Holothurie de taille moyenne à grande (maximum 45 cm)
Larges taches brun foncé à noires formant deux séries parallèles de part et d'autre du sommet du bivium
Nombreuses et hautes verrucosités coniques à large base sur le bivium
Trivium uniformément d'un beige très pâle jaunâtre à rosé
Très nombreux podia sur l'ensemble du trivium
Holothuria caesarea Ludwig, 1875
Holothuria collaris Haacke, 1880
Le nom Holothuria (Lessonothuria) verrucosa Selenka, 1867, indiquant le sous-genre, est une appellation également valide.
Mer Rouge et Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Cette espèce peut être rencontrée en mer Rouge et dans le domaine indo-pacifique : d'ouest en est, depuis l'Afrique du Sud à la Nouvelle-Calédonie ; et du nord au sud, d'Hawaï à l'Australie, en passant par la Chine.
On peut trouver H. verrucosa entre 0 et 30 m. Elle se rencontre sur les platiers, sur substrat* sablo-détritique* ou dans les herbiers, le plus souvent cachée sous un débris corallien en journée. On peut aussi la voir sur des substrats coquilliers ou vaseux, et la trouver partiellement enfouie dans le sédiment, la partie antérieure restant généralement visible.
Son activité est nocturne.
Holothuria verrucosa est une holothurie de taille moyenne à grande qui peut mesurer jusqu'à 45 cm.
Le corps est subcylindrique à trivium* (face ventrale) aplati.
La couleur de fond du bivium* (face dorsale) est généralement marron clair à beige rosâtre avec des zones plus claires que les autres. De larges taches, brun foncé à noir parfois bleuissant, forment deux séries parallèles de part et d'autre du sommet du bivium. Ces taches peuvent être coalescentes d'une ligne à l'autre et plus rarement sur une même ligne. Il existe des individus à couleur dominante blanc jaunâtre, d'autres chez lesquels elle est brun chocolat.
Le trivium est uniformément d'un beige très pâle jaunâtre à rosé.
Le tégument* est fin et plissé transversalement et longitudinalement. Le bivium comporte de nombreuses et hautes verrucosités coniques à large base terminées par une papille translucide à blanchâtre piquetée de minuscules points blancs. La pointe des papilles peut être rouge, comme chez les individus australiens, ou bleue, comme chez les individus néo-calédoniens. Ces verrucosités se distribuent parfois sur des lignes longitudinales, entre lesquelles des podia* de petite taille sont distribués sans ordre sur de petits renflements du tégument. Le trivium porte de très nombreux podia. Ces podia, translucides et piquetés de points blancs sont longs et fins. Ils portent à leur extrémité une large ventouse blanche. Ils sont répartis sur tout le trivium mais sont plus concentrés sur les radius*.
La bouche est ventrale et porte de 24 à 30 tentacules peltés jaune pâle à hampe blanche plus ou moins translucide, ces tentacules formant deux cercles et étant entourés d'un collier de papilles.
L'anus est terminal et entouré de cinq groupes de trois à quatre papilles.
Cette espèce ne possède pas d'organe de Cuvier*.
Holothuria hilla : H. hilla est également couverte de verrucosités coniques terminées par une papille et érigées sur un tégument plissé, mais l'espèce est uniformément orange à jaune verdissant.
Holothuria lineata : cette espèce peut présenter deux séries de taches brunes parallèles le long du bivium, moins nombreuses que chez H. verrucosa. Par ailleurs, la couleur de fond est blanc sale à jaunissant, mouchetée d'une multitude de points blancs et de nombreuses petites taches noires éparses. Les papilles sont coniques mais petites et la base de certaines d'entre elles est jaune, notamment dans la zone des taches brunes.
Holothuria pardalis : on trouve chez H. pardalis deux lignes parallèles de taches noires, mais sa couleur de fond est blanchâtre à beige clair, et elle est mouchetée d'une multitude de petites taches noires de tailles diverses et de points blancs plus petits encore.
Holothuria pervicax : sa livrée porte de larges taches noires parallèles et souvent coalescentes ainsi que des verrucosités importantes mais ces verrucosités sont tubulaires. Sa couleur de fond est gris pâle ou beige parfois rosé.
Holothuria verrucosa est limnivore*, ce qui signifie qu'elle ingère le sédiment et en retient les nutriments d'origine végétale et animale, les déchets et les bactéries qui y sont contenus.
Elle participe ainsi, malgré des densités probablement relativement faibles, à l'équilibre des écosystèmes* côtiers tant par élimination de débris organiques que par remaniement du substrat.
Elle sort de son abri la nuit pour se nourrir.
La reproduction de espèce n'est pas documentée à notre connaissance (novembre 2017) mais dans la mesure où elle n'est pas connue pour être scissipare*, sa reproduction est probablement uniquement sexuée.
