Il est beaucoup plus grand que les autres espèces de Jorunna, auxquelles il ne ressemble esthétiquement pas du tout.
Son appartenance au genre Jorunna vient entre autres du fait que son manteau est couvert de papilles renfermant des spicules* (caryophyllidia), ce qui est une particularité des Jorunna.
On peut à la rigueur le comparer à quelques espèces de même grande taille, dans les genres Notodoris (ex : Notodoris serenae Gosliner & Behrens, 1997) ou Ceratosoma, mais la confusion ne résiste pas longtemps à l'examen.



Les pontes de Jorunna rubescens peuvent par contre être confondues en forme, voire en couleur, avec les pontes de la danseuse espagnole Hexabranchus sanguineus lorsqu'elles sont roses plutôt que rouges. Le ruban rose à volants de kentrodoris est souvent un peu plus petit, moins haut, un peu plus pâle.

Alimentation

Cette doris a une prédilection pour les éponges du genre Haliclona (mauve) vers lesquelles elle est attirée, très probablement par détection olfactive.

Reproduction - Multiplication

Dans l'hémisphère sud, la période de reproduction s'étend de novembre à février.
Cette doris est hermaphrodite*, comme tous les nudibranches, et l'accouplement se fait tête-bêche, les organes copulateurs se trouvant sur le côté droit de l'animal, derrière la tête. Chez Jorunna rubescens, le pénis est marqué de petits traits sombres, assortis au manteau !
La ponte se présente sous la forme d'un large ruban rose foncé, enroulé en spirale, d'un diamètre de 8 à 10 cm : elle ressemble à un tutu de danseuse.
On ne rencontre guère, chez cette espèce, de rassemblements importants pour l'accouplement.

Vie associée

On peut parfois observer des crevettes commensales sur cette doris, principalement une habituée des grands nudibranches, Periclimenes imperator.

Divers biologie

La radula*, sorte de bande râpeuse très spécialisée dont se servent les Opisthobranches pour ronger leurs proies, possède des dents de forme particulière ainsi qu'une organisation de ces dents propre à chaque espèce. C'est un élément taxonomique discriminant important.
La disposition généralement constatée de la radula chez Jorunna rubescens est d'environ 22 rangées de dents (cela peut évoluer d'un individu à l'autre, sans doute en rapport avec la taille et la maturité de l'animal). Sur chaque rangée, il y a 29 dents d'un côté, rien au milieu (pas de dents rachidiaires) et 29 dents de l'autre, soit une formule radulaire de 22 x (29-0-29). Parmi les dents situées de chaque côté, les dents latérales sont longues, émoussées et ne possèdent qu'une cuspide*, pas de denticules*. Les dents les plus excentrées sont plus courtes que les précédentes, sont courbes et pointues, sans denticules. Cette radula est adaptée à la nourriture de Jorunna rubescens.

Informations complémentaires

On pourrait s'étonner que notre kentrodoris ait rejoint le genre Jorunna, tant il semble morphologiquement différent de la quinzaine d'autres espèces que compte ce taxon. Pourtant, l'étude scientifique indique qu'il rassemble les caractères spécifiques des Jorunna. A savoir principalement les caryophyllidia de forme allongées sur le dos, quelques spécificités organiques internes communes (comme une prostate à deux sections ou une glande particulière insérée dans le tractus reproductif, avec épine copulatoire), un pénis généralement sans crochets (pour "s'arrimer » au partenaire) et des particularités dans la sphère orale (concernant la radula, les mâchoires, etc…).

En réalité, les genres Kentrodoris et Jorunna sont dorénavant considérés par beaucoup de spécialistes comme synonymes, les détails les différenciant étant ténus (notamment l'épine copulatrice fixée sur le pénis ou bien sur une glande annexe). Le nom Jorunna a donc été choisi, sinon par antériorité chronologique, tout au moins par l'usage et une décision de la Commission internationale de nomenclature zoologique (ICZN : International Commission on Zoological Nomenclature).

Origine des noms

Origine du nom français

Kentrodoris : Il s'agit de l'ancien nom de genre pour cette espèce. Ce genre a disparu, considéré comme synonyme de Jorunna.

Origine du nom scientifique

Jorunna : Bergh a créé ce nom de genre certainement en référence à une héroïne d'une saga islandaise (Laxdæla saga). Il semble d'ailleurs coutumier du fait puisque les genres Thuridilla ou Halgerda dont il est également l'auteur sont aussi tirés de personnages de ces sagas nordiques du XIIIes..

rubescens
: du latin [rubeus] = rouge.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 534389

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Famille Discodorididae Discodorididés Forme aplatie ovale ou un peu rectangulaire. Pied plus petit que le manteau granuleux. Possibilité d’autotomie du bord du manteau. Présence de glandes à acide. Tentacules buccaux coniques ou digitiformes.
Genre Jorunna
Espèce rubescens

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