Limace de petite taille, jusqu'à 20 mm
Corps blanc translucide avec une pigmentation parfois rouge-orangé à rouge-marron
Rhinophores en forme de tube fendu d'un côté, de couleur blanche à brun orangé ou acajou
Terminaison bifide des rhinophores
Glande digestive visible en transparence de chaque côté du corps et dans les cérates
Cérates minces à l'insertion puis renflés, implantés par groupe de 2 à 3
Crimson Hermaea (GB), Slanke rolsprietslak (D)
Doris bifida Montagu, 1816
Physiopneumon carneum A. Costa, 1864
Hermaea hancockii Trinchese, 1877
Mer du Nord, Atlantique Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Hermaea bifida est observée dans les Iles Britanniques, le détroit de Skagerrak (mer séparant le Danemark de la Norvège), en Manche, en Atlantique oriental (Galice, sud-ouest du Portugal) et en Méditerranée (Espagne, France, principalement dans la lagune de Thau). Elle a également été signalée sur la côte est des Etats-Unis (Rhodes Island) et dans la mer des Caraïbes (Costa Rica).
Hermaea bifida se rencontre plutôt à faible profondeur et jusqu'à 20 m, souvent sur des algues rouges (Griffithsia, Delessaria, Heterosiphonia, Ceramium, Halurus). Elle a aussi été observée sur des algues vertes comme les ulves (Ulva lactuca) dans la lagune de Thau ou encore sur des feuilles de posidonies, de zostères ou de cymodocées.
La taille d'Hermaea bifida est de quelques millimètres mais peut atteindre 20 mm de longueur. Globalement, elle fait en longueur 10 fois la largeur de son pied.
Le corps est blanc translucide. Certains spécimens resteront blanc cristallin tandis que d'autres arboreront des pigments de surface de teinte rouge-orangé. Quand elle est présente, la couleur devient plus soutenue sur la tête et le long des flancs sous les papilles dorsales ou cérates*.
La glande digestive rougeâtre dorso-ventrale est visible de chaque côté du corps et atteint presque l'extrémité de la queue. Elle se ramifie dans chaque cérate où elle est également visible. La couleur de la glande digestive variera en fonction de l'alimentation et un animal affamé apparaîtra plutôt jaune clair ou blanc crémeux. Le corps se termine par une extrémité caudale effilée dépourvue de cérates.
Les cérates sont disposés indistinctement en neuf à dix groupes de deux à trois cérates de chaque côté du corps. Dans chaque groupe, les plus grands cérates sont positionnés plus dorsalement que les plus petits. Ils peuvent être dressés sur le corps de l'animal ou au contraire s'étaler en révélant toute la surface du corps. Les cérates sont étroits à la base et s'élargissent presque jusqu'à leur extrémité. Celle-ci se termine par un tubercule conique et plusieurs tubercules subapicaux. Les cérates sont longs et minces quand l'animal est en mouvement et deviennent courts et épais quand il est au repos.
Les rhinophores* sont enroulés selon un axe longitudinal et forment un tube fendu sur la longueur. Ils sont translucides, de couleur blanche ou brun orangé à rouge acajou et plus foncés à l'extérieur qu'à l'intérieur. Leur extrémité s'éclaircit jusqu'à devenir blanc translucide et se ramifie pour ressembler à des doigts, le doigt supérieur plus grand que le doigt inférieur. Le nom d'espèce d'Hermaea bifida illustre cette extrémité bifide des rhinophores.
Quand la tête est pigmentée, la surface qui entoure les taches oculaires noires situées en arrière des rhinophores reste claire. La partie antérieure se termine par deux lobes qui marquent la partie haute de la bouche.
Les orifices génitaux sont positionnés sur le côté droit du corps, entre la base du rhinophore et l'insertion des premiers cérates.
La sole pédieuse est blanche et translucide. On peut y distinguer des sphéroïdes blancs d'ovotestis*.
Dans leurs livrées les plus claires, la confusion peut être possible avec Placida dendritica. Cependant Placida dendritica possède des cérates plus allongés et cylindriques. Ses rhinophores ne sont pas digités. Après consommation de nourriture, les cérates et rhinophores de Placida dendritica présenteront des marques verdâtres.
Hermaea bifida est un sacoglosse* et à ce titre est herbivore. Elle semble se nourrir d'algues rouges (Griffithsia, Delessaria, Heterosiphonia, Ceramium, Halurus) mais peut-être également d'algues vertes (Ulva lactuca).
Hermaea bifida est hermaphrodite* synchrone. La ponte consiste en un ruban plat court, spiralé et peu compact contenant environ 500 œufs blanc-jaune d'une cinquantaine de micromètres de diamètre. Les pontes sont observables de fin juillet à fin octobre, principalement sur des algues rouges et souvent sur Griffithsia. L’éclosion a lieu de un à dix jours après la ponte. Après éclosion, les larves véligères* à coquille ont une vie planctonique* avant métamorphose* en juvénile.
Hermaea bifida est capable de kleptoplastie*. Littéralement, c'est une voleuse de plastes*. En suçant le contenu cellulaire des algues rouges, elle va récupérer les rhodoplastes*. Ce sont des organites* équivalents aux chloroplastes* des algues vertes, organites* où se déroule la photosynthèse*. Ceux-ci vont pouvoir continuer à fonctionner un certain temps, fournissant à leur hôte sucre et oxygène provenant du processus photosynthétique.
La formule radulaire* d'Hermaea bifida est 29-34 x 0.1.0. Cela signifie que la radula* est composée de 29 à 34 rangées de dents, selon la taille des individus et, sur chaque rangée, une seule dent centrale. La dent active sert à percer l'enveloppe des algues dont elle va se nourrir afin d'aspirer le contenu cellulaire du végétal par succion (d'où le nom de "sapsucker" donné aux sacoglosses en anglais).
La palette de couleur de ce sacoglosse est variable en fonction des algues qu'elle ingère mais aussi de la température de l'eau. Elle est plus fréquemment rencontrée en eau froide et elle sera d'autant plus translucide que la température de l'eau est basse. Ceci probablement parce que l'animal se nourrit moins à basse température et accumule donc moins de pigments dans la glande digestive visible en transparence dans ses cérates.
Hermaea bifida peut émettre une odeur déplaisante rappelant celle du géranium (Geranium robertianum) ou celle du sulfure d'hydrogène évoquant l'œuf pourri. On peut suggérer qu'il s'agit d'un mécanisme de défense vis-à-vis des prédateurs éventuels.
Francisation du nom scientifique de l'espèce.
Hermaea fait référence à Hermès, messager des dieux dans la mythologie grecque. Hermès représente aussi le foyer et le feu ouvert. C'est peut-être cet aspect qui a été retenu en rapport avec l'illusion de flammes que peuvent donner les cérates.
bifida : du latin [bifida] = bifide, qui se divise en deux. Nom probablement dû à l'aspect des rhinophores.
Numéro d'entrée WoRMS : 140092
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Sacoglossa | Sacoglosses | Coquille à paroi fine et en forme d’œuf ou de 2 valves, ou absente. Les espèces sans coquille sont pourvues de parapodies ou de cérates. 2 paires ou pas de tentacules sur la tête (rhinophores en tube). |
Famille | Hermaeidae | Hermaeidés | |
Genre | Hermaea | ||
Espèce | bifida |
En promenade parmi des algues vertes.
Le corps et les cérates translucides laissent apercevoir la
glande digestive par transparence. Celle-ci est très peu colorée, suggérant que
cet individu ne s'est pas nourri récemment, et en tout cas pas sur cette algue
verte. Le corps n'est lui-même pas ou peu pigmenté. Notez la présence des deux
taches oculaires en arrière des rhinophores.
Etang de Thau (34), 3 m
06/03/2023
Photo prise en laboratoire après collecte sur l'estran
Ce profil permet de mettre en lumière les différentes lignes de pigmentation du corps de l'animal. Le parcours dorso-ventral de la glande digestive ainsi que ses ramifications dans les cérates sont également bien visibles. Notez la terminaison bifide des rhinophores avec le doigt dorsal plus grand que le doigt ventral.
Cap de la Crèche, Wimereux (62), en laboratoire
12/11/1984
Gros plan sur la tête
Ce gros plan pris en laboratoire montre les parties non pigmentées de la tête où sont positionnées les deux taches oculaires. Les rhinophores enroulés formant un tube fendu sont également bien visibles à l'avant des taches oculaires.
Cap de la Crèche, Wimereux (62), estran
12/11/1984
Ponte sur une algue verte
Hermaea bifida, seule dans son cristallisoir, a pondu sur le seul support végétal qu'elle avait à disposition, un morceau d'ulve. On remarque le ruban plat, peu compact et légèrement spiralé.
Cap de la Crèche, Wimereux (62), en laboratoire
12/11/1984
Ponte en ruban blanc
La ponte prend la forme d'un ruban blanc peu spiralé.
Étang de Thau (34), 3 m
06/03/2023
En promenade parmi des algues rouges
Les cérates denses et bien dressés se terminent par
plusieurs tubercules subapicaux. Ils laissent penser que cette limace est en
parfaite santé. Les rhinophores bifides sont parfaitement visibles.
Etang de Thau (34), 3 m
07/03/2023
Transport gratuit dans la lagune de Thau
Cette Hermaea bifida n'hésite pas à chevaucher Pusillina lineolata pour explorer une zostère. Ce profil montre clairement diverses caractéristiques morphologiques de l'hermès bifide : les lobes renflés de la bouche, les rhinophores digités, les cérates tuberculés, la sole pédieuse blanche et translucide, l'extrémité caudale effilée.
Balaruc, étang de Thau (34), 2 m
18/03/2023
Distribution : en Zélande
Hermaea bifida qui s'est nourrie d'algues rouges accumule les pigments dans sa glande digestive visible en transparence le long du corps et dans les cérates. Les rhinophores sont portés très à l'avant de la tête et apparaissent bifides. Entre les rhinophores et les premiers cérates dorsaux, on aperçoit les deux petits points noirs des taches oculaires
Zélande, Oosterschelde, 5 m
16/08/2012
Rédacteur principal : Jacques COVES
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Pascal GIRARD
Caballer M., Ortea J., 2015, New data on the genus Hermaea (Mollusca: Sacoglossa) in Europe, with description of a new species from Spain, Rev. Acad. Canar. Cienc., 27, 125-136.
La page d'Hermaea bifida dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page d'Hermaea bifida dans OPK Opistobranquis
La page d'Hermaea bifida dans The Concholical Society