En situation de reproduction, la majorité des holothuries, mâles et femelles plus ou moins regroupés, se dresse le plus haut possible pour diffuser les gamètes* émis dans la colonne d'eau. La fécondation* a lieu au hasard des rencontres de ces gamètes dans le courant. Les larves* sont pélagiques*. Les stades larvaires (blastula*, puis auricularia*, puis doliolaria*) se déroulent en pleine eau. A la fin du dernier stade, le juvénile rejoint définitivement le substrat et évolue vers l'âge adulte.
Lorsqu'il mesure 4 cm, le juvénile est beige très clair à blanc, avec des traces rougeâtres sur le bivium qui annoncent les grandes taches noires caractéristiques de l'adulte. Ces taches apparaissent généralement quand le juvénile atteint la taille de 5 ou 6 cm.
Comme toutes les holothuries, H. verrucosa peut être victime de parasites externes, notamment des gastéropodes de la famille des Eulimidés.
Comme la majorité des espèces d'holothuries les tissus de H. verrucosa contiennent des molécules extrêmement toxiques groupées sous le nom de saponines, l'ensemble étant communément appelé holothurine. Cette substance provoque une hémolyse (destruction des globules rouges) pathologique dont l'effet sur les poissons et d'autres organismes marins est mortel. En revanche, l'organe de Cuvier est absent chez cette espèce.
Les spicules* du tégument sont composés de tourelles de formes diverses, de tables, de boutons et de pseudo-boutons. Les podia ventraux portent de grandes plaques, de même que les papilles dorsales, chez lesquelles on trouve aussi des bâtonnets. Les tentacules portent des bâtonnets.
C'est une espèce relativement peu commune, et elle est d'autant moins facilement observée qu'elle est cryptique le jour.
Son statut pour l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) est LC (Least Concerned), autrement dit l'espèce est faiblement concernée par la nécessité de mesures de protection. Elle est cependant pêchée notamment à Madagascar et aux Philippines dans un cadre de pêche de subsistance.
Holothuria verrucosa est considérée comme une holothurie commerciale de très faible valeur et n'est pas mentionnée en annexe de la CITES (la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées).
Holothurie rugueuse : ce nom suit le sens figuré de l'adjectif latin « verrucosa » tel qu'utilisé par Selenka dans sa description de l'espèce. Selenka y insiste en effet sur le caractère rugueux au toucher de cette espèce (Beiträge zur Anatomie und Systematik der Holothurien, 1867, p. 338), en accord avec le sens figuré de l'adjectif, qui signifie « qui a une verrue » mais aussi, s'agissant notamment d'un style, « grossier, raboteux ».
Ce nom d'holothurie rugueuse est une proposition du site DORIS car à notre connaissance, il n'y a pas de nom vernaculaire français pour cette espèce.
Le nom vernaculaire « holothurie verruqueuse », qui serait la traduction du sens propre de l'adjectif est en général utilisée pour Stichopus horrens et ne correspondrait pas à l'intention du descripteur.
Holothuria : Le terme grec [holothourion] est le nom donné par Aristote à un animal que les ambiguïtés de sa description rendent impossible à déterminer. Le mot latinisé « holothurium » a désigné d'abord des cnidaires, puis a été appliqué aux échinodermes.
Une tentative de décomposition du mot grec [holothourion] en [holo-] = entier ; et [thouro-] = impétueux, produit l'interprétation fréquente : « tout à fait impudique ». La forme phallique de ces animaux motive cette interprétation.
verrucosa : féminin de l'adjectif latin [verrucosus], qui signifie au sens propre « qui a une verrue », et au sens figuré « grossier, raboteux » pour désigner un style.
NB : le nom scientifique complet de cette espèce est Holothuria (Lessonothuria) verrucosa. Le sous-genre Lessonothuria a été créé comme un genre nouveau par E. Deichmann en 1958, l'espèce-type étant Holothuria pardalis. La descriptrice considérait que ce genre était monotypique (autrement dit qu'il comprenait seulement H. pardalis), mais Rowe observe que l'assemblage de spicules* caractéristique du genre se retrouve dans d'autres espèces, ce pourquoi il élève le genre au rang de sous-genre en 1969. Le nom du genre est donné en l'honneur du naturaliste français René Primevère Lesson (1794-1849), descripteur de dix espèces d'holothuries en 1830.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Holothuroidea | Holothuroïdes | Echinodermes vermiformes, ouverture buccale à l’extrémité antérieure du corps et entourée d’une couronne de tentacules rétractiles, anus postérieur, une seule gonade : holothuries, concombres de mer. Endosquelette réduit à de microscopiques ossicules ou plaques, inclus dans la paroi du corps. |
Ordre | Holothuriida | Holothurides | (Anciennement: Aspidochirotida / Aspidochirotes) Symétrie bilatérale, avec une sole de reptation et des podia buccaux en forme d’écusson. Présence de poumons, pas de muscle rétracteur de la bouche. |
Famille | Holothuriidae | Holothuriidés | Podia munis d’ampoules. La gonade est placée à gauche du mésentère dorsal. |
Genre | Holothuria | ||
Espèce | verrucosa |
Une holothurie (assez) facile à reconnaître
Holothuria verrucosa est une holothurie de taille moyenne. La couleur de fond du bivium* est généralement marron clair à beige rosâtre avec des zones plus claires que les autres. De larges taches brun foncé à noir parfois bleuissant forment deux séries parallèles de part et d’autre de l’axe du bivium.
Lagon de l'Ermitage, côte ouest de La Réunion, 2 m, en PMT
30/04/2014
Deux séries parallèles de taches noires
De larges taches brun foncé à noires forment deux séries parallèles de part et d’autre du sommet du bivium. Cette caractéristique est partagée par quelques autres espèces, mais c’est chez Holothuria verrucosa que ces taches sont les plus grandes, les plus noires et les plus nombreuses.
Lagon de l'Ermitage, côte ouest de La Réunion, 2 m, en PMT
25/10/2014
Taches noires coalescentes
Les taches noires peuvent être coalescentes soit longitudinalement, comme on le voit chez cet individu en partie antérieure, soit transversalement et parfois même les deux.
Lagon de l'Ermitage, côte ouest de La Réunion, 1,5 m, en PMT
07/11/2010
Individu clair
La couleur de fond de certains individus est presque blanche. Chez d’autres, plus rares, les taches noires elles-mêmes sont à peine suggérées.
Lagon de l'Ermitage, côte ouest de La Réunion, 2 m, en PMT
07/11/2010
Tégument
L’animal est ici vu de dessus. Le tégument est fin et plissé transversalement et longitudinalement. Les verrucosités sont coniques et terminées par une papille translucide piquetée de minuscules points blancs.
On peut observer entre ces verrucosités de petits renflements porteurs de papilles dont la morphologie est celle d’un podion.
Lagon de l'Ermitage, côte ouest de La Réunion, 2 m, en PMT
07/11/2010
Tentacules buccaux
La bouche porte de 24 à 30 tentacules peltés jaune pâle à hampe blanche plus ou moins translucide.
Lagon de l'Ermitage, côte ouest de La Réunion, 2 m, en PMT
07/11/2010
Podia ventraux
Les podia ventraux sont longs et fins, ils portent à leur extrémité une large ventouse blanche. Ils sont répartis sur l’ensemble du trivium (contrairement à de nombreuses espèces chez lesquelles ils sont regroupés sur les radius, les zones interradiaires restant vides).
Lagon de l'Ermitage, côte ouest de La Réunion, 2 m, en PMT
07/11/2010
Activité nocturne
H. verrucosa se cache le jour sous des débris coralliens, des roches, ou dans des anfractuosités.
Elle se nourrit la nuit.
Lagon de l'Ermitage, côte ouest de La Réunion, 2 m, en PMT
24/11/2010
Juvéniles
A - Ce juvénile mesure
B - Ce juvénile est à peine plus grand (
Lagon de l'Ermitage, côte ouest de La Réunion, 2 m, en PMT
05/10/2016 & 05/11/2016
Agrégation inattendue
Cet étonnant regroupement de huit individus de dimensions différentes a été trouvé sous un gros bloc de corail mort. L’un d’entre eux (au centre de la partie supérieure de la photo) fait partie du « complexe » Holothuria impatiens et est pour le moment nommé H. impatiens sp. 2. Les sept autres sont des H. verrucosa présentant diverses nuances dans le patron de couleur.
Ce regroupement était peut-être lié à l’imminence d’un épisode de reproduction.
Lagon de l'Ermitage, côte ouest de La Réunion, 1,5 m, en PMT
07/11/2014
Parasites
Les holothuries sont souvent parasitées par des gastéropodes de la famille des Eulimidés. On en voit ici deux, de taille très différente, fixés sur le trivium d’une jeune H. verrucosa.
Le plus grand mesure à peine
Les espèces de ces parasites sont souvent associées à une espèce d’hôte.
Lagon de l'Ermitage, côte ouest de La Réunion, 2 m, en PMT
25/01/2015
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Samyn Y., Kerr. A., O'Loughlin M., Massin C., Pawson D.L., Rowe F.W.E., Smiley S., Solis-Marin F., Thandar A.S., VandenSpiegel D., Paulay G., 2010, Les principes de la nomenclature zoologique : exemple des holothuries, La Bêche-de-mer, bulletin d'information de la CPS, 30, 33‑40.