Hornère frondiculée

Hornera frondiculata | Lamouroux, 1821

N° 2083

Méditerranée, Atlantique Est

Clé d'identification

Bryozoaire rare et profond (35 m et au-delà)
Colonies rigides, délicates et à port dressé
Base unique et grêle
Fines branches contournées se ramifiant plusieurs fois sur un même plan
Coloration crème, plus claire sur les grosses branches

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Lamarck a décrit en 1816 une espèce qu'il nomme Retepora frondiculata. Il semble que son spécimen type correspond à Hornera frondiculata. Si cela est confirmé, compte tenu de la règle de l'antériorité, il y aura lieu de changer l'auteur de ce bryozoaire : (Lamarck, 1816) à la place de Lamouroux, 1821.

Distribution géographique

Méditerranée, Atlantique Est

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Hornera frondiculata est présente en Méditerranée et en Atlantique Est limitrophe.

Biotope

L'hornère frondiculée est très rarement observée en plongée. Rencontrée à partir de 32/35 mètres jusqu'à 100 mètres de fond dans des zones à l'hydrodynamisme élevé, elle habite le détritique côtier où elle se fixe sur des cailloutis ou des débris coquilliers ainsi que sur les roches ou tombants coralligènes* profonds.

Description

Ce bryozoaire fortement calcifié et rigide constitue de très jolies et délicates colonies dressées, rameuses, non articulées et de 5 à 12 centimètres de largeur (exceptionnellement jusqu'à plus de 20 cm). A partir d'un tronc commun, les fines branches contournées se ramifient plusieurs fois sur un même plan sans jamais s'anastomoser* (ne forme pas de maille), leur diamètre allant en s'amenuisant vers la pointe des branches. Ainsi, ces petites branches, très proches les unes des autres, sans toutefois se toucher, finissent par former de véritables feuilles plus ou moins courbées.
La couleur crème s'éclaircit au niveau des troncs principaux. La colonie se fixe au substrat par une base unique et relativement grêle.
Les zoïdes s'ouvrent sur la face frontale des rameaux par de petits tubes (péristomes*) plus ou moins alignés en longues files et donnant un aspect finement épineux à ce côté des "feuilles". La face frontale s'oriente à l'opposé du substrat. La face dorsale plus lisse est parcourue par de fins dessins réticulés créés par l'organisation des longs tubes zoïdaux soudés entre eux et charpentant la colonie.

Espèces ressemblantes

Hornera frondiculata peut être confondue avec d'autres bryozoaires cités ci-dessous dont la dentelle de Neptune (Rétépores) et rappelle, en miniature, l'aspect général des colonies d'Acropora des mers tropicales.

Hornera mediterranea Harmelin, 2020 : espèce qui vit dans les mêmes habitats que H. frondiculata en Méditerranée ; elle s'en distingue par des branches plus graciles et moins ramifiées.

Hornera lichenoides
aux branches épaisses, moins touffues, généralement blanchâtre est une espèce plus nordique (Atlantique Nord, commune en Norvège) et le plus souvent au-delà de 50 m de profondeur. Sa présence en Méditerranée n'est pas démontrée. Cette espèce, contrairement à H. frondiculata, fait l'objet d'une protection (Annexe II de la convention de Barcelone et de Berne).

Frondipora verrucosa
le frondipore verruqueux, de couleur plus foncée jaunâtre à beige, forme des rameaux grossiers, aplatis ou en entonnoir de 3 à 5 cm à l'aspect de feuille calcifiée, parfois réticulé. Ses ramifications courtes, dichotomes et anastomosées se terminent par des extrémités poreuses et renflées. Ce bryozoaire est présent à partir de 20 mètres, fixé sur des parois rocheuses ou des substrats artificiels, ou bien libre à la surface du sédiment.

Reteporella grimaldii
la dentelle de Neptune, constitue aussi des colonies rigides (calcifiées) à port dressé mais formant une véritable dentelle réticulée très fine et fragile. Sa coloration varie du rose au jaune pâle. Sciaphile, elle peut être présente dès les premiers mètres dans les zones à l'hydrodynamisme modéré.

Alimentation

Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur suspensivore* microphage*. Les diatomées (algues unicellulaires) et les particules organiques en suspension dans la colonne d'eau sont la base de l'alimentation des bryozoaires.

Reproduction - Multiplication

Comme tous les bryozoaires, cette espèce est capable de se reproduire de manière sexuée avec production de larves*. La larve nageuse va ensuite se fixer très rapidement et former un zoïde primaire, qui va bourgeonner plusieurs zoïdes fils. Une nouvelle colonie sera ainsi formée par multiplication asexuée des zoïdes. Une multiplication asexuée peut aussi se faire à partir de fragments cassés, dont la croissance peut continuer même s'ils ne se re-fixent pas.

Divers biologie

Description microscopique :
Les autozoïdes tubulaires sont réunis en faisceaux et s’ouvrent d’un seul côté des branches, leurs orifices étant tous sur le même plan et accolés les uns aux autres. La petite partie terminale libre des autozoïdes tubulaires (péristome ouvert en forme de "U") donne un aspect légèrement épineux à cette face frontale. De ces ouvertures sortent de petits lophophores* difficilement discernables. Les faisceaux constituant les troncs et les rameaux sont de section arrondie.
Le gonozoïde, où sont incubées les larves issues d'un même œuf (ce sont des clones : il y a segmentation d'un embryon chez les Cyclostomes), est formé d'une sorte de petit panier finement réticulé, accroché sur la face dorsale des rameaux. Le large et court orifice ouvrant cette structure calcifiée et permettant la libération des larves est nommé oéciostome* chez les bryozoaires Cyclostomes.
Ce groupe très ancien ne présente pas d'aviculaire*, de vibraculaire* et d'appareil operculaire.

Informations complémentaires

La famille des Hornéridés appartient à un groupe très ancien comptant de nombreuses espèces fossiles dont seulement deux genres sont actuellement représentés à l'état vivant : Hornera avec une vingtaine d'espèces et Spinihornera avec une seule espèce (Indes). Hornera frondiculata fait partie des fossiles d'invertébrés trouvés parmi les Faluns de Touraine. Le genre Hornera date de l'Éocène.

Origine des noms

Origine du nom français

Hornère frondiculée est une francisation du nom scientifique déjà utilisée par les anciens auteurs, comme Milne-Edwards (1838).

Origine du nom scientifique

Hornera : dédié à J.-G. Horner, astronome (Zurich) de l'expédition autour du monde sous le commandement en chef de M. de Krusenstern.
frondiculata : du latin [frons, frondis] = feuille, couronne de feuillage, ici dans le sens de "ressemble à une feuille de fougère portant des sporanges".

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 111722

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Bryozoa / Ectoprocta Bryozoaires / Ectoproctes Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette.
Classe Stenolaemata Sténolèmes Leur lophophore est cylindrique, les zoïdes sont bien calcifiés et ils sont majoritairement marins. La classe des Stenolaemata est constituée d’un seul ordre vivant (et de trois fossiles) : l’ordre des Cyclostomatida ou cyclostomes qui sont formés d’un assemblage de tubes rigides.
Ordre Cyclostomatida Cyclostomes Tous marins. Les zoïdes sont tubulaires avec des parois calcifiées qui peuvent fusionner avec celles des zoïdes adjacents.
Sous-ordre Cancellata
Famille Horneridae Hornéridés Cette famille appartient à un groupe très ancien (nombreux fossiles) dont seul deux genres sont actuellement représentés : Hornera et Spinihornera.
Genre Hornera
Espèce frondiculata

Nos partenaires