Forme encroûtante, rose pâle ou crème
Surface d'environ 20 cm, épaisseur 5 mm
Surface couverte d'un réseau de canaux étoilé
Grands oscules dressés en petits tubes membraneux
Consistance douce au toucher
Méditerranée et Atlantique proche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Suite aux travaux de Reveillaud et al. parus en 2012, la distribution d'Hexadella racovitzai est confirmée au nord de la Méditerranée occidentale. Cependant elle aurait été vue aux îles Canaries, aux Açores, à Madagascar, sur les côtes sud du Portugal et sur les côtes des îles Britanniques.
Hexadella racovitzai vit sur les roches, les cailloux, sous les surplombs, dans les grottes, entre 5 et 100 mètres de profondeur. Sa présence à une profondeur de 180 m a été confirmée à Port-Cros en 2010.
Hexadella racovitzai est une éponge encroûtante couleur rose pâle ou crème avec des pointes jaune clair. Elle peut recouvrir de grandes surfaces d'environ 20 cm ou plus, et ne dépasse pas 5 mm d'épaisseur. Cette éponge ne possède pas de spicules*, et sa consistance est douce et lisse. L'ectosome* (couche externe) est épais, le choanosome (ensemble des cellules cilées créant le courant de filtration) est mou, charnu, fragile et difficile à couper.
La peau, qui peut être assez facilement pelée, est réticulée. La surface de l'éponge est couverte d'un réseau de canaux en forme d'étoiles qui convergent vers quelques larges oscules*. Les aspérités du support recouvert par l'éponge contribuent à la formation de petits conules* difficilement visibles.
Les oscules, dont les bords sont transparents, forment de petites cheminées qui s'affaissent lorsque le milieu s'agite. Les ostioles* (pores inhalants) ne sont pas visibles à l' œil nu.
Jusqu'en 2012, tous les spécimens méditerranéens de couleur rose à pourpre étaient identifiées sous le nom Hexadella racovitzai. Suite aux travaux de Réveillaud et al., il a été montré grâce aux techniques de biologie moléculaire, l'existence de deux espèces : H. racovitzai, rose pâle délavé, et H. topsenti, rose soutenu à pourpre. Par ailleurs ces deux espèces se distinguent par l'apparence de leur système aquifère*: H. racovitzai possède un réseau étoilé bien visible de canaux recouvrant toute la surface, alors que H. topsenti montre un réseau mal défini. Cependant les deux espèces possèdent des oscules membraneux en forme de cheminée.
Aplysilla rosea et Aplysilla sulfurea sont des éponges d'aspect semblable mais dont la surface de recouvrement ne dépasse pas 4 cm. Leur surface présente des oscules de faible hauteur, inférieure à 2-3 mm, et ne présente pas d'aspect fibreux.
Les éponges sont des animaux filtreurs* qui se nourrissent de microparticules du plancton*.
Les éponges de l'ordre des Vérongides sont ovulipares*. La structure des larves* est inconnue.
Dans sa description de l'éponge, Topsent donne les précisions suivantes : les pores inhalants de l'éponge sont microscopiques et les grands oscules dressés ne sont en fait visibles que lorsque l'éponge "se dilate et met en jeu ses choanocytes*".
Cette éponge n'a pas de squelette ni de spicules*. L'ectosome* est consolidé à l'aide de fibres de collagène et délimité par une peau qui fait office de squelette. Le corps de l'éponge est également constitué de nombreux canaux et sillons.
Les éponges du genre Hexadella font l'objet de recherches scientifiques, les métabolites* secondaires qu'elles contiennent pouvant avoir des propriétés chimiques intéressantes (Morris et Andersen) notamment dans le traitement de maladies. Hexadella racovitzai possède une forte toxicité, ce qui la distingue de H. topsenti dont la toxicité est assez faible.
H. racovitzai et H. topsenti prennent toutes deux une couleur brunâtre lorsqu'elles sont immergées dans l'éthanol et colorent en jaune délavé le liquide au bout de quelques heures de trempage. Pour d'autres espèces du genre Hexadella, la réaction diffère : par exemple, H. pruvoti tourne au violet foncé et tinte le liquide de jaunâtre, alors qu' H. crypta tourne au violet foncé et colore le liquide en violet.
Les choanocytes ont la forme de sacs rectangulaires d'environ 30 µm de longueur sur 19 µm de largeur.
Hexadelle rose pâle est une proposition des auteurs du site DORIS.
Hexadella : origine inconnue,
racovitzai vient du nom d'un zoologiste roumain, Emile G. Racovitza (1868-1947). Il a travaillé en France entre 1890 et 1920. Il a contribué à la création de la biospéléologie (branche de la zoologie liée à la spéléologie). Topsent écrit : "En nommant Hexadella racovitzai le type de ce genre important, je me fais un plaisir de le dédier à un zoologiste bien connu, mon excellent ami M. E.G. Racovitza."
Numéro d'entrée WoRMS : 132315
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Verongiida | Vérongides | Eponges à squelette composé de fibres de spongine en réseau. Les fibres ont une écorce et une moelle nettement distinctes. Pas de spicules. |
Famille | Ianthellidae | Ianthellidés | |
Genre | Hexadella | ||
Espèce | racovitzai |
Sur la côte d'Azur
Cette éponge encroûtante, rose pâle, affectionne les zones sombres. Sa consistance est douce et lisse.
Tombant du Lido,Villefranche-sur-mer (06), 18 m
18/10/2009
Éponge fibreuse rose jaunâtre clair
Les réseaux de canaux aquifères bien visibles convergent vers des oscules légèrement surélevés.
Tombant de Méjean, Côte Bleue (13), 20 m
28/08/2015
Détail des canaux aquifères
Détail des canaux aquifères translucides et d'un oscule.
Le grand Moure, La Ciotat (13), 31 m
27/09/2015
Partiellement contractée
Les veines sont encore visibles sur cette hexadelle rose partiellement contractée.
Banyuls, Côte vermeille (66)
1990/2000
En compagnie du corail rouge
Cette éponge fibreuse encroûtante n'est rencontrée que dans des zones très sombres, dans les grottes ou sous les surplombs bien ombragés. A contrario, l'espèce proche Hexadella topsenti de couleur bien rose, se rencontre dans des biotopes semi éclairés.
Figuières, calanque d'En Vau (13), 20 m
01/09/2009
Hexadella rascovitzai à côté de H. topsenti
Cette photo très pédagogique vaut mieux que de longs discours !
- A gauche H. racovitzai, rose fané et parcourue sur toute sa surface de nombreux canaux membraneux aboutissant à des oscules légèrement surélevés,
-A droite H. topsenti, rose foncé et plus lisse avec seuls visibles de gros oscules au bout de cheminées membraneuses.
Grand Congloué, Marseille (13), 23 m
05/12/2015
Croûte fine et fibreuse
Les réseaux de veines radiantes à partir des petits oscules sont bien présents sur cette éponge à la couleur rose orangé fané.
Pain de Sucre, La Ciotat (13)
13/12/2015
Hexadella pruvoti et H. racovitzai côte à côte
Dans une grotte sombre, un tableau présentant au centre H. pruvoti (ou H. crypta) jaune vif, entourée de 3 ou 4 H. racovitzai jaune pâle à rose fané.
La Vaca, Estartit, Costa brava (Espagne), 22 m
15/09/2012
Forme contractée d'une hexadelle jaune pâle
L'espèce photographiée dans cette grotte est très probablement Hexadella racovitzai.
La Vaca, Estartit, Costa Brava (Espagne), 22 m
16/09/2012
Rédacteur principal : Sylvie HUET
Vérificateur : Anne PROUZET
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Sylvie HUET
Morris S.A. & Andersen R.J., 1989, Nitrogenous metabolites from the deep water sponge Hexadella sp., Can. J. Chem./Rev. Can. Chim., 67, 677-681.
Reveillaud J., Remerie T., van Soest R., Erpenbeck D., Cárdenas P., Derycke S., Xavier J., Rigaux A., Vanreusel A., 2010, Species boundaries and phylogenetic relationships between Atlanto-Mediterranean shallow-water and deep-sea coral associated Hexadella species (Porifera, Ianthellidae), Molecular Phylogenetics and Evolution, 56, 104-114.
Reveillaud J., Allewaert C., Pérez T., Vacelet J., Banaigs B., Vanreusel A., 2012, Relevance of an integrative approach for taxonomic revision in sponge taxa: case study of the shallow-water Atlanto-Mediterranean Hexadella species (Porifera: Ianthellidae: Verongida), Invertebrate Systematics, 26, 230–248.
Topsent E., 1896, Matériaux pour servir à l'étude de la faune des spongiaires de France, Mémoires de la Société zoologique de France, 9, 113-133.
La page sur Hexadella racovitzai sur le site de référence de DORIS pour les éponges : Word Porifera DataBase
La page de Hexadella racovitzai dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN