Holothurie arénicole

Holothuria arenicola | (Semper, 1868)

N° 2759

L’espèce est presque circumtropicale : mer Rouge, océans Indien et Pacifique. Probablement absente d'Atlantique.

Clé d'identification

Holothurie de taille petite à moyenne
Corps cylindrique s'affinant légèrement aux deux extrémités
Deux séries longitudinales (généralement 6 à 8 paires) de taches brun rouge suivant les radius du bivium
Podia sur le trivium comme sur le bivium
Organe de Cuvier absent

Noms

Autres noms communs français


Noms communs internationaux

Sand sea cucumber (GB), Tripang kappallah poetih (Indonésie), Kohe lelewa (Hawaï)

Synonymes du nom scientifique actuel

Sporadipus (Acolpos) maculatus Brandt, 1835
Holothuria brandtii Selenka, 1867
Holothuria humilis Selenka, 1867
Thymiosycia arenicola Semper, 1868
Holothuria monsuni Heding, 1939

Le nom Holothuria (Thymiosycia) arenicola (Semper, 1868), indiquant le sous-genre, se rencontre et il est également valide.

Distribution géographique

L’espèce est presque circumtropicale : mer Rouge, océans Indien et Pacifique. Probablement absente d'Atlantique.

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

L’espèce est quasiment circumtropicale*. On la trouve en mer Rouge et dans l'océan Indien, depuis l'Afrique du Sud jusqu'à l'Australie en passant par Mayotte et Madagascar, les Mascareignes, l'Inde et la Thaïlande.
On rencontre également cette espèce dans l'océan Pacifique, de la Chine aux côtes des États-Unis et du Mexique en passant par les Philippines, la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie.
Elle est signalée dans l'océan Atlantique (du Costa Rica aux côtes ouest-africaines en passant par les Caraïbes, le Brésil et les îles Sainte Hélène, Ascension et Tristan da Cunha) mais la question d'une espèce probablement différente se pose.
A noter que son signalement sur les côtes méditerranéennes de l'Egypte semble être considéré comme douteux.

Biotope

Cette holothurie vit en zone intertidale* et par petits fonds jusqu'à 30 m. Elle se cache généralement sous des débris coralliens ou des pierres, partiellement ou complètement ensablée. Elle fréquente aussi les herbiers.

Description

Holothuria arenicola est une holothurie de taille petite à moyenne (la moyenne de taille se situe autour de 10 cm, la taille maximum documentée est de 30 cm). Son corps cylindrique s'affine légèrement aux deux extrémités, le trivium* (face ventrale) n'est pas aplati. Le tégument* est relativement fin mais il est rugueux au toucher.

La couleur du bivium* (face dorsale) va du blanc à l'ocre plus ou moins foncé, voire au rouille, avec de nombreuses petites taches marron rouge disséminées sur toute la surface. La couleur la plus répandue est un beige, jaunâtre ou rosé. Deux séries longitudinales comprenant généralement 6 à 8 paires de taches brun rouge suivent les radius* du bivium. Certains individus en présentent moins et d'autres arborent jusqu'à 20 taches par ligne. Ces taches ne sont pas nécessairement à la même hauteur dans chaque ligne, et elles sont rarement coalescentes (longitudinalement ou transversalement). Certains individus présentent des taches informes dispersées et inorganisées.
Le trivium est uniformément blanchâtre à jaunâtre.

On trouve des podia* sur le trivium comme sur le bivium qui ne présente pas de papilles*. Les podia du trivium, courts et épais, de la même couleur que le tégument, portent un disque terminal blanchâtre. Ils couvrent toute sa surface, mais sont plus nombreux sur les radius. Ceux du bivium sont plus petits et dispersés sans ordre.

La bouche est terminale et entourée de 20 tentacules* peltés* fins, courts et jaunâtres dont le pédoncule* est translucide. L'anus est terminal. Bouche et anus sont entourés de papilles non calcifiées souvent de couleur blanche.

L'organe de Cuvier* est absent : cette espèce n'expulse donc pas de tubes de Cuvier quand elle est stressée.

Espèces ressemblantes

Le patron de couleur claire avec deux séries de taches foncées ornant les radius du bivium est relativement répandu chez les holothuries et peut produire des confusions. Pour citer quelques espèces manifestant cette caractéristique :

Holothuria conusalba : cette espèce est documentée en Nouvelle-Calédonie et en Australie mais elle pourrait se trouver aux Philippines. Elle est crème piqueté de taches brun rouge avec quelques grosses taches de même couleur plus ou moins alignées sur le bivium. Elle se distingue d'H. arenicola notamment par un anneau blanc de 2 mm de large autour de la bouche et par une zone blanche avant l'anus. L'espèce possède un organe de Cuvier.

Holothuria fuscocinerea : la couleur de cette espèce est un beige rosé qui semble cendré et les taches foncées présentes sur le bivium constituent des paires transversales souvent coalescentes plutôt que des lignes parallèles. Elle se distingue d'H. arenicola notamment par les détails suivants : de petites verrucosités portent les papilles dorsales, la base des papilles dorsales et celle des podia ventraux est entourée d'un cercle noir, la zone anale est entourée par un large anneau noir et l'organe de Cuvier est présent et très fonctionnel. L'espèce est répandue dans tout le domaine Indo-Pacifique, on la trouve aussi en mer Rouge.

Holothuria pardalis : le corps est beige jaunâtre à rosé et porte deux séries de taches brunes alignées longitudinalement sur le bivium. La couleur de fond est piquetée d'une multitude de points blancs et de petites taches brunes, et elle présente des zones plus foncées et des zones blanches diffuses. Contrairement à ce qu’on peut observer chez H. arenicola, le bivium porte des papilles (versus des podia chez la première). L'espèce est répandue dans tout le domaine Indo-Pacifique, on la trouve aussi en mer Rouge.

Holothuria pervicax : la couleur de fond est beige à jaunâtre parfois cendré. Les taches foncées présentes sur le bivium constituent des paires transversales souvent coalescentes plutôt que des lignes parallèles longitudinales. Les papilles sont portées par des verrucosités de grande taille de couleur rosâtre avec de multiples petites taches blanches. L'organe de Cuvier est présent et très fonctionnel. L'espèce est répandue dans tout le domaine indo-pacifique et on la trouve aussi en mer Rouge.

Holothuria surinamensis : sa couleur va du jaune clair au brun foncé. Elle porte des séries de taches plus foncées alignées sur le bivium. A la différence d'H. arenicola les podia du bivium sont plus foncés que le tégument et leur base est entourée d'une tache claire. Cette espèce se rencontre dans l'Atlantique tropical Ouest et Sud-Ouest.

Holothuria unicolor : sa couleur est beige rosé et les radius du bivium portent deux séries de taches plus foncées. Elle se distingue d'H. arenicola par la présence de papilles dorsales (au lieu de podia) sur le bivium et par une multitude de petites taches claires dessinant une fine réticulation sur le tégument. Cette espèce peut être rencontrée en Atlantique tropical Ouest.

Holothuria verrucosa : la couleur de fond est marron clair à beige rosâtre avec des zones plus claires que les autres. De larges taches brun foncé forment deux séries parallèles sur les radius du bivium. Ces taches peuvent être coalescentes d'une ligne à l'autre et plus rarement sur une même ligne. Il existe des individus à couleur dominante blanc jaunâtre. Ce qui distingue le plus facilement cette espèce d'H. arenicola est la présence de hautes papilles coniques sur le bivium.

N.B. : une étude essentiellement fondée sur l’examen des spicules de spécimens préservés dans les muséums (Samyn et Massin, 2024) examine ce que ses auteurs appellent le « complexe Holothuria arenicola » et y place six espèces à la distribution différente : H. arenicola dans le Pacifique ouest et centre, H. conusalba dans le domaine indo-Pacifique, H. kerriensis dans l’ouest de l’océan Indien et la mer Rouge, H. milloti dans l’ouest de l’océan Indien, H. unicolor dans l’Atlantique et H. zihuatanensis dans l’est du Pacifique. Toutefois, cette étude étant récente et ses résultats n’ayant pas encore été confrontés à des analyses moléculaires (ADN), nous attendrons que d'autres travaux viennent corroborer ses conclusions avant de modifier la distribution de H. arenicola.

Alimentation

Holothuria arenicola est limnivore*, ce qui signifie qu'elle ingère le sédiment et en retient les nutriments d'origine végétale et animale, les déchets et les bactéries qui y sont contenus. A la différence de la plupart des holothuries détritivores, elle est capable de se nourrir du sédiment situé sous la couche de surface grâce à une sorte de trompe pouvant aller jusqu'à 15 ou 20 cm. Elle participe ainsi à l'équilibre des écosystèmes côtiers tant par élimination de débris organiques que par remaniement du substrat. Sa présence peut être indiquée en surface par un petit monticule conique contenant ses fèces.

Reproduction - Multiplication

La reproduction dans cette espèce n'est pas documentée à la date de rédaction de cette fiche (janvier 2018). Son enfouissement régulier dans le sable pourrait rendre son comportement de reproduction différent de celui de la plupart des holothuries (par exemple, une émission des gamètes* qui se ferait au ras du substrat*, comme cela a été observé chez une autre espèce enfouie). Quoi qu'il en soit, le destin de ces gamètes a peu de chances d'être différent de celui des autres produits génitaux des holothuries : la fécondation a lieu au hasard des rencontres dans le courant, les larves* sont pélagiques* et les stades larvaires (blastula*, puis auricularia*, puis doliolaria*) se déroulent en pleine eau. A la fin du dernier stade le juvénile rejoint définitivement le substrat et évolue vers l'âge adulte.

L'aspect des juvéniles d'Holothuria arenicola ne diffère pas beaucoup de celui des adultes. Il est caractérisé par une moindre densité de podia et un faible nombre de taches dorsales, qui augmentent avec la croissance de l'individu.

Vie associée

Cette espèce peut être victime d'endoparasites* : des plathelminthes du genre Wahlia, des gastéropodes Eulimidés du genre Enteroxenos (qui se présentent sous la forme d'un long ver, seules les larves véligères présentant une minuscule coquille) et des copépodes comme Diogenella deichmannae, D. impar, D. seticauda et Diogenidium deforme. Elle peut aussi subir des ectoparasites* comme le copépode Nanaspis truncata.

Divers biologie

Bien qu'il ne semble pas y avoir d'étude sur ce point pour cette espèce, il est probable que comme la majorité des espèces d'holothuries, les tissus de H. arenicola contiennent des molécules extrêmement toxiques groupées sous le nom de saponines, l'ensemble étant communément appelé holothurine. Cette substance provoque une hémolyse (destruction des globules rouges) pathologique dont l'effet sur les poissons et d'autres organismes marins est mortel.

L'espèce s'enfouit dans le sédiment pour se cacher et il arrive souvent qu’elle introduise lorsque c'est possible son extrémité postérieure dans un trou présent sur un bloc de corail mort, lui-même enfoui. Elle y contracte alors son corps quand elle est découverte et il devient ainsi impossible de la déloger.

L'armature de l'ensemble du tégument (les différents types spicules*) est composée de tables et de boutons. La forme de l'un des genres de tables est caractéristique de l'espèce. Les podia portent des bâtonnets, des tables allongées et des boutons. Les tentacules portent des bâtonnets.

Informations complémentaires

Les scientifiques soupçonnent fortement l'existence d'un complexe d'espèces dans ce taxon. Les spécimens caribéens notamment, qui expulsent des tubes de Cuvier quand ils sont agressés, représentent très probablement une espèce à décrire.

Ses comportements cryptique* (enfouissement dans le sable) et défensif (blocage du corps dans les gros débris coralliens qui s'y trouvent) la rendent difficile à trouver et à capturer, ce pourquoi l'espèce n'est probablement pas en déclin selon les spécialistes. Elle est cependant considérée comme une espèce commercialement importante en Égypte, en Chine, au Nicaragua, à Madagascar et aux Philippines, mais sa pêche reste artisanale. Sa valeur sur le marché de la bêche-de-mer (ou trépang) est faible, mais elle peut augmenter du fait du déclin des espèces prisées et donc surpêchées, ce qui la mettra sans doute à son tour en danger.

Statuts de conservation et réglementations diverses

La Liste Rouge de l'UICN la classe sous la rubrique « Data Deficient » (DD). Ce qui signifie que le manque de données interdit la classification habituelle relative aux dangers encourus pas l'espèce.

Origine des noms

Origine du nom français

Holothurie arénicole : il n'y a pas de nom vernaculaire en français attribué à cette espèce. Le nom « holothurie de sable », qui respecterait globalement le sens étymologique, est attribué par toute la communauté scientifique et par les pêcheurs à Holothuria scabra. Ce pourquoi nous suivons l'initiative d'un ouvrage de vulgarisation scientifique paru en 2016 qui la nomme « holothurie arénicole ». Ce nom suit au plus près le sens de l'épithète spécifique latine : le mot français étant une traduction du mot latin, arénicole signifie « qui vit dans le sable » (cf. le ver du même nom).

Origine du nom scientifique

Holothuria : le terme grec [holothourion] est le nom donné par Aristote à un animal que les ambiguïtés de sa description rendent impossible à déterminer. Le mot latinisé [holothurium] a désigné d'abord des cnidaires, puis a été appliqué aux échinodermes.
Une tentative de décomposition du mot grec holothourion en [holo-] = entier ; et [thouro-] = impétueux, produit l'interprétation fréquente : « tout à fait impudique ». La forme phallique de ces animaux motive cette interprétation.

arenicola : l'épithète spécifique est formée de deux mots latins, le nom [arena] qui signifie sable, et le verbe [colere], dont l'un des sens est "habiter". Le mot signifie donc « qui vit dans le sable ».

Le nom scientifique complet de l'espèce est Holothuria (Thymiosicya) arenicola. Le sous-genre Thymiosicya a été créé comme un genre nouveau par Pearson en 1914 sur la base de caractéristiques des spicules et de la localisation des papilles et podia, l'espèce-type étant Holothuria (Thymiosicya) impatiens (Notes on the holothurians of the Indian Ocean. II). Pour ce qui concerne la morphologie externe, ce sous-genre est caractérisé par un corps vermiforme au tégument rugueux, des podia et papilles habituellement dispersés, l'absence de papilles anales et la présence de 20 tentacules.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 210814

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Echinodermata Echinodermes Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement.
Classe Holothuroidea Holothuroïdes Echinodermes vermiformes, ouverture buccale à l’extrémité antérieure du corps et entourée d’une couronne de tentacules rétractiles, anus postérieur, une seule gonade : holothuries, concombres de mer.
Endosquelette réduit à de microscopiques ossicules ou plaques, inclus dans la paroi du corps.
Super ordre Aspidochirotacea Aspidochirotacés
Ordre Holothuriida Holothurides

(Anciennement: Aspidochirotida / Aspidochirotes) Symétrie bilatérale, avec une sole de reptation et des podia buccaux en forme d’écusson. Présence de poumons, pas de muscle rétracteur de la bouche.

Famille Holothuriidae Holothuriidés Podia munis d’ampoules. La gonade est placée à gauche du mésentère dorsal.
Genre Holothuria
Espèce arenicola

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