Animaux minuscules (< 1mm)
Observés sous l'eau parmi les algues
4 paires de pattes composées de 6 segments portant des soies
pattes terminées par une paire de griffes
4 plaques sur la partie dorsale de l'idiosome
Acariens halacaridés
Côtes européennes
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises)Côtes européennes
Les Halacaridés sont des animaux benthiques*, faisant partie de la méiofaune*, qui vivent parmi les algues, sur tout substrat* dur offrant suffisamment d’abris (balanes, moules, etc), ou dans le sédiment voire, pour certains, sur de gros animaux.
Ils peuvent être rencontrés dans une large gamme de profondeur, puisque certaines espèces ont été recueillies à 6 700 m de profondeur. La plupart des espèces sont cependant inféodées aux couches d’eau superficielles.
Si la plupart des espèces sont marines, il existe des espèces d’eaux saumâtres et d’eau douce (une soixantaine sont décrites à ce jour). Certaines rares espèces sont connues pour vivre sur les branchies des écrevisses.
Contrairement aux autres acariens présentés sur DORIS, les Halacaridés sont adaptés à la vie totalement aquatique.
Les acariens Halacaridés ressemblent à des petites araignées. Leur taille n’excède pas 1 mm dans nos eaux, même si les plus gros individus connus au niveau mondial peuvent atteindre 2 mm. Ils comportent 4 paires de pattes, les 2 premières étant orientées vers l’avant du corps et les 2 dernières vers l’arrière. Chez les adultes, les pattes sont constituées de 6 segments. Elles comportent de nombreuses soies* et se terminent par une paire de griffes latérales (certaines espèces disposent également d’une griffe centrale).
Le corps est constitué de deux parties :
- le gnathosome*, partie antérieure comportant les pièces buccales. Il est constitué d'une base, d'un rostre*, de chélicères* et d'une paire de palpes*.
- l'idiosome*, dont la partie dorsale comporte habituellment 4 plaques (une à l'avant, une à l'arrière, ces deux étant de taille importante, et 2 petites plaques latérales, positionnées entre les deux autres plaques).
Il y a 5 à 10 paires de soies dorsales.
Compte tenu de leurs caractéristiques (animaux vivant toujours dans l’eau, dotés de 4 paires de pattes), il n’est pas possible de confondre les acariens Halacaridés avec d’autres espèces animales, au moins en milieu marin.
En eau douce, il existe également des acariens appartenant au groupe des Hydrachnidia, qui possèdent également 4 paires de pattes. L’idiosome* de ces acariens est généralement rond et coloré, ce qui permet d’assurer une distinction rapide. Leurs pattes ont par ailleurs une apparence plus grêle et ce sont de bons nageurs, contrairement aux Halacaridés.
La plupart des acariens sont des prédateurs, mais certaines espèces sont herbivores. Les chélicères* des prédateurs servent à injecter du poison dans leur proie afin de les immobiliser. La première paire de pattes serait utilisée pour saisir les proies.
Certaines espèces sont des parasites* externes (par exemple, Copidognathus stevcici est un ectoparasite connu des œufs de Maja squinado et de Maja brachydactyla). Une seule espèce, Enterohalacarus minutipalpus, est connue comme étant un endoparasite. Cette espèce parasite des oursins dans les eaux des Philippines.
Chez les acariens, les sexes sont séparés. La phase complète de fécondation n’a pour l’instant été observée que sur une seule espèce présente en France métropolitaine, Thalassarachna basteri, mais les éléments partiels, comme l’existence d’un spermatophore*, ont été observés sur de nombreuses espèces. Le mâle dépose un spermatophore, qui est ensuite récupéré par la femelle qui l’introduit dans ses voies génitales.
Chez plusieurs espèces de la sous-famille des Rhombognathinacées, les spermatophores sont déposés collectivement, parfois sur d’autres individus (dont des mâles…).
Certaines espèces sont connues pour disposer d’une spermathèque*, qui permet ainsi de féconder des œufs plusieurs mois après la capture du spermatophore.
A noter le cas particulier de Isobactrus setosus, une espèce qui se rencontre dans les eaux saumâtres et marines de l’Atlantique Nord. Cette espèce se reproduit, au moins en laboratoire, par parthénogénèse* et le mâle de cette espèce n’est pas connu.
Les Halacaridés peuvent se reproduire selon deux types de cycle. Certaines espèces sont multivoltines, et se reproduiront donc plusieurs fois par an. D’autres espèces sont au contraire univoltines et ne se reproduiront qu’une fois par an, passant l’hiver sous forme d’adultes.
La reproduction a généralement lieu au printemps, la phase larvaire se déroulant lorsque les eaux sont chaudes.
Le développement typique des acariens comprend une phase larvaire* puis trois stades successifs de nymphes : la protonymphe, la deutonymphe et la tritonymphe. Dans les eaux tempérées, le stade larvaire dure entre 2 et 8 semaines. Les larves n’ont que trois paires de pattes tandis que tous les stades nymphaux ont quatre paires de pattes. Les pattes des larves n’ont que 5 segments (contre 6 chez les adultes), de même que la quatrième paire de pattes des protonymphes. Chez les deutonymphes et les tritonymphes, les pattes comportent 6 segments.
Les nymphes se reconnaissent à la fois à la plus faible présence de soies* sur les pattes et au nombre de plaques dorsales (plus nombreuses et plus petites chez les nymphes, d’une manière générale – voir pour illustration la photo de la deutonymphe sur la fiche de Hydrogamasus littoralis). Tous les stades nymphaux ne sont pas présents chez les Halacaridés (seuls deux genres possèdent ce schéma de développement complet).
Plusieurs espèces sont des ectoparasites*, d'autres des endoparasites.
Certaines rares espèces sont connues pour vivre sur les branchies des écrevisses.
En 2007, au niveau mondial, la famille des Halacaridés comportait 1 118 espèces valides, réparties dans 63 genres.
Le genre Copidognathus comprend à lui seul un tiers des espèces décrites.
La progression du nombre d’espèces connues est assez spectaculaire, puisque lors de la parution du Synopsis of British Fauna consacré à cette famille, en 1987, les auteurs ne dénombraient que 500 espèces connues. Ils signalaient à l’époque que la connaissance de ces espèces renseignait davantage sur l’activité des observateurs que sur leur distribution réelle. Les choses n’ont sans doute pas beaucoup évolué aujourd’hui.
La détermination des acariens Halacaridés nécessite une observation au microscope, après une phase de préparation. Cette phase de préparation inclut quasi-systématiquement un éclaircissement à l’acide lactique. Il peut également être nécessaire, notamment chez les Rhombognathinae, de procéder à l’élimination des viscères, en perforant le côté de l’animal entre la deuxième et la troisième paire de pattes tout en appuyant légèrement sur le dos. Compte tenu de la taille de ces animaux, cette opération doit se faire sous la loupe binoculaire et avec un opérateur déjà habitué à ce type de manipulation très délicate (le démembrage d’un copépode pour sa détermination est un vrai plaisir à côté…).
Halacaridés : simple traduction du nom de famille.
Le nom de la famille des Halacaridés (ou Halacaridae) est dérivé du nom du genre Halacarus, constitué du préfixe Hal, provenant du grec ancien [als] = sel, et du suffixe néo-latin [acarus], lui-même issu du grec [akari] = acarien du fromage, tique. Le nom du genre, et de cette famille, désignait donc initialement des acariens marins. Le premier Halacaridé a été décrit en 1836 par le médecin naturaliste écossais George Johnston (1797-1855) sous le nom de Acarus basteri (aujourd’hui Thalassarachna basteri). Il s’agit d’une espèce rencontrée dans nos eaux, notamment dans les mares médiolittorales* parmi les corallines.
Le nom d’espèce basteri avait été choisi par George Johnston pour rendre hommage à Job Baster, médecin et naturaliste hollandais (1711-1775) ayant décrit pour la première fois, en 1758, un acarien marin.
Numéro d'entrée WoRMS : 1484
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Chelicerata | Chélicérates | Corps divisé en prosome* et opisthosome*. Chélicères et Pédipalpes. 4 paires de pattes locomotrices. |
Classe | Arachnida | Arachnides | Corps formé d’un céphalothorax et d’un abdomen. Présence de chélicères. Huit pattes (4 paires). |
Sous-classe | Acari | Acariens | Chélicérates terrestres ou aquatiques, libres ou parasites, caractérisés par une fusion des 3 régions du corps : le corps n'est pas métamérisé. |
Super ordre | Acariformes | Acariformes | |
Ordre | Trombidiformes | Trombidiformes | |
Famille | Halacaridae | halacaridés | |
Genre | Halacaridae | ||
Espèce |
Un Halacaridé typique
Photo au microscope d'un acarien Halacaridé typique. La longueur des palpes permet de rattacher cet individu à la sous-famille des halacarinés. Aller plus loin dans la détermination est délicat, car il est nécessaire d'avoir une bonne vision de certains détails anatomiques relativement fins, dont la chétotaxie (la disposition des soies) des palpes. L'individu étant photographié par dessous, la fente génitale est ici bien visible.
Photographie prise au microscope (objectif x10) d'un individu capturé dans une mare médiolittorale à l'aide d'un tamis de maille 0,1 mm, Plage de l'avant-port, Binic (22)
27/08/2022
Vue générale d’un individu (différent de la photographie précédente)
Compte tenu de leur très petite taille, il est extrêmement difficile de photographier ces animaux dans leur milieu naturel et il est donc préférable de tenter sa chance au laboratoire, en poussant son matériel photo aux limites de ses capacités (ici, rapport de grossissement x2 initial, mais la photo a ensuite été largement agrandie). La coloration des Halacaridés est souvent vive mais elle n’est pas utilisée pour la détermination. On distingue ici les 4 paires de pattes et le rostre. La photo permet de distinguer les griffes latérales qui terminent chaque patte.
La couleur sombre de cet individu, et le fait que les palpes ne soient pas visibles, orienterait vers la sous-famille des Rhombognathinés, qui comporte des espèces herbivores. Cet individu a été collecté parmi des algues.
Macrophotographie en laboratoire d’un individu capturé dans une mare médiolittorale à l’aide d’un tamis de maille 0,1 mm, plage de l’avant-port, Binic-Etables-sur-mer (22)
01/10/2022
Vue rapprochée d’une patte IV (patte arrière)
Les flèches vertes permettent de repérer chacun des 6 segments constituant les pattes des halacaridés : trochanter, basifémur, télofémur, genou, tibia, tarse.
La flèche rouge met en évidence une griffe terminale (l’autre griffe est visible à gauche de la première griffe).
Photographie prise au microscope (objectif x10) d’un individu capturé dans une mare médiolittorale à l’aide d’un tamis de maille 0,1 mm, plage de l’avant-port, Binic-Etables-sur-mer (22)
27/08/2022
Dans le plancton
Metarhombognathus
armatus
possède un corps très sombre, comme la plupart des espèces herbivores. Les
palpes ne sont pas visibles. Il vit généralement parmi les ulves de la zone de balancement des marées..
Capturé au filet à plancton (maille de 250 microns) dans le port de Binic (22)
19/03/2023
Un agrandissement sur les pattes
Metarhombognatus
armatus
possède des pattes avec 3 griffes simples qui ont approximativement la même
longueur. Il s'agit de la seule espèce présentant ce caractère, ce qui permet
une détermination dans des conditions plus simples que pour les autres
Halacaridés !
Capturé au
filet à plancton (maille de 250 microns) dans le port de Binic (22)
19/03/2023
Rédacteur principal : Christophe QUINTIN
Vérificateur : Pierre NOËL
Responsable régional : Yves MÜLLER
André M., 1946, HALACARIENS MARINS, Faune de France n°46, Ed. Paul Lechevalier, 152 p.
Bartsch I., 2004, Geographical and ecological distribution of marine halacarid genera and species (Acari : Halacaridae), Experimental and Applied Acarology, 34, 37-58.
Bartsch I., 2015 (a), The genital area of Halacaridae (Acari), life stages and development of morphological characters and implication on the classification, Zootaxa, 3919 (2), 201-259.
Bartsch I., 2015 (b), Thalassarachna basteri (Acari, Halacaridae), description of external characters of larva, nymphs and adults and outline of discriminating characters of larvae, Ecologica Montenegrina, 4, 33-45.
Guerao G., Andree K.B., Rotllant G., 2011, Direct evidence of parasitism by Copidognathus stevtici (Acari, Halacaridae) in crabs Maja squinado and M. Brachydactyla (Brachyura, Majidae) in the laboratory, Aquaculture, 316, 136-138.
Kirchner W.P., 1969, Zur Biologie und Ökologie von Halacarus basteri basteri Johnson 1836 (Acari, Trombidiformes), Oecologia, 3(1), 56-69.
Trouessart E., 1889. Revue synoptique de la famille des Halacaridae. Bulletin Scientifique de la France et de la Belgique, 20 (2): 225-251.
La page des Halacaridae dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN