Adulte :
Corps haut, de forme ovale, comprimé latéralement
Tête pentue au profil légèrement arqué
Rayures
horizontales bleues sur corps jaune d'or
Ligne bleue en arc de cercle sous l'œil
Pectorales, anale, partie épineuse de la nageoire dorsale jaune foncé
Caudale et partie
souple de la dorsale noirâtres bordées de jaune
Caudale légèrement fourchue
Juvénile :
Corps argenté
Tache foncée sur le pédoncule caudal
Larges rayures longitudinales marron
Longue rayure sombre au-dessus de l'œil
Gorette catire, grogneur-écureuil, grogneur à lignes bleues, gorette à lignes bleues, gueule rouge, sarde jaune (également nom commun de Lutjanus apodus)
Blue striped grunt, boar grunt, golden grunt, humpback grunt, redmouth grunt, and yellow grunt (GB), Blaustrei∫en-Grunzer (D) Jeniguano rayado, corocoro pato, ronco catire, chacchi amarillo, cachita, boca colorada, ronco amarillo, bocayate amarillo (E), Blauwstreeep grommer (NL), Grons, brons, koorkoor, korko, korkor, robeki oromani (Papiamento : langue créole des Antilles néerlandaises), Abiquara, biquara, biquara-do-raso, boca-de-fogo, cambuba, capiuna, uribaco, xira, xira amarela (P)
Anthias
formosus Bloch, 1792
Sparus
sciurus Shaw, 1803
Haemulon
formosus Castelnau, 1855
Haemulon
similis Castelnau, 1855
Haemulon
luteum Poey, 1860
Haemulon
multilineatum Poey, 1860
Haemylum
elegans (Scudder 1863)
Haemulum
elegans (Cope 1871)
Haemulum
luteum Cope, 1871
Atlantique tropical Ouest
Zones DORIS : ● Caraïbes
La
gorette bleue se rencontre dans les eaux tropicales de la zone ouest
de l’océan Atlantique qui va de la Floride (USA) jusqu’aux
côtes du Brésil en passant par l'Amérique centrale et les grandes
et petites Antilles. Elle est plus rare dans le golfe du Mexique, aux Bermudes et au nord de la Caroline du Sud (USA).
La gorette bleue vit en bancs de plus ou moins grande taille, depuis la surface jusqu’à quarante mètres de profondeur. On la rencontre fréquemment dans les eaux de faible profondeur, entre 3 m et 12 m, à proximité des récifs coralliens et des fonds rocheux, dans les mangroves et les herbiers. Les adultes restent fidèles aux sites qu'ils fréquentent selon un cycle nycthéméral* : la journée ils se reposent auprès des récifs, et se nourrissent la nuit dans des herbiers situés à proximité.
Les adultes de grande taille sont plus abondants autour des récifs et des blocs rocheux, alors que les juvéniles fréquentent les eaux peu profondes des mangroves et des herbiers d'herbe à tortue (Thalassia testudinum).
La gorette bleue est un poisson au corps haut, de forme ovale, comprimé latéralement, à la tête pentue au profil légèrement arqué.
Il est de taille moyenne d'une vingtaine de centimètres, pour une longueur maximale de quarante-six centimètres. Son poids maximum est de 750 g.
Le corps jaune d'or est traversé de fines rayures horizontales bleues. Les rayures sont parallèles à la ligne latérale* et vont de la tête à la queue. Une ligne bleue dessine un arc de cercle sous l'œil.
Les nageoires
pectorales, anale ainsi que la partie épineuse de la nageoire dorsale
sont jaune foncé. La nageoire caudale et la partie
souple de la nageoire dorsale sont noirâtres bordées de jaune. La nageoire caudale est bifide*.
Les juvéniles, gris argenté, possèdent une tache foncée sur le pédoncule caudal et de larges rayures longitudinales
marron qui s'estompent avec l'âge. Une longue rayure sombre au-dessus de l’œil,
placée entre deux rayures horizontales sombres, caractérise les juvéniles de cette espèce.
On identifie les gorettes par la couleur de la robe et des nageoires, l'agencement des bandes sur le corps et la présence ou non d'une tache sur la caudale. Les gorettes adultes présentent des caractéristiques qui permettent de les identifier facilement. Néanmoins, les espèces les plus proches pouvant prêter à confusion sont :
En revanche, la reconnaissance et l’identification des différentes
espèces de gorettes juvéniles sont beaucoup plus difficiles et
subtiles. Human et Deloach les identifient toujours par le nombre et
la largeur des rayures. Seule la longueur de la rayure sombre au-dessus de l'œil différencie les juvéniles de la gorette bleue avec ceux de la gorette jaune, Haemulon flavolineatum, ce qui reste difficile à déterminer sur un
poisson juvénile de 3 à 5 cm de long.
La gorette bleue est un poisson carnivore qui chasse en solitaire la nuit dans l'herbier et les mangroves, se nourrissant essentiellement de petits crustacés (crabes, crevettes), de mollusques, de vers marins, et occasionnellement de petits poissons. Elle affectionne également les pontes des demoiselles.
Haemulon sciurus se reproduit de préférence dans l’herbier sous-marin ou dans la mangrove. On connaît peu le comportement de ponte de cette espèce.
Les gorettes bleues juvéniles (d’une taille de 9 à 17 mm) se développent rapidement en
croissant d’environ 0,50 mm par jour.
Haemulon
sciurus est une espèce grégaire qui, en journée,
forme des bancs de grande taille le long des tombants, avec d'autres
espèces d'Haemulidés comme par exemple la gorette jaune (Haemulon flavolineatum), la gorette dorée (Haemulon aurolineatum), le gorette Ti-bouch (Haemulon chrysargyreum), le lippu rondeau (Anisotremus virginicus), la gorette marchand (Haemulon parra). Les bancs ainsi formés peuvent compter plus de 1000 individus.
Les gorettes bleues sont parasitées par des ectoparasites, en particulier Encotyllabe spari.
On peut les observer dans des stations de nettoyage, ouvrant la bouche afin de se faire nettoyer par des juvéniles d'Anisotremus virginicus.
Les prédateurs des gorettes sont des grands piscivores*, tels les requins et les mérous.
La gorette bleue est comestible et vendue sur le marché. Mais ce commerce est peu important. Par ailleurs la gorette bleue peut être touchée par la ciguatera*.
Les juvéniles sont recherchés par les aquarophiles.
Le nom vernaculaire "grogneur" fait référence aux sons ou grognements produits par le frottement des dents pharyngiennes localisées dans la gorge. Ces bruits sont amplifiés par la vessie natatoire dans les moments de stress ou de combat. Les canines sont absentes.
La durée de vie maximale de la gorette bleue est d’une douzaine
d’années.
La nageoire dorsale est constituée de 12 rayons épineux et de 16 à
17 rayons mous. La nageoire anale a 3 rayons épineux et 9 rayons
mous.
Des études menées sur les côtes de l'île de Curaçao (Petites Antilles) ont comparé la distribution de plusieurs espèces de poissons des récifs coralliens qui fréquentent les herbiers et les mangroves, notamment au stade juvénile. Certaines espèces sont plus abondantes sur les récifs situés à proximité des herbiers et mangroves, d'autres non. Haemulon sciurus fait partie de la première catégorie avec notamment Lutjanus apodus, Ocyurus chrysurus, Scarus coeruleus, Lutjanus analis, Lutjanus mahogoni et Sphyraena barracuda. Cela suggère que ces espèces sont fortement dépendantes de la présence de baies comportant à la fois des récifs coralliens ainsi que des herbiers et des mangroves servant de nurserie.
La gorette bleue se montre farouche face au plongeur dont l'arrivée fait fuir les bancs. Reste à s'armer de patience pour l'observer.
Les gorettes bleues ont été observées se faisant face et se repoussant avec la bouche grande ouverte. La raison de ce comportement est inconnue. Elle est peut-être liée à la période de parade pour la reproduction ou bien à la défense d'un territoire.
Cette espèce, étroitement associée aux habitats des récifs coralliens, zones rocheuses et herbiers, peut être affectée par les menaces pesant sur ces habitats, dues notamment aux changements climatiques et à la pollution. Elle peut être prélevée dans le cadre de pêches artisanales ou de loisir, ou être prise dans les mailles de filets lorsqu'elle compose un banc avec d'autres espèces. Elle ne bénéficie pas de mesure spécifique, néanmoins elle est prise en compte avec d'autres espèces dans des plans locaux de gestion. Globalement dans sa zone de distribution, elle n'est pas considérée (à ce jour en 2017) comme étant menacée, et est classée par l'UICN dans la catégorie des espèces en "préoccupation mineure" (Least Concern).
Gorette : féminin de goret de l'ancien français « gore » qui veut dire « truie ». Porc, grogneur, gorette font référence aux bruits de frottement des dents pharyngiennes de ces poissons. La vessie natatoire amplifie ce son assimilable a un grognement.
bleue : précise la couleur des rayures horizontales.
Haemulon : du grec ancien [haem] = sanglant et du grec [oulon] = gencive. Ce mot désignerait la gueule rouge, caractéristique de cette famille.
sciurus : du grec ancien [skiouros] = écureuil, composé du grec [skia] = ombre, et [oura] = queue, c'est-à-dire dont la queue fait de l'ombre. Grogneur-écureuil est l'un des nombreux noms communs de cette espèce.
