Holothurie rose

Clé d'identification

Noms

Distribution géographique

Mer Rouge, Indo-Pacifique tropical

Cette espèce a une large répartition géographique indo-pacifique allant de la mer Rouge et de l'océan Indien à la Polynésie française dans le Pacifique central et du sud du Japon à l'Australie et la Nouvelle-Calédonie. Dans la zone DORIS elle est également présente à Mayotte mais semble étrangement absente de la Réunion, Maurice et Rodrigues (archipel des Mascareignes). Elle abonde aux Maldives.

Biotope

L'holothurie rose se rencontre de la surface à 50 m de profondeur, sur les cavités des tombants, dans les éboulis et sur les fonds détritiques, plus rarement sableux ou vaseux, voire dans les herbiers. On la trouve dans les lagons, les platiers coralliens et sur les pentes externes.

Description

Holothuria edulis est un concombre de mer en forme de boudin, de section cylindrique et aux extrémités arrondies. Il est de taille moyenne, atteignant 38 cm de longueur maximum (plutôt 20 cm en moyenne), pour un poids de 200 à 300 g. Sa couleur est rose foncé, grisée voire presque noire sur le haut de sa partie dorsale (bivium*), s’éclaircissant de rosée à lie de vin parfois jusqu’au beige sur les flancs et la face ventrale (trivium*). Cependant, il n'est pas rare de trouver des individus entièrement roses.

Les podia* sont discrets, terminés par une petite ventouse, marron, peu nombreux et dispersés sur le bivium mais ils sont plus gros, plus nombreux, avec une plus grosse ventouse, et de couleur jaunâtre sur le trivium.

La bouche, située à l'extrémité antérieure en position ventrale, est entourée de 20 tentacules* gris, difficilement visibles. L'anus se trouve à l'opposé, au niveau de l'extrémité postérieure et en position médiane ou médio-dorsale.

Le tégument apparaît lisse mais plissé, évoquant facilement des comparaisons lubriques.

Espèces ressemblantes

Avec sa coloration souvent rose et sa forme caractéristique, il n'est guère possible de confondre Holothuria edulis avec une autre espèce.

Alimentation

C'est une espèce limnivore* qui se nourrit du biofilm bactérien présent à la surface du substrat*, ainsi que de matière organique et des détritus présents dans le sable. Elle entraîne à sa bouche le sédiment superficiel grâce à ses tentacules buccaux. Cette espèce contribue à nettoyer le sable en l'aérant et en empêchant l'accumulation de matière organique et donc l'eutrophisation* du milieu.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés (espèce gonochorique*) et les gamètes* sont libérés tout au long de l'année, directement dans la colonne d'eau où a lieu la fécondation. Pour cela les individus se synchronisent par signal chimique, puis redressent la moitié antérieure de leur corps, pour une meilleure dispersion des gamètes*. Les larves* sont planctoniques*.

La reproduction asexuée, par scissiparité* est également possible chez cette espèce. En effet, elle est capable de se couper en deux transversalement et chaque morceau régénérera les parties manquantes pour former un nouvel individu. 15 à 20 % de cette espèce se reproduiraient de cette manière. Cette reproduction n’apparaît que pendant quelques semaines chaque année.

Vie associée

Le ver commensal des holothuries (Gastrolepidia clavigera) et la crevette nettoyeuse impériale (Zenopontonia rex) peuvent se rencontrer sur l'holothurie rose.

Divers biologie

Ses téguments* contiennent des substances peu toxiques. En effet, après broyage accidentel de cette holothurie par les pompes dans des aquariums, aucun autre habitant n'a semblé souffrir des produits libérés dans l'eau, alors que les holothuries sont souvent très toxiques.
Dans ses téguments on trouve également des pièces squelettiques calcaires (spicules*) de trois formes :

• des tables avec un plateau percé d'un trou central
• des rosettes avec 2 grands et 2 petits trous
• des rosettes avec 6 trous.

Les tubes de Cuvier* se sont pas présents chez cette espèce et elle ne se recouvre jamais de sable.

Holothuria edulis se protège à l'aide d'un mucus, parfois très épais, qu'elle sécrète et qui recouvre tout son corps. Elle s'en débarrasse de temps en temps pour se libérer de ses parasites. Ce ne serait donc ni une "peau", ni une maladie quelconque, mais un processus habituel et hygiénique de nettoyage.

L'holoturie rose se déplace par reptation sur le fond. Elle peut également utiliser ses tentacules buccaux pour se fixer et avancer en rétractant son corps à la manière d'une chenille. Ses tentacules lui servent également pour se retourner si elle se retrouve sur le dos.

Informations complémentaires

C'est une espèce plutôt nocturne qui reste plus ou moins cachée la journée dans les failles, les anfractuosités ou sous les blocs de coraux et les pierres, mais elle demeure relativement visible en journée comparée à d’autres espèces.

Comme son nom scientifique l'indique, cette holothurie est comestible, même si elle est paradoxalement peu considérée, et d’une valeur commerciale assez faible. Elle est surtout pêchée en Asie du Sud-Est (où la plupart des espèces à forte valeur commerciale ont pratiquement disparu), beaucoup moins dans l'océan Indien. Elle est également utilisée en médecine traditionnelle en Chine.

Des études ont montré que l'holothurie rose synthétisait des substances aux propriétés anti-oxydantes et cytotoxiques anti-cancéreuses. Pauvre en toxines, cette espèce serait comestible crue, ce qui est rare chez les holothuries (et pourrait être la source de son nom).

Origine des noms

Origine du nom français

Holothurie est la francisation du nom de genre et rose caractérise la couleur de cette espèce.

Origine du nom scientifique

Holothuria : du grec [holothourion], nom donné par Aristote à un animal que les ambiguïtés de sa description rendent impossible à déterminer. En latin, [holothuria] a d'abord désigné des cnidaires, puis a été appliqué aux échinodermes par Linné. Le mot holothurion signifie "tout à fait impudique" et pourrait avoir été donné à ces animaux en raison de leur forme phallique, particulièrement évidente chez cette espèce.

edulis : du latin [edulis] = bon à manger, comestible.

NB : le nom scientifique complet de cette espèce est Holothuria (Halodeima) edulis. Le sous-genre Halodeima a été créé par Pearson en 1914. Le descripteur ne donne pas les raisons de son choix pour le nom choisi pour le sous-genre. Le mot grec [halos] désigne le sel marin, et [deima] est probablement repris du genre Deima, fondé par Théel en 1879, ce mot grec signifiant « frayeur ». Le sens de l'association des deux mots reste obscur.

Classification