Anémone encroûtante
Polypes à deux couronnes de tentacules alternes
Exclusivement sur les hydraires-buisson
Hydroid zoanthid (GB), Zoantario de hidroido (E), Hydroid-Krustenanemone (D)
Parazoanthus tunicans Duerden, 1900
Caraïbes
Zones DORIS : ● CaraïbesDes Bahamas au Venezuela.
Ces zoanthaires se trouvent sur des hydraires entre 5 et 45 m de profondeur. Ils préfèrent toutefois les zones bien éclairées.
Anémone encroûtante, colonisant exclusivement (mais pas systématiquement) les hydraires buisson (Dentitheca dendritica).
Les polypes sont petits (environ 5 mm), émergeant du cœnenchyme* (base charnue) qui enveloppe les rameaux de l’hydraire support, mais pas jusqu’au bout des branches.
Comme chez tous les zoanthaires, les polypes présentent deux couronnes de tentacules dirigés alternativement vers le haut et vers le bas, augmentant ainsi les possibilités de capture.
La couleur est variable : du blanc grisâtre au brun foncé en passant par le jaune doré.
Cette fiche regroupe sous le nom de Hydrozoanthus tunicans plusieurs variantes de couleur, qui correspondent peut-être à plusieurs espèces ou sous-espèces, voire à d’autres genres. La systématique actuelle des zoanthaires est basée sur la morphologie des polypes, elle pourrait être remise en cause par les études en cours sur la phylogénie moléculaire.
Un des zoanthaires qui poussent sur ce même hydraire est actuellement décrit sous le nom de Isozoanthus antumbrosus (antumbra désigne la zone d’ombre d’une éclipse de soleil, ce nom lui a été donné à cause des nombreux tentacules dorés rayonnant autour de la bouche sombre, évoquant une éclipse annulaire).
Hydrozoanthus tunicans se nourrit de petites proies (larves, petits crustacés) capturées dans le courant à l’aide de ses tentacules.
Il héberge des zooxanthelles (Symbiodinium) dans ses tissus, qui jouent sans doute un rôle complémentaire dans ses ressources alimentaires.
On connaît peu de choses sur la reproduction des zoanthaires en général.
Ils produisent des larves planctoniques par reproduction sexuée. Une fois fixées sur un support qui leur convient spécifiquement, les larves donneront de nouvelles colonies (clones) en se multipliant intensivement de façon asexuée.
L’association avec l’hydraire buisson est obligatoire pour le zoanthaire, mais pas pour l’hydraire. En effet, on trouve des hydraires-buisson non colonisés. Le zoanthaire, qui n’a pas de squelette, profite de la structure érigée de l’hydraire pour exploiter les ressources en plancton de la colonne d’eau (entrant donc en concurrence avec son support) et profite peut-être d’une protection par les nématocystes urticants de son hôte.
Lorsque deux colonies différentes poussent sur le même hydraire (deux couleurs, voire deux espèces) la zone d’affrontement est souvent dénudée, avec des polypes rétractés ou réduits, ce qui est l’indice d’une forte compétition pour le support.
Le zoanthaire n’est pas du tout urticant pour l’homme, mais l’hydraire l’est, donc attention à ne pas trop s’approcher.
Jusqu'à tout récemment (2012), cette espèce était rangée sous le genre Parazoanthus. Selon des études récentes basées sur l'ADN et l'ARN ribosomal, la diversité des différentes espèces du genre actuel des Parazoanthus se retrouve dans leur matériel génétique et suggère une révision taxonomique.
Ainsi, P. tunicans a été intégré à la nouvelle famille des Hydrozoanthidae, (incluant les nouveaux genres Hydrozoanthus et Terrazoanthus), ainsi que d'autres zoanthaires tropicaux hôtes des hydraires.
Le terme Zoanthaire est le nom français de la sous-classe des Zoantharia ou Hexacorallia, regroupant les anémones, les cérianthes, les madrépores, les corallimorphaires et les antipathaires. Le nom de zoanthaire est cependant passé dans le langage courant pour désigner, de façon restrictive, plusieurs familles appartenant à l'ordre des Zoanthides, c'est donc cette appellation que nous reprenons ici.
"Zoanthaire des hydraires" rappelle l’habitat exclusif et obligatoire de ces zoanthaires.
Hydrozoanthus : composé sur le modèle de Parazoanthus (du grec [para-] = "à côté de", et [zo- ; anth -] = animaux-fleurs, signifiant signifie zoanthaire associé) ; avec substitution du préfixe [para-] par [hydro-] pour rappeler le substrat privilégié par ces espèces.
tunicans (latin) signifie revêtant (d'une tunique), d'où encroûtant.
Numéro d'entrée WoRMS : 283873
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Zoanthidea | Zoanthides | Hexacoralliaires coloniaux pour la plupart tropicaux. Polypes de 1 mm à 2 cm de diamètre, souvent reliés par des stolons. Ce sont les anémones encroûtantes, qui peuvent coloniser de grandes surfaces. |
Famille | Parazoanthidae | Parazoanthidés | |
Genre | Hydrozoanthus | ||
Espèce | tunicans |
Association étroite
Les branches en "arête de poisson" appartiennent à l'hydraire, les gros polypes dorés appartiennent au zoanthaire.
Port-Louis, Guadeloupe (971), 15 m
11/02/2008
Variante blanche
Celui-ci est totalement blanc y compris les tentacules.
Les Saintes, Guadeloupe (971)
30/07/2006
Polypes rétractés
Les polypes du zoanthaire n’englobent que la base des rameaux de l’hydraire, laissant libre l’extrémité des "plumes" où se trouvent les hydranthes actifs.
Caye Potyo, Martinique (972), vers 14 m
14/05/2008
La "tunique"
Quand les polypes du zoanthaire se rétractent complètement, on ne voit plus que le coenenchyme gainant le support (ici, les branches de l'hydraire)
Pointe d'Antigues, Guadeloupe, 15 m
03/12/2009
Polypes blancs, tentacules dorés
Ici les tentacules contrastent avec le coenenchyme* blanc.
Caye Potyo, Martinique, 14 m
14/05/2008
Compétition
Il arrive qu’un hydraire soit colonisé par deux clones différents ; ici la différence est bien visible par la couleur des polypes, il pourrait s'agir de deux espèces distinctes.
La Citadelle, Martinique (972), 24 m
13/12/2008
Le zoanthaire-éclipse
Le nombre élevé et la couleur jaune doré des tentacules, contrastant avec la couleur brune des polypes, rend très probable l’identification de ce zoanthaire : cette espèce récemment décrite porte le joli nom de Isozoanthus antumbrosus ce qui signifie à peu près « zoanthaire éclipse ».
Le Sous-Marin, Martinique (972), 19 m
15/05/2008
Variante chocolat
Il s'agit sans doute encore du zoanthaire-éclipse. Comme chez tous les zoanthaires, deux couronnes de tentacules alternent sur le bord du disque buccal.
Ilet Kaouanne, baie des Pélicans, Guadeloupe
17/05/2011
Prédation
Les vers de feu, prédateurs opportunistes, se nourrissent indifféremment des polypes de l’hydraire et du zoanthaire.
Caye Maréchal, Martinique(972), 19 m
16/05/2008
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Correcteur : Frédéric SINNIGER
Responsable régional : Anne PROUZET
Sinniger F., Montoya-Burgos J. I., Chevaldonné P., Pawlowski J., 2005, Phylogeny of the order Zoantharia (Anthozoa, Hexacorallia) based on the mitochondrial ribosomal genes, Marine Biology, 147, 1121–1128.
Swain T.D., 2009, Isozoanthus antumbrosus, a new species of zoanthid (Cnidaria: Anthozoa: Zoanthidea) symbiotic with Hydrozoa from the Caribbean,with a key to hydroid and sponge-symbiotic zoanthid species, Zootaxa, 2051, 41–48.
La page de Parazoanthus tunicans sur le site Hexacorallians of the World : Fautin, Daphne G. 2009. Hexacorallians of the World. http://geoportal.kgs.ku.edu/hexacoral/anemone2/index.cfm