Numéro d'entrée WoRMS : 275733
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Percoidei | Percoïdes | Une ou deux nageoires dorsales dont les éléments antérieurs sont des épines aiguës. Nageoires pelviennes avec une épine, rayons mous. |
Famille | Haemulidae | Haemulidés | |
Genre | Haemulon | ||
Espèce | sciurus |
La gorette bleue est facilement identifiable
Des lignes horizontales bleues sur un corps jaune d'or, des nageoires pectorales, anale jaunes, une nageoire caudale et partie souple de la nageoire dorsale noirâtres bordées de jaune, caractérisent la gorette bleue.
Invisibles, Bonaire, 10 m
21/09/1999
Nageoire dorsale
On observe sur cette photo la partie épineuse de la nageoire dorsale qui est de couleur bleue et liserée de jaune.
Playa del Carmen, Mexique, 10 m
05/2015
Contre-jour
La nageoire caudale est légèrement bifide. Sur ce spécimen, elle est très largement bordée de jaune.
Pointe des Nègres, Martinique, 5 m
16/02/2008
Gros plan
Une ligne bleue dessine un arc de cercle sous l'œil.
Playa del carmen, Mexique, 11 m
03/05/2015
Sur les côtes cubaines
La bouche est largement fendue, la mâchoire supérieure s'arrêtant au niveau du milieu de l'œil.
Cayo Largo, Cuba
26/04/2009
Banc diurne de gorettes bleues
Dans ce banc, photographié en plein jour, repérer les rayures bleues sur fond jaune, n’est pas évident. Dans ce cas, l’identification de l’espèce est plus aisée, si on porte son attention sur les taches sombres de la caudale et de la partie souple de la nageoire dorsale.
Le Carbet, Martinique
04/05/2016
En bonne compagnie
En plein jour, on observe dans le même banc, la gorette bleue (Haemulon sciurus), le lippu rondeau (Anisotremus virginicus) et la gorette marchand (Haemulon parra).
Playa del Carmen, Mexique, 10 m
05/05/2016
Dans un banc de gorettes charbonnées
Dans ce banc composé principalement de gorettes charbonnées, Haemulon carbonarium, aux nageoires noirâtres, on repère la gorette bleue, Haemulon sciurus, dont la nageoire caudale est noire bordée de jaune, et la gorette jaune, Haemulon flavolineatum, aux nageoires jaunes. On peut noter que ces différentes espèces ont la même forme.
Cozumel, Mexique, 20 m
23/02/2015
Trouvez l'intrus
Parmi les gorettes bleues, la gorette charbonnée ne peut échapper à l'œil averti du plongeur : même s'il n'est pas facile de faire la différence entre les rayures jaunes sur fond gris bleu de la charbonnée, et les rayures bleues sur fond jaune de la bleue, les nageoires caudale, dorsale et anale noirâtres de la charbonnée font la différence.
Pointe Burgos, Martinique, 15 m
15/12/2007
Gorettes bleues et gorettes marchand
La gorette marchand, Haemulon parra, a un corps gris argenté, dont les écailles sont bordées de brun, dessinant ainsi des lignes pointillées obliques. La gorette bleue, Haemulon sciurus, arbore des lignes horizontales bleues sur un fond jaune.
Caraîbes, Mexique
23/02/2015
Motifs sur le museau
Une ligne en dôme sous l'œil, une ligne transversale entre les deux yeux.
Pointe Burgos, Martinique, 8 m
28/11/2012
Rédacteur principal : Franck GALLOIS
Rédacteur : Sylvie HUET
Vérificateur : Jean-Michel SUTOUR
Responsable régional : Sylvie HUET
Dorenbosch M., Van Riel M. C., Nagelkerken I., Van der Velde G., 2004, The relationship of reef fish densities to the proximity of mangrove and seagrass nurseries. Estuarine, Coastal and Shelf Science, 60(1), 37-48.
Bester C., 2016, Haemulon sciurus, http://www.flmnh.ufl.edu/fish/discover/species-profiles/haemulon-sciurus
Lindeman K., Anderson W., Carpenter K.E., Claro R., Cowan J., Padovani-Ferreira B., Rocha L.A., Sedberry G., 2016, Haemulon sciurus. The IUCN Red List of Threatened Species 2016: e.T194422A2334147. http://dx.doi.org/10.2305/IUCN.UK.2016-1.RLTS.T194422A2334147.en.
La page sur Haemulon sciurus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : Fishbase
La page d'Haemulon sciurus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN