Holothurie de taille petite à moyenne (moyenne 12 cm, maximum 25 cm)
Corps cylindrique s'affinant aux deux extrémités
Deux séries longitudinales (généralement 5 à 10 paires) de taches brun foncé suivant les radius du bivium
Trivium blanc jaunâtre à jaune
Organe de Cuvier absent
Holothurie-léopard (mais ce nom désigne également Bohadschia argus)
Leopard sea cucumber (GB), Bantunan (Indonésie), Bat (Malaisie)
Lessonothuria pardalis (Selenka 1867)
Holothuria peregrina Ludwig, 1875
Holothuria tenuicornis Helfer, 1913
Le nom Holothuria (Lessonothuria) pardalis, indiquant le sous-genre, est également une appellation pleinement valide.
Mer Rouge, océan Indien et zones tropicales du Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Outre la mer Rouge, la distribution de l'espèce englobe l'océan Indien, depuis les côtes orientales de l'Afrique (de Djibouti à l'Afrique du Sud) à l'Australie, en passant par Madagascar, les Mascareignes, le golfe Persique, les Maldives, l'Inde et toute la côte du sud-est asiatique. Dans l'océan Pacifique, on la trouve de la Chine aux côtes occidentales du Mexique jusqu'à l'Equateur, en passant par l'Indonésie, les Philippines et toutes les îles du Pacifique tropical.
Holothuria pardalis apprécie les substrats* sablo-détritiques* où elle peut se cacher sous ou entre les débris coralliens. On peut la trouver généralement entre 0 et 10 m, mais des spécimens ont été ramenés de plus de 35 m de profondeur.
Holothuria pardalis est une holothurie de taille petite à moyenne (moyenne 12 cm, maximum 25 cm). Son corps cylindrique s'affine aux deux extrémités mais est plus large en partie postérieure. Le trivium* est légèrement aplati. Le tégument* est fin et très plissé.
La couleur du bivium* est en général un beige jaunâtre à rosé piqueté d'une multitude de minuscules points blancs et d'un grand nombre de petites taches brun foncé, à forme et répartition aléatoires. Cette couleur de fond présente des zones diffuses marron clair et d'autres blanches, dont les emplacements sont variables. Deux séries longitudinales comprenant généralement de 5 à 10 paires de taches brun foncé suivent les radius* du bivium. Le trivium est blanc jaunâtre à jaune, vif ou verdissant, avec des zones diffuses plus foncées et les mêmes points blancs que le bivium, auxquels s'ajoutent parfois de petites taches brunes.
Les papilles du bivium sont coniques et de même couleur que le tégument à l'endroit où elles sont placées. Leur pointe porte un anneau brun. Elles sont dispersées sur l'ensemble du bivium, mais elles sont plus nombreuses sur les radius. Les papilles rétractées peuvent former de petites verrucosités. Les podia* du trivium sont nombreux, courts et épais. Ils sont translucides et piquetés de blanc avec une extrémité jaunâtre et un disque terminal blanc. Leur répartition est de même type que celle des papilles du bivium.
La bouche, terminale, est entourée de 18 à 22 tentacules* peltés* jaunâtres à pédoncule* translucide eux-mêmes entourés par un double collier de papilles coniques. L'anus est terminal et entouré du même type de papilles.
L'organe de Cuvier* est absent : cette espèce n'expulse donc pas de tubes de Cuvier quand elle est stressée.
Le patron de couleur claire avec deux séries de taches foncées ornant les radius du bivium est relativement répandu chez les holothuries et peut produire des confusions. Pour citer quelques espèces manifestant cette caractéristique dans la zone de distribution de l'espèce :
Holothuria pardalis est détritivore*, ce qui signifie qu'elle ingère le sédiment* et en retient les nutriments d'origine végétale et animale, les déchets et les bactéries qui y sont contenus. Elle participe ainsi à l'équilibre des écosystèmes côtiers tant par élimination de débris organiques que par remaniement du substrat.
La reproduction dans cette espèce n'est pas documentée à la date de rédaction de cette fiche (mars 2017). Elle ne diffère probablement pas quant à ses modalités principales de celle des autres holothuries de l'ordre des Aspidochirotida : en situation de reproduction la majorité des holothuries, mâles et femelles plus ou moins regroupés, se dresse le plus haut possible pour diffuser les gamètes* émis dans la colonne d'eau. La fécondation* a lieu au hasard des rencontres de ces gamètes dans le courant. Les larves* sont pélagiques*. Les stades larvaires (blastula*, puis auricularia*, puis doliolaria*) se déroulent en pleine eau. A la fin du dernier stade, le juvénile rejoint définitivement le substrat et évolue vers l'âge adulte.
L'aspect des juvéniles d'Holothuria pardalis ne diffère pas de celui des adultes. Il n'est caractérisé que par un moins grand nombre de taches, qui augmentera avec la croissance.
Un mollusque bivalve de la famille des Montacutidés, Entovalva lessonothuriae, parasite l'œsophage d'H. pardalis.
Bien qu'il ne semble pas y avoir d'étude sur ce point pour cette espèce, il est probable que, comme la majorité des espèces d'holothuries, les tissus de H. pardalis contiennent des molécules extrêmement toxiques groupées sous le nom de saponines, l'ensemble étant communément appelé holothurine. Cette substance provoque une hémolyse (destruction des globules rouges) pathologique dont l'effet sur les poissons et d'autres organismes marins est mortel.
L'armature de l'ensemble du tégument* (les spicules*) est composée de tables et de boutons (ce sont des formes de spicules, comme plaques ou bâtonnets) pour ce qui concerne le tégument du bivium et celui du trivium. Les podia ventraux ont les mêmes ossicules* auxquels s'ajoutent des plaques ; les papilles dorsales ont aussi les mêmes ossicules mais s'y ajoutent de gros bâtonnets et les tentacules buccaux portent des bâtonnets en faible nombre.
La Liste Rouge de l'UICN la classe sous la rubrique « LC » (Least Concerned »), ce qui signifie que l'espèce est faiblement concernée par la nécessité de mesures de protection. Elle n'est pas commune, ses densités sont faibles et elle n'est que rarement pêchée. Elle est cependant exploitée en Chine et en Indonésie, mais sa valeur commerciale est faible.
Holothurie-panthère : en référence à l'aspect tacheté de cet animal.
Ce nom vernaculaire est une proposition de l'équipe DORIS. En effet, l'espèce est parfois appelée en français holothurie-léopard, par traduction du nom vernaculaire anglais leopard sea cucumber. Mais ce nom, qui désigne également Bohadschia argus évoque immédiatement cette dernière pour la communauté scientifique comme pour les pêcheurs, tant anglophones que francophones. Dans la mesure où le descripteur a délibérément choisi le mot latin pardalis (le mot français léopard vient du latin leopardus), nous proposons de la nommer holothurie-panthère pour éviter les confusions. La panthère et le léopard sont par ailleurs le même animal. Ces noms vernaculaires sont donnés par analogie d'aspect, les taches présentes sur le corps de ces holothuries évoquant les rosettes du félin.
Holothuria : le terme grec [holothourion] est le nom donné par Aristote à un animal que les ambiguïtés de sa description rendent impossible à déterminer. Le mot latinisé « holothurium » a désigné d'abord des cnidaires, puis a été appliqué aux échinodermes.
Une tentative de décomposition du mot grec holothourion en [holo-] = entier ; et [thouro-] = impétueux, produit l'interprétation fréquente : « tout à fait impudique ». La forme phallique de ces animaux motive cette interprétation.
pardalis : le mot latin pardalis signifie panthère.
Le nom scientifique complet de l'espèce est Holothuria (Lessonothuria) pardalis. Le sous-genre Lessonothuria a été créé comme un genre nouveau par E. Deichmann en 1958, l'espèce-type étant Holothuria pardalis. La descriptrice considérait que ce genre était monotypique (autrement dit qu'il comprenait une seule espèce : H. pardalis), mais Rowe observe que l'assemblage de spicules caractéristique du genre se retrouve dans d'autres espèces, ce pourquoi il élève le genre au rang de sous-genre en 1969. Le nom du genre est donné en l'honneur du naturaliste français René Primevère Lesson (1794-1849), descripteur de dix espèces d'holothuries en 1830.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Classe | Holothuroidea | Holothuroïdes | Echinodermes vermiformes, ouverture buccale à l’extrémité antérieure du corps et entourée d’une couronne de tentacules rétractiles, anus postérieur, une seule gonade : holothuries, concombres de mer. Endosquelette réduit à de microscopiques ossicules ou plaques, inclus dans la paroi du corps. |
Super ordre | Aspidochirotacea | Aspidochirotacés | |
Ordre | Holothuriida | Holothurides | (Anciennement: Aspidochirotida / Aspidochirotes) Symétrie bilatérale, avec une sole de reptation et des podia buccaux en forme d’écusson. Présence de poumons, pas de muscle rétracteur de la bouche. |
Famille | Holothuriidae | Holothuriidés | Podia munis d’ampoules. La gonade est placée à gauche du mésentère dorsal. |
Genre | Holothuria | ||
Espèce | pardalis |
Holothurie de taille petite à moyenne
Holothuria pardalis est une holothurie de taille petite à moyenne (maximum 25 cm, moyenne 12 cm) qu'on peut trouver cachée sous les blocs ou entre eux en milieu sablo-détritique.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 2 m, en PMT
12/12/2015
Zones blanches
Le bivium (face dorsale) porte des zones blanchâtres situées souvent entre les grosses taches brunes distribuées en deux séries parallèles.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 2 m, en PMT
12/12/2015
Tentacules
Les tentacules peltés sont jaunâtres à pédoncule translucide
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 2 m, en PMT
12/12/2015
Papilles et podia
Les papilles présentes sur le bivium sont des podia transformés, qui chez cette espèce se trouvent à l'extrémité d'excroissances coniques.
Elles sont différentes des podia du trivium, comme on le voit clairement sur cette photo.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 2 m, en PMT
12/12/2015
Trivium
Le trivium (face ventrale) est jaunâtre avec des zones diffuses plus foncées et les mêmes points blancs que le bivium, auxquels s'ajoutent parfois de petites taches brunes.
On peut observer ici la bague verdâtre située au bout des podia.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 2 m, en PMT
16/12/2016
Jeune individu
Cet individu mesure environ 8 cm. Il présente les mêmes caractéristiques morphologiques que les grands adultes en dehors du nombre de taches présentes dans les deux séries longitudinales qui ornent le bivium.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 2 m, en PMT
22/02/2015
Espèce discrète
Cette espèce se cache sous les blocs ou entre eux en zones sablo-détritiques. Elle n'est de surcroît pas commune, les deux points expliquant sans doute qu'elle ne soit pas fréquemment observée.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 2 m, en PMT
22/05/2015
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER