Axe principal (ou hydrocaule) mince et très fin par rapport à la taille, sinueux, formé d'un seul tube (ou monosiphonique)
Rameaux (ou hydroclades) en forme de feuille de palmier, disposés en spirale et formés de plusieurs tubes accolés (ou polysiphoniques)
Enveloppes des polypes (ou hydrothèques) grossièrement tubulaires, bordées par un col court
Hydrothèques alignées d'un seul côté du rameau et légèrement inclinées alternativement à gauche et à droite
Gonothèques mâles et femelles identiques
Coralline à faucilles (nom utilisé autrefois, on le trouve chez les auteurs du XVIIIe et XIXe siècle)
Sickle hydroid, helter-skelter hydroid (GB), Korallenmoos, Sichelkoralline (D), Gekromde zeedraad, gekromde zeeborsstel (NL)
Sertularia falcata Linnaeus, 1758
Plumularia falcata (Linnaeus, 1758)
Serialaria falcata (Linnaeus, 1758)
Hydrallmania plumifera (Allman, 1877)
Sertularia plumifera (Allman, 1877)
Thuiaria plumifera (Allman, 1877)
Mer du Nord, Manche, Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest
Hydrallmania falcata est une espèce présente surtout de l'Atlantique Nord, des côtes des États-Unis d'Amérique dans le golfe du Maine et canadiennes et sur toutes les côtes sud-ouest européennes.
Sa présence en mer Baltique serait limitée à la baie de Kiel. Elle a été récoltée sur les côtes atlantiques du Maroc et de la Mauritanie. Sa présence en Méditerranée est limitée au détroit de Gibraltar (côté ouest) (Bouillon & al 2004).
Hydrallmania falcata vit généralement sur des substrats sablonneux mais toujours fixée par un stolon* (ou hydrorhize*) à un support solide comme des pierres, des coquillages, des épaves dans des zones à courant où l'eau est propre.
Elle est fréquemment rencontrée en plongée à partir de 3 m de profondeur et serait probablement présente au-delà de 100 m.
Hydrallmania falcata est une colonie dressée à partir d'un stolon* d'une hauteur courante comprise entre 100 et 300 mm (avec un maximum enregistré de 640 mm). La tige principale en zigzag comporte des branches pennées (en forme de plume), les rameaux (ou hydroclades*), régulièrement espacées et disposées en spirale. L'ensemble de couleur brun clair a un diamètre variant de 10 à 30 mm.
La tige principale ou hydrocaule* est mince par rapport à la taille de la colonie, elle est monosiphonique* (un seul tube, sans nœud) et sinueuse (elle change de direction à chaque insertion de plume rameau). Il n'est par rare de voire quelques colonies avec le quart inférieur de la tige dégarni de plume rameau.
Les axes de ces plumes rameau ou hydroclades* sont polysiphoniques* (ils comportent plusieurs tubes accolés, avec des nœuds) et sont plus minces que l'hydrocaule. Leur apparence courbe en forme de feuille de palmier ou de faux, donne à l'espèce le nom vernaculaire et le nom scientifique. De ces axes partent environ 8 paires de branches régulièrement espacées, légèrement recourbées également sur lesquelles sont fixés les polypes*.
Les loges protégeant ces polypes, les hydrothèques*, sont grossièrement tubulaires, s'élargissant à la base. Leur ouverture est ronde, (plus pointue chez les jeunes colonies) et légèrement bordée par un col court. Un opercule circulaire (caractéristique des sertulaires) est attaché par le bord intérieur. Ces hydrothèques ne sont généralement implantées que sur un côté des rameaux ou hydroclades droites légérement inclinées sur l'avant des plumes rameaux et légèrement orientées alternativement à gauche et à droite. A la maturité les hydrothèques seraient plus serrées et alignées par séries de 3 à 8 seulement séparées par les nœuds des branches sur lesquelles elles sont fixées.
La caractéristique de cette espèce : ce sont les hydrothèques en un seul rang (unisériées).
Les polypes portent plus ou moins 14 tentacules*.
Les gonothèques* mâles et femelles sont identiques, de forme ovoïde allongée et seulement reliées à leur support par un pédoncule* très fin. L'ouverture terminale est large et circulaire avec parfois 4 petites aspérités internes appelées dentilles (ressemblant à de petites dents). Leur situation sur les hydroclades fait toujours face à la surface.
Espèce tout à fait caractéristique mais on peut citer :
Hydrallmania fransiscana (Trask, 1857) en Californie,
Hydrallmania distans Nutting, 1899, présente dans le Pacifique (Chine), mais il s'agit peut-être de H. falcata pour ces deux espèces.
Les polypes nourriciers (ou gastrozoïdes) capturent, avec leurs tentacules (+ ou – 14) garnis de cnidocystes*, les particules alimentaires en suspension dans l'eau (plancton*). Ces dernières sont portées à la bouche en position centrale.
Hydrallmania falcata présente une reproduction sexuée comme les autres hydraires. Toutefois la famille des Sertulariidés, à laquelle cette espèce appartient, ne présente pas de stade avec des méduses libres. Les gamètes* mâles et femelles sont produits sur les gonophores dans des gonothèques séparées. Les spermatozoïdes* libérés dans l'eau de mer rejoignent les ovules sur les gonophores et assurent la fécondation. En général les gonophores présentent trois œufs qui donneront chacun une planula* .
La reproduction s'effectue entre décembre et avril sur le pourtour des îles Britanniques et de mars à mai sur les côtes françaises et belges.
Lors de la phase polype il y a une multiplication asexuée par bourgeonnement pour assurer la croissance de la colonie.
Une colonie de 30 cm de long aurait environ 4200 gonothèques en pleine période de reproduction.
Il n'y a pas à proprement parler d'association avec les colonies d'Hydrallmania falcata. Il s'agirait plutôt de considérer la colonie comme un support favorable à l'accrochage d'organismes épibiontes* beaucoup plus petits appartenant à de nombreux embranchements : autres hydraires, éponges, vers, bryozoaires, pontes de mollusques etc.
Les gonophores contiennent souvent de nombreux parasites.
Cette espèce vit préférentiellement dans des zones à courant continu, l'oxygénation est favorable à son développement ainsi qu'aux épibiontes.
De nombreuses espèces de nudibranches consomment cet hydraire, comme des Flabellines, des Facelines, des Eubranchus, des Cuthona, des Embletonia, des Favorinus et des Doto (il y a même un Doto hydrallmaniae Morrow, Thorpe & Picton, 1992) et également par les juvéniles de Dendronotus frondosus (Ascanius, 1774)
Cet hydrozoaire est souvent rejeté sur les côtes après les tempêtes. Il est courant d'en trouver dans les laisses de mer de Manche et de mer du Nord par exemple où il est très abondant.
Il est nécessaire d'avoir au minimum une loupe binoculaire pour observer cette espèce. L'identification est assez difficile pour les hydraires en général mais cette espèce a vraiment un port caractéristique.
Pour les observations à la loupe les dimensions sont :
Sur les côtes sud-ouest de Norvège on peut observer une variante de la position des hydrothèques. Celles-ci sont écartées en deux séries alternées.
Une substance cytotoxique l'hydrallmanol A ou diphényl-p-menthane (de la famille des terpénoïdes) a été isolée de cette espèce. Cette molécule est structurellement proche du tétrahydrocannabilol produit par Cannabis sativa, Linnaeus, 1758 , le chanvre cultivé ou cannabis. ( De là à fumer l'hydraire ….)
Vers la fin du XIXe siècle et au XXe siècle Hydrallmania falcata, ainsi que Sertularia cupressina, étaient dragués en grande quantité par des pêcheurs hollandais et allemands. Après nettoyage, séchage et coloration ces espèces étaient utilisées pour la décoration de lampes (abat-jours) par exemple ainsi que par les fleuristes (bouquets), les architectes et les ingénieurs pour des modèles.
Hydraire palmier : tient son nom des plumes (rameaux) qui ont une petite ressemblance avec les feuilles du végétal aérien du même nom.
Coralline à faucille.
Hydrallmania : du latin [hydra] = hydre, nom mythologique : l'hydre de Lerne (monstre possédant plusieurs têtes, ici les tentacules des polypes) des douze travaux d'Héraclès et allmania : en l'honneur du professeur George James Allman (1812-1898) spécialiste des hydraires.
falcata : du latin [falcatus] = recourbé ou en forme de faux. Il s'agit donc d'une espèce avec des rameaux aux formes recourbées.
Numéro d'entrée WoRMS : 117890
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Hydrozoa | Hydrozoaires | Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce. |
Sous-classe | Hydroidolina | Hydroïdes | Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype. |
Ordre | Leptothecata / Leptomedusa | Leptothécates / Leptoméduses | Hydroïdes coloniaux dont les polypes sont protégés par une enveloppe chitineuse, la thèque. Méduses (quand elles existent) aplaties, parfois de grande taille, portant des statocystes sur le bord de l’ombrelle, et des gonades sur les canaux radiaires. |
Famille | Sertulariidae | Sertulariidés | Colonies généralement érigées, les hydranthes peuvent se rétracter complètement dans leurs hydrothèques pourvues d’un opercule à valves. |
Genre | Hydrallmania | ||
Espèce | falcata |
Allure de palmier
Les branches de cet hydraire rappellent celles d'un palmier, d'où l'origine du nom vernaculaire*.
Buharat, St-Malo (35), 12 m
15/09/2007
Branches pennées
La tige principale en zigzag comporte des branches pennées (en forme de plumes), les hydroclades* ou rameaux, régulièrement espacées et disposées en spirale.
Buharat, St-Malo (35)
15/09/2007
Rameau fertile
Cette vue montre une hydrothèque.
Observation à la loupe - spécimen trouvé en Ria d'Etel (56) vers 10 m
29/01/2011
Colonies séchées
On voit bien son hydrocaule dégarnie de plumes ou rameaux côté basal.
Cap Gris Nez (62)
18/05/2014
Colonie fraîche dans une cuvette au laboratoire
Ce cliché montre les branches pennées dont les hydroclades ou rameaux sont disposés en spirale.
Flaque du médiolittoral de l'île de Tatihou (50)
12/06/2012
Hydrothèques
Image réalisée à la loupe binoculaire, on y observe des hydrothèques rangées en ligne et légèrement inclinées alternativement à gauche et à droite.
Au laboratoire
02/01/2016
Hydrothèques et une gonothèque
Sur cette image, réalisée à la loupe binoculaire, on peut compter les hydrothèques regroupées de 3 à 6 individus entre chaque nœud. Celles-ci sont grossièrement tubulaires.
Au laboratoire
02/01/2016
Gonothèques
Vue à la loupe de quelques gonothèques : on y voit le col court, l'ouverture large et circulaire, la forme ovoïde et le fin pédoncule. Ce spécimen est relativement récent car avec le temps celui-ci se plissera très nettement comme l'individu le plus en haut de l'image.
Cap Gris Nez (62)
18/05/2014
Epibiose
Cette image (au microscope ou à la loupe) montre la branche d'un hydraire palmier avec en épibiose d'autres hydraires de la famille des campanulaires, probablement du genre Clytia.
Au laboratoire
25/05/2014
Rédacteur principal : Christian SCOUPPE
Vérificateur : Daniel BURON
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Daniel BURON
La fiche de Hydrallmania falcata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN