Araignée de mer ridée

Herbstia condyliata | (Fabricius, 1787)

N° 1192

Atlantique, Méditerranée

Clé d'identification

Carapace en forme de poire (5 cm de long max)
Cornes du rostre bien espacées
Adultes de couleur brun-rougeâtre
Pattes relativement longues, annelées clair/sombre
Camouflage à l'aide d'épibiose fréquent chez les juvéniles
A l'arrière de la carapace, une bosse médiane avec 3 petites épines

Noms

Autres noms communs français

Herbstie noueuse, araignée herbeuse, herbstia
Araignée “arbre de Noël" (proposition du site DORIS pour les juvéniles)

Noms communs internationaux

Wrinkled spider crab (GB), Granchio erbsia (I), Cangrejo araña (E), Runzelige Seespinne (D), Caranguejo-de-côndilo (P), Camouflage spinkrab, paddestoel krab (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cancer condyliatus Fabricius, 1787
Herbstia rubra sensu Chapman & Santler, 1955

Distribution géographique

Atlantique, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

L'araignée de mer ridée se rencontre dans l'Atlantique Est tempéré et tropical, entre le sud de la Gironde (45° Nord) et le Ghana (3° Nord) : golfe de Gascogne, Espagne, Portugal, Maroc, Açores, Madère, Canaries, îles Selvage. Elle est également très commune dans toute la Méditerranée : Espagne, France, Italie, mer de Marmara, Grèce, Turquie, Chypre, Rhodes, Syrie...
Au niveau bathymétrique, on la trouve de la côte à une cinquantaine de mètres de profondeur, exceptionnellement 80 mètres.

Biotope

Ce crabe habite les grottes, le coralligène*, les zones rocheuses avec fissures et anfractuosités. Les plongeurs l'observent assez souvent la nuit sur les parois et substrats* durs, parfois sur le sédiment.

Description

L'araignée de mer ridée est un crabe de taille moyenne. Sa carapace est triangulaire à bord postérieur arrondi, en forme de poire plus longue que large (47 x 38 mm maximum chez un mâle), assez convexe, et porte différents petits tubercules. A l'arrière de la carapace, une bosse médiane munie de trois petites épines est caractéristique de l'espèce. Les cornes du rostre* sont courtes et se terminent par deux pointes triangulaires divergentes séparées par un large espace. Les pinces sont très fortes chez le mâle adulte et beaucoup plus faibles chez les juvéniles et chez les femelles. Les pinces portent des tubercules sur le bord supérieur mais l'essentiel de la « paume » (le propodite*) est lisse. Les pattes sont relativement longues (deux fois la largeur de la carapace).
Les yeux sont rouges. La couleur générale est brun-rougeâtre marbré. Chez les gros spécimens, les « mains » des pinces sont orangées à roses. Les pattes sont annelées de zones alternativement claires et sombres. Dans les endroits glauques (au sens figuré péjoratif) riches en vase ou en particules fines en suspension, la couleur générale est alors gris-sale en raison des dépôts sur la carapace et/ou d'épibiontes* microscopiques s'y développant.
Les très jeunes spécimens semblent avoir des épines bolétiformes* comparables à celles qui se rencontrent chez l'araignée de mer Eurynome aspera. Ces juvéniles sont peu colorés et plus ou moins diaphanes (c'est-à-dire qu'ils laissent passer la lumière sans être transparents). Ils sont décorés comme des arbres de Noël et empruntent donc au milieu environnant divers éléments, par exemple des polypes d'Alcyonium coralloides ou des éléments d'éponges ou d'autres organismes qu'ils fixent sur leur carapace et sur leurs pattes ; ce comportement se perd progressivement au cours de la croissance.

Espèces ressemblantes

Une autre espèce, Herbstia nitida, a été observée dans une grotte italienne (introduite du golfe de Guinée ?) ; cette espèce de taille plus modeste ne possède pas la bosse munie de trois petites épines à l'arrière de la carapace.
Herbstia condyliata, peut être confondue également avec des espèces du genre Pisa.
Par exemple, dans le livre de George et George (1980) la photo censée représenter une Pisa tetraodon est en fait une Herbstia condyliata. Chez Pisa tetraodon le rostre est plus long avec les 2 "cornes" divergentes dans leur moitié distale, les épines latérales sur la carapace sont plus marquées.

L'araignée de mer ridée présente également quelque ressemblance avec les espèces du genre Hyas ; cependant, Hyas araneus et Hyas coarctatus sont des espèces circumarctiques dont l'aire de distribution géographique très nordique ne recouvre pas celle de Herbstia condyliata, espèce d'affinité tropicale. Il existe une dizaine d'autres espèces du genre Herbstia à l'échelle mondiale : ce sont des espèces tropicales, pour partie américaines. Les juvéniles ressemblent un peu à l'espèce Eurynome aspera.

Alimentation

Peu de données existent sur l'alimentation de cette espèce. Il est probable que l'araignée de mer ridée consomme des organismes fixés ou peu mobiles comme des annélides, des mollusques, des petits crustacés...

Reproduction - Multiplication

Les femelles sont ovigères* d'avril à septembre. Elles commencent à se reproduire dès que leur carapace a atteint une longueur de 29 mm. Le développement larvaire* comporte deux stades zoé* et une mégalope*. D'après les dates des photos de juvéniles, ces derniers se rencontrent en été et en automne.

Vie associée

Quelques photos montrent Herbstia en compagnie de la murène (Muraena helena) ou du congre (Conger conger), ou de la petite cigale de mer (Scyllarus arctus) mais il s'agit là sans doute de rencontres fortuites sans signification réelle. L'alcyon encroûtant Alcyonium coralloides semble important dans la biologie de l'araignée de mer ridée.

Divers biologie

Certains poissons comme le serran pourraient être des prédateurs de l'araignée de mer ridée.

Informations complémentaires

L'araignée de mer ridée est plutôt lucifuge* et réagit à l'éclairement par une réaction de fuite, peu rapide. Elle se déplace relativement lentement. En plongée, elle se rencontre presque uniquement de nuit.

Chez les Crustacés, les scientifiques connaissent généralement assez bien les adultes et les larves. Par contre, les juvéniles sont beaucoup moins bien connus car les critères d'identification au niveau de l'espèce sont peu précis, voire manquent complètement. Lorsque plusieurs espèces sont voisines au sein d'un même genre, il est souvent impossible d'identifier les juvéniles. Dans le cas présent, les nombreuses photos illustrant cette fiche permettent d'envisager le scénario suivant : peu après la métamorphose, au moment du début de la phase benthique*, le premier juvénile est diaphane et par certains caractères (épines bolétiformes*) ressemble à l'araignée Eurynome aspera. Très précocement, il fixe sur sa carapace des éléments de camouflage. Il utilise de préférence des éléments d'une seule espèce de son environnement, comme par exemple des polypes de l'alcyon encroûtant Alcyonium coralloides. Pendant la croissance, la carapace se pigmente en même temps que la calcification se développe. Ce comportement mimétique s'atténue progressivement jusqu'à disparaître chez les adultes. Les juvéniles de cette espèce sont de vraies « araignées arbre de Noël » !

Origine des noms

Origine du nom français

Araignée de mer : nom vernaculaire attribué à l'ensemble des crabes à grandes pattes, par analogie avec les araignées terrestres,
ridée : cet adjectif semble curieusement attribué à cette espèce, mais son origine est obscure...

Origine du nom scientifique

Herbstia : genre créé par Henri Milne-Edwards en 1834 et dédié à Johann Friedrich Wilhelm Herbst (1743-1807), entomologiste allemand de Halle, spécialiste des coléoptères qui a également travaillé sur les crabes et qui a décrit de nombreuses espèces de crustacés entre 1782 et 1804 (dont l'araignée de mer Maja squinado). Ses collections sont déposées à Berlin.
condyliata : dérivé du latin [condylus] = articulation, jointure des doigts de la main, renflement formé par les articulations.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 107320

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Crustacea Crustacés Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes.
Classe Malacostraca Malacostracés 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen.
Sous-classe Eumalacostraca Eumalacostracés Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax.
Super ordre Eucarida Eucarides Présence d'un rostre.
Ordre Decapoda Décapodes La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces.  Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises).
Sous-ordre Brachyura Brachyoures Les brachyoures ont un abdomen réduit replié sous le céphalothorax. Ils sont représentés par les crabes et les araignées de mer.
Famille Epialtidae Epialtidés Orbites faiblement développées. Carapace triangulaire épineuse ; pattes relativement courtes. Se déguisent souvent à l’aide d’algues fixées sur leur carapace.
Genre Herbstia
Espèce condyliata

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