Nudibranche étroit et assez plat de 14 mm maximum
Extensions cératales (généralement de 4 à 5 paires) latéro-dorsales en forme de mains repliées
Corps et cérates de couleurs variables (rose, marron, rouge, vert…) maculées ou pointées de blanc
A l'avant, les palpes buccaux bilobés et portant 3 à 6 digitations
Rhinophores blancs, bulbeux aux 2 extrémités, implantés dans un fourreau en forme de cornet
Hancockia eudactylota Gosse, 1877
Doto uncinata Hesse, 1872
Govia rubra Trinchese, 1885
Govia viridis Trinchese, 1885
Atlantique Nord-Est, Méditerranée occidentale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Atlantique Nord-Est (Royaume-Uni et côtes françaises, jusqu'aux Canaries), Méditerranée occidentale
L'animal fréquente les fonds algaux et les herbiers, ou encore les fonds rocheux où se développent les hydraires qu'il consomme.
Entre 3 m et 30 m environ.
Nudibranche d'une petite quinzaine de millimètres au grand maximum. Il se présente sous la forme d'une limace assez plate, droite et rigide, munie d'appendices latéro-dorsaux de chaque côté du corps, les cérates*.
Sa couleur varie du rose au verdâtre en passant par le marron ou le rouge profond. Sa robe est souvent maculée de taches blanchâtres (pouvant se nuancer de bleuté ou encore de la couleur du fond) ou de points sur la partie dorsale. Des lignes ou points de la même couleur soulignent le bord du dos et le sommet de la gaine des rhinophores*.
Au devant de la tête, l'animal présente deux lobes aplatis (le voile buccal) portant 3 à 6 digitations chacun.
Sur le sommet de la tête, les deux rhinophores sont très particuliers. Pour chacun de ces appendices, on aperçoit au premier chef la gaine en forme de trompette dentelée ; puis, émergeant de ce "pavillon", le rhinophore proprement dit. Il est d'abord bulbeux à la base avec des petits plis verticaux, s'ensuit une hampe blanche et enfin un renflement terminal.
De chaque côté du corps un certain nombre de cérates est très visible, de même couleur que le corps et pouvant montrer également points ou macules blanches. L'extrémité globuleuse de ces cérates ressemble un peu à une "main repliée en crochet". Il peut y avoir jusqu'à 9 paires de cérates en fonction de la longueur de l'animal, cependant il est plus fréquent de rencontrer des animaux ne portant que 3 à 5 paires de ces extensions. La première paire après la tête se trouve en vis-à-vis mais il peut éventuellement y avoir un décalage (vers l'arrière sur la droite du corps) entre les suivantes, jusqu'à former un quinconce sur les grands individus. Au niveau de ces extensions cératales, les feuillets branchiaux, courts, cachés et de même couleur, sont peu visibles in situ.
La queue finit en pointe, parfois très près du dernier cérate, ce qui peut donner à l'animal, lorsqu'il y a eu décalage dans l'alignement des cérates, un aspect quelque peu tronqué latéralement.
Sur nos côtes, la confusion peut être aisée avec les nudibranches des familles Tritoniidae et Dotidae, présentant toutes deux le même genre de papilles implantées latéro-dorsalement, typique des Dendronotina.
Concernant la première famille, les genres Tritonia et Mariona se trouvent plus souvent sur des gorgones. Leurs extensions branchiales sur les côtés du corps montrent des plumets bien visibles et plus conformes à l'idée que l'on se fait de panaches branchiaux que les cérates montrés par les Hancockiidae.
Les espèces du genre Doto ont des rhinophores également implantés dans une gaine, un fourreau. Mais ces rhinophores ressemblent à de simples baguettes émoussées, sans les gros bulbes striés présentés par Hancockia uncinata. Par ailleurs, leurs cérates ont l'air de grappes de raisin et pas de "mains fermées" ou de crochets. Enfin, le voile oral des Doto ne montre pas de digitations.
Hancockia californica MacFarland, 1923 ressemble mais ne se rencontre que sur les côtes pacifiques de l'Amérique, de la Californie au Costa Rica, et ne constitue donc pas une source d'erreur.
Cette espèce se nourrit des polypes d'hydraires. [Picton & Morrow 1994] désignent notamment Clytia haemisphaerica (= Clytia johnstoni), un hydraire qui vit sur d'autres hydraires ainsi que sur des algues.
H. uncinata a également été rencontrée sur des hydrozoaires des genres Tubularia, Obelia, Nemertesia ou encore (en laboratoire) Campanularia...
Les nudibranches sont hermaphrodites* synchrones. C'est-à-dire qu'ils possèdent à la fois les systèmes génitaux mâle et femelle et que les deux sont simultanément efficients. Cet organe sexuel (ovotestis*) complexe vise à la fois à émettre le sperme de l'animal, à recevoir celui du partenaire et à féconder ses propres œufs. L'ovotestis sait également éviter l'autofécondation (un partenaire est indispensable).
Le rapport fécondant d'Hancockia uncinata est donc un rapport proximal, les deux partenaires étant en position tête-bêche. En effet, le pénis devant se "connecter" avec son alter-ego débouche sur le côté droit du corps de chaque animal. Les gamètes sont échangés pendant la rencontre. Chaque individu va alors pouvoir aller pondre.
Se trouvant à proximité de nourriture, la ponte d'Hancockia uncinata ressemble peu ou prou à celle du genre Doto : un ruban assez plat, disposé en accordéon et qui montre une couleur blanc-bleuté distinctive.
Les œufs écloront après 9 jours, entre 16 et 18° C [Schmekel & Portmann 1982] et les larves* passeront, lors d'un séjour au sein du plancton*, par différents stades de maturation (trochophore*, véligère*...) avant de se poser sur le fond et de se transformer en juvénile.
Hancockia uncinata est capable, à l'instar des nudibranches éolidiens (sous-ordre auquel il n'appartient pas ! Mais le fait est très peu courant dans le sous-ordre des Dendronotacés ! Les Hancockidae sont une exception), de réserver les cellules urticantes (les cnidocytes*) des polypes d'hydraires dont il se nourrit et, sans les faire éclater (qu'il existe une technique particulière ou bien que ces cellules soient encore à l'état embryonnaire), de les stocker à l'extrémité de ses cérates, dans des zones appelées cnidosacs*. Et les espèces du genre Hancockia semblent non seulement posséder des cnidosacs au niveau des cérates mais également au niveau du dos, sur les côtés du corps et peut-être même de la gaine des rhinophores ! Dorénavant, ces armes défensives très efficaces seront dédiées au propre usage du nudibranche ! Les limaces de mer utilisant ce mode de défense, recyclant les cellules urticantes de leurs proies, ont généralement peu de prédateurs connus...
La radula* est un attribut de la prédation chez nombre d'Opisthobranches. Il s'agit d'une sorte de bande râpeuse se trouvant dans le larynx des animaux concernés et grâce à laquelle ils "rongent" leur proie. La structure de cette radula, propre à chaque espèce, est un élément discriminatif dans la taxonomie des nudibranches.
Celle d'Hancockia uncinata est trisériée. La dent médiane porte 4 denticules pointus sur chaque côté de la cuspide*. La dent latérale est fine et pointue. Elle est quadrangulaire avec une pointe triangulaire qui part de son bord antérieur et qui porte un petit cran faisant apparaître ce bord comme dédoublé.
L'espèce possède également des mâchoires.
Les rhinophores sont des organes chimio-sensoriels permettant aux nudibranches d'appréhender sous cet aspect leur environnement (rencontres "amies" ou "ennemies", présence de nourriture, repérages dans le milieu...).
L'anus débouche sur le côté droit du corps, entre le premier et le second cérate.
Certains auteurs estiment que la différence de couleurs (rose, marron, rouge, verdâtre...) résulte peut-être d'une différence de maturité de l'animal. [Pruvot-Fol 1954] écrit d'ailleurs que le jeune est rose et que, plus tard, un pigment vert s'ajoute au rouge.
Hancockia à crochets : ce nom évoque la forme des digitations latérales dont notre hancockia semble affublée au niveau des papilles dorso-latérales. Cette forme en crochets est directement indiquée dans le nom scientifique.
Hancockia : genre dédié au biologiste britannique Albany Hancock (1806-1873), notamment connu pour ses travaux sur les animaux marins et plus particulièrement les nudibranches. Il fut en effet l'un des pionniers de leur étude en compagnie de Joshua Alder (1792-1867).
uncinata : adjectif latin, [uncinata] = crochue, recourbée en crochet. Cet adjectif vient probablement de la forme des papilles latérales, bombées sur le dessus et creuses par en dessous qui évoquent cette courbure en crochet.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Hancockiidae | Hancockiidés | |
Genre | Hancockia | ||
Espèce | uncinata |
Pied étroit, plat et rigide
Hancockia uncinata se présente comme une limace plutôt plate et rigide, avec des extensions cératales qui partent vers l'extérieur, de chaque côté du dos.
Les rhinophores sont remarquables ainsi que les palpes labiaux bilobés, portant généralement de 3 à 6 digitations.
Antibes (06), 10 m, de nuit
03/02/2009
Partie antérieure
Sur cette vue rapprochée de la partie antérieure d'une hancockia à crochets, on peut assez bien distinguer la structure des rhinophores : la gaine en calice d'où émerge un bulbe verticalement strié, suivi d'une hampe blanche. Le rhinophore montre un bouton terminal.
Le voile oral digité, en deux lobes, se trouve en avant de la tête.
On peut voir sur ce cliché, en arrière de la tête et sur le côté, une tache blanche isolée : c'est l'émergence pénienne du tractus génital.
Enfin, on peut observer au premier plan les "crochets", la "main demi-fermée" qui termine les extensions cératales.
Cap d'Antibes (06), 10 m, de nuit
27/02/2009
Le pied dans le plat
Notre hancockia à crochets, de couleur marron clair, traverse un champ de monnaie de Poséidon Halimeda tuna. Sur le thalle des algues, on voit très bien le réseau d'hydraires qui s'est développé là, animaux dont le nudibranche se nourrit.
Antibes (06), 10 m, de nuit
03/02/2009
Couleur marron-orangé
Sur ce bel individu marron-orangé, on peut voir les lignes de points blancs continus qui marquent le bord du dos ainsi que le haut de la collerette sur la gaine des rhinophores.
Le Graillon, Cap d'Antibes (06), de nuit
02/03/2009
Couleur rouge sombre
Individu de couleur presque uniformément rouge sombre. Seuls quelques petits points sont visibles, disséminés principalement sur les cérates de l'animal.
On aurait pu hésiter sur la détermination de ce nudibranche, les extensions latéro-dorsales le faisant diablement ressembler à un animal du genre Doto. Mais... le voile oral des Doto n'est pas digité !
Quelhuit, île de Groix (56), 14 m
17/04/2007
Couleur rouge vif maculé
Ici, la livrée rouge vif de l'animal est maculée de larges taches blanches, rosées ou bleutées, depuis le dos jusqu'à l'extrémité des cérates. Par contre, le dessous de celle-ci, les branchies et les côtés du corps ne présentent pas ces mêmes taches, pas plus que le voile buccal à digitations.
Antibes (06), 10 m, de nuit
03/02/2009
Couleur rose
Un individu de couleur rose sur une halimède. Vu la coloration de l'animal, le peu de marques claires (juste quelques points), le rapport de taille avec le thalle de l'algue, il s'agit probablement d'un juvénile.
On peut noter le décalage qui commence à s'installer au niveau des paires de cérates, avec un retrait des extensions de droite.
Cap d'Antibes (06), 8 m, de nuit
04/02/2009
Ponte
Voici la ponte d'Hancockia uncinata. Le responsable est probablement l'individu caché derrière le thalle d'halimède...
Dans quelques jours, des larves écloront et débutera pour elles une vie planctonique dont peu, probablement, réchapperont.
Antibes (06), 10 m, de nuit
03/02/2009
Juvénile ?
La petite taille de cet individu laisse à penser qu'il pourrait s'agir d'un juvénile de l'espèce. Il ne porte que deux paires d'extensions latérales et sa taille semble minuscule par rapport au thalle de l'halimède.
Antibes (06), 8 m, de nuit
04/02/2009
Dans un champ d'halimède
Sur un plant d'Halimeda tuna, la nuit.
Le nudibranche se rencontre fréquemment parmi les algues de diverses espèces. En effet, les espèces d'hydraires qui constituent sa nourriture vivent pour certaines en épiphyte* de ces algues.
Le Graillon, Cap d'Antibes (06), de nuit
02/03/2009
Sur un thalle d'udotée
Juvénile sur un thalle de Flabellia petiolata.
Le nudibranche se rencontre fréquemment parmi les algues car ses proies privilégiées, les hydraires, s'y développent notablement.
Cap Gros (06), de nuit
19/03/2009
D'autres robes encore
La palette utilisée par l'hancockia à crochets peut se décliner en diverses couleurs de fond et divers motifs clairs... Ici, deux autres individus à la robe différente.
Cap d'Antibes (06), 10 m, de nuit
27/02/2009
Breton sur une roche
Individu rencontré dans le Morbihan, près d'une roche sur un fond de sable, au large de Lorient.
Outre les végétaux comme support de vie, les hydraires qui intéressent l'appétit de l'hancockia à crochets, utilisent également d'autres supports pour se développer et notamment d'autres hydraires.
C'est la raison pour laquelle on peut aussi découvrir Hancockia uncinata sur des fonds plutôt rocheux et relativement dépourvus de végétaux.
Quelhuit, île de Groix (56), 14 m
17/04/2007
Dessin descriptif
Dessin du temps où elle s'appelait encore Hancockia eudactylota...
On y voit l'animal de dessus (1), de dessous (2) -le rond à la base des palpes est la bouche, le voile buccal bilobé et digité (3), les rhinophores (4), les cérates et les branchies (5,6 & 7).
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Reproduction de documents anciens
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Rédacteur principal : Alain-Pierre SITTLER
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
La page d'Hancockia uncinata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN