Eponge-miette de pain

Hymeniacidon perlevis | (Montagu, 1814)

N° 2532

Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Clé d'identification

Couleur jaune pâle à rouge sang
Forme de coussin dans les zones exposées
Forme plus massive avec expansions en milieu abrité

Noms

Autres noms communs français

Eponge chewing gum

Noms communs internationaux

Crumb-of-bread sponge (GB), Bleke piekjesspons (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Quelques 17 noms en synonymie ont été donnés à cette éponge, en voici les principaux :
Spongia perlevis Montagu, 1814
Hymeniacidon perleve (Montagu, 1814)
Hymeniacidon sanguinea (Grant, 1826)
Hymeniacidon caruncula Bowerbank, 1858
Polymastia mammeata
Bowerbank, 1866
Raphiodesma simplissima
Bowerbank, 1874
Hymeniacidon virgulata
Bowerbank, 1882
Axinella cristagalli
Maas, 1894

Distribution géographique

Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Cette éponge très commune est présente sur les côtes occidentales des îles Britanniques, en mer du Nord (Pays-Bas, Belgique), en Manche (Pas-de-Calais, côtes normandes, îles anglo-normandes, Bretagne), dans l'océan Atlantique Nord-Est ainsi que sur les côtes occidentales de la Méditerranée.
Des spécimens du même nom ont été recensés dans de nombreux endroits du globe (océan Arctique, côtes africaines de l'archipel des Açores jusqu'à l'Afique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande) mais elles pourraient appartenir à une ou plusieurs espèces différentes.

Biotope

Cette espèce vit sur les fonds rocheux, entre l'étage médiolittoral* inférieur et 40 m de profondeur, dans des zones limoneuses exposées à un peu de courant. Elle tolère cependant les zones abritées des courants et peu exposées aux vagues. Elle peut également, fixée à un caillou ou une coquille de mollusque, fréquenter les fonds meubles souvent vaseux comme les ports ou les estuaires où seuls ses oscules émergent. Elle supporte des variations de température et de salinité importantes.

Description

Cette espèce, de couleur jaune pâle, orange vif à rouge sang voire rose orangé, est très polymorphe*. Elle peut prendre la forme de coussins plus ou moins mamelonnés d'une dizaine de centimètres de diamètre et peu épais (3 cm environ) dans les zones les plus exposées de l'infralittoral*. Dans les milieux abrités elle a tendance à former des formes plus massives jusqu'à 30 cm de diamètre et quelques 10 cm de hauteur, aux nombreuses et courtes expansions ou papilles*, souvent couvertes de sédiment. Les oscules* peu nombreux s'ouvrent à l'extrémité des papilles. Sa consistance est ferme et compressible. On observe parfois une membrane translucide qui recouvre la surface de l'éponge et forme comme un col autour des oscules.
Le squelette de l'ectoderme*, observé au microscope, forme une croûte compacte où les spicules* sont disposés en paquets, de façon confuse, se croisant dans toutes les directions. Le squelette du choanoderme* est, quant à lui, moins dense avec des spicules en paquets plus légers ou éparpillés de façon désordonnée.

Espèces ressemblantes

Amphilectus fucorum : surface criblée de petits trous, présence d'expansions en fins filaments.
Crella rosea : oscules avec des canaux rayonnants, de couleur plus translucide.
Halichondria panicea : oscules au sommet de cheminées régulières, couleur jaune vert.

Seule une étude des spicules, très différents selon les espèces, au microscope permettra une identification certaine.

Alimentation

Les éponges sont des animaux filtreurs qui se nourrissent de microparticules : bactéries, algues unicellulaires, débris organiques, ne dépassant pas en général 3 micromètres. Le courant d'eau nécessaire est créé par le mouvement de cellules* ciliées spécifiques des éponges : les choanocytes*.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut être sexuée* ou asexuée*.

  • Sexuée : la reproduction a lieu à la belle saison (juillet-août). Les gamètes* de cette éponge vivipare* fusionnent et donnent naissance à un œuf qui se divisera pour donner à son tour une larve* ciliée nageuse de type parenchymella*. Cette dernière, après une durée de vie très courte (quelques heures), se fixe sur le fond pour se métamorphoser* et donner une nouvelle éponge.
  • Asexuée : par bourgeonnement*, des amas de cellules se forment et se détachent de l'éponge mère pour coloniser d'autres sites.
Les éponges ont une forte capacité de régénération et des expériences concluantes ont été tentées sur Hymeniacidon perlevis. Le principe est de dissocier les cellules de l'éponge et d'observer in vitro la façon dont elles se regroupent en de petites masses sphériques ou sphérules* pour former une éponge identique à la souche.

Vie associée

Cette espèce est souvent en épibonte* des crampons de laminaires. Elle est associée parfois à des bryozoaires*, à de petites éponges du genre Sycon et à de petits crustacés amphipodes* de la famille des gammaridés qui courent sur toute son étendue. Elle peut englober au cours de sa croissance de petites algues rouges ou vertes ainsi que des tubes de vers polychètes* spionidés qui dépassent de sa surface.

Divers biologie

Cette éponge possède des spicules mégasclères*. Ce sont des styles* légèrement courbés de 152-475 µm x 3-12 µm. Certains possèdent un faible gonflement à leur extrémité.
On notera l'absence de microsclères* chez cette espèce.
Sa durée de vie est estimée à 2 ans (Burton).

Informations complémentaires

Sa couleur devient noire ou bien brun foncé quand elle conservée dans l'alcool.
Sa large tolérance aux divers facteurs écologiques (température, salinité, hydrodynamisme, lumière, exondation ou pollution) en fait un bio-indicateur très intéressant pour connaître certains caractères physico-chimiques de l'eau de mer et leur évolution. Des études sont en cours pour étudier sa capacité de dépollution bactérienne de l'eau de mer. L'efficacité de cette espèce dans la surveillance de la qualité des eaux des ports ou des bassins d'élevage piscicole est en effet clairement établie.
Il faut noter que cette éponge est celle qui remonte le plus haut dans l'étage infralittoral et qu'elle résiste parfaitement à l'exondation* lors des marées de vive eau en Manche ou en Atlantique.

Origine des noms

Origine du nom français

Miettes de pain : espèce friable comme du pain.

Origine du nom scientifique

Hymeniacidon : du grec [hymèn] = membrane et [acid] = épineux, faisant référence à la membrane translucide qui recouvre parfois cette éponge et aux spicules épineux.
perlevis : mot latin = très léger, comme l'aspect que donne la surface de cette éponge.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Porifera Spongiaires / Eponges Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules).
Classe Demospongiae Démosponges

Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella.

Ordre Halichondrida Halichondrides Squelette sans organisation visible.
Famille Halichondriidae Halichondriidés
Genre Hymeniacidon
Espèce perlevis

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