Holothurie contractile

Holothuria (Mertensiothuria) hilla | Lesson, 1830

N° 2710

Indo-Pacifique tropical, mer Rouge

Clé d'identification

Holothurie généralement longue et fine, mais pouvant se contracter
Tégument mou, fin et ridé
Couleur orange ou noisette à brun foncé
Hautes papilles coniques aplaties de couleur claire
Bouche ventrale, anus terminal

Noms

Autres noms communs français

Concombre de mer tamiseur

Noms communs internationaux

Contractile sea cucumber, sand sifting sea cucumber, tigertail sea cucumber (GB), Schrumpf-seegurke (D), Krimp-zeekomkomer (NL), Light spotted sea cucumber (Hawaï), Amu'u (Samoa), Teripang oler (Indonésie, Bahasa)

Synonymes du nom scientifique actuel

Holothuria monacaria Lesson, 1830
Holothuria flammea Quoy et Gaimard, 1833
Stichopus gyrifer Selenka, 1867

Distribution géographique

Indo-Pacifique tropical, mer Rouge

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

Cette espèce se rencontre dans l'océan Indien, la mer Rouge et le golfe Persique, ainsi que dans le Pacifique tropical Ouest et centre, jusqu'à Hawaï. Elle a été signalée à Panama.

Biotope

Holothuria hilla vit surtout dans les lagons, sur substrats durs ou fonds sableux. On la trouve plutôt sur les platiers internes ou dans les zones coralliennes, et à proximité des herbiers.
Elle se rencontre essentiellement entre 1 et 30 mètres de profondeur, mais elle a aussi été signalée à plus de 200 mètres.

Description

Holothurie de taille moyenne (maxima de 40 cm de longueur et de 5 cm de diamètre) au corps longiligne s'affinant en partie postérieure. La section est approximativement cylindrique. Le tégument est mou, fin et ridé.

La couleur va du noisette légèrement rosé, jaune moutarde, orange ou violacé pour les juvéniles au brun foncé pour les adultes. Le bivium* (face dorsale) est couvert de podia* transformés en forme de hautes papilles coniques aplaties à base large, dont la répartition sans ordre donne l'apparence d'un corps hérissé de pointes acérées. Les papilles sont blanc crème à jaunes, leur base est plus claire. Les bases de ces papilles peuvent se rejoindre et former des lignes longitudinales continues ; les liaisons peuvent aussi concerner deux ou trois papilles transversalement.
Le trivium* (face ventrale) est de la même couleur que le bivium. Les podia ventraux sont longs et ordonnés en 4 ou 5 rangs, ils sont de couleur jaunâtre.

La bouche est ventrale (située au plus près du substrat), elle est entourée par 20 courts tentacules peltés* jaunâtres. L'anus est terminal.
Holothuria hilla possède des canaux (ou tubes) de Cuvier, mais elle ne les expulse jamais.

Espèces ressemblantes

Dans les espèces d'holothuries dont la distribution recoupe celle d'Holothuria hilla et susceptibles de générer d'éventuelles confusions, on peut citer :

Actinopyga flammea : le corps est plus court et plus épais, il est aplati sur les faces dorsale et ventrale, la couleur est orange plus ou moins foncé, les papilles sont grises, plus nombreuses et moins développées.

Holothuria flavomaculata : elle est plus grande, la couleur est lie-de-vin, les papilles sont nettement plus courtes et de couleur ocre jaune. Celles qui entourent la bouche sont situées autour de l'extrémité de la partie antérieure et donc très visibles.

Holothuria altaturricula : le tégument est ferme, la couleur est gris pâle à beige clair, le corps porte de nombreuses petites papilles, un nombre beaucoup plus faible d'entre elles prenant la forme de verrucosités coniques se répartissant de façon très espacée en rangées. L'une de ces rangées se trouve sur les flancs, à la limite des parties dorsale et ventrale.

Holothuria impatiens : le tégument est ferme, la couleur va du gris pâle au beige clair et comporte des taches plus foncées sur la face dorsale. Les papilles sont courtes et de la couleur du tégument. Les tubes de Cuvier peuvent être expulsés et sont d'un diamètre important.

Holothuria erinacea : le tégument est lisse et relativement épais, la couleur est d'un brun plus ou moins foncé avec deux séries de taches parallèles le long des radius, les papilles sont plus fines et moins aplaties. Elle possède un organe de Cuvier.

Holothuria pardalis : elle est nettement plus petite, le bivium est marron clair à jaunâtre moucheté de petits taches brunes et orné de deux séries de taches plus importantes et plus foncées le long des radius, les papilles sont plus fines et plus nombreuses.

Alimentation

C'est une espèce détritivore qui prélève les particules organiques végétales et animales, ainsi que les bactéries, contenues dans le sable qu'elle ingère, puis restitue en une série de petits tronçons cylindriques de sable compacté.
Les holothuries peuvent traiter d'énormes quantité de sable (les estimations faites sur une population d'Isotichopus badionotus répartie sur4,4 km2 vont de 500 à 1000 tonnes de sable par an) : elles participent ainsi de façon notable, tant par élimination de débris organiques que par remaniement continuel du substrat, à l'équilibre des écosystèmes côtiers.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut être sexuée : mâles et femelles se dressent alors le plus haut possible pour permettre une large diffusion des gamètes* qu'ils émettent dans la colonne d'eau. L'observation peut en être faite le soir et le plus souvent de nuit. Les stades larvaires se déroulent en pleine eau, puis définitivement posé sur le substrat, le juvénile va évoluer vers le stade adulte.

La reproduction peut aussi être asexuée et se produire par scissiparité. Les individus en cours de scission cessent de se nourrir et se cachent pour se protéger. Les parties du corps en régénération sont reconnaissables à leur morphologie et à leur couleur, plus claire que la partie originale (celle qui est issue de la scission). Les pontes ont lieu en saison chaude et le comportement de scission s'observe plutôt en saison fraîche, mais il peut avoir lieu toute l'année. Les deux modes de reproduction sont essentiels au maintien ou à l'établissement des populations concernées : la scissiparité compense la mortalité, les migrations ou les faillites possibles dans la rencontre des gamètes pour ce qui concerne la reproduction sexuée. Par exemple à La Réunion où l'espèce est rarement observée, l'implantation d'Holothuria hilla ne semble pouvoir tenir qu'à sa capacité de scission. Cette espèce se scinde aussi en aquarium.

Divers biologie

Holothuria hilla est commune dans la plupart des régions de l'Indo-Pacifique.
On la trouve en journée sous des blocs rocheux et coralliens, et parfois fixée au fond d'une anfractuosité, la partie antérieure explorant le substrat. Elle semble craindre la lumière et ne sort de son abri que le soir.

Bien qu'elle possède des canaux de Cuvier, elle ne s'en sert pas pour se défendre.

Les spicules* sont en boutons, tourelles et couronnes sur le tégument des parties dorsale et ventrale.
Les podia ventraux portent des boutons et des plaques, les podia dorsaux y ajoutent des bâtonnets et les tentacules buccaux n'ont que de petits bâtonnets.

Informations complémentaires

Cette espèce, probablement à cause de son tégument trop fin, n'intéresse pas l'industrie de la bêche-de-mer (holothurie traitée pour la rendre propre à la consommation humaine). Elle est par contre recherchée des aquariophiles de par ses qualités esthétiques.

Les holothuries en général sont connues depuis très longtemps en Asie pour leurs propriétés médicinales. Du point de vue médical moderne les comprimés ou gélules produits à partir de certaines holothuries sont considérés comme un supplément alimentaire particulièrement riche en protéines. Ils sont aussi capables de diminuer les douleurs articulaires. Certains composants extraits de leur organisme sont encore connus pour ralentir la progression des infections virales (le sulfate de chondroitine notamment est utilisé par les Japonais dans le cadre d'une thérapie anti-VIH) et pour des propriétés anti-cancérigènes selon des études chinoises [Chen, 2003].
D'autres composants sont reconnus pour leurs propriétés anti-fongiques, pour leur intérêt en immunologie ou encore, sont susceptibles d'entrer dans le traitement des maladies dégénératives.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Holoturia hilla n'est protégée par aucune convention internationale. Néanmoins, de nombreux pays réglementent la pêche des holothuries en général par fixation de quotas, de saisons de pêche, de tailles minimales, de limitations des aires de pêche ou d'instauration de permis divers. Cependant le respect des réglementations n'est pas toujours effectif.

Origine des noms

Origine du nom français

Holothurie contractile : le nom vernaculaire français est descriptif. En effet, cette holothurie, longue, fine et molle dans son comportement ordinaire, peut se rétracter et diminuer fortement en longueur quand elle est inquiétée. Les muscles durcissent au contact, avant même la rétraction.

Origine du nom scientifique

Holothuria : le terme grec [holothouria] est le nom donné par Aristote à un animal que les ambiguïtés de sa description rendent impossible à déterminer. Le mot latin [holothuria] a désigné d'abord des cnidaires, puis a été appliqué aux échinodermes par Linné. Une tentative de décomposition du mot grec holothourion en [holo-] = entier, et [thouro-] = impétueux, produit l'interprétation fréquente qui propose « tout à fait impudique ». La forme phallique de ces animaux motive cette interprétation.

hilla : est le mot latin (ordinairement au pluriel, [hillae]) qui signifie intestin, et par extension andouille, saucisson, etc. Le terme est donc descriptif, il renvoie à la longueur de l'animal et à son faible diamètre.

NB : le nom scientifique complet de cette espèce est Holothuria (Mertensiothuria) hilla. Le sous-genre Mertensiothuria a été créé par Deichmann en 1958. La descriptrice ne donne pas les raisons de son choix pour ce nom, mais il semble évident qu'il est donné en l'honneur du naturaliste et botaniste allemand C. H. Mertens. Pour ce qui concerne la morphologie externe dans ce sous-genre, il est caractérisé par un corps cylindrique ou à faible aplatissement du trivium, des podia et papilles dispersés sur tout le corps, l'absence de papilles anales et de collier de papilles autour des tentacules, qui sont au nombre de 18 à 20.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Echinodermata Echinodermes Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement.
Sous-embranchement Echinozoa Echinozoaires Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer.
Classe Holothuroidea Holothuroïdes Echinodermes vermiformes, ouverture buccale à l’extrémité antérieure du corps et entourée d’une couronne de tentacules rétractiles, anus postérieur, une seule gonade : holothuries, concombres de mer.
Endosquelette réduit à de microscopiques ossicules ou plaques, inclus dans la paroi du corps.
Super ordre Aspidochirotacea Aspidochirotacés
Ordre Holothuriida Holothurides

(Anciennement: Aspidochirotida / Aspidochirotes) Symétrie bilatérale, avec une sole de reptation et des podia buccaux en forme d’écusson. Présence de poumons, pas de muscle rétracteur de la bouche.

Famille Holothuriidae Holothuriidés Podia munis d’ampoules. La gonade est placée à gauche du mésentère dorsal.
Genre Holothuria (Mertensiothuria)
Espèce hilla

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