Eponge jaune pâle à beige
Emet des prolongements grêles désordonnés
Abondante production de mucus
Sciaphile
Reniera mucosa Griessinger, 1971
Haliclona (Soestella) mucosa (Griessinger, 1971) (Soestella est en fait un sous-genre de Haliclona)
Méditerranée, Atlantique Est tropical
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Haliclona mucosa est endémique de Méditerranée. On la trouve aussi sur les côtes de Mauritanie et du Sénégal.
Cette éponge sciaphile* apprécie les expositions ombragées et protégées : surplombs, crevasses, microcavités du coralligène et grottes semi-obscures.
Haliclona mucosa se présente comme une croûte épaisse, de forme et d'épaisseur irrégulières. En zone calme elle a tendance à émettre des prolongements grêles, faiblement ramifiés, et partant dans tous les sens à partir de la base attachée au substrat.
La couleur est constante : jaune pâle à beige clair, tirant sur le crème à l'extrémité des expansions.
Les oscules (orifices exhalants) sont peu nombreux, dispersés à la surface et parfois au sommet de petites bosses. Les ostioles* (orifices inhalants) sont serrés, donnant un aspect poreux, en "grains de riz" aux zones où ils sont regroupés.
La consistance est très molle et fragile, le contact muqueux voire gluant : une particularité de cette éponge est la production d'un mucus exceptionnellement abondant qui lui a valu son nom.
Les éponges sont des animaux filtreurs* fixés. Elles se nourrissent de particules organiques en suspension dans l'eau (microplancton, microalgues, bactéries) et de substances organiques dissoutes ne dépassant en général pas 3 microns. Le courant d'eau nécessaire est créé par le mouvement de cellules ciliées spécifiques des éponges : les choanocytes*.
Comme la plupart des éponges, celle-ci est hermaphrodite* et ovipare*.
Les œufs donnent des larves ciliées qui seront emportées par le courant, vont se métamorphoser et finalement se fixer sur le substrat.
Haliclona mucosa est rarement recouverte d'autres épibiontes*. Par contre elle s'installe volontiers sur d'autres organismes des grottes.
La distribution en Méditerranée et proche Atlantique africain signifierait selon certains auteurs une origine tropicale ou subtropicale.
Cette espèce, ainsi que d'autres considérées comme endémiques de la Méditerranée, (Haliclona mediterranea, Phorbas tenacior, Hexadella racovitzai, Acanthella acuta, …) seraient entrées en Méditerranée au début du Quaternaire, lors de l'ouverture du détroit de Gibraltar et donc après l'épisode d'assèchement il y a 5 millions d'années.
La charpente squelettique est très organisée, formée de fibres de spongine qui s'entrecroisent en formant des arceaux très réguliers.
Les spicules* sont relativement peu abondants, ce sont essentiellement des oxes* (bâtonnets aux extrémités pointues), relativement grands (100 – 200 µ), et irréguliers pour des Chalinidae où ils sont d'habitude plutôt petits et réguliers.
Pas de nom vernaculaire connu.
"Eponge baveuse à languettes" est une proposition du site DORIS, hélas pas très joli, si vous pouvez proposer mieux...
Haliclona : du grec [hal-] = sel, marin, et [clôn-] = rameau, jeune pousse. Ce qui signifie approximativement "petit rameau, petite branche marine".
Le sous-genre Soestella est dédié à Van Soest, spongiologue néerlandais.
mucosa (latin) signifie muqueux, mucilagineux.
Numéro d'entrée WoRMS : 132830
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Haplosclerida | Haplosclérides | « Eponges à spicules simples ». Squelette formé de spicules* qui s’arrangent en formant un réseau de mailles polygonales, parfois renforcé par de la spongine. Mégasclères* de type oxes*, parfois des microsclères* (sigmas*, toxes*). |
Sous-ordre | Haplosclerina | Haplosclérines | |
Famille | Chalinidae | Chalinidés | |
Genre | Haliclona | ||
Espèce | mucosa |
Croûte et expansions
Forme typique de l'éponge baveuse : une plaque assez épaisse collée au substrat, avec des prolongements fantasques plus ou moins filiformes.
Grotte du Lido, Villefranche (06), 25 m
26/10/2008
Epibionte
Comme on le voit ici, Haliclona mucosa n'a aucun scrupule à s'installer sur une autre éponge !
Golfe d'Ajaccio (2A), L'Isolella, 20 m
27/07/2006
Zones ostiolifères
Les ostioles serrés donnent un aspect poreux et quasi translucide aux zones où ils sont regroupés, sur la base encroûtante. La densité des orifices inhalants est relativement plus faible sur les expansions.
Tiboulen, Marseille (13), 33 m
08/07/2007
Prolongements longs et fins
Les expansions peuvent aussi être longues et filiformes dans les endroits bien abrités.
Cap d'Antibes (06), 11 m
23/10/2008
Espèce sciaphile
Haliclona mucosa est rarement recouverte d'épibiontes, mais sur cette paroi de grotte très peu éclairée la compétition pour l'espace est rude ; seules les "languettes" sont visibles à travers un tapis de bryozoaires.
La Bibliothèque, Stareso (20), 12 m
20/10/2008
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Anne PROUZET
Carballo J.L., Naranjo S., García-Gómez J. C., 1997, Where does the Mediterranean Sea begin? Zoogeographical affinities of the littoral sponges of the Straits of Gibraltar, Journal of Biogeography, 24 (2), 223–232.
Griessinger, J.M., 1971, Etude des Réniérides de Méditerranée (Démosponges Haplosclérides), Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (Zoologie), 3 (3), 97-182.
La page d'Halicona mucosa sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires est ici : World Porifera Database
La page d'Halicona mucosa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN