Grande taille
5 à 10 protubérances latérales en forme de mamelles
Bouche ventrale
Couleur noire uniquement, y compris mamelles
Taches claires sur les petits spécimens
Tété noir
Black teatfish (GB), Loaloa (Fidji), Huhuvalu uliuli (Tonga), Black susu (Salomon), Black titfis (Vanuatu)
Holothuria (Bohadschia) whitmaei Bell, 1887
Holothuria (Microthele) whitmaei Bell, 1887
Holothuria mammifera Saville-Kent, 1890
Müelleria maculata (Brandt)
Océan Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCette espèce se rencontre seulement dans l'océan Pacifique, de la côte est de l'Australie et des Philippines à Samoa et Hawaï (E.U.). En eaux françaises, sa présence est attestée en Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna et Polynésie française.
Benthique*, cette holothurie vit sur les fonds récifaux tropicaux, platiers et tombants, ainsi que dans les zones sableuses avec des débris coralliens, de 0 à 30 mètres de profondeur. Grégaire, on la trouve généralement en groupe de plusieurs individus.
Holothurie de grande taille, elle mesure en moyenne 34 cm de longueur. Un individu de Nouvelle-Calédonie a même atteint 54 cm de longueur pour un poids de 1,8 kg. Sa forme massive est semi-circulaire, épaisse et courtaude, avec des extrémités arrondies ou légèrement pointues. Le tégument* est épais et très ferme.
Généralement couverte de sable fin, la couleur reste uniformément noire sur la face dorsale et gris foncé sur la face ventrale. Les juvéniles peuvent présenter des taches beiges ou blanches sur la face dorsale, alors que leur face ventrale est souvent gris foncé.
Le bivium* (face dorsale) est légèrement arqué. Le long des deux flancs, cinq à dix protubérances en forme de mamelles pointues ou arrondies (d'où l'appellation d'holothurie à "mamelles" ou "tétines"), qui se rétractent lorsque l'animal est dérangé. Les quelques podia* dorsaux sont clairsemés et petits.
Le trivium* (face ventrale) est plat et présente de fines bosses. Il est couvert de nombreux podia courts allant du brun au gris.
La bouche ventrale est entourée de vingt tentacules*.
L'anus comporte cinq petites dents noires, difficilement visibles. Les tubes* de Cuvier, petits et fins, ne sont pas expulsés.
Holothuria nobilis : cette holothurie noire à mamelles se distingue de sa congénère par ses mamelles blanches et plus massives tandis que celles de H. whitmaei sont noires comme la partie dorsale. Par ailleurs, elle vit uniquement dans l'océan Indien et la mer Rouge. La distinction entre les deux espèces allopatriques* a été effectuée à partir de 2004.
Holothuria (Microthele) fuscogilva : cette holothurie a également des mamelles. Elle est de couleur beige à blanche avec de larges taches diffuses plus foncées sur la face dorsale et de nombreux points sombres (au moins dans le Pacifique). Si sa répartition géographique inclut autant l'océan Indien et la mer Rouge que l'océan Pacifique, on la trouve dans des eaux plus profondes par rapport aux autres holothuries à mamelles, essentiellement en pied de tombant et sur les fonds sableux. Assimilée elle aussi jusqu'en 1980 à Holothuria nobilis.
Holothuria atra : cette holothurie particulièrement commune dans l'océan Pacifique ne présente non seulement aucune mamelle sur les flancs mais sa forme est allongée en saucisse, plutôt que massive en miche de pain. Si elle est souvent recouverte de sable, elle présente régulièrement des lacunes* circulaires ou longitudinales jusqu'à former deux bandes longitudinales, d'où son appellation d'holothurie "à ocelles noirs".
Détritivore*, elle ingère les particules organiques accumulées dans le sable et restitue par le cloaque une série de petits tronçons cylindriques de sable compacté. Ainsi, elle participe activement à l'équilibre des écosystèmes côtiers en éliminant les débris organiques et en remaniant continuellement le substrat*.
Malgré le peu de données, les expertises scientifiques ont estimé que l'espèce avait une productivité faible et une croissance assez lente.
La Grande Barrière de corail, la côte ouest de l'Australie, ainsi que la Nouvelle-Calédonie deviennent le théâtre d'un événement de reproduction annuelle avec un indice moyen de gonades atteignant son maximum entre les mois d'avril et de juin. Par conséquent, il s'agit de l'une des rares espèces tropicales qui se reproduit sexuellement pendant la saison froide.
On peut supposer que cette holothurie peut héberger le ver commensal des holothuries Gastrolepidia clavigera.
La croissance de l'espèce est lente, entre 80 à 170 grammes par an.
La durée de vie de l'espèce est inconnue. La taille n'est pas un indicateur de l'âge ou de longévité fiable. Cependant, il existe quelques indications prouvant que de nombreux échinodermes n'atteignent pas la sénescence, mais se régénèrent plutôt. Par conséquent, si la durée de vie ne peut être estimée, on peut supposer qu'elle est supérieure à plusieurs décennies dans un environnement naturel et non perturbé.
Les spicules* sont en forme de tables et boutons ellipsoïdes dans le tégument dorsal. Les disques tabulaires sont perforés par un trou central et un cercle de trous périphériques. La courte base finit par une large couronne épineuse. Les boutons éllipsoïdes assez irréguliers sont perforés par trois à cinq trous.
Les spicules du tégument ventral forment des tables similaires à celles du tégument dorsal. Les boutons ellipsoïdes, plus allongés, sont dotés de trous plus occlus et les longs boutons sont presque lisses.
L'espèce a longtemps divisé les taxonomistes en étant assimilée à Holothuria nobilis, sa jumelle vivant dans l'océan Indien et la mer Rouge. Ce n'est que depuis 2004 qu'elle bénéficie d'un nom scientifique à part entière avec Holothuria whitmaei. Non seulement, elle se distingue par sa répartition géographique, puisqu'on ne la trouve que dans l'océan Pacifique, mais ses mamelles sont plus petites et restent uniformément noires, comme sa partie dorsale.
Cette espèce a été largement signalée comme commercialement surexploitée dans de nombreuses localités de sa distribution géographique, en raison de sa très forte valeur commerciale sur les marchés internationaux. Elle est principalement consommée par les populations asiatiques.
Après avoir été ramassés, les concombres de mer sont aussitôt cuits, bouillis, séchés et fumés pour devenir des "bêches-de-mer". Il s'agit d'un produit alimentaire très important et rentable, pour de nombreux pays et communautés du Pacifique, particulièrement en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, l'Australie, les îles Fidji et la Nouvelle-Calédonie. Si les principaux consommateurs sont des asiatiques, certains peuples des îles du Pacifique affectionnent les intestins et/ou les gonades lors de régimes alimentaires traditionnels ou en période difficile comme pendant la saison cyclonique.
Holothuria whitmaei fait partie des espèces les plus prisées de cette industrie de la bêche-de-mer compte tenu de sa valeur financière et de sa qualité en tant que produit de consommation classée "A". En 2022, le marché principal est la Chine où l'espèce, une fois séchée, atteint un prix moyen de 289 $ US le kilo et un prix maximal de 401 $ US le kilo.
Aussi, devant la surexploitation de l'espèce, la CITES a encadré son commerce dans certains pays : surexploitée en Papouasie-Nouvelle-Guinée, aux îles Salomon et en Australie, des moratoires ont été adoptés ; en Polynésie française, elle fait l'objet d'une pêche de subsistance ; en Nouvelle-Calédonie, elle est devenue le concombre de mer le plus pêché avec toutefois une règlementation de taille minimale de 30 cm vivante et 16 cm séchée ; en Asie, elle est toujours fortement pêchée notamment en Indonésie et aux Philippines.
Depuis 2010, l'Holothuria whitmae est inscrite sur la liste rouge mondiale des espèces menacées de l'UICN* et se trouve sur la liste des espèces en danger sous le critère A2bd (voir le lien vers le tableau des critères UICN).
En 2019, la CITES* a inscrit H. whitmaei dans son Annexe II, recommandant ainsi un étroit contrôle de son commerce.
Holothurie noire à mamelles du Pacifique : pour la différencier d'Holothuria nobilis qui n'est pas présente dans cette zone géographique.
Holothuria : le terme grec [holothourion] est le nom donné par Aristote à un animal que les ambiguïtés de sa description rendent impossible à déterminer. Le mot latin [holothuria] a désigné d'abord des cnidaires, puis a été appliqué aux échinodermes par Linné.
Une tentative de décomposition du mot grec holothourion en [holo-] = entier ; et [thouro-] = impétueux, produit l'interprétation fréquente : "tout à fait impudique". La forme phallique de ces animaux motive cette interprétation.
whitmaei : du nom du collecteur de l'holotype, le Révérend Samuel James Whitmee.
Numéro d'entrée WoRMS : 1672780
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Holothuroidea | Holothuroïdes | Echinodermes vermiformes, ouverture buccale à l’extrémité antérieure du corps et entourée d’une couronne de tentacules rétractiles, anus postérieur, une seule gonade : holothuries, concombres de mer. Endosquelette réduit à de microscopiques ossicules ou plaques, inclus dans la paroi du corps. |
Ordre | Holothuriida | Holothurides | (Anciennement: Aspidochirotida / Aspidochirotes) Symétrie bilatérale, avec une sole de reptation et des podia buccaux en forme d’écusson. Présence de poumons, pas de muscle rétracteur de la bouche. |
Famille | Holothuriidae | Holothuriidés | Podia munis d’ampoules. La gonade est placée à gauche du mésentère dorsal. |
Genre | Holothuria | ||
Espèce | whitmaei |
Face dorsale
La couleur est uniformément noire sur la face dorsale. Celle-ci est généralement couverte de sable fin. Le long des deux flancs, on remarque cinq à dix protubérances en forme de mamelles pointues ou arrondies qui se rétractent lorsque l'animal est dérangé.
Alofi, Wallis et Futuna, 1 m
16/06/2024
Bouche
La bouche ventrale est entourée de vingt tentacules (pas visibles sur cette photo).
Alofi, Wallis et Futuna, 1 m
16/06/2024
Anus
L'anus comporte cinq petites dents noires, difficilement visibles (et pas visibles sur cette photo).
Vélé, Royaume Alo, Futuna, 1 m
04/05/2024
Trivium
Le trivium* (face ventrale) est plat et présente de fines bosses. Il est couvert de nombreux podia* courts allant du brun au gris.
Alofi, Wallis et Futuna, 1 m
16/06/2024
Mamelles
Les mamelles sont visibles sur les flancs de l'animal. Ici arrondies, elles se rétractent facilement si l'animal est dérangé.
Alofi, Wallis et Futuna, 1 m
16/06/2024
En Nouvelle-Calédonie
Cet individu néo-calédonien montre entre autres choses des papilles très longues et à gros diamètre au bout des tétines ainsi qu'un trou sur le haut de la tête...
Cette espèce a longtemps été prise pour la forme Pacifique d'Holothuria nobilis.
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, 9 m
10/08/2010
Bêche de mer : comparaison nobilis/whitmaei
Cette photo montre en arrière-plan un individu séché (et préparé). Au premier plan, un individu séché d'Holothuria nobilis espèce aux mamelles bien plus grosses.
Spécimen pour la CITES, marché de Hong-Kong, origine inconnue
10/06/2024
Rédacteur principal : Corinne THOMAS
Correcteur : Frédéric DUCARME
Correcteur : Chantal CONAND
Responsable régional : Véronique LAMARE
Bell F. J., 1987, Studies in the Holothuroidea - VI. Descriptions of new Species, Proceedings of the Zoological Society of London, p. 531-534.
Bosserelle P., 2016, LA VIE SOUS-MARINE DE WALLIS ET FUTUNA, ed. Uvea, Service Territorial de l'Environnement de Wallis et Futuna, 252 p.
Juncker M., 2004, PEUPLES DE LA MER, WALLIS & FUTUNA, Culture & Tradition, imprimerie EIP, Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 1-139.
Purcelle S., Lovatelli A., Gonzàlez-Wangüemert M., Solis-Marin F., Samyn Y., Conand C., 2023, COMMERCIALLY IMPORTANT SEA CUCUMBERS OF THE WORLD, Ed. FAO, 246 p.
Uthicke S., O'Hara T.D., Byrne M., 2004, Species composition and molecular phylogeny of the Indo-Pacific teatfish (Echinodermata: Holothuroidea) bêche-de-mer fishery, Marine and Freshwater Research, 55, 837-848.
La page d'Holothuria whitmaei sur le site de l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
Grille de synthèse des critères de l’UICN pour évaluer l’appartenance d’un taxon à l’une des catégories du groupe « menacé » de la Liste rouge (En danger critique, En danger et Vulnérable) : lien pdf